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vendredi 18 décembre 2020

L'incroyable Monsieur bébé.

 En ces temps où l'on attend sous peu un baby-boom affolant des nombreux enfants conçus pendant le premier confinement (lol), petit tour d'horizon des meilleurs films d'horreur pour attendre bébé!

1er trimestre

Le fameux premier trimestre, qui peut être réduit à pas grand-chose si on reste dans l'ignorance (bénie) de sa grossesse pendant un mois ou deux, est la partie la plus étrange de la grossesse: on y est, mais pas vraiment, on ne peut rien dire, on s'endort partout sans raison et on mange pas vraiment plus mais des trucs chelous. Un peu comme l'héroïne de Swallow, qui justement, avale un peu tout et n'importe quoi.

Hunter est une jeune femme à l'air un peu paumée, voire taiseuse comme dirait ma mère. Mariée à un type qu'on pourra à loisir qualifier de connard, elle vit dans une villa ultra chicosse au bord d'un fleuve quelconque, entourée de beaux-parents méga-flippant et du vide intersidéral d'une femme au foyer. Pour se distraire un peu de sa grossesse, elle se met à bouffer des trucs qu'elle trouve: petit bout de métal, épingle à cheveux, bille… pas super tout ça. On finit par s'inquiéter pour la pauvre fille, qui visiblement n'en demande pas tant. A partir de l'histoire d'un manie bien réelle, le pica, qui touche certaine femmes enceintes, on plonge dans très joli film sur la famille névrotique, le couple et les rêves sans imagination d'une gentille fifille. C'est très joli, assez lent, très léché dans la photo qui est parfaite, symétrique et toute en harmonie de métaux glacés et de verre design. En espérant que toutes ces petites lames avalées finissent par percer l'abcès.


2e trimestre

Le deuxième trimestre est celui où on commence à sentir des mouvements, et où on pense très souvent et très fort à Alien. Je ne reviens pas sur la trilogie, mais j'ai eu la chance de voir The Covenant qui est à la hauteur de la daube que fut Prometheux: une merde gigantesque, avec un scénario improbable dont la débilité n'a d'égale que la laideur des alien, devenus des petites choses à papattes vicelardes sans âme. On préférera revoir l'original et pourquoi pas, visiter le musée Giger dans la charmante ville de Gruyère.


3e trimestre

Ca fait un bout de temps que j'ai vu A l'intérieur, mais je me rappelle assez précisément d'un plan qui m'avait marquée – il s'agit d'un gros plan de Nicaolas Duvauchelle qui se prend une flash-ball entre les deux yeux, le regard qui devient noir aussitôt. Bref. Dans cette sympathique comédie des familles, XX, enceinte jusqu'aux yeux, est seule à la maison et se la coule douce en attendant bébé gnangnangnan. Quand tout à coup sonne à sa porte XX une bien sympathique psychopathe qui veut lui piquer son charlot. Pas sympa ça (quoique…) L'horreur s'ensuit ( je me rappelle plus des détails, mais c'est assez graphique).


0 à 3 mois

J'ai attendu un peu avant d'oser regarder Servant - si vous êtes encore dans la phase où vous vous réveillez en panique la nuit parce que votre progéniture dort depuis plus de trois heures, attendez encore un peu. Mini série pondue par ce cher Night M Shymalamalan, ça raconte l'histoire pas du tout glauque d'un couple en deuil de son nouveau-né et dont la poupée 'reborn' - un poupon ultra réaliste destiné à aider le deuil à se faire, je ne sais pas dans quel univers de délire freudien quelqu'un pense que ça peut être une bonne idée, mais bon - se met à vivre à l'arrivée de la nouvelle nounou. Histoire délirante de déni complet, de couple enthousiasmant d'hystérie et de magie noire un peu religieuse sur les bords, c'est extrêmement réussi! Une mère complètement cinglée, jouée et dirigée superbement, une nounou flippante de mutisme, un père à peine en meilleur état et le tout dans une ambiance de demi-mots, traduits par des plans jamais complets, très cut, un montage assez chirurgical. On retrouve joliment cette thématique de précision médicale un peu légiste via l'activité de monsieur Papa, cuistot expérimental qui passe une partie des épisodes à trancher du lard, démotter des entrecôtes ou assommer des anguilles; le tout pendant que Maman (et tous les autres adultes qui passent par là) sirotent du jaja de luxe à tout heure du jour et de la nuit. En voilà une belle famille! Les épisodes déroulent une folie collective qui gagne un peu tout le monde, tout en donnant à voir les circonstances de la mort de l'enfant - parents sensibles s'abstenir. Vu le cliffhanger, il y aura une deuxième saison. Ou pas, ce qui serait bien énervant mais sans doute encore plus génial d'un point de vue narratif.


3 mois et plus

Après trois mois, c'est connu, votre michot est tiré d'affaire: il dort, boit, joue aux cartes et vous ne verrez pas le temps filer qu'il sera déjà en train de passer son permis. C'est ce qui arrive à deux couples, dans deux films sortis quasi en même temps mais pas du même calibre.

The room raconte l'histoire un peu neuneu d'un couple qui achète une maison dans laquelle une pièce permet d'exaucer tous les souhaits. Tarkosvky nous voici! Mais en fait non. A part pour le côté mou du genou, on en est loin. Bidule et Machin (j'ai sincèrement oublié leur nom et tellement peu d'affection pour ce film qu'il m'est déplaisant de vérifier sur wikipédia) vont donc formuler plein de voeux concons - du fric, de la  booze, des vêtements de créateur et des tableaux de van Gogh. Convenu. Puis évidemment, quelqu'un va vouloir un enfant - ben tiens. Débarque un poupon bien mignon qu'on voit grandir à vitesse prime, pour la bonne et simple raison qu'il vieillit à la seconde dès qu'on le sort de la maison. Zut alors! S'ensuit.... bah pas grand chose justement. Le gamin grandit. Ses parents vieillissent. Tout le monde aimerait bien déménager, mais ce n'est pas possible. Un bon film de confinement donc!

Vivarium raconte aussi une histoire de bébé tombé du ciel. Gemma et Tom, jeune couple mignon comme tout qui cherchent une maison (encore une) suivent un vendeur chelou qui tient à leur montrer un nouveau lotissement de pavillon de banlieue bien dégueu. Ils y vont un peu pour rire et visitent en ricanant sous cape une maison Thomas et Piron dans un ensemble vert immonde du plus mauvais goût. Au moment de reprendre la voiture, bah ça alors: comment qu'on sort d'ici? Tergiversations après tentatives de fuite n'y font rien et le charmant couple trouve un jour un minot dans une caisse hello fresh devant leur porte. Un post-it collé sur le front: démerdez-vous. J'en raconte déjà un peu trop, mais le reste est absolument génial. Photographiquement superbe, génialement écrit et joué, avec une fin du plus glauque effet: c'est vraiment un film dément. Soyons honnête: c'est un film qui nous a un peu traumatisés, et c'est surtout pour ça qu'on l'a aimé. Avec très peu de moyens et une histoire somme toute banale, sans effet de narration ou de twist de fou, on est scotchés et bien malaisés après l'avoir vu. A éviter si le premier confinement vous a laissé un petit goût de claustrophobie.


Swallow, 2019, Mirabella-Davis

Alien, 1979, Scott

Covenant, 2017, Scott

A l'intérieur, 2007, Bustillo

Servant, 2020, Shyamalan

The room, 2019, Volckman

Vivarium, 2020, Finnegan

dimanche 23 décembre 2018

Total America

En plein dans la lecture de l'excellente revue America (profitez-en, ça ne durera pas), je fais le plein de héros bien amerlo avec des serial-killer, des astronautes, des ados enragées: weehaa.

First man raconte l’histoire de Neil Amstrong, le premier homme sur la lune donc. Je déteste un peu Chazelle donc j’ai eu du mal à m’y mettre mais j’ai survécu. Le film choisit de raconter surtout l’histoire de l’homme en plus de l’histoire du héros : sa vie de famille, ses enfants trop choux ; sa chère épouse qui reste sagement à la maison – c’est vraiment fa-sci-nant. Comme ça, on sait que lui aussi c’est un homme (c’est con, j’ai toujours cru que c’était un un playmobil géant qu’on avait envoyé en orbite). Bref, Neil est un homme donc, il a ses doutes, ses craintes, il a peur parfois, dans son petit vaisseau spatial, il est triste aussi, quand ses potes se font cramer par un court-circuit, il est heureux, évidemment, quand il sautille sur la surface lunaire, parce que c’est quand même de la balle. Tout est un peu convenu quand même mais c’est mignon de voir une tentative de sortir du film de héros pour retomber dans le cliché du film du héros-que-c’est-un-homme-quand-même-merde. Certaines choses sont intéressantes comme : l’aspect boîte à sardines de certaines navettes (c’aurait été pour des playmobils, à la limite mais là...), le ressenti assez flippant d’un truc qui tourne dans l’espace et surtout, surtout, la tristesse infinie du type qui reste dans la station pendant que les deux autres vont faire joujou sur la lune – c’est à lui qu’on devrait consacrer un film. Demandons à Herzorg tiens. C’est pas mauvais niveau effets spéciaux, il y a beaucoup de musique (un peu trop diront certains et pas toujours très subtile) mais notre cher Chazelle a au moins évité d’en faire une comédie musicale en combi argentée (voilà une autre idée de film. Parlons-en à Werner, tiens).

The house that Jack built est la dernière livraison de Lars von Trier. Gentil film narratif, pas trop contemplatife pour une fois, avec des anecdotes et tout ça : quel bonheur. Jack est un putain de serial killer. Il bute plein de gens, sans distinctions et les range tous dans un grand garde-manger, avec sa réserve de pizzas. On suit son parcours original en 5 petites histoires, plutôt cool, chacune avec son meurtre – franchement pas si gore que ça, faut pas déconner – et sa bonne dose de dialogues chelous, de personnages hyper bizarres et toujours à moitié cinglés. On retrouve certain trucs un peu perdus ces derniers temps (je trouve), un côté Dogme 95 qui s’était un peu effacé : des séquences un peu pêle-mêle, comme un mood-board de schizophrène, des effets de couleurs bizarres, de la musique super hors de propos parfois, une caméra qui gigote un peu ; c’est gai ! Tout est raconté du point de vue confession finale, plutôt beau. La dernière partie est par contre beaucoup trop chiante et retombe un peu dans du contemplatif symbolique un peu lourd et casse-couille. 

Enfin Assassination Nation, pur film Sundance sur des ados enragées. Pas très clair dès le début (à cause de moults dialogues de milenials qui pensent avec leur cerveau et en ont marre du partiarcat), c'est en fait un bon film d'exploitation avec du sang partout et des guns qui dézinguent. Tout commence par une petite tranche de vie innocente de 4 teenage dans une ville super boring (Salem, parce qu'on a jamais assez de symbolisme bien lourd). Nos quatre fifilles qui ont toutes l'air et le discours de meufs de 23 ans pseudos activistes, en ont trop marre du lycée, des mecs trop lourds qui veulent pas sucer et des gens qui ne les apprécient pas vraiment mais seulement des morceaux d'elles (trop profond gros). Un petit malin se met alors à leaker les dossiers secrets et autres dirty nudes d'un puis l'autre, puis de tout ce petit monde qui se la joue bien puritain - des maires, des mères, des ados: on découver avec effroi que les gens ne sont pas vraiment ce qu'ils sont, OMG. Comment cela s'insère-t-il dans la suite? Par un tour de scénario complètement absurde mais qui transforme dès lors notre histoire en nuit vengeresse à la Tarantinouille. Est-ce que c'est bien? L'exploitation est bien faite. On rigole un peu. Par contre, s'il y a une tentative de discours à moitié articulé derrière, c'est complètement inaudible vu l'ange d'approche. Bref, c'est un peu casse-burnes au début mais puis ça devient bien puis ça finit un peu lamentable. Pourquoi vouloir donner du sens quand on veut juste kiffer et faire des films qui dépotent? Beats me.

First man, Chazelle, 2018
The house that Jack built, Trier, 2018
Assasination nation, Levinson, 2018

jeudi 20 octobre 2016

Driving miss crazy

Je  clôture enfin mon cycle sur les nanas cintrées au cinéma : il y aurait encore moult films à y ajouter mais on n’a pas toute la vie non plus.

Le Singapore Sling est un cocktail à base de gin, de cointreau et de jus d’ananas. Mais c’est aussi un film expérimental racontant un huis-clos erotico-slasher entre une mère et sa fille. Tous les deux sont donc a) difficile à avaler et b) assez rapidement soûlants. Concernant le cocktail, la solution est simple : virer les ingrédients inutiles et garder le gin. Pour le film, c’est autre chose : il n’y  pas grand-chose à garder, si ce n’est la référence à Preminger et on se contentera donc de regarder le film en accéléré (1.5 fois voire 2 fois plus vite) , un gros verre de gin à la main. Voire une bouteille. Dans ce film visiblement culte pour les fans de Nikos Nikolaidis -  que je ne connais ni ne juge ici – on découvre une mère et sa fille, enfermée dans une grande demeure remplie de déco mi-taxidermiste, mi-Louis XVI, avec des fanfreluches qui se mêlent aux peaux de bêtes et des candélabres qui luttent avec des cornes de cerfs. Intrigant. S’y trouvent aussi un certains nombres d’objets contondants zet phalliques qui seront nos guides dans cette épopée du plaisir féminin ( ??) entre inceste, nécrophilie,  abus de mâles en détresse et jeux de rôles hasardeux.  La référence à Laura d’Otto Preminger est un parti pris : une pauvre Laura assassinée, dont on tombe amoureux du portrait avant de succomber à une femme fatale qui lui ressemble et qui est elle (ou pas, suspensme !). Cette enquête mène un pauvre homme à la porte des deux gorgones qui le capturent fissa et en font leur nouveau joujou. La quête est entrecoupée de scène de jeux érotiques entre la mère et la fille (ou Laura, on ne sait pas trop), dont une scène de masturbation au kiwi qui ferait douter même les vegans qui aiment très fort les légumes. En accéléré, c’est supportable, et même parfois drôle. Sinon, on baille un peu et on reprendra un gin sec, s’il vous plaît bien.

Shock parle aussi de relation mère-fils, mais à un âge différent, et nous montre encore une fois qu’il vaudrait parfois mieux garder sa culotte quand on songe à procréer. On y voit une gentille famille recomposée s’installer en Italie, dans l’ancienne maison de Dora, la femme du couple, celle où elle a vu son feu mari et père de son petit Marco, mourir. Son nouveau mec est pilote et joue donc un peu les filles de l’air, haha. Il n’est pas souvent là, et qui dit grande maison isolée, femme seule et enfant HP, dit problème à l’horizon à base de malfaisance télépathique, de portes qui claquent et de zoom zinquiétants sur la figure du marmot diabolique. Car Marco est un peu chelou, genre autiste mais avec un monde intérieur qui fait peur. Entre ses mini figurines vaudou et ses paroles un peu blessantes (« j’t’aime pas  t’es pas ma mère »), on a bien envie de lui mettre une grosse fessée et au lit. Hélas, hélas et trois fois hélas : à une époque où les libres enfants de Summer Hill sont encore un gros fantasme dans les milieux pédagogiques, personne ne songe à corriger le chiard qui peut donc « développer son potentiel » (meurtrier) en toute liberté. Merci Céline Alvarez, en gros.

Singapore sling, Nikolaidis, 1990

Shock, Bava, 1977

mercredi 10 août 2016

Driving miss crazy

Les choix des films de ce batch repose principalement sur la ressemblance au niveau du titre - ils riment mais pas tous, tant pis. 

Possession est un film qui laisse une impression étrange, un peu psychotique sur les bords, avec des mouvements de caméra parfois dans tous les sens pis des gros zoom qui font peur; mais c'est surtout une histoire d'amour en fait. Anna et Mark ont des petits soucis de couple: probablement parce qu'elle déserte le domicile conjugal pour se taper un type à la sexualité floue mais aux cols impeccables et qui fait franchement peur - il s'appelle Heinrich. Simple histoire d'infidélité mais accompagnée d'épisodes plutôt schizo où les époux rivalisent de superbe et d'imagination dans l'utilisation d'ustensiles - belle publicité pour le couteau électrique à rôti par exemple. Leur pauvre gamin n'a pas l'air d'en mener large dans tout ça et heureusement qu'il a une maîtresse trop chou - qui n'est autre que le sosie d'Anna et sera donc à la fois maîtresse et maîtresse, héhé. Pendant ce temps, Anna se fait niquer par un serpent géant qui finit englouti par une végétation rampante dans un appart de Berlin Ouest. Et tout ça. Il y a une belle scène de démence dans un couloir de métro qui fait très Prodigy sans musique. Pas mal. Sinon, c'est assez impressionnant au niveau du roulement d'yeux adjanien - la possession, quoi.

Répulsion est du coup l'inverse exacte de ceci: la pauvre Carol toute pure et meugnonne (Deneuve) sombre dans la folie à cause de l'amant de sa sœur, qu'est un peu dégueu quand même - il laisse sa brosse à dents dans mon verre, heurk. Lorsque sa sœur part en vacances et laisse  Carol toute seule, celle-ci, plutôt que d'organiser une méga-teuf et d'inviter tous ses poteaux, décide de rester enfermée avec pour toute compagnie un lapin faisandé, un violeur imaginaire et des bras qui sortent du mur (et du lit, hiiii). Au final, elle range plus rien et tout ça finit par ressembler à un squat ce qui inquiétera l'un ou l'autre mâle mal intentionné (qu'elle croit). Bref, tout ça finit très mal mais donne un film ultra réjouissant qui joue de nouveau avec l'espace claustro d'un appartement abandonné qui fait parfois penser au Locataire, des murs qui se rapprochent, un plafond toujours trop bas, des couloirs qui rallongent, des pièces qui semblent interminables enfin toute une organicité intérieure d'un espace qui engloutit la raison de son habitant. Deneuve est impressionnante et elle roule moins des yeux que l'Adjani, ce qui est appréciable. 

J'aurais aimé avoir un troisième film en -ion (genre Fatal Attraction) mais j'ai dû me contenter de Der Fan, fable moderne sur le fanatisme des adolescentes et le cynisme des popstars. Comme on s'en doute, il y est question de Simone, une fan trop mais trop fan de R., star new-wave dépressive à crever et trop flemmard pour répondre à ses lettres éplorées (à Simone). Celle-ci va donc finir par prendre son baluchon pour allez voir le R. en chair et en os et là, suspensme, c'est la rencontre! Que va-t-il se passer? L'amour naîtra-t-il, inopiné? Des enfants seront-ils conçus, immaculés? Je n'en dirais pas plus mais attendez-vous à de belles séquences d'amour dévorant. On remarque d'ailleurs toujours le même amour des teutons pour le couteau à rôti électrique. C'est Bosch, c'est bien.

Possession, Zulawski, 1981
Répulsion, Polanski, 1965
Der fan, Schmidt, 1982

mardi 19 juillet 2016

Driving miss crazy

Ma petite pause de juin m'avait éloignée de mes préoccupations ataviques, à savoir les fous dans tous leurs états - au cinéma, dans des saunas ou sur les marches de l'opéra. Toujours dans l'excellente sélection du Nova, j'ai pris au hasard trois trucs plutôt random mais chacun divertissant à sa façon.

Leave her to heaven nous raconte l'histoire d'une dingue assez douce finalement mais dont les yeux métalliques cachent le machiavélisme, mouahaha. Helen, petite jeune à l'air avenant, rencontre Richard, écrivain de son état, dans un train - elle fait un peu groupie, puisqu'elle est JUSTEMENT en train de lire son livre (coïncidence? Mouais.) En deux temps trois mouvements, les voilà mariés et en route pour une maison de campagne au bord d'un lac dans le Vermont comme tout écrivain qui se respecte. Hélas, la madame est un peu bizarre quand même, dans le genre possessive de l'extrême. Des gens se mettent à se noyer comme ça sans raison, y'a de l'arsenic dans le sucre, enfin, il se passe des choses étranges. La fin est plutôt surprenante, un peu dans l'idée de Gone Girl mais en plus radical du coup assez étonnant pour un film de l'époque - c'est du noir à certains égards (récit à posteriori fait par un témoin, femme fatale, grand dadais tout mou et soumis) mais aussi un film de famille, enfin, pas mauvais du tout. 

Toujours dans du film de folie qui tourne au policier, A lizard in a woman's skin est un beau giallo plein de couleurs qui claquent et des seins qui font bouncy-bouncy (faut avouer que ça tétonne en diable). La jeune Carol fait des rêves récurrents dans lesquels elle fait des câlins avec la catin d'à côté, une blonde à l'air pervers qui fait des orgies toutes les nuits. Comme Carol a un bon psy, il lui explique que ces rêves ne sont que des réalisations de désirs inconscients gnagnagna et qu'elle est coincée dans une vie de petite bourge qui aimerait aussi bien voir le loup etc. Mais, quand la perverse en question est assassinée tout pareil que dans le rêve de Carol, ça commence à sentir le roussi psychanalytique. Le Méchand Docteur Lacan a-t-il tout manigancé? Suspensme!  L'ensemble  est très beau, entre couleurs psyché et architecture carrée, avec toujours des scènes de poursuites dans des grands bâtiments abandonnés vaguement religieux, des grandes orgues qui se mettent en route n'importe quand et des animaux bien utilisés: les chiens éventrés, les chauves-souris obsédées par les cheveux, enfin tout ça.

May est probablement le plus bizarre et déroutant et raconte avant tout une histoire d'amour (qui finit mal, on s'en doute). La pauvre May, assistante dans une clinique vétérinaire de son état, tombe raide love d'un grand échalas qu'elle croise parfois dans la rue (how random is that?). Comme elle porte des lunettes, il faut évidemment qu'elle commence par les enlever (comme ça, elle est moins moche et comme elle voit rien, l'empafé zaussi, haha). Devenue méga-bonne par la grâce des lentilles de contact (le plus grand mythe américain après la moumoute de Trump), elle peut enfin faire la connaissance d'Adam qui a de belles mains mais est un peu concon quand même. Hélas! May ne sait pas s'y prendre et pas de Carrie Bradshaw pour la conseiller! Elle va donc tout faire merder mais elle a un super secret: elle coud trrrès bien. Et elle a une super grande glacière. C'est plutôt drôle, ça pourrait presque être un teenage movie gone wrong en fait, mais ça reste encore trop dans une esthétique gore pour être de l'ironie frontale - un peu trop de freaks, en fait. J'ai un peu pensé à Cry Baby, d'ailleurs, le sang en plus. Angela Bettis, excellente dans le rôle-titre, est d'ailleurs visiblement habituée à être la meuf-chelou-à-cheveux-filasses-qui-tue-tout-le-monde-à-la-fin: elle est Carrie, elle est dans The Woman, et elle est dans une chiée d'autres trucs du genre.

Leave her to heaven, Stahl,1945
A lizard in a woman's skin, Fulci, 1971 
May, McKee, 2002

samedi 28 mai 2016

Driving miss crazy

Sans l'avoir forcément exprès, voilà trois films pile de la même époque à quelques années près, preuve que l'hystérie est féminine de longue date - depuis aussi longtemps que la psychiatrie est phallocrate, c'est dire. Faut quand même rappeler qu'à une époque, on pensait que les crises d"hystérie étaient provoquées par l'utérus, considéré comme un organe pas bien fixé et qui en se promenant dans le corps de la femme, la chatouillait jusqu'à la rendre folle ( Big up à Platon). Bref, les années 60 ne sont pas tendres donc, et on se retrouve avec une belle brochette de nanas rendues cinglées par ce qu'elles ont entre les jambes (ou pas, comme dirait le méchant docteur L.)

Suddenly last summer nous raconte une histoire qu'on a du mal à démêler qui est la plus dingue: une vieille (Hepburn) sur le retour demande à un jeune médecin fringuant de lobotomiser sa nièce (Liz Taylor, avant sa chiée de maris), devenue subitement dingue l'été dernier. Sauf que. Elle est plutôt normale ( et en plus, elle est bonne), la nièce en question, ce que note notre chirurgien fougueux qui va se la jouer analyste aventurier et essayer de savoir ce qu'il a bien pu se passer l'été dernier: elle a pris sa première cuite, sa première bite, ou bien elle a juste tué un pêcheur en ciré suspect sur le bord d'une route en rentrant de boîte? Bizarrement, l'été dernier, c'est aussi celui durant lequel est mort le fils unique de la vieille qui a visiblement des chaleurs dans le cerveau quand on lui en parle. Alors quoi, qui qu'est la plus dingue, hein? Tous, un peu. C'est toujours drôle de voir des gens discuter lobotomie comme on parle d'une opération d'amygdales, et puis il y a une performance de Hepburn vraiment géniale, complètement givrée mais dans un registre un peu plus fin que Taylor qui joue surtout avec ses seins son cœur. On ne s'étonne pas trop, le script est tiré d'une pièce de Tennessee Williams dont on peut lire tous les livres sur le même sujet: celui de femmes rendues folles par le désir d'hommes qui ont visiblement du mal à accepter le leur ( à elles donc) - des femmes qui en ont face à des mecs qui en cherchent, enfin tout ça.

J'avais déjà vu Marnie, mais c'était avant tout ça alors je me le suis remis et quelle idée qu'elle était bonne. Hitchcock est un autre réalisateur qui aime bien les nanas un peu barges - que ce soit des mères, des filles ou des poneys, franchement, on se demande bien qui qui lui a touché le phallus pour qu'il leur en veuille comme ça. Enfin. Marnie est une escroc badass qui monte des arnaques dignes d'un bouquin Jim Thompson et qui se tire avec la caisse quand tout le monde a le dos tourné. Et puis elle change de couleur de cheveux et recommence ailleurs. Malin. Mais c'est sans compter sur un type plus finaud que les autres qui a Facebook et qui la reconnaît. Pas de printemps pour Marnie, du coup. Mark (Sean Connery, quand il ne courait pas en zlip dans un film de Boorman) va donc engager la Marnie pour voir comment elle va l'entuber. Hélas, elle est tellement meuugnonne qu'il se met en tête de la sauver (en la forçant à l'épouser, merci). Mark, super bon psy tendance Cosmo ( "si tu as vachement peur, des chiens, affronte un pitt à mains nues, ça ira mieux fifille!") finira-t-il par sauver cette pauv' Marnie? Suspensme! En tout cas, c'est du grand du genre, avec toujours ce sens de l'objet agrandi, zoomé, grossi à l'extrême, cet amour des vieilles mères acariâtres qui gâchent la vie des jeunes en leur gardant leur secret pour eux, non mais. 

Seance on a et afternoon a un peu un titre de film porno, mais déception, pas de fesses à l'horizon dans ceci. Myra, médium de son état, convainc son chouineur de mari de kidnapper une petiote -pourquoi, toujours pas compris, mais elle est folle alors- fille d'un type vaguement tycoon. à qui elle réclame du fric mais sans vraiment en faire quoi que ce soit, puisqu'elle veut surtout se faire de la pub comme médium - bah oui, elle peut genre prédire où est la gamine, finaud. Y'a des histoire d'enfants morts et de mère trépassée, et tout le monde a l'air un peu à l'ouest. Le mari est assez génial, en grand poireau existentiel bouffé par sa dingue de femme et la Myra pas piquée de vers. Il y a aussi une très jolie bande-son dont le final n'est qu'une petite pluie  au xylophone. Bien.

Suddenly last summer, Mankiewicz, 1959
Marnie, Hitchcock, 1964
Seance on a wet afternoon, Forbes, 1964.

mardi 17 mai 2016

Driving miss crazy

Je poursuis mon exploration de l'esprit dérangée des madames au cinéma et faut dire que quand même, y'en a qui exagèrent - certes, elles sont un peu dingos, mais faut voir aussi d'où elles le tiennent, hein. 

Dans Out of the blue par exemple, je vois pas trop comment qui est folle: on y voit une petite meuf sympa comme tout, coincée entre une mère défoncée au crack et un père tout pourri qui sort de prison uniquement pour aller bosser dans une décharge publique où il passe son temps à courir après les mouettes. Bravo. Alors, certes, Cebe ( la petite) nous fait un combo musicalement chelou de scène punk et de revival d'Elvis et communique avec dieu via la radio d'un camion cassé (d'où son patronyme), mais quoi, bon. C'est un film de et avec Dennis Hopper, toujours aussi taré avec son beau chapeau de cowboy et sa flasque à la main. Il y a une bande-son assez dingue et on a franchement envie d'être pote avec cette Cebe qui sort de nulle part, parce qu'elle est franchement cool. Ses vieux, par contre, craignent à mort.

Ms 45 est un autre parfait exemple de c'est quoi, mais c'est qui qui les rend toutes folles: ces chiens lubriques que sont les hommes, ha! Non, allez. Enfin, on avouera que cette pauvre Thana déjà qu'elle est muette et qui se fait violer deux fois dans la même journée par des types qui se sont même pas concertés, on peut dire que y'a de quoi se demander quoi faire avec ce .45 qui traîne par terre à côté d'un cadavre, tiens, d'un type qu'on vient d'envoyer ad patres avec un coup de presse-papier. alors, Thana part un peu en couilles après, et va se mettre un tirer un peu dans tout ce qui remue la queue avec un peu trop d'engouement - en même temps, z'avaient qu'à pas. Du coup, le revenge trip prend un peu des allures de massacre pour le plaisir - mais pourquoi se le refuser finalement? C'est très beau et bien foutu, surtout dans le silence imposé à la victime devenue chasseur qui ne lâche pas un mot, même pas avec ses mains - c'est fou quand même. Et toujours dans un NYC électrique plein de bitume brûlant et de zones abandonnées genre apocalypse zombie.

Par contre, Safe est dans un genre différent: on y voit comment les fumées, c'est dangereux mais les tarés vegan probablement encore plus. Non, j'déconne. Carol, une gentille femme au foyer sans histoire commence à s'asphyxier petit à petit - au sens littéral: elle respire mal. Plutôt que de se dire que c'est sa putain de vie de tissus assortis aux canapés et de dîners avec les amis chirurgiens de son mari à ricaner doucement, elle en déduit qu'elle respire trop de merde. Et part dans le désert se vider les poumons avec des illuminés qui vivent en pyjamas toute l'année. On ne précise pas comment elle gagne sa vie pendant ce temps, ni qui garde les enfants, mais on s'en fout: elle va mieux! Elle une cabane en plexi et un tank à oxygène, yay. Le film est vraiment ultra bien foutu, avec des images superbes, des plans immobiles cadrés au centimètre près et une putain de qualité dans les couleurs, les pastels psychotiques de la première partie et les tonalités sables et bois de la deuxième, des situations prises au ralenti comme des tableaux un peu schizo d'une débandade existentielle bien postmoderne pour le coup. 

Out of the blue, Hopper, 1980
Ms 45, Ferrara, 1981
Safe, Haynes, 1995

lundi 25 avril 2016

Driving miss crazy

J'avoue avoir un peu tiqué sur une des thématiques de l'offscreen: à part le titre qu'il est drôle, est-ce que c'est pas un peu phallocrate, ça, de montrer tout plein de films avec des nanas qui deviennent hystériques? Parce qu'on n'a pas non plus le monopole, hein - même si on sait très bien que pour une vraie crise de folie, il faut avoir un utérus, mais bon. Cela dit, j'aime les gens tarés et la sélection est plutôt tentante, alors pourquoi pas, finalement.

J'ai donc commencé par Fatal Attraction, grosse lacune dans ma culture cinéma et que voilà comblée! Une histoire d'infidélité banale qu'on devrait plus souvent montrer à ceux qui se demandent si un petit coup, comme ça en passant, ça vaut la peine. Parce que non, en fait, on risque quand même toujours de tomber sur une frappée qui va finir par venir vous foutre des coups de couteau pendant que vous prenez votre bain. Ce pauvre Dan aurait donc mieux fait de garder son zlip quand il croisa la route d'Alex - ses cheveux, par exemple, auraient du lui mettre la puce à l'oreille (= coupe mouton sous crack tendance 80's). Alex est donc une hystérique dans les règles de l'art, passant du suicide aux cajoleries, des insultes aux câlins et qui fait même des playlists de menaces - pour écouter dans les longs trajets. Comme Dan, à l'instar de pas mal d'infidèles, n'a pas beaucoup de couilles, il attendra évidemment d'y être plus ou moins forcé ("heuuu chou, y'a une meuf avec un grrrand couteau dans la cuisine?") pour avouer une faute qui est bien vite pardonnée - alors qu'on aurait pu efficacement faire d'une pierre deux coups avec le couteau, mais bon. Glenn Close est méconnaissable - mais c'est surtout les cheveux - en dingue vraie de vraie, avec ses grrrrands yeux flippés et sa voix déjà très Damages. Douglas se dépatouille là-dedans un peu comme son personnage: écrasé par cette nana complètement barrée.

On pourrait techniquement prendre n'importe quel film d'Altman pour parler de folie féminine, mais pourquoi pas 3 Women (y'a le mot femme dans le titre en plus). On y parle surtout de deux femmes mais en fait aussi d'une troisième qui reste un personnage silencieux qu'on ne voit qu'en peinture - ou presque- mais qui fait la boucle finale. Les deux femmes, c'est Pinky (Spacek, pré-Carrie) et Millie, infirmières dans un truc pour vieux et colocataires à la relation plutôt chelou. Déjà elles sont toutes les deux un peu zarbis à la base: Pinky en mode jeune fille cherche appartement à coller sa nouvelle idole et Millie, qu'a plein d'amis mais seulement dans sa tête et qui a des dents..... grandes on va dire. Comment dégénère la relation, mystère, mais ça pète et Pinky devient alors la méchante badass du couple, tandis que cette pauvre Millie dort sur le canapé du salon et se fait piquer son mec. Tout ça finira par un accouchement (vrai et métaphorique, donc) bien sanglant qui permettra aux deux de se trouver une troisième acolyte pour parfaire ce triangle de cinglées. Je retrouve beaucoup de Short Cuts, en tout cas dans l'image et l'ambiance, un peu lourde et molle, immobile et angoissante. 

Trouble every day est un peu un film de vampire en fait, pas trop de folle, mais bon (sauf si c'est Vincent Gallo la folle). On y voit deux personnages en quête de truc à grailler, nommément des gens humains, mais qu'on peut manger qu'après avoir couché (enfin, on dirait). Oui, c'est dégueu, mais c'est pas de leur faute: y sont malades, on vous dit! Tout ça à cause d'un vague médecin qui a fait des expériences sur des trucs pas nets qui ont fini par faire des gens avec des envies pas normales dans la tête. Shane ( Gallo) se retrouve donc à courir Paris à la recherche d'une réponse, d'un pote ou au pire, d'une petite à becqueter alors que sa jeune ( et bonne) épouse est avachie dans son 4 étoiles. Pendant ce temps, Coré ( Dalle), se bouffe tout ce qui passe, du clampin en camion aux petits jeunes désœuvrés. Pas bien propre tout ça. C'est franchement super beau, très lent et doux, avec une atmosphère un peu feutrée qui grince un peu puis qui montre parfois dans des jolies saturations - sonores aussi. Gallo fait un peu peur, Béatrice a la dalle (facile!) enfin c'est bien quoi.

Fatal Attraction, Lyne, ,1987
3 Women, Altman, 1977
Trouble every day, Denis, 2001