mercredi 27 juillet 2016

Ecran total

Toujours dans le désordre et n'importe quoi: des méchants à masques d'animaux, des losers en chemises à carreaux et de l’œdipe au sirop d'érable. 

Déçue par le 1 mais exciteeeey par le 2, je me demandais ce que donnerait le troisième volet de The purge, surtout vu la note sur laquelle se terminait le 2 - un groupe révolutionnaire armé emmené par Michael "Omar" Williams. Le résultat est plutôt mitigé. Groupe révolutionnaire il y a, mais Omar disparu et le lien avec le volet précédent est un peu foireux: on retrouve certains personnages en plus vieux mais ils pourraient tout aussi bien être des nouveaux que ça changerait pas grand chose. Le thème, c'est les élections (parce que nous aussi, on fait du cinéma politique, merde à la fin) avec cette candidate trop cool qui veut changer le système mais par des moyens légaux, svp. Le problème, c'est que pendant 12h, la loi fait dodo, alors bon. On s'est d'ailleurs posés la question de la viabilité d'un tel système dans le fond: si tous les ans, pendant 12h tu laisses tout le monde faire n'importe quoi, je pense surtout que les gens iraient piller les magasins et chourrer des écrans plats, mais je doute qu'ils se fassent chier à buter quelqu'un au passage. Pis bonjour l'impact économique - quand il suffit de fermer le métro à 19h pendant trois semaines pour couler tout le centre-ville, on se dit que bon, ça semble pas si glorieux ce truc de purge. Bon bref: tentative d'assassinat, débat sur la violence nécessaire des révolutions, et la traditionnelle scène un peu dreamy/weird à base de masque de clowns à la Rob Zombie et de scie sauteuse. Pas mauvais, mais un peu neuneu au niveau de la conclusion. On rentre gentiment chez soi, au final.

LLewyn Davis est aussi un grand neuneu, à la paupière tombante et au menton mou, qui promène son veston en velours côtelé et sa mélancolie d'artiste raté dans yet another loser movie des frères Coen- Inside Llewyn Davis. A la recherche de la gloire folk, Llewyn dort sur le canapé de ses potes, nique leur femme et perd leur chat. Bravo. Heureusement, il y a Findus, sous la forme d'un trajet blablacar jusque Chicago avec un artiste (Goodman, immense) qu'on sait pas trop ce qu'y fout à part se baver dessus quand y dort et son chauffeur laconico-slammeur. Ce trajet ne changera cependant rien, ni à sa vie (à Llewyn), ni à son oeuvre et il va même abandonner son chaton, pourtant la seule chose trop miiiiignonne de sa triste vie. C'est un peu un anti voyage initiatique, du coup, comme pour beaucoup de film des Coen (des anti-films avec des anti-héros, des anti-auteurs et des vrai branleurs). C'est pas mal, mais il y a beaucoup de folk, ce qui pose un peu problème à certains d'entre nous - en même temps, on peut en profiter pour aller pisser. Alors bon.

C'est le seul Villeneuve que je n'avais pas encore vu mais finalement pas le plus trash. Incendies raconte une histoire de famille compliquée sous forme d'enquête menée par des jumeaux à la recherche de leurs père et frère, une histoire bordélique dans les confins d'un pays bouffé par le désert et les conflits divers - ici des chrétiens contre des musulmans mais parfois pas tout à fait en fait - avec des personnages égarés par la guerre, la poussière et le boxon ambulant. On ne va pas s’appesantir sur les coordonnées œdipiennes (l'abandon, le désert, la reconnaissance, le pied percé) parce que tout peut être lu sans cet arrière-fond et garde une consistance quand même. Toujours un élément aquatique qui revient baigner l'histoire par intervalles, une révélation à la piscine municipale; toujours des plans en contraste de ces grands ensembles bétonnés gris, architecture de masse contre le sable cramé du désert et puis ces personnages officiels qui encadrent, accompagnent cette recherche avec un œil un peu froid, clinique qui contraste avec le truc intérieur très physique, violent, des protagonistes. 

The purge: election year, De Monaco, 2016
Inside Llewyn Davis, Coen, 2013
Incendies, Villeneuve, 2010

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