mercredi 2 septembre 2009

Naive new bitter

Kotor, 2008

"It's amazing how you
can be a total shithead,
and yet your soul still
wants to hang out
with you"
On pourrait croire que les romans de Coupland sont écrit en doublet: Jpod / Microserfs ( sur une bande de ptits nerdeux), Hey nostradamus /Toutes les familles sont psychotiques ( plaidoyer sur le puritanisme dans deux styles différents) , Génération X / Girlfriend dans le coma ( romans générationnels, aussi flou que ce terme puisse paraître) et Eleanor rigby / The gum thief, qui ont un pitch assez semblable. On m'attaquera sur ce classement - totalement arbitraire, cela va sans dire- mais la théorie littéraire n'est-elle pas, justement, faite de ça: classements foireux, à-peu-près théoriques, concepts deleuzo-lacaniens glissants, délires institutionnels, colloques où l'essentiel est d'être bourré avant midi.

Non, pour être franche c'est surtout une intro pompeuse pour dire que j'ai fini The gum thief et relu Eleanor rigby, parce qu'effectivement on retrouve le même schéma: un protagoniste vieux ( 40 ans) se retrouve avec un enfant ( de 20 ans) sur les bras à gérer. Que l'enfant soit biologique dans le cas d'Eleanor, ou symbolique dans le cas de Gum n 'a pas vraiment d'importance. L'idée est surtout d'avoir cette confrontation jeune-cool-en-recherche-mais-déjà-en-rebéllion-même-si-prometteur et vieux-looser-raté-réfléchissant-tout-à-coup-sur-le-sens-du-truc, enfin quelque chose dans ce style.

"Couplandesque" ( cfr The independent) , donc toujours mi-amer mi-ironique, et même ici mi-tendre (enfin de façon générale, Coupland fait partie des auteurs tendro-meugnon à la Irving, plutôt que sanglants, à la Davidson ou Mc Cornac); le livre prend une dimension supérieure, en introduisant une "réflexion" "littéraire" dans la trame. Puisque le protagoniste principal est écrivain raté, la création littéraire est mise en abîme par la présentation de son propre texte ( probablement la chose la plus marrante du texte, un truc complètement délirant sur un couple absolument dingo qui a deux obsession dans la vie: le maquillage et le scotch). Évidemment, on retrouve dans le roman-dans-le-roman , la figure du romancier. Qui recoupe sur le roman principal, qui lui est déjà une fausse correspondance entre deux personnages . Et les autres.

Bon en gros, c'est un bon gros bordel, bien foutraque, dans lequel ce qui surnage c'est l'écrivain raté, plus que le raté tout court habituel. Alors est-ce que c'est un genre de double fantasmatoire d'un auteur dont le succès a finalement commencé très tard? Est-ce une sorte d'hommage à tous les grattes-papiers de l'ombre? On s'en branle un peu, l'important c'est qu'il reste des moments de pure merveille, noyés dans un brouillard référentiel total. Ha oui, et ça se passe dans un supermarché, au rayon papeterie. Hum, peut-être bien le motif de l'écriture Dérridéenne qui fait retour? La grammatologie, tout ça?