samedi 28 mai 2016

Driving miss crazy

Sans l'avoir forcément exprès, voilà trois films pile de la même époque à quelques années près, preuve que l'hystérie est féminine de longue date - depuis aussi longtemps que la psychiatrie est phallocrate, c'est dire. Faut quand même rappeler qu'à une époque, on pensait que les crises d"hystérie étaient provoquées par l'utérus, considéré comme un organe pas bien fixé et qui en se promenant dans le corps de la femme, la chatouillait jusqu'à la rendre folle ( Big up à Platon). Bref, les années 60 ne sont pas tendres donc, et on se retrouve avec une belle brochette de nanas rendues cinglées par ce qu'elles ont entre les jambes (ou pas, comme dirait le méchant docteur L.)

Suddenly last summer nous raconte une histoire qu'on a du mal à démêler qui est la plus dingue: une vieille (Hepburn) sur le retour demande à un jeune médecin fringuant de lobotomiser sa nièce (Liz Taylor, avant sa chiée de maris), devenue subitement dingue l'été dernier. Sauf que. Elle est plutôt normale ( et en plus, elle est bonne), la nièce en question, ce que note notre chirurgien fougueux qui va se la jouer analyste aventurier et essayer de savoir ce qu'il a bien pu se passer l'été dernier: elle a pris sa première cuite, sa première bite, ou bien elle a juste tué un pêcheur en ciré suspect sur le bord d'une route en rentrant de boîte? Bizarrement, l'été dernier, c'est aussi celui durant lequel est mort le fils unique de la vieille qui a visiblement des chaleurs dans le cerveau quand on lui en parle. Alors quoi, qui qu'est la plus dingue, hein? Tous, un peu. C'est toujours drôle de voir des gens discuter lobotomie comme on parle d'une opération d'amygdales, et puis il y a une performance de Hepburn vraiment géniale, complètement givrée mais dans un registre un peu plus fin que Taylor qui joue surtout avec ses seins son cœur. On ne s'étonne pas trop, le script est tiré d'une pièce de Tennessee Williams dont on peut lire tous les livres sur le même sujet: celui de femmes rendues folles par le désir d'hommes qui ont visiblement du mal à accepter le leur ( à elles donc) - des femmes qui en ont face à des mecs qui en cherchent, enfin tout ça.

J'avais déjà vu Marnie, mais c'était avant tout ça alors je me le suis remis et quelle idée qu'elle était bonne. Hitchcock est un autre réalisateur qui aime bien les nanas un peu barges - que ce soit des mères, des filles ou des poneys, franchement, on se demande bien qui qui lui a touché le phallus pour qu'il leur en veuille comme ça. Enfin. Marnie est une escroc badass qui monte des arnaques dignes d'un bouquin Jim Thompson et qui se tire avec la caisse quand tout le monde a le dos tourné. Et puis elle change de couleur de cheveux et recommence ailleurs. Malin. Mais c'est sans compter sur un type plus finaud que les autres qui a Facebook et qui la reconnaît. Pas de printemps pour Marnie, du coup. Mark (Sean Connery, quand il ne courait pas en zlip dans un film de Boorman) va donc engager la Marnie pour voir comment elle va l'entuber. Hélas, elle est tellement meuugnonne qu'il se met en tête de la sauver (en la forçant à l'épouser, merci). Mark, super bon psy tendance Cosmo ( "si tu as vachement peur, des chiens, affronte un pitt à mains nues, ça ira mieux fifille!") finira-t-il par sauver cette pauv' Marnie? Suspensme! En tout cas, c'est du grand du genre, avec toujours ce sens de l'objet agrandi, zoomé, grossi à l'extrême, cet amour des vieilles mères acariâtres qui gâchent la vie des jeunes en leur gardant leur secret pour eux, non mais. 

Seance on a et afternoon a un peu un titre de film porno, mais déception, pas de fesses à l'horizon dans ceci. Myra, médium de son état, convainc son chouineur de mari de kidnapper une petiote -pourquoi, toujours pas compris, mais elle est folle alors- fille d'un type vaguement tycoon. à qui elle réclame du fric mais sans vraiment en faire quoi que ce soit, puisqu'elle veut surtout se faire de la pub comme médium - bah oui, elle peut genre prédire où est la gamine, finaud. Y'a des histoire d'enfants morts et de mère trépassée, et tout le monde a l'air un peu à l'ouest. Le mari est assez génial, en grand poireau existentiel bouffé par sa dingue de femme et la Myra pas piquée de vers. Il y a aussi une très jolie bande-son dont le final n'est qu'une petite pluie  au xylophone. Bien.

Suddenly last summer, Mankiewicz, 1959
Marnie, Hitchcock, 1964
Seance on a wet afternoon, Forbes, 1964.

mercredi 18 mai 2016

Ecran total

Que faire un jour de Pentecôte, sinon regarder les 3 premiers trucs qui viennent sous la main? Bah voilà. Ces trois films n'ont donc aucun rapport - mais en fait si, comme on le verra à la fin.

The survivalist ne parle en fait pas de survivaliste, ce qui est bien dommage, mais plutôt d'un survivant paumé tout seul dans les bois dont on espère tout le film qu'il finira par retrouver son chemin et la civilisation mais en fait non - c'est bien un film postapo, dont on ne connaîtra jamais les raisons mais on s'en fout finalement. Le-type-qu'a-pas-de-nom fait donc sa vie pépère, cultive ses plantes et regarde le temps passer, jusqu'à ce qu'une vieille chelou se pointe avec sa môme qu'elle échange contre un peu de soupe. Bah oui, quand t'as rien à vendre, vend les miches de ta gamine, ça coûte rien. C'est une scène très bizarre, mais on ne pense pas assez à cet aspect du monde postapocalyptique: c'est quand qu'on tire sa crampe quand ça fait 8 ans qu'on vit seul dans un bois? En fait, dans les univers du genre, il y a toujours un peu de sexe de bikers ou deux-trois viols vite fait qui évacuent la question, mais c'est un peu facile. Bon, s'ensuit un compagnonnage un peu tendu entre les trois, toujours à moitié en train de comploter contre les autres, et d'essayer de piquer à qui son flingue, à qui ses clopes, ou d'empoisonner tout le monde aux champis magiques. Ça parle pas beaucoup, en même temps, autant d'années après la fin du monde, difficile de commenter les actus ou le dernier palmarès de Canne, qu'on est jamais content, d'abord rhalala. C'est évidemment très nature nature, avec cultivage de légumes et chipotage dans le terreau; s'il était malin, notre survivaliste pourrait se faire pas mal de maille en vendant son concept à des pouffes en manque de personnalité qui font des stages de cueillette de courges en Suisse. D'après Marie-Claire, c'est tendance, ça s'appelle du glamping, à savoir du camping + du glamour. On l'écrit aussi glandping, mais c'est pas la même chose.

Some kind of hate parle d'un truc aussi méga trop actuel qu'il est un problème trop absolument nouveau: le cyberbullying, rhaaaa. Parce qu'avant Facebook, les jeunes étaient trop miiignons et se harcelaient jamais, non - d'ailleurs, c'est Zuckenberg qui a inventé le suicide. Bref. Dans un centre de rééducation pour jeunes à problèmes au milieu du désert (parce que les problèmes viennent tous de l'Internet, c'est bien connu) dirigé par un vague gourou tendance beau gosse pédophile sur les bords, Isaac, un pauv'jeune, se fait emmerder par une bande de petits cons qui sont tellement forts qu'ils arrivent à le faire sans les mains et sans Twitter. Heureusement, Isaac se fait une pote venu de l'au-delà qui arrive à tuer les gens sans wifi - elle est trop forte. Après, ça part un peu en couilles - on a du mal à distinguer qui fait quoi à cause qu'il y a du sang sur le viseur. Mais bon. C'est une belle leçon sur le harcèlement, les jeunes et la vie en général. Il y a beaucoup de hard-rock prépubère, c'est rigolo. C'est par contre pas mal foutu, visuellement pas dégueu et correct dans le rythme ( alternance entre bain de sang et explications intenses/existentielles). Ça réussit même à être pas trop pathétique, c'est dire!

J'ai fini avec Cop car, qui parle lui, d'une voiture de police. Voilà. 
Non, en fait c'est surtout une histoire de mioches, un genre de Moonrise Kingdom chez les rednecks, mais du coup qui m'a fait chaun'au coeur. C'est l'histoire de Travis et Harrison, qui se tirent de chez eux avec pour tout bagage un carambar et un stock de gros mots. Aubaine, ils tombent sur une caisse de flics oubliée, avec les clés sur moteur. Grâce au ciel, il n'existe pratiquement plus de voitures manuelles aux States, ce qui permet à nos deux bambins de se tirer avec la caisse - il ne leur faut qu'une vingtaine de minutes pour comprendre les "vitesses", à savoir avant/arrêt/arrière. Le problème, c'est que cette bagnole n'est pas complètement là par hasard: elle est pleine de trucs bizarres dans le coffre que le shérif (Bacon, bel effort de moustache) va évidemment vouloir récupérer. C'est marrant parce que ça garde un côté film de gosses, drôle dans l'aspect ultra-naïf-mais-qui-disent-des-trucs-vrais-quand-même sans en faire trop, un truc un peu comics - dont pas mal de plans larges avec cette bête voiture qui traverse l'écran au milieu de nulle part et Bacon qui galope avec ses grandes jambes qui montent en l'air comme Coyote en panique de loser de campagne. Il y a aussi un peu de violence gratuite, ça c'est bien, et un côté bout du monde, paumé au bord des choses. 

The survivalist, Fingleton, 2015
Some kind of hate, Mortimer, 2015
Cop car, Watt, 2015

mardi 17 mai 2016

Driving miss crazy

Je poursuis mon exploration de l'esprit dérangée des madames au cinéma et faut dire que quand même, y'en a qui exagèrent - certes, elles sont un peu dingos, mais faut voir aussi d'où elles le tiennent, hein. 

Dans Out of the blue par exemple, je vois pas trop comment qui est folle: on y voit une petite meuf sympa comme tout, coincée entre une mère défoncée au crack et un père tout pourri qui sort de prison uniquement pour aller bosser dans une décharge publique où il passe son temps à courir après les mouettes. Bravo. Alors, certes, Cebe ( la petite) nous fait un combo musicalement chelou de scène punk et de revival d'Elvis et communique avec dieu via la radio d'un camion cassé (d'où son patronyme), mais quoi, bon. C'est un film de et avec Dennis Hopper, toujours aussi taré avec son beau chapeau de cowboy et sa flasque à la main. Il y a une bande-son assez dingue et on a franchement envie d'être pote avec cette Cebe qui sort de nulle part, parce qu'elle est franchement cool. Ses vieux, par contre, craignent à mort.

Ms 45 est un autre parfait exemple de c'est quoi, mais c'est qui qui les rend toutes folles: ces chiens lubriques que sont les hommes, ha! Non, allez. Enfin, on avouera que cette pauvre Thana déjà qu'elle est muette et qui se fait violer deux fois dans la même journée par des types qui se sont même pas concertés, on peut dire que y'a de quoi se demander quoi faire avec ce .45 qui traîne par terre à côté d'un cadavre, tiens, d'un type qu'on vient d'envoyer ad patres avec un coup de presse-papier. alors, Thana part un peu en couilles après, et va se mettre un tirer un peu dans tout ce qui remue la queue avec un peu trop d'engouement - en même temps, z'avaient qu'à pas. Du coup, le revenge trip prend un peu des allures de massacre pour le plaisir - mais pourquoi se le refuser finalement? C'est très beau et bien foutu, surtout dans le silence imposé à la victime devenue chasseur qui ne lâche pas un mot, même pas avec ses mains - c'est fou quand même. Et toujours dans un NYC électrique plein de bitume brûlant et de zones abandonnées genre apocalypse zombie.

Par contre, Safe est dans un genre différent: on y voit comment les fumées, c'est dangereux mais les tarés vegan probablement encore plus. Non, j'déconne. Carol, une gentille femme au foyer sans histoire commence à s'asphyxier petit à petit - au sens littéral: elle respire mal. Plutôt que de se dire que c'est sa putain de vie de tissus assortis aux canapés et de dîners avec les amis chirurgiens de son mari à ricaner doucement, elle en déduit qu'elle respire trop de merde. Et part dans le désert se vider les poumons avec des illuminés qui vivent en pyjamas toute l'année. On ne précise pas comment elle gagne sa vie pendant ce temps, ni qui garde les enfants, mais on s'en fout: elle va mieux! Elle une cabane en plexi et un tank à oxygène, yay. Le film est vraiment ultra bien foutu, avec des images superbes, des plans immobiles cadrés au centimètre près et une putain de qualité dans les couleurs, les pastels psychotiques de la première partie et les tonalités sables et bois de la deuxième, des situations prises au ralenti comme des tableaux un peu schizo d'une débandade existentielle bien postmoderne pour le coup. 

Out of the blue, Hopper, 1980
Ms 45, Ferrara, 1981
Safe, Haynes, 1995

mardi 10 mai 2016

Class of 1999: "It ain't gym class if a fat kid ain't crying"

Je suis tombée sur Class of 1999 en préparant un cours sur la dystopie: c'est dire si j'étais binaise de trouver un truc qui parle à la fois de contre-utopie ET d'autorité scolaire! N'ayant pas eu le temps de le voir, je ne l'ai pas utilisé et ne l'ai regardé que récemment: j'ai envie de dire ouf, parce que c'est un bon vieux nanard qui m'aurait probablement encore plus grillée dans l'enseignement que ce que je ne le suis déjà. Bref. Il faut en parler, parce que parler, c'est déjà comprendre un peu et mourir aussi, parfois. Tout ça.

Le pitch est plutôt simple: face à une recrudescence de violence dans les écoles qui ont carrément transformé toute une partie de la ville en zone de non-droit contrôlée par des jeunes rebelles pernicieux, un ministre audacieux fait appel à une entreprise qui fait des robots pour l'armée. Bon, il pourrait tout simplement envoyer l'armée dans les écoles, mais en ce moment, l'armée sert un peu à tout et n'importe quoi, alors faut la booker à l'avance si on veut s'en servir. Des robots donc. Vachement bien évolués, frais et bien gaulés (surtout Pam Grier) et avec des bonnes têtes de profs (= des lunettes, car ils sont intelligents). Placés en phase test dans une école particulièrement chaude du boudin, ces robocop de l'éducation vont mater ces petits cons en deux temps, trois mouvements et te les éduquer que ça va pas traîner.

Mais voyons comment fonctionne le programme "prof". Face à une situation critique analysée grâce à un mining astucieux (= se prend un couteau dans le dos) il se compose d'un ensemble de choix: éduquer ou discipliner. 


Une fois cette option choisie, on accède à un ensemble d'autres choix sur le type de discipline à appliquer: pratique! On ne saura jamais quelles sont les sous-options de "éduquer" parce que personne ne le choisit jamais: déception.


On peut même aller dans le raffinement et choisir ses mooves


Intéressant. Franchement, l'agreg serait beaucoup plus simple si on nous avait appris avec de chart flow dans le genre. Hélas, hélas, trois fois hélas, cette idyllique pédagogie se révèle inefficace! Non seulement la discipline ne semble pas être la solution, mais surtout, les robots deviennent de plus en plus méchants et malins (bien vu, ils sont profs). Ils vont donc commencer à foutre des raclées à tout va, qui feront kiffer dans leur culotte n'importe quel prof en secondaire mais qui ne sont pas du goût des gangs rivaux qui se disputent l'école et qui vont s'unir pour combattre le mal, rhaa! Le tout sur fond d'histoire d'amour à la West Side High School, entre une petite bourge et un jeune madmaxeux qui découvrent leurs premiers poils: c'est émouvant. 

C'est marrant parce qu'il existe une autre dystopie appelée Class of 1984 (évoqué ici) qui y ressemble du point de vue genre (des élèves tout méchants qui prennent le contrôle des écoles) mais qui va complètement dans l'autre sens avec une fin à la Vigilante et un bon fond un peu facho. Alors quoi, on a lu son Foucault entre les deux?

Seul le docteur Bob Forrest peut nous répondre. Mais là, il fomente son prochain crime capillaire.


 Class of 1999, Lester, 1990

lundi 9 mai 2016

L'émotion qui vous hante

L'avantage avec cette sélection, c'est qu'elle permet de passer tout et n'importe quoi comme ça, sans prévenir. Du coup, cette semaine, c'est Tarkovsky, des requins et du sous-Rodenbach.

Tarkovsky est le réalisateur le plus cité de cette liste - comme c'est mon préféré, je suis bien aise, ça veut dire que j'ai autant de goût qu'un lecteur des Cahiers, chic alors. Nostalghia est d'ailleurs un de ses rares films que je n'avais pas vus et quelle surprise ! (mais en même temps, pas vraiment). On y retrouve un écrivain à la recherche d'une vérité existentielle sur des terres mystico-délabrées, le tout dans une vague histoire d'amour ratée entre traductrice avenante présente et femme austère en noir et blanc absente (morte, quoi).  Ce cher poète à la recherche d'un compositeur compatriote se trouve pourvu d'une mission plutôt originale (en fait assez concon), celle de traverser un bassin d'eau avec une bougie sans l'éteindre. On dirait un peu Intervilles, mais en plus beau et plus existentiel. Bon, je déconne, mais c'est évidemment magnifique. La mélancolie, le passé sous forme de flaque pleine de souvenirs qui traînent au fond, tout ça pris dans des brumes qui font un peu flotter les gens, les sons et la lumière; c'est tout ça. On voit aussi beaucoup de reflets, de surfaces qui renvoient des lumières parfois bizarres, avec cette incertitude de la transparence de l'eau - on voit en-dessous mais aussi en face, et au-dessus finalement. Une partie du film se déroule dans une ville d'eaux et c'est frappant à quel point Tarkovsky est finalement très aquatique comme mec. C'est parfois de l'eau immobile, stagnante qui ne sert qu'à renvoyer des images, mais aussi souvent de l'eau courante, sans explication logique ( que fout cette rivière au milieu d'une église en ruine?) qui fait onduler le réel sur et sous sa surface. C'est lent aussi, et très Magrittien dans certains plans avec ce personnage toujours de dos pris dans un contre-jour. 

Toujours avec de l'eau et avec du mythe, j'ai vu Jaws, enfin! Je crois en avoir vu un bout étant jeune, mais ma connaissance du genre se limite à Sharknado (et oui, j'assume). Là j'ai tout regardé et j'ai bien aimé! Alors d'abord, ça se passe vers Nantucket, par là, vers Cape Cod et tous ces territoires mystérieux de chasseurs de baleines à petit bonnet rouge. Il y a donc des belles plages blanches, des vacanciers en short, des jeunes crétins avec des guitares sur la plage et des jolies vagues. Alors là-dessus débarque un méga shark, pas cool du tout, que personne croit qu'il est dangereux jusqu'à ce qu'il ait graillé trois chiards. Se constitue alors une bande de bras cassés à moitié alcoolo (des pêcheurs, donc) qui se proposent de lui niquer sa mère. Pas de bol, il est trop malin et c'est à un vieux pêcheur avec une revanche à prendre sur la vie que va être dévolue la lourde tâche de harponner la poiscaille. Un vieux loup de mer à la recherche d'un grand mammifère marin avec une dent contre tous rapport à ce qu'on lui a bouffé la jambe, ça vous dit quelque chose? Bah oui, on n'est quand même jamais très loin de ce cher Moby Dick (d'autant plus que le requin est un grand blanc, mouarf). Heureusement, c'est moins chiant et y'a plus de sang, rha! On peut donc rire à s'naise en regardant des gens se faire bouffer les jambes, jaillir d'une cale de bateau abandonnée ou faire exploser des poissons à coup de bonbonnes de gaz. Bim!

Il y a encore de l'eau dans le troisième film en fait - et c'est vraiment pas fait exprès. Don't look now raconte l'histoire d'un couple qui s'exile à Venise pour soigner tenter de soigner le deuil de leur petiote noyée dans la mare aux canards. Ils ont un deuxième enfant, mais visiblement, on s'en branle puisqu'ils le fourguent à un pensionnat pas piqué des vers pour aller faire les foufous en Italie. Bravo. Une rencontre avec une voyante aveugle et sa petite mère antique va mettre la femme du couple en mouvement sur une piste bizarre: sa fifille est là, elle veut lui parler, elle va bien. Le mari commence par se gausser de ces trucs de bonnes femmes, mais fini par se trouver pris au piège lui aussi - des statues qui bougent, des échafaudages qui craquent et un petit imper rouge qu'il aperçoit au détour d'un canal de temps à autre. Alors quoi, Bruges-La-Morte, ici? Oui, un peu. Il y a cette présence d'une absente noyée qui plane sur les canaux d'une ville morte, cette impossibilité d'enterrer le passé et ce côté fantastique de la névrose qui se déploie pour engloutir la raison. C'est adapté d'une nouvelle de du Maurier, dont on retrouve bien la touch gothico-noire, avec toujours un goût pour les architectures tarabiscotées et les escaliers dérobés.

Nostalghia, Tarkovsky, 1983
Jaws, Spielberg, 1975
Don't look now, Roeg, 1973