vendredi 18 décembre 2020

L'incroyable Monsieur bébé.

 En ces temps où l'on attend sous peu un baby-boom affolant des nombreux enfants conçus pendant le premier confinement (lol), petit tour d'horizon des meilleurs films d'horreur pour attendre bébé!

1er trimestre

Le fameux premier trimestre, qui peut être réduit à pas grand-chose si on reste dans l'ignorance (bénie) de sa grossesse pendant un mois ou deux, est la partie la plus étrange de la grossesse: on y est, mais pas vraiment, on ne peut rien dire, on s'endort partout sans raison et on mange pas vraiment plus mais des trucs chelous. Un peu comme l'héroïne de Swallow, qui justement, avale un peu tout et n'importe quoi.

Hunter est une jeune femme à l'air un peu paumée, voire taiseuse comme dirait ma mère. Mariée à un type qu'on pourra à loisir qualifier de connard, elle vit dans une villa ultra chicosse au bord d'un fleuve quelconque, entourée de beaux-parents méga-flippant et du vide intersidéral d'une femme au foyer. Pour se distraire un peu de sa grossesse, elle se met à bouffer des trucs qu'elle trouve: petit bout de métal, épingle à cheveux, bille… pas super tout ça. On finit par s'inquiéter pour la pauvre fille, qui visiblement n'en demande pas tant. A partir de l'histoire d'un manie bien réelle, le pica, qui touche certaine femmes enceintes, on plonge dans très joli film sur la famille névrotique, le couple et les rêves sans imagination d'une gentille fifille. C'est très joli, assez lent, très léché dans la photo qui est parfaite, symétrique et toute en harmonie de métaux glacés et de verre design. En espérant que toutes ces petites lames avalées finissent par percer l'abcès.


2e trimestre

Le deuxième trimestre est celui où on commence à sentir des mouvements, et où on pense très souvent et très fort à Alien. Je ne reviens pas sur la trilogie, mais j'ai eu la chance de voir The Covenant qui est à la hauteur de la daube que fut Prometheux: une merde gigantesque, avec un scénario improbable dont la débilité n'a d'égale que la laideur des alien, devenus des petites choses à papattes vicelardes sans âme. On préférera revoir l'original et pourquoi pas, visiter le musée Giger dans la charmante ville de Gruyère.


3e trimestre

Ca fait un bout de temps que j'ai vu A l'intérieur, mais je me rappelle assez précisément d'un plan qui m'avait marquée – il s'agit d'un gros plan de Nicaolas Duvauchelle qui se prend une flash-ball entre les deux yeux, le regard qui devient noir aussitôt. Bref. Dans cette sympathique comédie des familles, XX, enceinte jusqu'aux yeux, est seule à la maison et se la coule douce en attendant bébé gnangnangnan. Quand tout à coup sonne à sa porte XX une bien sympathique psychopathe qui veut lui piquer son charlot. Pas sympa ça (quoique…) L'horreur s'ensuit ( je me rappelle plus des détails, mais c'est assez graphique).


0 à 3 mois

J'ai attendu un peu avant d'oser regarder Servant - si vous êtes encore dans la phase où vous vous réveillez en panique la nuit parce que votre progéniture dort depuis plus de trois heures, attendez encore un peu. Mini série pondue par ce cher Night M Shymalamalan, ça raconte l'histoire pas du tout glauque d'un couple en deuil de son nouveau-né et dont la poupée 'reborn' - un poupon ultra réaliste destiné à aider le deuil à se faire, je ne sais pas dans quel univers de délire freudien quelqu'un pense que ça peut être une bonne idée, mais bon - se met à vivre à l'arrivée de la nouvelle nounou. Histoire délirante de déni complet, de couple enthousiasmant d'hystérie et de magie noire un peu religieuse sur les bords, c'est extrêmement réussi! Une mère complètement cinglée, jouée et dirigée superbement, une nounou flippante de mutisme, un père à peine en meilleur état et le tout dans une ambiance de demi-mots, traduits par des plans jamais complets, très cut, un montage assez chirurgical. On retrouve joliment cette thématique de précision médicale un peu légiste via l'activité de monsieur Papa, cuistot expérimental qui passe une partie des épisodes à trancher du lard, démotter des entrecôtes ou assommer des anguilles; le tout pendant que Maman (et tous les autres adultes qui passent par là) sirotent du jaja de luxe à tout heure du jour et de la nuit. En voilà une belle famille! Les épisodes déroulent une folie collective qui gagne un peu tout le monde, tout en donnant à voir les circonstances de la mort de l'enfant - parents sensibles s'abstenir. Vu le cliffhanger, il y aura une deuxième saison. Ou pas, ce qui serait bien énervant mais sans doute encore plus génial d'un point de vue narratif.


3 mois et plus

Après trois mois, c'est connu, votre michot est tiré d'affaire: il dort, boit, joue aux cartes et vous ne verrez pas le temps filer qu'il sera déjà en train de passer son permis. C'est ce qui arrive à deux couples, dans deux films sortis quasi en même temps mais pas du même calibre.

The room raconte l'histoire un peu neuneu d'un couple qui achète une maison dans laquelle une pièce permet d'exaucer tous les souhaits. Tarkosvky nous voici! Mais en fait non. A part pour le côté mou du genou, on en est loin. Bidule et Machin (j'ai sincèrement oublié leur nom et tellement peu d'affection pour ce film qu'il m'est déplaisant de vérifier sur wikipédia) vont donc formuler plein de voeux concons - du fric, de la  booze, des vêtements de créateur et des tableaux de van Gogh. Convenu. Puis évidemment, quelqu'un va vouloir un enfant - ben tiens. Débarque un poupon bien mignon qu'on voit grandir à vitesse prime, pour la bonne et simple raison qu'il vieillit à la seconde dès qu'on le sort de la maison. Zut alors! S'ensuit.... bah pas grand chose justement. Le gamin grandit. Ses parents vieillissent. Tout le monde aimerait bien déménager, mais ce n'est pas possible. Un bon film de confinement donc!

Vivarium raconte aussi une histoire de bébé tombé du ciel. Gemma et Tom, jeune couple mignon comme tout qui cherchent une maison (encore une) suivent un vendeur chelou qui tient à leur montrer un nouveau lotissement de pavillon de banlieue bien dégueu. Ils y vont un peu pour rire et visitent en ricanant sous cape une maison Thomas et Piron dans un ensemble vert immonde du plus mauvais goût. Au moment de reprendre la voiture, bah ça alors: comment qu'on sort d'ici? Tergiversations après tentatives de fuite n'y font rien et le charmant couple trouve un jour un minot dans une caisse hello fresh devant leur porte. Un post-it collé sur le front: démerdez-vous. J'en raconte déjà un peu trop, mais le reste est absolument génial. Photographiquement superbe, génialement écrit et joué, avec une fin du plus glauque effet: c'est vraiment un film dément. Soyons honnête: c'est un film qui nous a un peu traumatisés, et c'est surtout pour ça qu'on l'a aimé. Avec très peu de moyens et une histoire somme toute banale, sans effet de narration ou de twist de fou, on est scotchés et bien malaisés après l'avoir vu. A éviter si le premier confinement vous a laissé un petit goût de claustrophobie.


Swallow, 2019, Mirabella-Davis

Alien, 1979, Scott

Covenant, 2017, Scott

A l'intérieur, 2007, Bustillo

Servant, 2020, Shyamalan

The room, 2019, Volckman

Vivarium, 2020, Finnegan

samedi 17 octobre 2020

Today I feel kind. Damn kind.

 Comme pas mal d’entre nous, j’ai assisté à la pitoyable conférence de presse de hier soir sur la situation épidémique. Au-delà de ce baromètre ridicule qui ressemble à un bot sur Twitter - la mesure qu’on préfère étant celle qui demande une surface par personne qui rend impossible de « mettre » tous les belges sur le lopin de terre qu’est la Belgique, à savoir 10m2 par personne pour un pays où la densité moyenne est de 340 habitant par km2 -, au-delà de cette histoire de pourcents (« pas quelques pourcents, hein mais plusieurs pourcents disons »), ce que j’ai aimé le plus, ce sont tous ces Merci: Alexander et ses comparses vous disent merci, gentils citoyens, d’être bien obéissants et puis comme on est en fait relativement incapables de penser à autre chose, il va falloir encore prendre un peu sur vous! Parce que bon, avec un enseignement public saturés d’élèves depuis des années, des transports publics au bord de l’émeute un matin sur deux en heure de pointe, et des hôpitaux publics en lambeaux, c’est surtout les jeunes, les pauvres et l’Horeca qui devraient faire un putain d’effort.

Demander aux citoyens d’être responsables, c’est bien gentil mais il faudrait voir à ce que tout le monde les prenne, ses responsabilités, parce que c’est pas l’Horeca, les pauvres, les jeunes qui ont mis le service public dans cette situation de crise permanente qui date de bien avant le Seum 19, le rendant incapable d’encaisser le moindre choc et certainement pas un choc de cette ampleur. 


Putain, ça fait des mois que je me plie, que j’acquiesce, que j’obéis, que je me lave les mains dans mon sommeil, que j’ai l’impression d’être l’ange de la mort à chaque fois que j’approche ma mère de trop près - qui a mis 3 mois à oser prendre son premier petit-fils dans ses bras tellement elle balise - mais là non, va te faire foutre, Alexander, toi et tes potes et tes mercis de merde, proférés sur ce ton condescendant de pater familias qui tapote gentiment la tête de sa bonne fifille qui a été bien sage à l’école. C’est fini de dire merci, il faudrait commence aussi à demander pardon.


Pardon d’avoir été une classe politique de merde depuis 30 ans, plus préoccupée à placer le fiston à un bon ministère  et à loller sur Twitter qu’à faire son taf; pardon d’avoir échoué à faire LE SEUL boulot qu’on est censés faire, à savoir organiser l’état, le service et la chose publique; pardon d’avoir mis tout le monde dans la merde avec nos errances ridicules de puceaux bavants devant un capitalisme néolibéral qui a commencé à s’autodigérer depuis une bonne vingtaine d’années déjà, tel un estomac ulcéreux qui n’a toujours pas compris qu’au final il en crèvera aussi; pardon d’avoir créé un Etat failli dont la seule marge d’action repose aujourd’hui sur sa police et ses amendes, et même elle n’a pas les moyens de cette politique.


Vivement l’apocalypse que ce vieux monde crève enfin.

                                           



mercredi 13 mai 2020

Das Grösse Ordinateür

C’est un pur hasard de calendrier, mais la diffusion combinée de deux séries pré-apocalyptiques qui parlent toutes deux d’un futur proche dominés par des AI maléfiques ne pouvait pas mieux tomber : que dire de Westworld III et DEVS donc ?

A première vue, ces séries ne racontent pas vraiment la même chose : DEVS est un thriller numérique autour d’un programme top ultra secret développé par un gourou new-age type Silicon Valley tandis que Westworld, déjà à sa troisième saison, prenait le chemin d’une révolte des robots échappés d’un parc à thème contre leurs créateurs.

On avait bien aimé Westworld, la saison 1 était super bien foutue, visuellement et scénaristiquement, les personnages impec, des super twist et un peu de réflexion çà et là. La base existait déjà (le film de 1973 avec l’inénarrable Yul Brynner). La deuxième saison nous avait laissés un peu confus : trop de fils narratifs, trop de niveaux temporels différents, des trucs qui se tenaient de moins en moins au niveau concept – ça commençait à ressemble à un cahier de charge à la GoT, à savoir une grosse bagarre par épisode + des répliques sentencieuses sur la vie, la mort, tout ça. Beaucoup de twist aussi, surtout sur le thème « En fait, c’était un robot tout du loooooong  mince alors ».

La saison 3 fait la même chose mais en mille fois pire : les robots sont toujours de robots mais presque des méta-robots parce qu’en plus la réalité dans laquelle ils évoluent est elle aussi une simulation d’un laboratoire dans lequel on fait des robots. Woua. Les super-robots sont donc sortis dans le monde réel (mais est-il vraiment réel ? Mystère !) pour on ne sait pas trop quoi faire – reprendre le contrôle du monde ? Vivre libre comme des bons robots ? Buter tous les humains ? – ce qui est certain c’est qu’ils sont vénères. A partir de là, le truc part en sucette narrative à une vitesse comparable à la propagation d’un virus à R = 10 pour finir par ressembler à un croisement entre Fast’n’Furious et Transformer avec pour thématique de fond Das Grösse Ordinatëur qui contrôle notre destin et quoi alors, sommes-nous encore libres, que diable ! Tout ça par l’intermédiaire d’un CEO ténébreux zet machiavélique qui apparaît via des hologrammes car il est avant tout français et qu’est tellement méchant qu’il a enfermé son frère, le gentil Jean-Mi (Jean-Mi, on t’aime !). Les deux héroïnes principales, sont féminines, pink washing oblige, mais ne sont au final qu’une seule et même personne. Ou pas. Je n’ai plus essayé de comprendre. Enfin bref, elles se battent au sabre non pas une mais deux fois (une bagarre par épisode), c’est joli, ça fait mauvais film de kung-fu et l’occasion pour des réalisateurs sans doute poussés par l’idéal féministe de mettre deux nanas en justaucorps tellement moulant qu’elles doivent avoir du mal à respirer à l’honneur. Clap clap. Je n’essaie même pas de relever les trous du scénario, à partir de l’épisode 4, il devient clair qu’on n’en a plus rien à foutre, et que tout est surtout prétexte à faire des courses en bagnoles volantes, en moto intelligente, et à sortir des gros flingues bien phalliques.

DEVS de son côté est à l’exact opposé du spectre cinématographique : hyper lent, contemplatif à mourir, avec un visuel très chiadé, une action parfois inexistante – y a un épisode dont la seule action = une discussion autour d’une table de salle à manger – et des personnages dans un anticlimax constant. L’intrigue est relativement simple : Sergei, développeur trop cool est invité à bosser sur un projet hyper top secret pour un gourou de la tech – joué par Nick ‘Ron Swanson’ Offerman, il faut un petit moment pour s’y faire. Le soir de son premier jour, paf, plus de Sergei. Sa copine, qui bosse pour la même compagnie, décide d’en savoir plus. Et à la fin elle en sait plus. C’est tout. Le projet top secret en question est bien évidemment en rapport avec la construction d’une super AI de fou qui devrait permettre de reconstituer un univers parallèle avec les mêmes coordonnées que le nôtre (et donc dans lequel toutes les actions à venir sont déjà déterminées). De nouveau, on se questionne sur notre libre arbitre, qui sommes-nous si tout est décidé, pourquoi vivre et tout ça. L’angle est un peu plus intello que Westworld puisqu’on se bagarre sur les mérites respectifs de la théorie de l’infinité de mondes possibles et le déterminisme absolu. D’ailleurs, on peut se demander pourquoi un type qui veut reconstituer un monde parallèle pour réparer le monde réel (dans lequel il a perdu sa fille et sa femme) refuse absolument que ce monde simulé diffère du réel. Parce que du coup, bah, il va quand même avoir perdu sa femme et sa fille, non ? Enfin. Tout ça me passe au-dessus de la tête, car comme dans beaucoup de séries sur la tech, on essaie surtout de vous montrer que tout ça est trop compliqué pour vous de comprendre. Bref.

Ce qui est commun au final dans ces deux productions, c’est cette idée qu’il existe et ce dans un futur relativement proche, la possibilité qu’une méga AI soit tellement évoluée au niveau algorithmique, présente au niveau surveillance, et puissante au niveau processing de données, qu’elle soit capable de prédire l’avenir. Nos comportements, nos réactions, les événements fortuits, le cours de la bourse et la date de péremption du gouda. C’est assez génial que ces deux projets soient diffusés à un moment relativement apocalyptique causé par un truc aussi con qu’un virus et l’incapacité assez générale à y faire face – qui aurait, dans ce cas précis, consisté à faire preuve d’un minimum de prévoyance. On a tout vu venir mais rien prévu en gros. Mais par contre, tremblez peuples de demain, car des super AI vont contrôler votre destin. Quand on constate qu’une épidémie va être gérée par des états modernes grâce à des « systèmes » de « tracking » qui sont en gros des fichiers excel remplis par des agents via google doc, je crois qu’on peut dormir tranquille : le libre arbitre et la libre connerie ont encore de beaux jours devant eux ! 

Westworld, Nolan, 2019

DEVS, Garland, 2019

jeudi 2 avril 2020

Confinement total

Des bons films sur l’isolement et les gens chelous dans leur tête, pour ceux qui ne s’emmerdent pas encore assez ! Seul dans l’espace, seul dans les bois, seul dans sa tête : enfin des courageux qui ont osé dire NON aux apéros virtuels !

Seul dans l’espace, c’est Ad Astra, aka Brad Pitt tout seul dans l’espace à la recherche de son père et de sa grosse métaphore freudienne. Je me doutais que le film ne serait pas un chef d’oeuvre, c’était sans compter sur le scénario le plus affranchi de toute exigence de relative vraisemblance vu depuis longtemps ! Bradounet est donc le Sergent McMillan (qui nous fait un peu penser au McBain des Simpsons) qui donc est le fils d’un autre McMillan perdu dans l’espace à la recherche de Vénus et présumé disparu. Sauf que : et si il était pas mort ? Et qu’en plus, il fût responsable des « power surge » aucun idée de ce que ce terme recouvre, mais des trucs qui  font plein de morts un peu partout (parce que c’est comme ça, c’est dangereux les surge et pis c’est tout). McMillan est donc envoyé dans l’espace parce que lui seul peut parler à son Père et puis finalement on ne veut pas l’envoyer mais il y va quand même en s’accrochant au train d’atterrissage d’une fusée (ou à peu près). Ne racontons pas la suite, ce serait gâcher bien du plaisir – d’autant plus qu’on s’est un peu endormi à un moment. Tout ça est tellement métaphorique qu’on n’en a visiblement plus rien à foutre de toute vraisemblance un tant soit peu scientifique. Même Freud en boufferait son cigare. Que reste-t-il ? Des beaux paysages lunaires, des beaux paysages de la tête à Bradichou, qui ne vieillit définitivement pas, des scène d’action en rover lunaire qui ne servent à rien mais qui réveillent le spectateur endormi. Tout ça nous renvoie surtout à notre rapport au Père, aux paires et au pair.

Seul dans les bois, c’est Eric, un géomètre envoyé en mission pour cataloguer un terrain, un peu vague et qui n’a pas de nom – d’où le titre Without name. Tout seul dans les bois, Eric voit des trucs bizarres. Il prend des champis et voit des trucs encore plus bizarres. Etc. C’est un genre de film d’horreur écolo-contemplatif plutôt beau, avec des super images de forêt, pour ceux qui sont fan et des chouettes séquences stroboscopiques, pour ceux qui n’ont pas encore fait leur crise d’épilepsie d’aujourd’hui. Alors oui, c’est lent ; certes, il ne se passe pas grand chose ; mais franchement, en ces temps où tout le monde devrait se poser des questions sur le mode de vie que nous menons et se mettre enfin à respirer l’air des fleurs, à écouter des histoires jolies et à faire des risettes au petit chinois sur le bord du chemin, n’est-ce pas un film tout indiqué ?

Seul dans ta tête, c’est l’excellent Joaquin Phoenix, bien avant son Joker qui joue un aussi léger que complet dans The Master. Film déjà vu et dont je ne me rappelais quasiment pas, le deuxième visionnage est le bon. On y suit Freddie, un ancien soldat de 45 de retour à la vie civile. Le moins qu’on puisse dire, c’est que revenir de la guerre, c’est pas jojo (un peu comme nous quand on aura gagné la « guerre » sanitaire du moment quoi) et coup, Frédo galère un peu. Faut dire qu’on lui a beaucoup tapé sur la tête quand il était petit. Enfin, on suppute, car on n’en saura rien. Freddie croise sur sa déroute Dodd, aka the Master d’une cause dont on sait pas grand chose, si ce n’est que ça ressemble vaguement à une secte pseudo-scientifique (à certains égards, on peut penser à des trucs du style Wilhem Reich, en moins sexy). Dodd va s’attribuer les services de Frédo pour qu’il soit son sommelier en chef, à savoir qu’il lui prépare des bons petits tord-boyaux à base de térébenthine. Tout ça est fort décadent. On suit alors l’histoire de cette emprise, des pseudo-traitements de Freddie aux cuites héroïques de Dodd en passant par toute une petite organisation de type culte plutôt glauque. Le tout est fait impeccablement, jamais chiant malgré un format plutôt long, avec des images vraiment superbes et un Fred hyper convaincant et très malaisant, pour parler comme les jeunes. A voir avant de sombrer dans la folie !

Ad astra, Gray, 2019
Without name, Finnegan, 2016
The master, Anderson, 2012


mercredi 25 mars 2020

Confinement total.

On va pas en rajouter sur ce confinement qui apporte son lot d’articles à la con sur quoi faire de ses dix doigts pour les quelques heures qu’on gagne par semaine à travailler à la maison plutôt qu’ailleurs ; j’aimerais bien savoir qui, en dehors de chômeurs temporaires, a tout d’un coup mille heures à tuer devant soi. Perso, ma vie n’a pas vraiment changé, par contre je suis enfin assez en forme pour regarder un film jusqu’au bout après 6 mois à m’endormir comme une merde à 21h – enfin presque, d’où certaines chronique un peu floues sur la fin.

Du coup cette semaine, c’est retour sur les films du futur qui vont nous expliquer comment ça va se passer plus tard : entre un couple perdu dans un loop chelou, des idiots du futur et un mind fuck que je vois pour la deuxième fois et que j’ai enfin eu l’impression de plus ou moins comprendre (sauf la fin évidemment); le futur c’est cool mais putain que c’est compliqué.

Koko-di koko-da est nommé d’après la super comptine « Mon coq est mort » dont je vous mets un lien ici, comme ça vous pouvez vous aussi l’avoir en tête pour les prochaines 24h, y’a pas de raison que je partage pas. Concrètement, ça raconte l’histoire d’un couple (dont je n’ai pas retenu le nom scandinave, appelons-les Ilsä et Bröt) qu’on voit d’abord sous forme de petite famille super heureuse jusqu’à l’accident con qui leur enlève leur fille unique. Ouille. On les retrouve 3 ans plus tard en camping sauvage qui tourne mal. Bröt et Ilsä semblent en effet bloqués dans un loop infini à base d’inquiétants personnages de contes qui surgissent à chaque itération sans beaucoup d’espoir d’en sortir. En plus d’être condamnés à faire cu camping pour le restant de leur jour, c’est l’angoisse. C’est vraiment bien foutu, photographiquement hyper beau, et joué assez juste. Il y a un moment où la répétition devient un peu lourdaude et puis hop, ça part dans une autre direction – même si on comprend pas tout mais enfin. Il y a une bonne grosse métaphore sur le deuil, merci, et une ambiance bien glaçante. Certains ont trouvé ça un peu dur dur, tout le truc sur l’enfant mort (le dessin animé, argh) n’est pas des plus réjouissant. Pas le meilleur film pour votre pote enceinte.

Les idiots du futur, c’est nous en fait c’est Idiocracy que je n’avais toujours pas vu. Pas besoin de rappeler ce dont il s’agit (un mec de base du 20e siècle se réveille dans un futur distant où tout le monde est complètement débilos), c’est un film qui a commencé à ressembler à de l’anticipation depuis novembre 2016. Alors qu’en dire ? Certes, c’est divertissant, drôle dans la caricature – pas très sympa pour les rednecks ceci dit – et on s’amuse bien. Par contre, ça ne dépasse pas le bon film fun genre « Super gueule de bois 3 le retour » ou je sais pas comment ça s’appelle. Y’a Terry Crew de Brooklyn 99 qu’est chouette.

Predestination, je l’avais déjà vu il y a quelques années et j’avais déjà conclu que c’était un peu too much dans la complication du bazar : un mec, un bar, un soir, une confession qui mélange un peu tout : hermaphroditisme, assignation forcée et violences médicales, retour dans le passé/futur et catastrophe à éviter : pfoui, ça fatigue. Je ne sais du coup pas trop comment le résumer, mais j’ai mieux pigé que la première fois. Du coup, j’ai pu m’apercevoir des gros trous du scénario que je n’avais pas vu la première fois (Gotcha !) mais bon, dans l’ensemble ça se tient toujours tellement c’est délirant. Y’a la meuf de Succession qui gère pas mal, quelle que soit l’époque ou le genre d’ailleurs.

Enfin, petit bonus sur lequel on est tombés au hasard des torrents : Virtuosity, qui parle du futur tel qu’on le voyait en 1995, à savoir plutôt pourri et à base de graphisme en fausse 3D Win 95. Dans ce film, passablement mauvais, une intelligence artificielle serial killer psychopathe entraîné à partir d’un corpus de tous les psychopathes du monde prend forme dans le réel grâce à une technologie basée sur le verre de sécurité ( ??). Seul un ex-cop en prison pour avoir tué un type qui avait buté sa femme peut désormais arrêter ce fou très très méchant. Pourquoi lui, mystère. On a donc plus ou moins une bagarre toutes les 10 minutes sans forcément d’explications ou de justification au niveau narratif (narra quoi ?). A la fin, ça pète dans tous les sens et les gentils gagnent. Enfin, je pense, je me suis réveillée en sursaut au générique.

Koko-di, koko-da, Nyholm, 2019
Idiocracy, Judge, 2007
Predestination, Spierig, 2014

Virtuosity, Leonard, 1995