mardi 19 juillet 2016

Driving miss crazy

Ma petite pause de juin m'avait éloignée de mes préoccupations ataviques, à savoir les fous dans tous leurs états - au cinéma, dans des saunas ou sur les marches de l'opéra. Toujours dans l'excellente sélection du Nova, j'ai pris au hasard trois trucs plutôt random mais chacun divertissant à sa façon.

Leave her to heaven nous raconte l'histoire d'une dingue assez douce finalement mais dont les yeux métalliques cachent le machiavélisme, mouahaha. Helen, petite jeune à l'air avenant, rencontre Richard, écrivain de son état, dans un train - elle fait un peu groupie, puisqu'elle est JUSTEMENT en train de lire son livre (coïncidence? Mouais.) En deux temps trois mouvements, les voilà mariés et en route pour une maison de campagne au bord d'un lac dans le Vermont comme tout écrivain qui se respecte. Hélas, la madame est un peu bizarre quand même, dans le genre possessive de l'extrême. Des gens se mettent à se noyer comme ça sans raison, y'a de l'arsenic dans le sucre, enfin, il se passe des choses étranges. La fin est plutôt surprenante, un peu dans l'idée de Gone Girl mais en plus radical du coup assez étonnant pour un film de l'époque - c'est du noir à certains égards (récit à posteriori fait par un témoin, femme fatale, grand dadais tout mou et soumis) mais aussi un film de famille, enfin, pas mauvais du tout. 

Toujours dans du film de folie qui tourne au policier, A lizard in a woman's skin est un beau giallo plein de couleurs qui claquent et des seins qui font bouncy-bouncy (faut avouer que ça tétonne en diable). La jeune Carol fait des rêves récurrents dans lesquels elle fait des câlins avec la catin d'à côté, une blonde à l'air pervers qui fait des orgies toutes les nuits. Comme Carol a un bon psy, il lui explique que ces rêves ne sont que des réalisations de désirs inconscients gnagnagna et qu'elle est coincée dans une vie de petite bourge qui aimerait aussi bien voir le loup etc. Mais, quand la perverse en question est assassinée tout pareil que dans le rêve de Carol, ça commence à sentir le roussi psychanalytique. Le Méchand Docteur Lacan a-t-il tout manigancé? Suspensme!  L'ensemble  est très beau, entre couleurs psyché et architecture carrée, avec toujours des scènes de poursuites dans des grands bâtiments abandonnés vaguement religieux, des grandes orgues qui se mettent en route n'importe quand et des animaux bien utilisés: les chiens éventrés, les chauves-souris obsédées par les cheveux, enfin tout ça.

May est probablement le plus bizarre et déroutant et raconte avant tout une histoire d'amour (qui finit mal, on s'en doute). La pauvre May, assistante dans une clinique vétérinaire de son état, tombe raide love d'un grand échalas qu'elle croise parfois dans la rue (how random is that?). Comme elle porte des lunettes, il faut évidemment qu'elle commence par les enlever (comme ça, elle est moins moche et comme elle voit rien, l'empafé zaussi, haha). Devenue méga-bonne par la grâce des lentilles de contact (le plus grand mythe américain après la moumoute de Trump), elle peut enfin faire la connaissance d'Adam qui a de belles mains mais est un peu concon quand même. Hélas! May ne sait pas s'y prendre et pas de Carrie Bradshaw pour la conseiller! Elle va donc tout faire merder mais elle a un super secret: elle coud trrrès bien. Et elle a une super grande glacière. C'est plutôt drôle, ça pourrait presque être un teenage movie gone wrong en fait, mais ça reste encore trop dans une esthétique gore pour être de l'ironie frontale - un peu trop de freaks, en fait. J'ai un peu pensé à Cry Baby, d'ailleurs, le sang en plus. Angela Bettis, excellente dans le rôle-titre, est d'ailleurs visiblement habituée à être la meuf-chelou-à-cheveux-filasses-qui-tue-tout-le-monde-à-la-fin: elle est Carrie, elle est dans The Woman, et elle est dans une chiée d'autres trucs du genre.

Leave her to heaven, Stahl,1945
A lizard in a woman's skin, Fulci, 1971 
May, McKee, 2002

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