jeudi 2 avril 2020

Confinement total

Des bons films sur l’isolement et les gens chelous dans leur tête, pour ceux qui ne s’emmerdent pas encore assez ! Seul dans l’espace, seul dans les bois, seul dans sa tête : enfin des courageux qui ont osé dire NON aux apéros virtuels !

Seul dans l’espace, c’est Ad Astra, aka Brad Pitt tout seul dans l’espace à la recherche de son père et de sa grosse métaphore freudienne. Je me doutais que le film ne serait pas un chef d’oeuvre, c’était sans compter sur le scénario le plus affranchi de toute exigence de relative vraisemblance vu depuis longtemps ! Bradounet est donc le Sergent McMillan (qui nous fait un peu penser au McBain des Simpsons) qui donc est le fils d’un autre McMillan perdu dans l’espace à la recherche de Vénus et présumé disparu. Sauf que : et si il était pas mort ? Et qu’en plus, il fût responsable des « power surge » aucun idée de ce que ce terme recouvre, mais des trucs qui  font plein de morts un peu partout (parce que c’est comme ça, c’est dangereux les surge et pis c’est tout). McMillan est donc envoyé dans l’espace parce que lui seul peut parler à son Père et puis finalement on ne veut pas l’envoyer mais il y va quand même en s’accrochant au train d’atterrissage d’une fusée (ou à peu près). Ne racontons pas la suite, ce serait gâcher bien du plaisir – d’autant plus qu’on s’est un peu endormi à un moment. Tout ça est tellement métaphorique qu’on n’en a visiblement plus rien à foutre de toute vraisemblance un tant soit peu scientifique. Même Freud en boufferait son cigare. Que reste-t-il ? Des beaux paysages lunaires, des beaux paysages de la tête à Bradichou, qui ne vieillit définitivement pas, des scène d’action en rover lunaire qui ne servent à rien mais qui réveillent le spectateur endormi. Tout ça nous renvoie surtout à notre rapport au Père, aux paires et au pair.

Seul dans les bois, c’est Eric, un géomètre envoyé en mission pour cataloguer un terrain, un peu vague et qui n’a pas de nom – d’où le titre Without name. Tout seul dans les bois, Eric voit des trucs bizarres. Il prend des champis et voit des trucs encore plus bizarres. Etc. C’est un genre de film d’horreur écolo-contemplatif plutôt beau, avec des super images de forêt, pour ceux qui sont fan et des chouettes séquences stroboscopiques, pour ceux qui n’ont pas encore fait leur crise d’épilepsie d’aujourd’hui. Alors oui, c’est lent ; certes, il ne se passe pas grand chose ; mais franchement, en ces temps où tout le monde devrait se poser des questions sur le mode de vie que nous menons et se mettre enfin à respirer l’air des fleurs, à écouter des histoires jolies et à faire des risettes au petit chinois sur le bord du chemin, n’est-ce pas un film tout indiqué ?

Seul dans ta tête, c’est l’excellent Joaquin Phoenix, bien avant son Joker qui joue un aussi léger que complet dans The Master. Film déjà vu et dont je ne me rappelais quasiment pas, le deuxième visionnage est le bon. On y suit Freddie, un ancien soldat de 45 de retour à la vie civile. Le moins qu’on puisse dire, c’est que revenir de la guerre, c’est pas jojo (un peu comme nous quand on aura gagné la « guerre » sanitaire du moment quoi) et coup, Frédo galère un peu. Faut dire qu’on lui a beaucoup tapé sur la tête quand il était petit. Enfin, on suppute, car on n’en saura rien. Freddie croise sur sa déroute Dodd, aka the Master d’une cause dont on sait pas grand chose, si ce n’est que ça ressemble vaguement à une secte pseudo-scientifique (à certains égards, on peut penser à des trucs du style Wilhem Reich, en moins sexy). Dodd va s’attribuer les services de Frédo pour qu’il soit son sommelier en chef, à savoir qu’il lui prépare des bons petits tord-boyaux à base de térébenthine. Tout ça est fort décadent. On suit alors l’histoire de cette emprise, des pseudo-traitements de Freddie aux cuites héroïques de Dodd en passant par toute une petite organisation de type culte plutôt glauque. Le tout est fait impeccablement, jamais chiant malgré un format plutôt long, avec des images vraiment superbes et un Fred hyper convaincant et très malaisant, pour parler comme les jeunes. A voir avant de sombrer dans la folie !

Ad astra, Gray, 2019
Without name, Finnegan, 2016
The master, Anderson, 2012