samedi 15 juillet 2017

Ecran total

Comme j'aime l'originalité, je ne tombe malade qu'en été, quand il fait bien chaud et qu'il n'y a aucune raison objective pour choper une grippe. Le rhume en hiver, c'est tellement mainstream. Du fond de mon lit, j'ai quand même eu la force de regarder l'un ou l'autre film à propos, hé bien de grands malades tiens. Entre un spa de remise en forme bien louche, une journée de team-building qui finit mal et un grand berlinois à la tête à l'envers, les cinglés sont un peu partout.

Si vous aussi vous avez du mal à supporter vos co-workers et que des envies sourdes vous prennent parfois d'attraper votre scrum master pour lui arracher les yeux et les lui faire bouffer dans sa soupe au poulet *regard vers le lointain les yeux plissés*, vous devriez contacter Belko Inc, qui a une idée toute particulière du team-buiding. The Belko experiment, comme son nom l'indique n'est pas un vrai team-building, puisque c'est une expérience. C'est dommage, un titre plus finaud eût été plus alléchant mais bon. Dans ce charmant film, des employés américains d'une firme basée en Colombie qui fabrique on ne sait pas trop quoi, probablement une application destinée à la sécurité sociale genre Marronnier.net ou un truc du style, ces charmants employés donc, se retrouvent un jour enfermés comme ça pouf, sans raison, dans leur bureau, avec une voix qui leur dit de tuer les autres. Mhhh. Je m'identifie complètement, ça m'arrive à moi aussi, sauf que je suis la seule à entendre la voix. Ici, c'est plus fun, car ils ont des petits trucs implantés dans la tête qu'on peut les tuer à distance (sinon, la menace ne fonctionne pas, hein). S'ensuite un survival classique sur le thème Stanford experiment - comment que les gens sont méchants quand ils sont enfermés avec leurs collègues et des armes, mouiii. On fantasme vaguement devant un tel carnage, fait de meurtres à base d'extincteurs et de dérouleur à papier collant. C'est un peu couru d'avance (qui va gagner, pourquoi, comment) et on nous fait même la grâce de nous présenter le grand méchant derrière tout ça (qui a des raisons somme toute valables pour ce genre de folies). Au final: des employés détendus, des coûts de fonctionnement réduits de presque 95%, et une belle aventure humaine.

En sortant de ce genre de truc, vous risquez d'avoir besoin de vacances, comme cette chère Clare dans Berlin syndrom, qui décide de se barrer à Berlin en plein trip Ostalgique architectural ("mais que ces ruines soviétiques sont powétiques omg omg omg"). Elle fait un peu chelou, les yeux rivés au sol, l'air d'avoir peur du moindre feu rouge, on se demande comment elle compte survivre toute seule mais bon. Son air de biche égarée n'a évidemment pas échapper à Andi, grand flave arty qui vit dans un bâtiment décati mais cossu - trop chic - et qui est prof d'anglais - trop sexy. Clare tombe dans ses filets et les voilà qui font des bisous. Haa, les rencontres en vacances. Se réveiller chez un inconnu, fouiller dans la cuisine pour se faire un café, regarder ses livres avec émoi, essayer de sortit acheter des clopes et se rendre compte qu'on est enfermée à l'intérieur. Et qu'on a plus de carte SIM ni de passeport. L'aventure, quoi. Ca tourne donc très mal, en mode huis-clos un peu foutraque au niveau de la trame - il se passe presque des trucs, mais pas vraiment, tout est un peu évanescent. Pas mal foutu dans l'ensemble, avec un bel effort musical et de photographie (parfois un peu exagéré dans l'instagrammation de la life mais bon), des belles tensions et une fin attendue mais pas mauvaise.

Si vous survivez à vos vacances, allez en prendre d'autres dans un méga spa paumé sur une colline en Autriche et plein de vioques qui suintent le pognon d'entre leurs rides. A cure for Wellness raconte l'histoire d'un petit jeune envoyé sur les traces d'un CEO méga riche parti se reposer dans cet endroit paradisiaque. Qui n'en est évidemment pas un: tout est bizarre, les gens sont tout vieux, il y a des trucs qui grouillent dans les tuyaux et des relations pas nettes entre infirmiers. Sans en raconter trop, le film est vraiment pas mal: très belle ambiance super flippante de château hanté, d'Autriche profonde (belle séance d'opération vétérinaire à l'arrache), un petit coté asile de dingue avec des machines steampunk digne de dispositifs asilaires de contention du 19e. Du point de vue de la trame, pas mauvais non plus, avec une histoire qui se raconte par petits bouts sans qu'on la cherche vraiment. Un peu long par contre: les 20 dernières minutes sont un peu redondantes et il y a un super moment où couper juste avant. On sent le rajout pour biiiien expliquer au cas où t'as pas compris et aussi pour s'amuser un peu avec des visuels sectaire rigolos (houu des gens dans une grottes avec des capuchons zet des bougies qui participent à une cérémonie secrète). Enfin bon quoi.

The Belko experiment, McLean, 2016
Berlin syndrome, Shortland, 2017
A cure for wellness, Verbinski, 2016