lundi 7 mai 2018

Ecran total

Par ce temps bizarre, trois histoires étranges entre road-trip, non-film et retour en arrière.

Pourquoi avoir regardé Mississippi Grind, bonne question. Il fait partie des trucs qu’on chope sans y pense puis qu’on regarde un soir sans se souvenir de pourquoi. Le pitch fait pourtant rêver : deux mecs un peu branques en route pour le succès dans le South mythique, avec bagnole, blues et enseignes lumineuses et bières pas chères. Top. Il y a même ce cher Ben Mendelsohn, qu’on a déjà vu dans Bloodline en pesudo-raté mais vrai poison. Il joue ici le rôle de Gerry, raté notoire un peu malade qui croise la route de  Curtis, dont on se dit bien qu’il est trop beau pour être honnête.  Tous deux décident de se tirer le long du Mississippi  pour se faire une partie de poker à 25000. Quelle bonne idée. L’un totalement mytho, l’autre complètement accro, ça va être beau. On attend donc le coup de pute du début à la fin, l’amitié brisée, les fins de soirée minables, le rêve en tessons sur la route en goudron fumant. Mais en fait non. Des scènes se succèdent, des trucs s’échangent mais rien de bien substantiel. Parfois ils gagnent, parfois ils perdent.  Pas vraiment de climax d’émotion, ou de grands sentiments, tout est un peu minus dans cette narration. Ça manque de substance, réellement, on voit surtout des trucs se passer, des plans des différentes villes traversées, des tentatives de percer la carapace de personnages sans background, un peu transparents. Pas chiant mais pas fatal non plus.

Un truc qui est fatal mais tout aussi dispensable, c’est le dernier Wheatley qui nous avait habitué à mieux avec High rise qui déchirait vraiment tout. Free fire est l’histoire d’un deal qui tourne mal. Comprenons-nous bien : il s’agit littéralement d’une vente d’armes entre deux bandes de maffieux qui foire et qui tourne mal. Pendant une heure et demie. Quand on voit que ça commence à foirer, on se dit, héhé, rigolo. Il y a un moment, on se dit que la scène commence à traîner un peu.... Wait a minute..... hé oui ! Le film ne raconte que ça ! Un bon vieux huis-clos/shoot-out à l’ancienne ! Un duel au soleil dans un vieux hangar qui dure tout un film. Des émotions, des palpitations, des balles perdues, des twists finaux ! Honnêtement, on a fini par lâcher l’affaire et on a regardé d’un œil distrait en cherchant des plants de muriers pas chers en ligne. Il ya sans doute des trucs micro qui sont très drôles, des blagounettes, des beaux moments – j’en ai entraperçu quelques-uns, mais dans l’ensemble, c’est assez bof : même A field in Britain était plus fun.

En enfin Dark places, petit thriller pas du tout mauvais sur un meurtre en famille bien sympathique. Libby est la seule survivante du meurtre de sa famille – avec son frère Ben qui sera évidemment désigné comme meurtrier de par ses affinités avec le satanisme qui comme le sait est une maladie et un vice poussant au crime. Mais un groupe de jeunes nerd super bizarres veut absolument sauver le pauvre Ben qui n’a rien demandé à personne et qui purge tout ça comme un con. S’ensuit alors une plongée dans le passé, ouuuuh  et une enquête plutôt simple qui fera la lumière sur toute l’affaire. Pas trop mal, plutôt bien rythmé, pas tout à fait con : c’est chouette. 

Mississippi grind, Boden & Fleck, 2015
Free fire, Wheatley, 2016
Dark places, Paquet-Brenner, 2015

mercredi 2 mai 2018

Ecran total

Quelques petites horreurs pour débuter ce mois sous la pluie: inondation, minage de fond et tempête de neige.

Le minage de fond, c’est un film pas vraiment d’horreur mais vu au BIFF donc on peut quand même s’interroger. Wrath of silence est plutôt un thriller genre politique ; avec quelques trucs mystérieux dedans et des belles bagarres. Un père muet est extirpé de sa mine et rappelé au village après la disparition de son fils. Le petiot se baladait guillerètement avec ses chèvres quand bim, il disparaît. Après avoir montré sa photo à un paquet de gens et collé des affiches partout, notre homme commence à sentir l’embrouille via un gros mafieux propriétaire de mine qui aime l’odeur de la viande tranchée dans l’air du soir. Pas très causant mais bon cogneur, notre ami va se retrouver dans un imbroglio politico-mafieux qui le dépasse largement, avec des méchants en cuir pas bien malins, des avocats véreux pas très finauds, et toujours sa femme qui chouine un peu en prenant ses médocs. Politique ou pas, c’est difficile à dire. Les grands patrons sont très méchants mais seront-ils punis ? Tout est très lent, plutôt beau dans les paysages sublimes, avec des images hyper léchées. Parfois un peu trop d’effets grosse prod (musique de Batman, bagarre genre Marvel)  mais pour le reste, très bien.

Les inondations, c’est celle qui a frappé Epacuan, petit village argentin paumé qui se retrouve du jour au lendemain plein d’eau. Dans What the waters left behind, un groupe de documentaristes en quête de gloire berlinoise retourne sur les lieux pour faire pleurer dans les chaumières et prendre des belles photos de ruines. Facile. Evidemment, ces ruines ne sont pas inhabitées, c’est un peu comme à Bruxelles, le moindre bout de caillou devient un lieu alternatif en deux semaines, pff. Là pour le coup, c’est très alternatif et inclusif en plus ! Très très vibrant hommage à Tobe Hooper et son massacre, très fréquente et parfois fatigante utilisation des drones, ces machines du diables qui transforment n’importe quel film en resucé de La isla minima, mais ça reste plutôt fun. On reste bien dans les clous du genre, y compris avec le twist de la fin mais finalement, pourquoi bouder notre plaisir quand il est aussi sanglant ?

Par contre, pour les tempêtes, on repassera. Surtout les tempêtes à base d’effets spéciaux genre Paint plaqués sur des visuels de paysages en plein soleil. Dans Scarce, ce qui est rare, ce sont les meurtres. Hé oui, on attend au moins 40 minutes avant d’en voir un se faire démettre. Avouez que c’est long, surtout quand on se traîne en compagnie de trois hommes d’âge mur qui jouent à la Wiseau à être des jeunes bro trop cool qui font du surf. Ça fait très très faux, limite niveau d’un film porno («Duuude»). Trois amis donc, qui rentrent d’un surf trip, se paument le long d’une route pour échouer dans une cabane au fond des bois, habitée par un étrange homme qui ressemble super fort au type d’American Gothic. Je serais d’eux, je me méfierai mais bon. S’ensuit ce qui doit s’ensuivre, avec quelques trucs un peu gratuits sur les bords mais le tout d’une lenteur telle que je me suis littéralement endormie.  Et même en dormant deux minutes sur 5, le film reste compréhensible, c’est dire.  Bon, il y a certains plans plutôt rigolos et une certaine naïveté dans le projet qui le rend super mimi. Mais la neige, la neige, la neige ! Quelle idée super bizarre !

Wrath of Silence, Xin, 2017
What the water left behind, Onetti, 2017
Scarce, Cook, 2008