jeudi 31 décembre 2015

Ecran total

Entre deux orgies de foie gras sadique et des transformation de schéma entité-associations étendus, j'ai peu d'inspiration et ai donc regardé ce qui me passait sous la main, ça veut dire un peu n'importe quoi et du cinéma belge sur le côté.

Tokyo Tribe est un film auquel il n'y a pas grand chose à comprendre, mais qui m'a laissée perplexe plus qu'à son tour: d'abord parce que c'est plein de gens qui dansent et chantent dans une sorte d'hystérie clipesque pleine de loupiotes et de choré à la Carey, mais aussi parce que les sous-titres étaient décalés - et que mon japonais est un peu rouillé. Ce que j'ai compris, c'est que le film pourrait être utilisé avec succès dans notre grande lutte antiterroriste (enfin, une fois que nous sortirons de la cave où nous sommes terrés depuis le 13 novembre, à en croire Béatrice Delvaux, qui a probablement été hobbit dans une autre vie), car c'est un film qui fatigue et qui remettrait le plus sémillant trotskiste dans le droit chemin. En gros, il s'agit d'une histoire de gangs qui gouvernent Tokyo (les Tribes donc) et qui s'embrouillent pour une raison plutôt banale - y'en a un qu'a piqué la meuf d'un autre ou un truc du genre. D'où vengeance, bagarre, rimes qui tuent et flow assassin - rassurez-vous, il y a aussi du sang, des grands couteaux et des boyaux en guirlandes, Noël oblige. L'affiche ne ment donc pas: c'est une battle de hip-hop de presque deux heures en japonais. Argh. C'est long, même pour une nostalgique de cette grande époque où on pensait qu'on pouvait régler nos soucis en slammant sa mère. Sion aime bien les problèmes d'ados, entre l'hystérique d'Himizu et la mort dans la bonne humeur de Suicide Club, mais le dernier truc que j'avais vu étant Land of Hope, je pensais qu'il était passé à sa phase Amour (vieillesse + tendresse+un peu de mort en accompagnement). En fait non. Franchement, c'est épuisant, mais il faut le voir. et puis c'est le genre d'expérience qui vous lie à vie avec les gens qui l'ont subie avec vous - un peu comme se terrer dans une cave avec Béa.

Toujours dans les tribus, Préjudice est un film qu'on devrait tous regarder autour de Noël, ce moment si propice à l'ouverture des cadeaux et des névroses familiales! C'est un film qui raconte un dîner de famille quasi infini (on remet la table au moins trois fois) mais au cours duquel on ne mange queud'chie. Ca sent l'étripage au niveau du dessert, chic alors! Contrairement à la famille psychotique à la Coupland où tout le monde est un peu taré, ici on a une configuration "mouton noir" avec un élément qui se chope les petites manies de tout le reste. Cédric est un type sans âge qui vit encore chez ses parents et dont on a décidé qu'il avait un problème. C'est pas vraiment une maladie, mais il est chelou, disons. Une sœur parfaite qui trouve qu'on s'occupe pas assez de son utérus (quand même, se faire engrosser c'est un putain d'accomplissement,non?)  un grand frère qui a visiblement pris la place du père depuis un moment (d'ailleurs absent pendant quasi tout le film) et un père (Arno, rôle de composition ici) complètement mou du genou - plus Non (peut-être) du Père que Nom Du Père. La mère (Baye, tendance Huppert mais pas trop) est évidemment le cœur de ce typhon ordinaire qui mêle dévouement, auto-flagellation culpabilisatrice maternelle tendance judéo-chrétienne, et haine larvée - enfin, larvée, c'est un grand mot. Du point de vue récit, ça se tient très bien, déroulant l'horreur ordinaire des gentilles familles de façon implacable dans un calme rythmé uniquement par des petits morceaux de percus/violon minimalistes. Il y a parfois un côté un peu "textbook", un peu gros dans la schématisation des relations, un peu gros kif de psychanalystes, mais ça va. Visuellement, c'est un peu perturbant, avec un gros travail à partir de profondeur de champs mi-floue mi-molette qui fatigue un peu et une tendance à être très proche du personnage qui tranche un peu avec le ton froid et clinique et les teintes de blanc.gris/métallisée. Y'a Haneke quelque part - en Autriche, tiens.

D'Ardennen est dans la veine "cinéma burné flamand qui parle dans une langue toute chelou" et défourraille bien sa race - franchement. Kenny sort de prison après avoir encaissé pour son frérot qui s'est entre temps tiré avec sa gonzesse (à Kenny), devenue clean et en cloque (décidément). On sent bien que ça va pas aller et ça finit évidemment en meurtre(s) que nos deux amis filent planquer dans les Ardennes, cette terre de mystère et de grands arbres inquiétants. On m'a fait remarquer qu'il existe peut-être quelque chose dans cette obsession d'un certain cinéma belge pour les Ardennes - de Calvaire à Welp, on arrive ici, dans une zone déserte hors du monde, peuplé de consanguins en chapka de chez Colruyt et de travelos badass qui vivent dans des caravanes en plastoc. Ici, c'est assez frappant - d'autant qu'il s'agit du titre - cet espace mythique d'une enfance perdue devenu un territoire quasi gothique aux créatures monstrueuses (des autruches en fait). Le parti pris est noir, avec une mise en scène d'un truc qui pue la misère et la graisse de frite dès le départ: banlieue d'Anvers, boulots minables, avenir avec un échangeur d'autoroute en guise de vue  et toujours le truc qui rôde, le passé, l'erreur, la chose dont on est un peu coupable et qui colle comme un kyste indécrottable - le fils qui revient, qu'on aimerait bien régler une fois pour toute. C'est bien foutu, nerveux, tendu dans les rapports sans tomber dans un truc trop intello. Y'a un peu un craquage de zlip au niveau de la musique - même si ça m'a replongée dans les grandes heures du Cherry Moon, à un moment, ça va. 

Tokyo Tribe, Sion, 2014
Préjudice, Cuypers, 2015
D'Ardennen, Pront, 2015

mardi 29 décembre 2015

Body bags (1993)

Que faire un jour de Noël, quand le temps est au beau et que tout le monde régurgite paisiblement sa dinde aux antidépresseurs? Hé bien pour éviter Sissi ou Beethoven, on peut regarder Body Bags, sympathique petite série de trois mini-films signés Hooper et Carpenter!

Les bodys bags, ce sont les corps d'une morgue passés en revue par ce cher Carpenter, coroner de son son (pas très bon) état et qui nous raconte les déboires des cadavres intéressants qu'il trouve dans ses placards - un peu en mode mamie dans sa cuisine. 

The gas station raconte une nuit à la pompe qui tourne mal. Une pauvre étudiante en psychologie, en pleine révision du chapitre "sociopathe", se retrouve aux prises avec un vrai - de sociopathe - employé du mois qui a mal tourné et décide de se venger - de quoi? mystère! Comme d'habitude, tout le monde est suspect, mais c'est toujours celui qu'on soupçonne le moins - sauf moi, mais j'ai l'esprit tordu. Notre héroïne est par contre un peu concon: une fois son ennemi abattu, elle persiste à ne jamais se retourner, permettant à celui-ci de se relever et de la poursuivre non pas une, mais deux fois - faut être un peu quiche. En même temps, faire des études de psycho n'a jamais été le signe d'une intelligence foudroyante, en plus d'être un signe de sexualité débridée comme l'indique le dicton bien connu, "psycho, nympho". Bref. Les appareils de garage donnent lieu à quelques jolis plans, dont une mort pas dégueu graphiquemen

Plop Art
Hair n'est pas une comédie musicale sur des hippie venus de l'espace - mais ça aurait pu être une bonne idée - et parle enfin de problèmes de cheveux avec franchise et réalisme. Richard, quadra début-de-bedonnant est obsédé par ses cheveux, qu'il perd à une vitesse grand V et commence à faire un peu chier avec ses techniques diverses pour feinter la Nature - dont un traitement qui consiste tout simplement à se peindre le crâne, malin! Jusqu'à ce qu'il découvre un type bizarre sur le téléshopping qui lui promet qu'il retrouvera ses tifs en appelant le numéro suivant. Chiche! Après une consultation étrange et (mal) conseillé par une infirmière salace (méfiance, donc), Bob se retrouve du jour au lendemain avec une tignasse de fou qui rendrait jalouse Jen Anniston. Il est donc totalement hystérique - scène assez géniale - et sa nana lui saute dessus - soi-disant qu'elle s'en foutait de sa calvitie, la salope. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais non! Les tifs à Bobby continuent à pousser comme des oufs et en plus, lui sortent de partout! En en arrachant un, il se rend compte qu'il s'agit en fait d'une forme de vie étrangère et pas sympa (ils mordent)
Cheveux te bouffer la mimine!
Franchement, c'est la première fois qu'un film me comprend aussi bien et je me sens moins seule. Ma chevelure est effectivement issue d'un univers qui m'est étranger, parfois frisant parfois lissant, sec au milieu, gras sur les bords et hésitante par temps de pluie et m'a longtemps interrogée sur mes origines véritables. Il s'agit en fait tout simplement d'une forme de vie extraterrestre! Tu m'étonnes John!

Dans Eye on parle bien entendu d'un œil. Après un accident de voiture, Brent, joueur de base-ball se fait greffer un œil tout neuf - la couleur n'est pas trop raccord, mais c'est pas grave et reprend sa petite vie parfaite dans sa white-picket-fence house, avec sa gonzesse agent immobilier. Hélas, sa convalescence ne lui laisse pas de repos, le pauvre: il voit des mains qui sortent du sol, hallucine des cadavres en pleine partie de jambes en l'air ( cela dit sa meuf a pas l'air de beaucoup y mettre du sien, alors bon) et se cogne des migraines pas possibles. Tout semble venir de cet œil maléfique - mais à qui appartient-il? Le vieux thème de l'organe malfaisant transplanté est pas mal décliné ici, avec peu de variations une fin plutôt classique - beurk pour moi. 


lundi 28 décembre 2015

Ecran total

Toujours dans la lignée des écrivains au cinéma, j'ai vu Barton Fink dont je ne savais pas grand chose - sauf pour le coup de l'écrivain. Comme c'était un truc des Coen, je savais que ce serait plus dans le genre écrivain raté qu'inspiration divine et feuillets qui volent dans tous les sens. Barton est donc un dramaturge engagé qui fait des pièces qui parlent du peuple (c'est nouveau tiens) mais qui laisse à regret sa carrière à New-York pour faire du cinéma à L.A.. Premier gros dilemme: abandonner une situation proéminente dans un microcosme intello pour faire des trucs un peu moins glorieux mais qui rapportent? Barton ne tergiverse cependant pas trop et part faire la nouille en Californie, où il se retrouve largué dans un hôtel un peu genre AHS mais avec un bell-boy plus fadasse, Chet joué Buscemi qui comme d'habitude parle comme s'il se demandait à chaque mot quelle syllabe était la suivante et surtout pourquoi celle-ci plutôt qu'un autre (Steve est un phénoménologue qui s'ignore). L'hôtel donc, regorge comme il se doit de personnages truculents dont ce cher Goodman dans le rôle de Meadows, un représentant en trucs (enfin, un vendeur itinérant quelconque) qui boit des whisky en dissertant sur le cinéma. Dilemme suivant: Barton écrit des pièces sur le peuple et pour le peuple mais réalise qu'il est coincé dans une niche dont le peuple se fout autant que de sa première grève. Plus fort encore, Barton parle tellement quand il s'emballe que le seul exemplaire de "peuple" qu'il rencontre ( Meadows) n'en place pas une. Il y a une scène magnifique qui résume à elle seule le vieux malentendu entre théâtreux intellos et peuple: l'un jacassant sur la nécéssité de mettre l'autre sur scène, pendant que ce dernier essaye désespérément de commencer une phrase pour dire que quand même les films de wrestling, c'est cool quoi. Saloperie de peuple qui veut rester bête à tout prix! Mais je m'égare, ce n'est pas le sujet du film qui parle surtout du blocage de Barton qui ne parvient pas à écrire quoi que ce soit - peut-être parce qu'il n'a rien à dire dans le fond. Heureusement, comme dans tout bon hôtel, celui-ci possède un serial killer qui va nous décoincer tout ça. Notre ami réussira-t-il à comprendre, aimer et parler au peuple? Suspense! J'aime bien ce personnage, un peu mou, avec des cheveux tout chelous et une tête d'ahuri, et il y a l'hôtel, sa petite vie, ses couloirs tout ça.

Encore un néonoir et encore un film de Foley, At close range est un film avec le très jeune Sean Penn et le moustachu Walken qui fait un peu moins fraise dans celui-ci (mais c'est sans doute la faute à la moustache qui déséquilibre le visage). Le petit Brad (Penn) décide de reprendre contact avec son vieux Brad (Walken) petty criminel rural, sorte de Scarface fermier dont la spécialité est le vol de tracteur. Toute cette criminalité rurale et la vie de glamour qui l'entoure (bouffer des côtelettes dans des dinners, vivre dans des caravanes en stuck et se taper des stripteaseuses locales à la retraite), ça vend du rêve au petiot qui a de plus besoin de sousous pour entretenir sa nouvelle chérie, pas encore légale, mais déjà grande gueule. Brad-le-vieux, fourbe à souhait, laisse courir et embauche le fiston dans l'affaire familiale. Un tracteur, ça va, mais plein, bonjour les dégâts. Quand Junior se fait pincer lors d'un coup monté tout seul (c'est genre "le-dernier-coup-du-siècle-et-on-arrête", donc un super gros tracteur), Senior commence à devenir nerveux et va se mettre à buter à tout va. Je retrouve un peu ce qui m'avait énervé dans After dark et qui est visiblement propre à Foley - une sorte de mollesse dans la réalisation, mais pas complètement: c'est pas vraiment la nonchalance nihilisto-rurale d'un Badlands, mais un truc entre léthargie et pathos - y'a des sentiments, bon sang! Alors j'aime bien, mais ça manque de couilles - ni radicalement "meh" ni carrément "rhaa" - vous voyez quoi.

Il y a plein de Dracula et Christopher Lee y est un peu partout, alors difficile de s'y retrouver. Dans Dracula: Prince of Darkness, il ne parle d'ailleurs pas du tout, se contentant de faire "hsssss" de façon effrayante et de de rouler des yeux. L'intrigue est plutôt basique: des voyageurs britanniques, venus faire du tourisme en Roumanie - enfin, c'est trouble puisque c'est près de Karlsbad - se perdent et vont dormir au château de Dracu qui va pouvoir renaître de ses cendres grâce au sang frais procuré par ces chers Rosbifs. Miam! Une fois réveillé, le comte décide de se payer une tranche d'Helen (femme de feu Alan, ce qui crée un peu de confusion) puis de Diana - il les lui faut toutes, ce fourbe. Heureusement, passe un moine avenant et plus qu'à son tour fendard - il fait des blagues de fesses, mais tient son arc en bandoulière - qui va protéger et aider nos amis, chic! Lee ne dit donc pas grand chose, mais ses yeux parlent pour lui: il fait une tête trop mignonne quand Diana lui file entre les pattes, un truc avec la bouche qui fait "mouuuh" vers le bas - à moins que ce soit les dents qui font cet effet-là. Enfin, il fait pitié, on aurait presque envie de l'aider - d'autant qu'elle est pas rien quiche, la Diana. Enfin, tout est bien qui finit bien, car figurez-vous que les vampires peuvent être tués par l'eau courante - il suffit donc d'un robinet et le tour est joué! Magique!

Barton Fink, Coen, 1991
At close range, Foley, 1986
Dracula: prince of darkness, Fisher, 1966

mercredi 23 décembre 2015

Southern Gothic

Après un peu avoir chafouiné au bord de la piscine, je commence enfin à plonger avec délices dans le magma bien juteux du Sud: des freaks, des tarés mystiques, des vieilles bagnoles rouillées qui pourrissent dans le jardin et des gens qui ont oublié d'aller chez le dentiste en 2015 (et en 2014, en 2013, en 2012, etc.). Car comme le Serbe rural, le Sudiste a du mal à garder toutes ses dents.

To kill a mockingbird est encore gentillet: c'est une adaptation fidèle d'un bouquin écrit pour être étudié au lycée - pas trop compliqué, un parcours éthique relativement bien fléché (le Bien c'est à gauche, le Mal au troisième à droite) et des personnages tout miiiignons qui s'ébattent dans un Sud certes raciste à crever, mais plein de pitits oiseaux qui chantent et d'accents qui traînent. Le film est donc à cette image, ne révolutionne pas la lecture du livre - difficile à lire de façon vraiment novatrice cela dit - et nous montre une jolie histoire d'avocat blanc qui défend un pauvre noir accusé à tort - tiens, tiens.... Le tout est raconté du point de vue d'une petite fille dont la perspective est tour à tour naïve (les enfants sont trop mignons) mais aussi critique (les enfants sont trop intelligents) et super couillue (les enfants sont trop courageux). Visiblement, Freud n'était pas encore arrivé jusque là. Son avocat de père, Atticus Finch, joué par Peck qui porte bien la lunette et l'air sérieux, est un personnage un peu décalé, un peu à part d'une société dépeinte de façon pas forcément sympa - sont pas méchants, sont simplement des crétins consanguins. Atticus, lui, est trop cool. Ben tiens. En plus, il est méga bon avocat, dis donc. Il est tellement sympa, qu'il ne veut pas tuer les mockingbird - qui auraient pourtant bien besoin d'une bonne fessée à nous faire chier avec leur révolution dystopique en pâte à modeler - et va donc tirer le pauvre Robinson (le pauv'noir) d'affaire, sauf que... Suspense, donc! Si le livre était moyennement ambigu niveau moral, le film l'est encore moins: plein de petites anecdotes latérales qui donnaient une idée un peu plus fine de la société sont évacuées - et avec elles, pas mal de nuances sur le positionnement des personnages. Mais bon, on peut pas tout avoir et dans le contexte de l'époque, c'était probablement déjà ça. 

Et puis ça crée un truc qui est visiblement très fonctionnel dans la mythologie du Sud contemporaine: une manière pour le Nord riche éduqué de se crée un repoussoir, un ennemi intérieur fait de beaufs bouseux limite retardés qui sont en plus racistes et refusent d'aller chez le dentiste. Ça vous rappelle quelque chose? Bah oui, c'est comme ça que notre True Detective, c'est un p'tit Quinquin. Ach.

En termes de freak, Wise blood fait dans le cintré religieux. Un type avec une gueule bien chelou - l'important, c'est les grands yeux exorbités, tendance Mr Robot - qui revient d'on sait pas où mais probablement d'un genre de guerre quelque part dans le monde - on a du mal à suivre avec ces Yankis - et qui après une visite express à la ferme familiale en mode baraque pourrie, renonce à en faire le décor d'un super film d'horreur 

Bouh!
et se barre pour devenir quelqu'un. Son conseiller Actiris lui suggère de faire carrière dans le prêche - parce qu'avec des yeux exorbités habités comme les vôtres, bon, et puis il paraît que c'est en pénurie, alors - et le voilà parti pour fonder l'Eglise du Christ sans Christ - une sorte de religion sans sucres ajoutés. Trop fort! Comme il s'appelle Hazel, on se fout un peu de lui, alors il roule des yeux et ça va mieux. Il rencontre un vieux prêcheur qui fait le malin parce qu'il est aveugle - trop facile - et qu'il a une fille complètement branque (et qui est probablement aussi un peu sa femme quand ça lui prend). La fille en question va évidemment se jeter sur Hazel comme un écureuil édenté sur un café-noisette et à partir de là, rien n'est trop bizarre pour ce cher John Huston, qui réalise ici sous le nom de Jhon Huston et qui retrouve un truc qu'il a l'air de bien kiffer, à savoir les freaks et les ambiances bien glauques - The Misfits, Reflection in a golden eye - et puis encore à voir, il y a Freud: ze secret passion (!) et tant d'autres! C'est un difficile à résumer en fait: il y a aussi un pote à Hazel, fan de gorilles et de momies d'homme de Neandertal qui se cherche un peu, une logeuse avec un problème d'objet a et une pute à laaarge thyroïde avec un certain goût pour la déco indy/pop'art. 


Sling blade, dont on retrouve ici une mise en diagramme des personnages trop belle même si elle ne sert à rien, fait dans le taré homicidaire et est un peu un mélange des deux premiers films, à la réflexion. Karl, un gentil p'tit gars se retrouve meurtrier dans un moment d'inattention: voyant sa mère à terre, le jupon relevé, croyant qu'elle est en train de se faire trousser (les enfants sont trop innocents), tue le méchant monsieur avant de comprendre qu'il ne s'agit point d'un troussage, mais d'un trompage (les enfants sont trop intelligents) et tue donc la môman dans la foulée (les enfants sont trop courageux). Pas de bol, son père n'est pas avocat et il file à l'asile en moins de deux. Vingt ans plus tard, il sort et doit faire face à la société qu'elle est pas gentille. Il commence par aller acheter des frites et tombe sur Jarmusch qui s'avère être moyen en vendeur de fritkot mais finalement plutôt sympa - une bonne idée qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd puisque les Dardenne seront dès 2016 serveurs au fritkot Flagey pour finir de payer le désastre du Palace - mais chuut, c'est encore confidentiel.

Sauce andalouse à part ou sur les frites?
Bref, Karl sort, mange des frites et se jette dans le vaste monde. Alors, méchant, les gens? Meuh non! On est dans l'inverse total de Rectify par exemple, tout le monde est totalement détendu du zlip avec lui. Faut dire qu'il a l'air bien dégénéré - c'est Thornton qui joue Karl et qui s'est visiblement fait amputer la lèvre supérieure pour les besoins du rôle, c'est réussi - et que finalement, il a rendu service à tout le monde en trucidant les deux. Karl va donc se trouver un petit taf, un poteau de 8 ans et demi et une famille d'accueil plutôt bancale, mais bon. Ce bonheur fragile durera-t-il? Non, bien sûr! Un beau-père à moitié jeté va lancer ce petit monde merveilleux dans un mouvement rectiligne mais néanmoins entropique qui va se régler à coups de lame de tondeuse. Schlass! En dehors de Jim, on retrouve aussi Duvall, qui visiblement est dans TOUS les films de cette sélection - il était aussi dans To Kill.. - et qui joue le désaxé à tout âge, ici le désaxé en fin de vie qui chouine. 

To kill a mockingbird, Mulligan, 1962
Wise blood, Huston, 1979
Sling Blade, Thornton, 1996

dimanche 13 décembre 2015

Ecran total

Ayant travaillé récemment sur la dystopie, je me suis mise à la recherche de trucs un peu neufs - genre qui puissent parler à des chiards nés après 2000. A part les daubes immondes Hunger  Game  et co (idée de crossover: The Hunger Divergente qui parlera d'une société dans laquelle des jeux sont organisés entre ados anorexiques)  dont le scénario a visiblement été écrit par un hamster apprivoisé, rien. Je suis alors tombée sur The Lobster, du réjouissant Lanthimos dont je n'ai toujours pas vu Canine, mais qui donne envie. Une société dans laquelle les gens trop longtemps célibataires sont destinés à se transformer en animal, voilà qui nous change un peu! Comme dans pas mal de dystopies, l'intrigue s'organise autour d'un groupe de résistants, des gens trop célibataires qui écoutent de la musique au casque parce qu'ils sont super polis, qui ont des cool parkas et qui vivent dans les bois, tentant d'échapper aux célibataires en convalescence dont le but est de les éradiquer - sinon c'est pas drôle. Là dedans, David (Farell, mou du bide et méga chou) qui pense avoir trouvé sa moitié en la personne d'une nana complètement jetée, finit par en avoir marre - elle lui tue son chien/frère, la salope - et se tire dans les bois pour vivre avec les Solitaires. Qui s'avèrent être aussi tarés que les autres, fachos dans le même genre, avec des lignes de faille morales plutôt bancales - "t'as embrassé quelqu'un, on te coupe les lèvres, ça t'apprendra" - ce qui va évidemment poser problème, car David a son œil sur une petite pas mal gaulée, Rachel Weisz qui fait sa sauvage dans les fougères. Hardi! L'atmosphère est génialement construite, toute en lenteur, immobilité et uniformité d'un monde ultra-contrôlé et réglé comme une horloge suisse, le tout dans un cadre paumé, gavé de tons organiques en mode mineur ( brun, beige, gris, vert d'eau) et de grands espace vides - de la ville, on ne voit qu'un ensemble architectural de mall géant. Du point de vue écriture, c'est bien foutu, sans pathos ni climax, avec quand même plein de petits trucs drôles dans l'absurde poussé à bout - "si votre couple ne marche pas, on vous filera un enfant, en général ça aide" - et puis tout un tas de situations un peu Roy Andresson - tragédie comique de l'homme moderne écrasé par le monde. On m'a fait remarquer que ces univers - officiel comme rebelle - sont tous deux dirigés par des femmes: c'est exact, mais qu'en penser? Mystère.

J'ai tellement de fois vu le clip de J'pète les plombs - moi aussi ,j'ai un passé scabreux - que mater Falling Down ça été un truc de dingue: c'est comme si je comprenais la Vie, où ça va, d'où ça vient et pourquoi. L'histoire est relativement simple: c'est un type qui pète les plombs. Il a tout perdu, sa femme, son gosse et son job, il a plus rien à foutre alors suce son zob. C'est pas mal comme résumé finalement. Ce pauvre D-fens (Douglas) en a donc marre des embout' et décide de planter sa caisse là et de rentrer à pied - sage décision. On dirait que tout le monde s'est donné le mot pour le faire chier - pas de monnaie pour eul'téléphone, la canette est trop chère, on veut lui piquer sa mallette, et y'a plus de petits-dèj' au Wendy. Comme tout le monde, j'ai souvent eu le pressentiment qu'un jour je finirai par faire pareil et par en mettre une en travers de la gueule de tous ceux qui me cassent les couilles, le film est donc ultra jouissif - surtout la scène des travaux qui ressemble à peu près à l'état de la rue Malibran depuis environ un an où à ce stade on se demande s'ils ne cherchent pas un trésor de pirate tout simplement. Bref. L'idée d'avoir entrelacé cette trame avec une deuxième, l'histoire de Duvall en flic à la retraite bouffé par une nana à moitié dingue (non mais faut arrêter avec ça) qui veut qu'il rentre à la maison - elle a fait du poulet - est sage: ça repose. Douglas ouvre la voie à tous ces acteurs qui jouent les psychopathes grâce à leur petite voix bizarre un peu haut dans la tête et qui fait flipper, il est génialissime dans ses craquages de slip progressifs et dans son allure de white collar ordinaire un peu hiératique avec ses tartines dans son attaché-case. Y'a un peu de Taxi driver pour le côté Grand Taré ordinaire et une belle tension de chaleur qui monte de l'asphalte.

Youth est aussi un truc en huis-clos, mais nettement plus keumique que le Homard. Entre le film à sketch et la tranche de (fin de) vie, on y voit deux pépés parler de leur prostate, comparer leurs pipis quotidiens et reluquer les nanas à poil. Les deux vieux, c'est Ballinger (Caine), compositeur trop cool qui se refait une santé et Boyle (Keitel, d'amour pour toujours) réalisateur flanqué d'une bande de barbus à bonnets à pompons et pulls jacquard, qui essaye d'écrire un film.  Dans un putain d'hôtel de grand malade au milieu des montagnes suisses, entouré de gens pas nets - dont un caméo de Maradona, qui peut à présent faire des contrôles du ventre, pas mal - qui se posent des questions, donnent des réponses, prennent des poses et attendent le dessert. C'est plein de philosophie de la vie, un peu chiant parfois, tendant vers le mélo, mais suffisamment cynique pour ne pas noyer le tout. Les jeunes cherchent le sens de la vie, les vieux cherchent le sens de la mort; certains cherchent leurs pantoufles et tout ça est très bien. Visuellement très léché, avec plein de plans fixes style comique de situation, des corps vieux, pas très beaux, perdus dans des paysages ironiques et une ambiance de joie forcée neurasthénique de Club Med pour super riches. Enfin tout ça quoi.

The Lobster, Lanthimos, 2015
Falling Down, Schumacher, 1993
Youth, Sorrentino, 2015

samedi 12 décembre 2015

Southern Gothic

Les films de cette fournée m'ont confirmé qu'il y avait bien quelque chose de pourri dans le Sud - et pas seulement leur cuisine à base de friture plongée dans la graisse de baleine. 

Intruder in the dust est un genre de To kill a mockingbird, (lu mais pas vu)  mais ramassé en une nuit, ce qui en fait un film agréablement court - j'arrive à l'âge où c'est ma prostate qui décide de ce que je regarde. On y voit un petit groupe d'irréductibles protéger un pauv'noir accusé à tort et à travers, mais qui pour une raison inconnue, continue à dire qu'il est coupable. Sa seule explication à ce geste somme toute complètement crétin c'est "Même si j'avais dit que j'étais innocent, m'auriez-vous cru?" Merci l'hystérique. Bref. Une petite mamy trop rock'n'roll qui tient une foule sanguinaire à distance armée seulement de son tricot (trop fort), un jeunot blondin à mèche tendance bieberienne et un avocat pas super niveau moral vont donc sauver ce brave type, qui est clairement joué par un acteur pas noir passé à la suie - Griffith nous voici - très crédible donc. Le film n'est pas mauvais dans le fond, ne s'étend pas trop sur la morale mais joue plus sur l'aspect enquête in ze naïte of ze marais in da hood. Il y a quelques scènes de foule intéressantes, dans le genre pression silencieuse  plutôt qu'armée barbare, qui rendent bien et la nuit qui constitue l'élément principal - recherche de la vérité qui éclaire tout ça - donne l'occasion de quelques très jolies images. Moralement, c'est un peu quichon: les faibles (femmes, enfants) se dressent contre les forts pour sauver des encore plus faibles. Bon, bon, bon.

Moralement, Mandingo est carrément plus trash, voire assez atroce. Étymologiquement, un mandingo est un esclave noir bien membré qui sert plus ou moins de giton à qui en veut - je vous laisse le plaisir de googliser vous-même ce terme pour découvrir sa postérité, c'est instructif. Adapté d'un livre, ce film raconte surtout une histoire de triangle (enfin, de rectangle dans ce cas-ci, voire de polygone irrégulier) amoureux dans la Louisiane circa 1840 - une chouette époque pour être noir, dis donc. Le vieux Maxwell veut que son rejeton, Hammond lui fasse une chiée de mômes qui puissent continuer à exploiter, vendre et torturer les générations d'esclaves à venir. Hammond traîne un peu la patte aussi bien littéralement que figurativement - typique, le personnage estropié un peu rabougri de la life - car il préfère en fait les petites (TRÈS petites) esclaves, à qui il dispense sa virilité à tout va, mettant donc la main à la pâte pour faire grandir l'exploitation familiale. C'est beau, la dévotion filiale. Mais c'est sans compter sur les convenances qui lui feront épouser sa cousine Blanche (finesse symbolique, quand tu nous tiens...), histoire que ça reste dans la famille, Blanche que son propre frère a eu la gentillesse de déniaiser se révèle être une bipolaire tendance fer à friser. D'autant plus que ce cher Hammond continue à folâtrer avec une petiote - il peut de son papa, alors ça va - ce qui va plonger notre jeune épouse dans un tourment qui la fait coucher avec quelqu'un d'autre (comme c'est pratique!). L'adultère sera révélée par une naissance quelque peu, comment dire, bigarrée - Blanche a oublié son stérilet dans les douches de la piscine. C'est ballot! Mais je m'emballe, et j'en dis trop, alors j'arrête. C'est un film ultra-chelou, visiblement du côté des esclaves, mais avec un goût pour le sadisme - faire bouillir des gens dans des marmites, franchement - qui nous fait un peu douter. C'est ce qui en fait son pur southern gothisme probablement: parler d'un truc uber bizarre de manière suffisamment biscornue pour paumer son chaland, chapeau!

Reflections in a golden eye tourne aussi autour d'une configuration amoureuse complexe, mais sans noir. Il y a une Leonora (Liv Taylor superpouffe) qui se fait chier pendant que son major de mari  (Brando, problème de diction?) dirige des trucs - quoi, bonne question - dans un fort quelque part dans le Sud. Vu le nombre de femmes dans ce genre d'endroit, Leonora peut faire sa grosse bonasse mais choisit de se taper un Morris plus vieux, plus moche et qu'a pas l'air bien finaud. Hum. En plus, Morris est flanqué d'une femme bipolaire (décidément) enfermée avec son valet philippin (personnage trop adorable que j'ai longtemps pensé japonais) à longueur de journée et qui finit par le menacer (Morris, pas le Philippin) de filer pour partir vivre sur un bateau huîtrier - ou un truc du genre. Là-dessus se greffe un soldat muet tendance serial killer qui renifle les culottes des gens la nuit, et qui va foutre un peu la merde - on retrouve plus sa culotte le lendemain, tout ça. Le tout est traité en jaune/orangé - le golden eye du titre, en fait celui d'un paon peint par l'homme de chambre philippin - qui fatigue un peu. Il semblerait que pour la sortie officielle, Huston ait abandonné cette idée, on comprend, ça a dû plaire moyen à l'époque. Personnellement, ça m'a pas perturbée plus que ça mais c'est pas forcément joli. La situation en huis-clos permet une série de plans d'espionnage à la fenêtre, de silhouettes qui fuient dans la nuit qui font un peu noir, et puis comme The Beguiled, pas vraiment de prise de position morale: y'a un côté fin de race perdu au bout du monde pas mal.

Intruder in the dust, Brown, 1949
Mandingo, Fleischer, 1975
Reflections in a golden eye, Huston, 1967

mardi 1 décembre 2015

Ecran total

A la suite d'une pas mauvaise journée d'étude consacrée aux écrivains au cinéma, je me suis plongée dans un micro-cycle plutôt sympa, et qui commence avec deux trouvailles:

The dark half, adaptation d'un roman ultra-kingien, parle de jumeaux maléfiques et d'alter ego d'écrivain qui dézingue tout le monde: ça sent le vécu. L'idée d'un autre intérieur qui triture les bristouilles de l'auteur est un peu partout chez Stephen King, souvent sous la forme d'une bête un peu gore, souvent alcoolo et rendue légèrement schizo par le temps frisquet de Nouvelle Angleterre - Shining, si vous suivez mon regard. Romero aime lui aussi les trucs qui font plop, d'où un splendide prologue qui nous fait découvrir un sympathique marmot dont les maux de tête sont en fait causés par un jumeau qui s'est développé dans son cerveau en tapinois : il a un œil, et même une dent (avec une carie, parce qu'il a oublié de se brosser le lobe à fond). 

Plop!
C'est chou. Après bien des années, notre jeunot est devenu prof de littérature, mais publie secrètement des livres que tout-le-monde-lit-mais-que-personne-etc. et finit par devoir lâcher l'affaire et assumer son alter ego pseudonymique. Le problème, c'est que ce dernier est pas méga jouasse d'avoir été mis au frais pendant si longtemps et va venir faire son grand vexé. On hésite pendant longtemps entre la schizophrénie et le fantastique, mais tout est bien qui finit dans un grand bordel d'oiseaux qui volent dans tous les sens et qui ont l'air vachement hommenivore. Miam!

In the mouth of madness est un peu plus ambitieux et offre une réponse cinglante à ceux qui pensent que la littérature ne sert à rien, puisqu'il s'agit d'un livre qui rend fou: après avoir les yeux qui saignent, les lecteurs entrent dans une phase d'hystérie meurtrière qui les voit prendre le premier objet coupant pour trancher le premier truc contondant qui passe. Evidemment, c'est un livre d'horreur, pas un Marc Levy (quoique le concept soit intéressant: des gens désespérés réduits à ne plus éprouver que des sentiments tout roses et des histoires d'amour de la complexité d'un journal intime de collégienne de 15 ans - ça fait froid dans le dos...). Bon. Un livre d'horreur donc, écrit par un pseudo-King (mais encore mieusse que lui, comme on l'apprend) qui a eu l'élégance de disparaître en pleine promo et qu'un pauvre privé, pas franchement armé niveau critique littéraire (probablement formé à la critique dite Mussoienne, parfois aussi appelée " simplisme astructural") va voir retrouver. Les gens qui ricanent quand on parle de théorie littéraire vont moins glousser: si ce crétin de détective avait relu son Genette, il ne se serait pas paumé dans tout cet entrelacs de récit hétéro/homo/métadiégétique. Voilà, suffisait d'y penser. Mais non! Parti dans une ville qui est en fait dans un livre, il se retrouve dans le livre puis ne retrouve plus le récit-cadre! Mince! Horreur narratologique, quand tu nous tiens! Tout ça va mal finir. On m'a fait remarquer plein d'intertextes avec Lovecraft, que je ne connais pas, mais ça donne envie. Pour ma part, j'ai surtout aimé les portes cronenberguiennes qui suintent et gluent un peu sur les bords, c'est presque du Festin Nu finalement. Beau.

Rien à voir avec les écrivains (mais en fait un peu si) : j'ai maté Before the devil knows you're dead - je me demande s'il ne manque pas une virgule, tiens.  Maintenant que j'ai capté ce qu'était le néonoir, faut plus me la faire. C'est mon premier Lumet, alors, j'suis encore toute émue. Et j'aime bien. Je suis plus certaine de bien comprendre le truc néonoir, du coup, mais c'est probablement pour ça que c'est bien. Point de privé en imper dans cette histoire, mais une paire de frères pas hyper finauds, qui décident de braquer le magasin de leurs propres parents - faites des enfants, qu'ils disaient. Plutôt que de leur demander gentiment. Franchement. Bon, on se doute de la suite: la môman qui n'était pas censée être là, est là (c'est beau comme du Lacan) et pif, paf, ça tire et ça crève, enfin, ça merde. Les film est raconté par fragments à partir de différents points de vue, pris à différents moments avant et après, mais pas forcément de façon minutieuse - ça va un peu dans tous les sens. Ce qui sort de l'histoire, en dehors de l'idée plutôt crétine de base, c'est l'absolue normalité du truc: des soucis de sous, des histoires de couples un peu minables, une relation père/fils pas jojo et puis des ex chiantes, avec des frères tarés, enfin, tout ça s'enchaîne avec pas mal de naturel et sans trop d'à-coups, c'est une suite logique d'événements racontée sans grandiloquence ou climax particulier. Bande-son géniale, rythme impeccable. 

The dark half, Romero, 1993
In the mouth of madness, Carpenter, 1994
Before the devil knows you're dead, Lumet, 2007