vendredi 29 juin 2018

Ecran total

Un peu sans thématique mais pas décevant pour autant: sélection spéciale n’importe quoi.

Pas vraiment par choix mais plutôt par compromis, j’ai vu Ready player one. Film regardé par intermittence, entre les fois où je me suis endormie et les fois où j’avais mieux à faire tout simplement. Du coup, je n’ai pas pipé grand chose, si c’est n’est ceci : dans un monde où tout le monde est sur Seconde Life ++, un genre de jeu AR au look super old school et aux graphismes atroces (nostalgie 80’s ?),  les gens sont plutôt mal barrés. Car oui, ils sont tous dans un jeu superpuissant, mais dans la vraie vie, ils vivent dans des tonneaux et se nourrissent de cailloux, les pauvres. S’ils passaient plus de temps à d’abord obtenir un diplôme pour ensuite aller faire la révolution, ce genre de chose n’arriverait pas.  Mais que voulez-vous, avec cette jeune génération de branleurs millenial trop occupés à balancer du Manu à tout va, on s’en sortira pas. Tout ça pour dire que. Le gourou super cool qui a inventé le jeu meurt en laissant un super jeu concours digne de Radio Nostalgie (toi aussi tu connais le jeu des trois clés) car il faut ici aussi, récolter trois clés, hé oui, qui permettront d’avoir accès à ‘l’ensemble du jeu (ou d’en devenir propriétaire, ou un truc du style). Tout le monde se met donc à jouer dans tous les sens pour trouver ces clés. Là j’ai un peu raté ce qui se passe, mais en un coup, ils sont une petite équipe de joueurs aux avatars trop cool (on se doute donc qu’ils sont tous de joufflus pédophiles quadra  IRL) et cette petite troupe, hé bien, trouve les clés, hé oui, puisqu’ils sont des héros. Dans le jeu, il y a plein de méchants, qui sont aussi méchants dans la vraie vie. Il y a un mic-mac entre les deux pas évident à comprendre (là j’ai de nouveau u peu zappé le film). Il y a toute une scène délirante en mode jeu vidéo inspiré de Shining – espérons que Spipi ne se mette jamais aux jeux vidéos, il a réussi à presque gâcher le souvenir quasi parfait que j’avais du film – puis finalement, on trouve des clés, des gens se battent, une fille s’échappe. On découvre aussi les vrais visages de nos joueurs qui sont tous jeunes, beaux, cool et sans défauts majeurs. Hyperréaliste, on vous le dit. A la fin, il y a une grosse bagarre. C’est bien. Je n’ai pas compris la morale du film, si ce n’est que l’amitié, c’est bien, les pauvres, c’est cool et les méchants, c’est très méchant. Nice.

On m’en a rabattu les oreilles, j’ai donc fini par regarder The shape of water, film d’amour un peu fantastique, genre conte de fée à frissons pour adultes. Venant de Del Toro, ça promettait d’être au moins un peu sanglant quand même. L’intrigue est simple : une femme de ménage muette qui vit seule dans une petite routine de souris modeste, avec pour seul ami un vieux un peu retiré qui est obsédé par les tartes au citron et son ex, tombe amoureuse inexplicablement d’une homme poisson tout droit sorti du lagon bleu et qui est hébergé par l’entreprise de trucs scientifiques ultra secrets pour laquelle elle travaille. S’ensuite une histoire d’amour avec des rebondissements, des gentils, des méchants, et tout ça. Les 20 première minutes m’ont fait très peur : et si ce n’était qu’un Amélie Poulain 2, avec tout ce que ce film peut avoir d’épidermiquement horripilant (le faux vintage, la musique nostalgique à l’accordéon, les petites manies d’une vieille fille un peu timide, l’ami excentrique et leurs petits rituels neuneus, la meilleure amie de boulot ultra normale et bravache, le métier de domestique humble, la petite coupe au carré super moche, jusque dans l’amour pour les œufs à la coque) ? J’ai patiemment attendu que le film se transforme en bain de sang (ou au moins en pédiluve). Mais las, ce moment jamais ne survint. C’est donc très Poulain, avec au moins l’avantage qu’elle est muette et ne nous casse pas les couilles avec ses observations philosophico-Forrest Gumpesque sur l’existence. C’est déjà ça. Le côté conte de fée et ses codes n’est pas mal exploité, avec toute une imagerie de gangster à chapeaux ( Michael Shannon, wtf ?) et disons qu’on se prend au jeu dans la dernière demi-heure dans laquelle ça devient aquatique ( et sous l’eau, le silence). Pour le reste, c’est assez naze, on n’y croit pas une seconde – mais ça vient d’une personne qui a passé les 20 premières minutes d’Harry Potter à se demander pourquoi ce petit con ne se tire pas de sa cabane sous l’escalier si il est sorcier bordel).  Bref, les contes de fées, c’est plus de mon âge.

Pour me consoler, j’ai regardé Cronos du même Guillermo et je fus toute rafistolée. Histoire bizarre d’un antiquaire qui trouve une petite bête plutôt mignonne et toute dorée qui sort ses piques si on lui parle gentiment.  Ce vieux mécanisme étrange semble ragaillardir notre homme qui rajeunit de jour en jour. Sans compter sur des méchants, évidemment, qui veulent eux aussi mettre la main sur le joujou. Un peu un genre de fable sur le temps (avec beaucoup, beaucoup de références à la temporalité, du style un mec déguisé en réveil dans une soirée balck tie, super approprié), puisque c’est le titre aussi, il y aussi des thèmes de vampire, d’éternité, de rouages. La petit fille du vieux est vraiment épatante et absolument non-plussed au regarde des trucs chelous qui arrivent à son papy – dans le genre papy revient d’entre les morts et a la peau toute grisonnante qui se déviande, so what. Une vraie milléniale quoi.

Ready player one, Spielberg, 2018
The shape of water, Del Toro, 2017

Cronos, Del Toro, 1993

mardi 26 juin 2018

Total Netflix

En me mettant à Netflix, je savais que j'allais rejoindre Satan. C'est pas faux. Je ne cherche plus à regarder des films, je m'affale devant Netflix à la recherche d'un truc potable. Je ne m'intéresse plus à de nouvelles séries, je browse vaguement les trucs qui apparaissent dans mes suggestions dont l'algo m'échappe encore complètement. Je ne compte même plus le nombre de trucs commencés et abandonnés en cours, tels de mignons petits chiots qu'on perd sur le bord de la route lorsqu'ils ont cessé d'être choux. Je me sens un peu devenir une merde mais je le vis bien.

Alors, sur Netflix quoi de bon ce mois-ci (enfin, qui a surnagé pour une raison ou pour une autre)?
Des enquêtes, des policiers cool, des hommes-poissons à l'air inquiétant.

J'avais déjà vu Prisoner mais je l'ai revu avec beaucoup de plaisir parce que ce film est tout simplement excellent. Je ne sais pas à quoi ça tient mais c'est une tuerie. A partir d'une histoire banale d'enlèvement et d'enquête qui piétine, Villeneuve arrive à quelque chose qui se tient complètement, qui parle de plein d'autres choses et qui n'en fait jamais trop. Entre des histoires de justice personnelle et des questions morale assez vaseuses, un flic un peu mou mais pas que et surtout des très belles scènes de suspense, tendues à souhait. On aime retrouver les animaux qui glissent un peu partout, toujours en silence.

Gone baby gone raconte aussi une histoire d'enlèvement auquel se retrouve mêlé Pat (ce cher Casey Affleck, toujours flanqué de sa moue) , détective privé encore un peu mouillé derrière les oreilles et sa meuf, qui est aussi son assistante (comme c'est original). Une petite bien mignonne disparaît donc pendant que sa mère est au bouge du coin en train de se mettre de la poudre plein le nez. Bravo. C'est pas la mère de l'année, on pourrait donc penser qu'elle en est bien débarrassée de cette gamine mais non, elle la veut quand même récupérer. Les flics faisant un peu les mous, c'est la tantine qui va chercher notre ami Pat qui finit par tomber sur une embrouille de drogue plutôt compliquée et retrouver (ou presque) la gamine. Puis le film parle d'autre chose. Puis il reparle de la gamine. On ne suit plus trop . C'est dommage, parce que l'idée du truc n'est pas mauvaise, le cadre chouette, ça fait même un peu Mystic river parfois dans le noir, mais la ligne narrative est super chelou - un genre de fin mais en fait non puis encore un petit truc. Il y a aussi des débats moraux qu'on a trouvés franchement bizarres (genre il ne devrait juste ne pas y avoir débat mais bon) et du coup une fin un peu pathos avec laquelle on a du mal à compatir. 

Un truc phénoménal qu'on a regardé uniquement grâce à cette horreur de Netflix qui consiste à balancer des trailers à la fin d'un film si tu ne coupes pas à temps, The Titan, film dont il vaut mieux rire - parce que finalement, c'est aussi à ça que ça sert. C'est l'histoire de Rick mec sans histoire sélectionné pour un programme top secret trop cool qui vise à sauver la planète. Car dans ce monde futuriste, cette planète commence à craindre un peu des dents, on va donc se tirer sur une autre pour se mettre au chaud. Une idée qu'elle est géniale. Hélas, pour vivre sur Titan (la planète n°2), il faut des skills de fou furieux (genre avoir des branchies, respirer de l'azote liquide, être capable de remplir sa déclaration en ligne sans les mains). Rick va donc être un gentil petit cobaye, injecté de plein de trucs bizarres pour devenir un méga humain trop cool (il sait voler). Evidemment, ses petites camarades d'expérience vont tous crever. Evidemment, on se posera de grosses questions sur le bien fondé de cette idée à la con. Evidemment, on ne peut pas s'empêcher de se marrer en voyant ce pauvre Rick, devenu mi-poisson mimolette, jouer tout seul sur sa planète,  sur laquelle certes il survit, mais sans amis, sans possiblité de parler, sans capacité à s'émouvoir et surtout sans Netflix. CA m'a vraiment fait penser à SSSSS, ce film totalement absurde sur un savant fou qui veut transformer un homme en serpent afin que celui-ci sauve le monde en lui survivant: qu'est-ce qu'un putain de serpent va pouvoir rebâtir comme civilisation? En faisant sssssss avec sa langue? Grrrrrr avec sa sonnette? C'est un peu le même débat ici: au-delà de toutes les questions morales que pose le film (mouaha), c'est surtout la question de l'utilité: on est bien d'accord que ça ne sert à rien d'envoyer un peyot tout seul sur la lune même s'il est capable d'y vivre 150, à partir du moment où sa seule forme de communication consiste à cligner des yeux? Bref, on a ri. Heureusement qu'il y a avait du sang et des bagarres, sinon on aurait dormi et éteint. 

Prisoner, Villeneuve, 2013
Gone baby gone, Affleck, 2007
The titan, Ruff, 2018

vendredi 22 juin 2018

Sad And Bitching About Me.

Dieu décapitateur.

J'ai beaucoup fomenté sur une façon de nuire à la Sabam, après la triste démonstration de connerie d'hier au Café central. Finalement, je pense que c'est la créativité qui les fait le plus chier et qui a l'air de leur rester méchamment en travers de la gorge. 

Alors, à votre bon coeur:

Société Anonyme de Braqueur Artistiques Maudits. 
Système Autocratique Béat d'Assistés Maniaques. 
Saloperie Autonome de Braquemards Antisociaux Manipulateurs. 
Saison Autoproclamée des Barbelés Anachroniques Maussades. 
Salon Autogéré des Bureaucrates Assistés Mythomanes. 
Secte Anatomique du Barracuda Antithétique Malade.
Salade d'Avocats BIzarres Analytiques Mais (pas que). 
Sournoise Association Belge d'Apathiques Minables. 
Splendide Antinomie Batave Acronymique et Métaphysique.
 Sérieux Androïdes Bourgeois Angulaires et Médiocres. 
Suspicion Automatisée Barbare d'Anémones Mélancoliques.
Salopards Atrophiés Bons à Accaparer les Mérites.
Supoprters Actifs des Bonniches Antipathiques de Merde.
Soulards ArchaÏques de Base à Morigéner.
Saccage Actif de Beaux artistes Mignons.
Secrets Admirateurs du Berlusconisme Ambiant Moderne.
Sanguinaires Asssassins  de Bonne Ambiance Matinale. 

Si on s'y met tous, on aura bientôt une chanson. Et on pourra la déposer. A la Société Atrophiée des Baiseurs Amateurs et Maffieux.

jeudi 21 juin 2018

Teenage total

Trois films pur teenage avant  l’été, parce qu’être jeune c’est trop cool.

American Honey est un road trip initiatique dans lequel une meuf vaguement cool se tire d’une relation bien ripou pour rejoindre un groupe de jeune cool qui ont l’air de s’éclater comme des bêtes sur la route (genre ils dansent sur des tapis roulant de supermarché en écoutant du Rihanna). Woa. Trop coule. Bref. Star se retrouve donc avec cette petite bande qui survit de porte à porte en vendant des abonnements à des magazines. Papier. Un métier qui a de l’avenir s’il en est. Pour le côté vie facile, trop fun on s’éclate, on repassera donc, parce que pour vivre de ce genre de taf, il faut trimer comme un taré et se nourrir de croûte de pain. C’est à peu près ce que fait Star, s’acoquinant au passage avec un bellâtre à queue de rat qui a un Oedipe grrros comme ça et une moto qui fait vraoum. Cette vie a l’air tout sauf fun, mais ils écoutent beaucoup de rap très fort et fument des joints avec leur chien. Ze dream. Alors dans tout ça, Star apprend des trucs, visite des coins, rencontre des gens, tire son coup et prend des bain de minuit dans des rivières crados. On a du mal à comprendre l’intention du film, alors on va dire qu’il n’y en a pas, si ce n’est que de montrer une meuf qui se tire pour vivre des trucs. Qu’est-ce qu’elle en fait pour elle, bonne question, car on a peu de visibilité sur la tête à Star. En tout cas, pour le côté On ze road, on repassera, c’est surtout une épopée minable d’un groupe de paumés exploitée par une mère maquerelle en mode Fergie du pauvre. Mais comme dit plus  haut, ce n’était sans doute pas le but du film. Reste un côté un peu bizarre, entre rêve raté et mélancolie du film qui crève son écran lui-même.

Dans Room, notre jeune cool du moment s’appelle Ma et est enfermée depuis un bout de temps dans la cave d’un type bizarre. Comme elle était un peu seule, elle a fait un gamin et heureusement qu’il est là, parce que même si c’est petit à deux, ça occupe. Vivant en autarcie complète sans aucune idée d’un monde extérieur existant hors de sa télé, notre petiot a pourtant l’air pas trop cinglé (c’est dire).  Mais quid d’une sortie éventuelle de sa cave ? Pas du tout mal foutu, plutôt intelligent (difficile à dire que ça représente bien ce genre de situation, c’est pas comme si c’était un truc courant) et pas misérabiliste. Ça fait un peu penser au Wolfpack, ce documentaire sur une bande de frères élevés en autarcie via la télé et sans contact avec le monde : peu de commentaires, pas d’analyse, une voix off au niveau de l’enfant (parfois un peu casse-couille) et pas trop de pathos du coup. Difficile d’en dire plus sans en raconter trop : à voir

Enfin un film qui s’intéresse à un sujet qui nous brûle les lèvres : qui sont les influenceuses ? Et quels sont leurs réseaux ? Dans Ingrid goes West, on retrouve cette chère Aubray « April Lutgate » Plaza en groupie stalkeuse d’instastarlette de base. Ingrid est donc super mais super fan de Taylor, super célèb’ sur Insta, flanquée de son mec barbu/manbun et pseudo artiste, de sa déco brut/boho et de son projet de concept-store (awmagawd). Grâce à Insta, Ingrid suit et devient méga pote avec Taylor et atteint le graal suprême : être taguée dans une de ses photos (la classe). Mais tout est-il si rose derrière les écran de nos portables ? Les stars d’Insta ne sont-elles pas des personnes comme les autres, dans le fond ? Tout cela n’est –il pas un peu factice ? Toutes ces questions, affligeantes de banalités, sont posées dans ce film qui part un peu en couille sur la fin. Après un début plutôt chouette, entre satire et pathos, plutôt drôle, plein de gimmick de d’jeuns et de trucs fun, on attend un truc bien senti, ou au moins un peu intelligent mais pas vraiment. Tout se termine un style très teenage movie, limite GossipGirl avec plus rien d’ironique et des conclusions dans le style plates. La fin pourrait être digne de celle des Convoyeurs attendent – soit le réalisateur n’a pas osé, soit l’ironie est TELLEMENT subtile qu’elle est invisible (en tout cas pour des quidam dans mon genre). Dommage. 

American honey, Arnold, 2016
Room, Abrahamson, 2015
Ingrid goes West,  Spicer, 2017

mercredi 20 juin 2018

Texture of light









Cornwall, 2018