samedi 28 décembre 2013

Ecran total

J'avais regardé avec plaisir The pervert guide to cinema: l'idée de repitcher les quelques analyses de Žižek des films de Hitchcock sous forme filmique était largement justifiée: même si ça n'apportait rien de vraiment nouveau, on disposait au moins des extraits. The pervert guide to idelology me semble nettement plus fumeux: je ne vois pas très bien en quoi le film se justifie. Il s'agit surtout d'une sorte de cours de Žižek abrégé, sans vraiment de structure, qui fonctionne par affirmation/exemples (surtout tirés de films, il est vrai, mais pas uniquement) et qui non seulement n'apporte pas grand chose, mais transforme une série d'idées plutôt intéressantes à la base en sorte de plat à emporter sans expliquer quoi que ce soit. A part donner une série de références witty pour faire le malin en matant des films, je ne vois pas trop à quoi joue l'honorable.

La "fantaisie" de Renoir, Elena et les hommes porte bien son nom: rythme de comédie slaptick, recolorisée en couleurs bien saturées et dans une ambiance de carnaval constant, on assiste au parcours d'Elena, vague comtesse polonaise, qui se propose d'être la muse, l'inspiration amoureuse d'hommes du monde qu'elle balance une fois leur destin accompli. On retrouve pas mal de thèmes et de motifs déjà présents dans La règle du jeu : les intrigues amoureuses, les situations de Boulevard, les courses effrénées et moult mirco-spectacles dans le film. 

Viaggio in Italia montre une Ingrid Bergman nettement moins jouasse que chez Renoir. Pendant que son mari fait le foufou à Capri, elle tournoie dans les souvenirs d'une vie disparue à jamais, hélas, et d'un obscur poète emporté par l'histoire. C'est bien beau.  Le récit d'un couple qui se défait sur fond de civilisations disparues et de nature catastrophisante est bien foutu, sans lourdeurs et commence à ressembler à quelque chose de déjà très moderne. La fin reste assez énigmatique pour moi, même si je la comprends intuitivement. 

J'avais raté Ninotchka quand il est passé, et je l'ai enfin vu, mais quel film de feu! L'histoire d'une russe qui sous son faciès de staliniste exemplaire cache un petit coeur de beurre que quelques semaines à Paris suffiront à faire fondre et à jeter dans les bras d'un capitalisme outrancier et d'un bellâtre à la moustache clarsemée est tout simplement merveilleuse. Je ne sais pas ce qui me plaît le plus: l'anticommunisme primaire, le cliché parisien de l'entre-deux guerres, la misogynie assumée du Monde Libre ou la bêtise de la comtesse russe blanche ( et des femmes en général visiblement). Ça reste drôle, avec quelques bons mots ( la blague du type qui rentre dans un bar et demande un café sans lait, hoho).

The pervert guide to ideology, Fiennes, 2013
Elena et les hommes, Renoir, 1956
Viaggio in Italia, Rossellini, 1954
Ninotchka, Lubitsch, 1939

dimanche 15 décembre 2013

Ecran total

Angel face est un vrai film noir bien noir: une douce jeune fille qui ne paye pas de mine, entrevue un soir d'intervention à domicile par un brancardier au menton fosseteux ( Mitchum), entre dans la vie dudit brancardier et après y avoir foutu un bordel monstre, tue par mégarde (oups!)) son père dans un accident qui visait sa marâtre. La pauvrette tente alors de se confesser, mais, hélas, se retrouve par le truchement d'une manipulation complexe, mariée à Mitchum, au cours d'une cérémonie expresse, expédiée depuis sa chambre d’hôpital (un peu comme dans Les convoyeurs attendent). Il y a quelques trucs que j'avais repérés dans Laura : la première rencontre s'effectue aussi via une image, une sorte de tableau vivant ( Diane au piano, dans l'embrasure du salon) et de la même façon que le flic fouine dans les affaires de la morte, Diane passe un long moment dans la maison à présent vide, à soulever des objets, à passer en revue des pièces immobilisées dans le temps.

Je suis obsédée par les sourcils, et pour cette raison une grande fan de Cagney, qui en joue comme personne. Dans The roaring 20's, il pousse le réalisme jusqu'à faire grisonner les siens pour montrer qu'il vieillit. Le format newsreel qui retrace l'épopée des 20's à travers l'histoire, somme toute ordinaire, d'un ancien soldat devenu parrain de la Prohibition est intéressant: les quelques repères historiques donnés sont présentés à travers des sortes d'effets spéciaux assez bien faits, la séquence sur le crash de 29 est particulièrement réussie - des vision de plastique fondu surperposées sur des foules frénétiques. Comme dans The Public Enemy, Cagney trouve le chemin de la rédemption, après s'être pris des bonnes baffes, et repris son taxi. Ses sourcils poudrés lui donnent un air de psychopathe à la retraite, c'est assez dérangeant.



Sedam i po est un ensemble de petits films organisés autour d'un quartier et qui passent à chaque fois par la même taverne (à qui il manque inexplicablement un toit) plantée sur un parking entre des tours. Si le ton général va dans la caricature (y compris du point de vue formel, avec des images ultra saturées, tripotées, prises à partir d'un coin inférieur style clip de rap arty; dans l'ensemble pas trop trop jolies), il y a cependant quelques moments plus doux, et quelques trucs carrément étonnants. Chaque histoire présente un héros loser dans son genre: un couple ultra vulgos qui échoue dans un vernissage select, un musclor de banlieue dopé aux amphét, des voleurs à bout de souffle qui n'arriveront jamais au 20e étage (l'ascenseur est en panne) etc. Si chacun de ces personnages est légèrement déviants, ils le sont dans une mesure relativement acceptable, et le monde qui en fait des déviants est finalement aussi critiqué par leur biais (la séquence sur le vernissage est édifiante). Une des séquences présente deux pédophiles qui se rencontrent via un chat pour enfants (quiproquo classique), et j'ai trouvé ça réellement épatant, culotté: pas de pathos, pas de critique, pas de traitement spécifique de cette question, un parti pris de l'ordinarisme. Je n'ai aucune idée de la façon dont le film a été reçu par la critique et/ou le public, mais l'idée est plutôt couillue.

A la faveur d'une rétrospective (par rétrospective, entendre " on a programmé tous les films qu'on a trouvés dans des cartons, qui étaient en vague rapport avec un pays") de cinéma mexicain, j'ai vu Un dia de vida, un film tragique, plein d'officiers zapattistes chamarrés contemplant l'horizon et leur destin du même coup, à l'ombre des pyramides, en fumant des cigares cubains. Je n'ai toujours pas très bien compris pourquoi ce pauvre colonel Reyes était condamné à mort - la copie était piètre, et les raccords, hasardeux, mais l'intérêt avait l'air d'être plutôt du côté Antigonesque du personnage, vierge effarouché qui se refuse à toute femme, si ce n'est sa seule et unique maîtresse, non pas sa mère, mais la Revolucion. Il paraît que le film a été ultra populaire en Yougoslavie dans les 60's, ça me semble faire sens: belles moustaches, trompettes rutilantes et chansons plaintives.

Angel face, Preminger, 1952
The roaring 20's,Walsh, 1939
Sedam i po, Momcilovic, 2006
Un dia de vida, Fernandez, 1950

vendredi 13 décembre 2013

Разбацивана 3 : развалине

Кад сам почела да путујем сама, почела сам и да фотографишем ствари. На почетку су те слике биле само безлазне, без посебног размишљања или друге намере до сама сликања света, репродукције оног што сам видела, трага свог лутања. Моја сестра је тада продуктивно сликала и била је потпуно опчињана ненасељим фарикама и празним индустриским комплексима. Не знам да ли је разлог њен утицај или чињеница да смо расле у таквим неким породичним околностима, али када посматрам те слике данас, оне јасно истичу празна места и развалине.


Да ли сам несвесно тражила по свету места где нема никога, осим пустиња или рушевина или да ли сам само те месте поменула и споменула, мени ни је јасно. 


Не изазивају те слике никаквог осећања апокалиспа или смака света, него неке нежност, потпуно мира који потиче од тишине тих места.  Оне ми нису чак руине неки споменик неког другог раздобља, за неку сивилизацију која је заувек ушчеснута; нема носталигије или меланхолије, него само смиривање и утишавање времена.


Skopje, 2013



mercredi 4 décembre 2013

mardi 3 décembre 2013

Ecran total

J'ai découvert Borgman, un film plutôt rigolo qui semblait être dans la veine de Sitcom - un élément étranger s'incruste dans une famille style parfaite et fout le bordel, mais c'est bien plus fun que ça, parce que beaucoup plus littéral. S'il y a une lecture métaphorique possible, on peut très bien tout regarder à un premier degré et bien rigoler, en voyant cette pauvre famille se faire envahir par des types débonnaires qui vivent dans l'abri de jardin et démolissent complètement l'ordonnancement parfait du jardin à coups de pelleteuse. Une preuve de plus que les enfants ont vraiment pas de race.

Heli est coproduit par Reygadas que j'ai découvert récemment et qui m'enthousiasme pas mal. Il y a quelque part une parenté, mais pas tout à fait: dans le traitement assez antimélodramatique, très lent et très fixe, dans les plans très atmosphériques de ciels et de changements de lumières, on retrouve quelque chose, mais la narration est à un niveau plus terre à terre, moins dans une sorte de mysticisme magique que Reygadas met à l'oeuvre. Une histoire de drogue plutôt banale au Mexique, un malentendu et une vengeance qui tourne mal pour se finir tant bien que mal sur une sorte de fin en suspens, avec une certaine résolution mais pas vraiment - enfin, on hésite. 

J'ai adoré Le passé, même si je n'ai pas tout de suite capté en quoi est-ce que c'était un "thriller" - d'après synopsis. Ça m'a plutôt semblé être un film sur l'amour, la séparation, tout ça, bref, sur le passé et la difficulté de s'en défaire. La question épineuse des familles recomposées/décomposées est posée - un peu à l'extrême - et je suis probablement la seule à avoir haï autant le personnage de Béjo, qui est quand même bien égoïste. Tahir Raham est tout chafouin et fait beaucoup la moue mais on lui pardonne et Ali Mossafa, que je découvre, est vraiment dément. 

Comme je suis en train de lire une série de textes de Daniil Harms, dramaturge absurdo-soviétique du début du siècle, je me suis jetée sur Slucaj Harms ( le cas Harms) avec délectation. Le film en soit n'a rien de très fou dans le style arty/80's bricolo du N/B, mais la mise en scène des textes de Harms à travers une quête traversée de part en part par un souffle Dada - dès le générique est vraiment réussie. 

A serious man est probablement un de mes films de Coen préférés pour le moment: la thématique du loser pas magnifique est autrement plus radicale que dans Lebowski - que je trouve plutôt positif comme antihéros. Là, le pauvre Larry n'a même pas droit à une vraie bonne tragédie puisque tout s'empile et s'accumule autour de lui avec une simplicité anticlimatique déroutante. L'embrouillaminis d'explications, toute aussi sibyllines les unes au les autres n'explique en fait rien et entortille le héros de plus en plus serré dans un réseau infini de mots qui ne renvoient parfois plus qu'à eux-même - une vraie cabale dans la forme comme dans le fond. Enfin, tout ça quoi.

Borgman, van Warmedan, 2013
Heli, Escalante, 2013
Le passé, Farhadi, 2013
Slucaj Harms, Pesic, 1987
A serious man, Coen, 2009


jeudi 28 novembre 2013


Surfaris/ Wipe out
Azealia Banks/ 212
CSS/ Honey
Janelle Monae/ Dance apocalyptic
Beirut/ East Harlem
ASAP Rocky/ Hell
The Warlocks/ Zombie like lovers
The National/ I need my girl
Mark Lanegan/ Elégie funèbre
Au revoir Simone/ Boiling point
These New Puritans/ Fragment two
Ibrahim Maalouf/ Your soul





mercredi 27 novembre 2013

Ecran total

J'ai passé un week-end entier avec Giuliano Gemma, mais quel homme! Barbu, moustachu, hilare ou begrmanien, ce type sait tout faire!

Un dollaro bucato est un bon western spaghetti dans une Amérique post guerre civile dans laquelle on ne sait jamais vraiment à qui on a affaire: les policiers sont des méchants, les sudistes sont des gentils, les barbus rasent leurs barbes et pouf, tout est tourneboulé. La copie était un peu mauvaise, alors le paysage était un peu jauni, mais quand on pense que y'a des gens qu'ont besoin d'appli pour ça....

Il prezzo del potere est un ( à en croire IMDB) political spaghetti, appellation qui prête à rire, mais en fait, pas trop. Le film raconte la tentative d'assassinat du président des Etats-Unis lors d'une de ses visites au Texas - à Dallas. Comme ça passait le 22 novembre, c'était plutôt bien vu. Le film est assez transparent quant à sa référence historique, même si ça se situe fin 19e. Les Texans sont pas bien sympas et si on retrouve plein de trucs de western, il y a quand même une logique d'état qui prévaut à la fin sur un univers plus dualiste.

Even angels eat beans m'a eue au titre, donc je m'attendais à tout et n'importe quoi, et c'est un film assez drôle, avec une paire d'idiots plutôt bien choisie: Bud Spencer qui ressemble à un tueur ukrainien taciturne et Gemma goguenard du début à la fin, avec les pieds en canard à la Charlot. Le méchant, hilare lui aussi à la suite d'une paralysie faciale est tout simplement délicieux et il y a a des bagarres assez fameuses.

Violenza al sole pourrait s'appeler "L'inconnu Bergmanien du lac": sur une île déserte, Gemma en mode super beau gosse nous montre son torse et fait des folies avec son masque de plongée. Un grand suédois taciturne, lui aussi, toute la douleur du monde collé sur le visage semble nous dire "ääää" mais silencieusement, hein. Entre amours tempétueuses sous le cercle polaire et baisers fougueux sur la plage à l'heure de la sieste, notre scandinave pétrifié est peu à pris par une fièvre toute calviniste à la vue de ces jeunes gourgandins qui s'ébattent en faisant fi de toute morale et tout ça finira mal et dans un cri. L'ambiance mi-moite mi-voyeuriste est vraiment bien foutue, le côté robinson rousseauiste en plus.

Il prefetto di ferro était raconte un épisode de la vie de Cesare Mori, célèbre préfet entièrement fabriqué en fer. Non, en fait, c'est plutôt une métaphore. J'ai adoré, mais je suis très partiale aux personnages méga-intègres dans un monde de brutes et j'ai un souvenir de Sicile très mitigé - pour ne pas dire atroce. Probablement un peu manichéen à la base (le bon et tous les truands), le film finit sur une a-victoire plutôt amère, qui ressemble, elle, plus à la vie en vrai. Gemma est méconnaissable, tout en moustache sévère et en culotte de golf (étonnamment sexy). Et les chants (siciliens?) mi-criés mi-chantés (Morricone à la BO)  complètent ce tableau enchanteur.

Un dollaro bucato, Ferroni, 1965
Il prezzo del potere, Valerii, 1969
Even angels eat beans, Barboni, 1973
Violenza al sole, Vancini, 1969
Il prefetto di ferro, Squitieri, 1977

dimanche 24 novembre 2013

Разбацивана /2 - Мајчине планине

Породица са мамине стране ми је увек била некако нејасна: никад нисам имала утисак да је та породица једно, да се може ујединити под истим именом јер се толико мењала услед венчавања, развода и пресељавања - због свега тога, па чак и због тога што су учтиво мрзели једно друго, мислим да никад нисам видела целу породицу окупљену.

Распрострањаност је прва реч која ми пада на памет кад мислим о тим својим маминим корењима. Иако је она потпуно убеђена да је порекло нешто сасвим другачије од пуког географског места одакле долазимо, она води порекла однекуд, а пејзаж овог места се баш одликује нечим што је такође производ разбацивања и гомилања. 

                     


Terrils - јаловиште - су мале планине које се налазе у рудничким регионама. У ствари, само су гомиле угаљског ђубра који не служе ничему и који су рудници избацивали поред окна, тљко постепено нарастајући у мале планине, црне несталне вулкане без дима, мајушна песковита брда под сводом сивопплавог белгијског неба.



Данас је тај свет већ давно нестаo , али даље и постоји неколико тих брегова на којима је једна друга врста живота почела да ниче. Светло је тамо потпуно чудесно, јако дубоке црности, усијава својом минералном природношћу.

Marcinelle, 2013

jeudi 21 novembre 2013

Charleston, SC.





In Charleston, I learned the word quaint, as I've heard it approximately 15 times a day. 
Another of my film burned and graves started to move on the negative for me not being meticulous enough in my picture counting.







mercredi 20 novembre 2013

I recently had a good laugh explaining to someone what was the Center for cultural Decontamination (czkd) in Belgrade. Obviously, she had this in mind


which is what the title is kind of implying if you don't know the whole story. It made me wonder how people feel about this name? Is there anyone even slightly nonplussed about the backgound and denotation of such a word? I'm not sure that using a term like that today, no matter how relevant it might have been when founded, is helping to build a pacified and reunited civil society. It sounds a lot like an Orwell-like kind of institution - or maybe the title of an awesome (yet to be made) zombie movie, where hardcore gender studies specialists bash the skull of the living dead with a hard copy of Butler's collected works. That'll also work.

lundi 18 novembre 2013

Fall just got funkier.




Oooo, baby woooolf!

Ecran total

J'ai attendu un moment avant d'enfin voir A perdre la raison sur grand écran plutôt que en schlaïte sur mon ordi et je n'en suis pas déçue. Le rapport très bizarre et hyper glauque entre le médecin et son protégé, l'isolement (en partie autoinfligé) grandissant de sa femme, et le silence parsemé de petites éruptions de violence ça et là donnent un angle de vue qui a cruellement manqué lors du fait divers réel. L'avantage est qu'il le fait sans didactisme, sans avoir l'air de chercher à donner une explication, une interprétation, mais plutôt de donner à voir par le bout de la caméra, toujours un peu gênée, embarrassée, coincée dans son cadrage par les limites de l'espace réel ou qui subsiste entre les gens ( que de chambranles!). Il échappe même au " tiré de fait réels" facile, signalant simplement les possibles divergences entre réalité et fiction suffisamment tard dans le générique de fin pour que la salle soit déjà à moitié vide. Le contraste entre le visage gominé et lisse de Rahim qui ne  bouge pas d'un poil et celui de Dequenne qui se ravage à vue d'oeil est assez hallucinant. 

L'inconnu du lac était une surprise, dont je n'attendais pas grand chose mais qui me pose plein de questions sur l'explicite au cinéma. S'il s'agit surtout d'une histoire d'amour qui ne semble fonctionner que dans un sens, le meurtre et l'ambiance de suspicion qui l'entoure ne sont pas si visibles, palpables et la fin vient un peu comme un emballement très soudain dans un cadre qui jusque là était construit dans une quotidienneté, une répétition des jours identiques et immobiles, quasi rohmerienne. Les scènes de sexe sont plus difficiles pour moi à intégrer dans l'ensemble, mais à la réflexion font probablement sens vers ce naturalisme impavide. Après m'être longtemps demandé quelle était l'intention derrière la crudité, je me suis dit finalement qu'il n'y en a peut-être pas d'autre que celle de montrer les choses telles qu'elles sont, sans chercher ni à les embellir ni à les condamner. J'ai probablement un vieux réflexe interprétatif qui consiste à penser que l'explicite au cinéma a souvent une intention, cherche à faire entendre quelque chose ou à défendre une certaine vision indépendante de l'art. Après m'être demandé "Mais pourquoi montrer", bah en fait, pourquoi pas?

Malgré l'avis négatif de certains - Ryan Gosling meurt au début, spoiler- je me suis attelée à The place beyond the pines. C'est effectivement très long, voire longuet, avec un peu l'impression d'aller un peu à la nimp parfois. L'idée de destins qui ricochent d'une génération à l'autre ne manque pas d'intérêt, mais se perd un peu dans les virages. La première partie est très bien foutue, compacte, avec Ryan Gosling qu'a une belle colo et une chouette moto, puis ça part un peu en live, mais c'est peut-être juste que mon degré d'attention décroît de jour en jour, d'où une difficulté à passer la barre des deux heures.

J'ai enfin revu The Dude, His Dudeness, El Duderido en VO - qui est quand même autre chose que cette traduction complètement crétine en Le Duc.  Je me souviens l'avoir regardé dans ma prime jeunesse et me souvenir d'un long clip atmosphérique à la gloire du bowling et du slacker moyen J'avais zappé le personnage de Goodman, SUPER énervant, et le balbutiant Buscemi, et l'artiste féministe conceptuelle à moitié dingue déguisée en poupée Kraftwerk, mais haaaa! Et Gazzara en Hefner raté, c'est awwww.The Dude abides.

A perdre la raison, Lafosse, 2012
L'inconnu du lac, Giraudie, 2013
The place beyond the pines, Cianfrance, 2013
The big Lebowski, Coen, 1998

vendredi 8 novembre 2013

St-Louis, MO.





From St-Louis, I mainly remember a non-stop dinner getting pretty bizarre at night, a befuddled waitress dangerously wobbly on her feet trying to serve coffee and a fuzzy walk at night in eerie neighborhoods.










mardi 5 novembre 2013

Разбацивана / 1: Очеве ситнице

Колико се сећам, отац ми је увек био неки MacGyver, човек који може све да исправи за тренутак и стално је носио нешто корисно у џепу - мали комад конопца, спајалице, каучлук, па и наравно старе марамице и хартије. 

Мајка нам је рекла кад смо већ били одрасли да, кад је био клинац, другари у школи су га називали "Мистер Ексер" јер је увек држао у џепу својег радничког одела гомилу разних врста малих комада челика - клина, шарафа, завртања - који су звечали док је ходао. Када су моји почели да се забављају, отац је живио сам и имао је једну читаву собу у стану посвећену својој залиси ништавности. Мада се мало цивилизовао са годинама, и дан данас има малу собицу у подруму у којој чува све што може да пронађе по улицама, градалиштима, пољима. Ствари су лепо организоване, свака по свом највероватнијем коришћену. 



Да их никад није користио, прича не би постојала, али се свим тим стварима служи кад ради у башти, да поправља оно мало тамо, исправља то онако овде или повезује то са тим. Тако да је башта пуна оних џиџа-биџе разбацених онде-овде чија порекла не знамо ни ми: мрежа коју смо нашли на плажи негде у Француској, парче мешалице које се налазила поред пута, комадићи разбијених тањира који је узео из развалине бивше фабрике посуђа.

                                     



У све то лепо и пристојно организује, делимитује, безује, свака ствар по својој сврси у толикој мери да не можемо да замислимо живот без очеве ситнице.

samedi 2 novembre 2013

Utopia


Comme pas mal de séries britanniques, Utopia se place dans une veine glauque/flippante qu'on dirait nourrie à la marmelade faisandée: much ado about, parce que dans les faits, ça va. 

Conspiration médico-politique fomentée par un scientifique fou et consignée dans un comic à l'esthétique mi-expressionniste mi-nimp, l'intrigue n'est finalement pas le plus intéressant de l'ensemble - la bande d'outsiders, la fille disparate, le tueur autiste, les doubles zet triples espions qui s'autoespionnent entre eux qu'on devient fou, les exécutions sommaires et les tortures au piment d'espelette: rien que du très classique.  L'idée semble plutôt de créer une ambiance, un mood, une sorte de placenta esthétisant dont on sort un peu sonné - surtout regardé d'une traite.

Le travail de sursaturation de couleur m'a d'abord laissée perplexe - encore un film instamapute, m'écriai-je! - mais non!  Le côté très froid, une bande-son faite de petits bruits bizarres posés en boucles sur des longs drones en spirales 

et un anticlimax dans l'émotion empêchent que le tout tourne à la Bellflower. Du point de vue de l'image, les plans fixes, les cadres larges, et plus globalement un refus l'à-peu-près: ça irait plutôt dans le sens d'une transformation en comics de l'image filmée. 
 




Quelques trucs foirent un peu - style l'histoire "d'amour", qui sort mais alors de nulle part, ou le déguisement en mini Brian Molko du gamin - mais c'est rattrapé par des choses plutôt drôles ( par indavertance?) le tueur québlo  sur une phrase, et un méchant qui se nomme Mr Lapin, héhé.

vendredi 1 novembre 2013

Through Arkansas

                                 



















mercredi 30 octobre 2013

Ecran total

Je ne comprends pas pourquoi à la suite de la sortie de Ghostbuster, on n'a pas assisté massivement à une désertion des écoles publiques et à la création d'école de ghostbusting. Personnellement, je suis en train de réorienter ma carrière vers nulle part, et si j'avais vu ce film plus jeune, je ne serais pas dans cette merde noire, non, j'aurais fait quelque chose d'utile et à l'heure qu'il est, j'aurais une petite entreprise qui ne connaît pas la crise et une barre de fer qui va de mon salon à mon garage. Tout ça pour dire que je n'avais jamais vu ce film - probablement une conspiration parentale qui avait vu venir le coup de la désertion scolaire - et que je rejoins totalement Venkman quand il constate " We should split, that way we can do more damage". 

Toujours dans le thème de la réorientation de carrière, j'ai envisagé l'exil, plus précisément vers le Louisiane ( sans déconner). Mais en fait non. Southern Comfort est un survival à l'envers d'une certaine façon: des jeunes bien mignons qui tentent de survivre en milieu hostile, on passe à des soldats à moitiés dégénérés ( pléonasme n'est pas plaie mortelle) qui font chier une bande de joyeux types dont l'activité principale semble d'être de danser au son de l'accordéon en buvant de la bière Dixie et en rôtissant des bons gros cochons ( un peu comme dans un film de Kusturica). Seuls les outsiders s'en sortent (spoiler alert) (ou pas?), et c'est là qu'on apprend que tout n'est pas mauvais dans le Texan. Les marais sont certes hostiles, mais c'est une question de point de vue: bien sur, si on filme le côté boueux, végétation pourrissante et sauvages des bois, c'est moins drôle, mais on peut aussi penser pratique (plein de voies navigables, un peu comme Venise), pas de feuilles à ramasser en hiver et des hipsters à chemises de flanelle de partout ( un peu comme à Brooklyn).

This is the end ne casse pas des briques, mais ne ment pas non plus: sorte de trip nostalgique de Freaks and geeks, mixé avec des références pop dans tous les sens et des cast-out du Saturday Live, certains trucs sont franchement pas mal, d'autres un peu "Meh". On aurait bien aimé que le cannibale-fou-mad-maxisé de la fin soit en fait Woody Harrelson. Mais bon.

Revoir Stalker, même en équilibre sur une chaise précaire, coincée derrière un artiste conceptuel à la coiffure touffue et avec des sous-titres décalés d'une bonne seconde m'a rappelé que c'était bien un des mes films préférés de tous les temps. Il y avait plein de trucs que j'avais oublié, ou jamais remarqué, comme la bande-son bizarre un peu bruitiste qui compose autour des mouvements des trains et de la draisine. L'eau, le temps, le silence, l'immobilité; c'est le film dans lequel je veux littéralement habiter.

Ghostbusters, Reitman, 1984
Southern Comfort, Hill, 1981
This is the end, Rogen, 2013
Stalker, Tarkovsky, 1979

lundi 28 octobre 2013

jeudi 24 octobre 2013

Hope, AR.


I spent some 24 hours in Hope, between trains. The town is famous for being the place of birth of Bill Clinton and for its gigantic watermelons. I visited every museum in town, including one about Paul Wilbur Klipsch, who was some sound genius. 



A burned down building was sitting there, and I was told it has been a jigsaw puzzle factory that went bankrupt and mysteriously went into flames a few months later. You could still see part of those puzzle from the outside.



For some reason, my film also burnt and the backing paper imprinted itself on the negative. I'm still not sure if I like it.



Walking along the interstate to get to my motel, I saw this and found it was both cruel and witty.


For some reason, these kind of signs is what directly pops into my mind when I think about the States, so I got pretty obsessed with that. There where a really cool strech of them along the 270 close to Hot Springs.

Ecran total

Comme par une sorte de hasard heureux, j'ai regardé The deerhunter, qui tourne autour des mêmes thèmes que quelques films évoqués précédemment: des têtes déjà vues dans Medium cool et Greetings et LE sujet qui préoccupe tout le monde - le Vietnam. Un certain fétichisme du poil me fait apprécier les barbus plus que de raison et je trouve que de Niro la porte particulièrement bien - la barbe, bien sûr. La division du film en trois temps - avant, pendant, après - n'est pas une mauvaise idée, la partie au Vietnam étant finalement la moins longue. La ville industrielle bien glauque et son contrechamp de nature mystique entourée de brumes nordiques fonctionne plus comme un territoire que comme un décor et la longue scène de mariage montre la communauté dans sa tentative de recréer le territoire - communauté étrangère, mais déjà complètement américaine. Le motif de la roulette russe devient un peu lourd, parce qu'un peu répétitif - le suspense induit par une partie de roulette russe "marche" à chaque fois, mais point trop n'en faut. Il me semble que le fond de l'histoire, c'est la découverte de Walken de la réalité de la mort et son passage du côté obscur. A moins que la répétition ne cherche à souligner le parcours du personnage - flippé, puis un peu moins, puis bah! C'est possible, mais je me trouvais dans une salle pleine de gens goguenards (bourrés?) et les nombreux rires occasionnés par quelque chose que je ne parviens pas à déterminer, m'ont un peu déconcertée ( les claques à répétition? Le thaïlandais? Les bandeaux de Rambo?)

La figure d'une société qui en est sans en être devient le thème central de Year of the Dragon. Même sans barbe, j'aime Maïqui et je dois dire que malgré son côté super obnoxious, j'avais plus envie de gifler cette petite catin journaliste à la manque pour son manque de gestion de relations interpersonnelles ( et pour son côté de grande hystérique) que lui. Cela dit, Cimino est pas bien féministe entre les lignes, mais bon. De nouveau, beaucoup de longue scènes de cérémonies, avec le côté karma-is-a-bitch du début qui est comme la fin et de l'insignifiance du corps réel du roi (pour ceux qui suivent le foot). Plein de petits lieux communs de films policiers émaillent le tout, mon préféré étant le-témoin-sacrifié-qui-meurt-en-donnant-l'info-qui-tue. 

La dame de Shanghai ne parle alors pas du tout de Shanghai, mais est un beau film noir (= j'ai enfin réussi à identifier le genre, yo). Femme fatale aux origines mystérieuses, héros déceptif mais droit au passé obscur et au physique troublant, vieux croulant  à l'associé véreux et zone territoriale trouble. L'associé est particulièrement véreux, style ça sent jusque dans la salle et Welles, plutôt fascinant - la parabole des requins! - avec son truc-à-la-Casey-Affleck et son nez qui bouge. La scène du palais des miroirs est un peu confuse, mais, ha, tout est bien qui finit bien (film noir alors?)

Gilda est un peu moins un film noir (mince, juste au moment où je pensais le tenir), puisque le happy end en est vraiment un. C'est dommage, la femme fatale, les origines bizarres, le vioque tout ça, ça m'avait mis en train, pis non. Bon, c'est quand même un grand film de dingue, dont le souvenir le plus obsédant est pour moi celui du petit joueur à la moustache (sans barbe!) qui semble être enduite de gel. J'ai du mal avec cette mode de moustache.

The Deerhunter, Cinimo, 1978
The year of the Dragon, Cinimo, 1985
The Lady from Shanghai, Welles, 1947
Gilda, Vidor, 1946

jeudi 17 octobre 2013

New-Orleans, LA.






 

In New-Orleans, I mostly tried to get out of the weird French Quarter and its flocks of drunk tourists. I took a boat to the other side, to Algiers. There was not much to do there, so I sat and watched the Mississippi, imperturbable and placid.

In the Insectarium was an informational display case about how do cockroaches settle in a household. They had put a bunch of them in a doll-sized house. The whole things looked pretty spooky - almost lynchean in a way.



Oh, and there was a webcam in the cockroaches house, so you can actually follow them on a daily base.