mercredi 11 avril 2018

Netflix total

On passera sous silence la masse de conneries regardée sur Netflix par pur plaisir de troller le système de suggestions personnalisées pour s’en tenir aux quelques trucs regardables vu ces semaines.

Casting JonBenet m’avait été conseillé par un article sur un site pour jeune gens modernes. C’est un documentaire assez bizarre mais qui impliquait une histoire de meurtre de mini-miss dans la charmante localité de Boulder, Colorado. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre. Le film suit donc les différentes acteurs auditionnant pour les différents rôles d’un film tournant autour du fait divers en question (une gamine assassinée avec plein de trucs suspicieux dans une petite ville tranquille). Chaque personnage est donc présenté à son tour par les acteurs, parfois des locaux qui ont donc  leur opinion sur la question (qui et pourquoi ?). Personnage après personnage, on découvre les différentes hypothèses successives – la mère, le père, le frère, le père nowel du coin. Le faits en lui-même n’est jamais raconté directement, mais se dessine à travers les histoires de ces acteurs (un peu) ratés qui ont tous l’air relativement paumés. Le tout n’évolue jamais vers un vrai dénouement (puisqu’il n’y a pas de nouement) mais se termine pourtant de façon aussi étrange que plutôt belle : des scènes à répétitions sans commentaires avec des personnages qui se démultiplient à l’écran. Peut-être un peu lent sur la fin mais dans l’ensemble pas inintéressant dans le genre méta – parler d’un truc qui parle d’un truc, c’est casse-gueule comme idée, et pourtant !

A bad day for the cut est aussi une recommandation externe car je ne regarde visiblement pas assez de films de poney pour que Netflix m’en fasse la suggestion. Soit. Petit film sympathique de meurtre et de vengeance, on y voit un vieux fermier irlandais partir venger sa vieille mère assassinée sans vergogne. Donald est un vieux garçon tranquille qui prend tant bien que mal soin de sa Môman qui a l’air bien british et sage. Un soir, un train et la voilà morte, avec en prime des affreux qui reviennent finir le boulot le lendemain. Heureusement, notre ami est un super badass et se sort de tout ça en gagnant une petite frappe comme allié dans l’affaire. Tous deux pas super content (un pour sa mère, l’autre pour sa sœur) ils décident de faire alliance comme souvent les bras cassés savent le faire dans ce genre de film. En route joyeuse troupe pour un roadtrip un peu sanglant en mode vengeance et canon à fusil scié. L’intrigue se défend, le rythme est correct et l’ambiance générale plutôt chouette – très anglais, avec quelques scènes très drôles dans l’absurde de situation. Mais toujours avec flegme et élégance. Bonne pioche en soit même si ça manquera sans doute d’action pour certains.

Annihilation qui a sans doute été suggéré à tout le monde, y compris ceux qui l’ont déjà vu. Un film d’Alex Garland, écrivain de son état, dont j’ai relu le Tesseract récemment et qui ne défend quand même pas mal niveau bouquin. De lui je ne connaissais que Ex-machina qui m’a fait royalement chier donc je me méfie. Mais en fait non. Gentil petit film pré-post-apocalyptique, Annihilation est pas mal fait du tout, assez joli au niveau visuel et sonore même si pas révolutionnaire niveau scénario et dénouement. Bon l’idée d’une météore qui tombe quelque part et créée une sorte de champ de force, c’est bof. L’idée d’envoyer expédition après expédition dans ladite zone sans avoir aucune idée de ce qui s’’y trouve, c’est louche. Mais quand même. Quand on y suit l’expédition de meuf super badass qui reprznt le film, on y découvre des choses plutôt jolies. L’explication du truc n’est pas dingue d’originalité mais l’extrapolation visuelle à partir du principe est vraiment réussie. Il y a des structure organico-humaine, des  trucs rocheux en forme de trucs mous, une confusion des formes, des textures et des univers qui est bien rendue. Certaines choses sont super ratées (les cerfs qui gambadent, les trucs sur la plage) mais l’atmosphère de jungle grouillante et de nature luxuriante, les couleurs qui font trembler le spectre lumineux, les drones sonores  à la fin : tout ça est fort agréable à voir. Après, il y a quelques trucs un peu WTF tant dans les scènes que dans les rebondissements mais ça reste un morceau sympa.

Et pour finir, un sympathique petit film d’infectés venu d grand nord : Les affamés, film québecois pas mal du tout. On atterrit en pleine postapocalypse et on fait connaissance avec nos futurs personnages en mode Vis ma vie de survivant à l’infection – en train de fuir dans un bois, en train de finir d’enterrer ses parents, en train de finir une clope au-dessus d’un cadavre fumant... la routine quoi. Tous ces personnages vont se rencontrer et comme souvent, tenter de survivre ensemble (parce que c’est souvent comme ça qu’on crève plus rapidement pour notre plus grrrand plaisir). Pas beaucoup de background sur ces personnages, ni beaucoup de construction – après tout, ils sont là pour mourir pour nos yeux réjouis.  Après moult délibérations, le groupe quitte la campagne verdoyante pour se diriger vers une ville avant de découvrir que c’est une mauvaise idée parce que les infectés en question, telle des hirondelles en goguette, semblent suivre une itinéraire précis. Lequel ? Bonne question. Ces infectés sont d’ailleurs intéressants : ils courent super vite, se repèrent au bruit mais pas vraiment à l’odeur (tiens ?) et on peut les feinter en restant très très calme avec un air déterminé. Ils se réunissent parfois autour de gros tas de trucs plus ou moins rangés. On ne sait pas pourquoi. Dans l’ensemble, c’est assez bon, on sent le budget limité mais qui marche quand même avec des très jolies images, notamment de la forêt, une certaine attention aux plans, à la lenteur qui changent des trucs complètement épileptiques pour cacher les mauvais maquillages. Certains seront peut-être énervés par certaines infos balancées de-ci de-là et quine trouvent jamais d’explication. Moi ça m’a plutôt fait rire.

Casting JonBenet, Green, 2017
A bad day for the cut, Baugh, 2017
Annihilation, Garland, 2017
Les affamés, Aubert, 2017