mardi 31 juillet 2018

Total Netflix

Des films avec des mecs mégas burnés et des meufs complètement inexistantes: merci les recommandations Netflix !

How it ends, enfin un film qui répond à tes questions existentielles. Il y a ce bon vieux Forrest (Whitaker) qui n’a pas changé de rôle depuis The Shield (il est très bon, mais ça commence à bien faire), à savoir celui du mec pas jouasse mais droit dans ses bottes, qui a l’air de rien comme ça mais qui peut te briser la nuque rien qu’avec son éthique de fer. Au final, il est gentil en fait. Mais c’est toujours un peu suspicieux. Bon ce bon Forest donc, est l’heureux père un peu œdipien quand même, d’une charmante jeune fille qui a visiblement toujours 10 ans dans puisqu’elle envoie son mec demander à son père (à elle donc) sa main et son autorisation de se marier avec elle (avec la fille, pas avec la main). Très moderne donc. Pendant que tous ces gens s’engueulent à l’autre bout du pays, il se passe quelque chose. On ne sait pas quoi, mais ça sent le merdier. Que faire quand tout va à vau-l’eau ? On prend sa bagnole, son flingue et son gendre et on traverse le pays - réponse à tout problème global. La paire va donc se retrouver coincée dans une bagnole, à vivre mille aventures plus fofolles les unes que les autres, et à partager leur nombreux fous rires et leur nouvelle entente sur Insta. Entre autres rencontres, celle d’une Indienne ambiguë plutôt couillue mais qui redevient une petite chose fragile dès qu’il s’agit de tuer quelqu’un (bah bravo). Comment cela se finit-il ? Hé bien il vous faudra se farcir ce film pour le savoir, qui, admettons-le est assez basique et plutôt mauvais. Le rôle du gendre, dont j’ai oublié le nom, est assuré par un bellâtre avec le charisme d’une moule de Zélande, Forest.... est Forest donc, tout ce qui se produit est plutôt prévisible et finalement un peu convenu. En plus, la porte est ouverte pour une suite. Si ça devient une franchise, ça sera au moins ouvertement risible (How it ends 2, 3, 4... How it started, the prequel etc.)

Calibre est un peu dans la veine de The ritual : des mecs burnés à mort qui partent faire des trucs de mecs burnés et pour qui ça tourne mal. Le tout dans des décors bien paumés et entourés de rednecks bien flippant. Vaughn et Marcus partent donc dans montagne chasser le caribou. Bon, disons que c’est surtout Vaughn qui mène la danse, l’autre ayant plutôt la gueule du meilleur –ami-doux-mais-qui-le-supporte-parce-qu’on-a-vécu-plein-de-trucs. Leur arrivée dans un petit patelin bien sympathique se passe plutôt bien, même si ça et là, des signes funestes se présentent à nos deux compères, qu’ils saisiraient s’ils n’étaient pas tellement occupés à être complètement cons. Bref un accident de chasse plus tard, et c’est l’embardée. Les choses se mettent alors à partir en couilles assez rapidement, mais pas forcément pour les bonnes raisons. Le reste est plutôt pas mauvais, avec une fin pas trop convenue. L’ambiance pesante, les lumières glauques, les consanguins sanguinaires, tout ça est fort sympathique.

Enfin, une histoire de vengeance qui tourne aussi mal, avec des gros rednecks, des types patibulaires et des gros drônes en fond sonore, c’est Sweet Virginia. Histoire d’un mec qui bute d’autres mecs. Et puis on veut pas lui filer ses sous. Et puis il se fait poteau avec un mec du cru mais de son coin. Et puis plein de trucs se passent comme ça, entre deux épisodes ultras violents. Y’en a qui ont trouvé ça lent, personnellement, j’ai trouvé ça pas mal intéressant. Entre l’histoire des meurtres, il y a quasi comme une tranche de vie, d’une communauté à un moment donné, avec un ensemble de détails qui ne sont pas forcément pertinents pour l’action mais qui en font partie d’une certaine manière. C’est dans une veine complètement différente d’un film du genre, et ça change un peu. Belle atmosphère aussi, plutôt lente et immobile, avec des grillages sonores qui prennent bien de l’épaisseur à certains moments. Pas de longueur dans l’ensemble et Christopher Abbott, qui fait super bien le mec hyper vénère.

This is how it ends, Rosenthal, 2018
Calibre, Palmer, 2018
Sweet Virginia, Dagg, 2018

mardi 24 juillet 2018

Ecran total

Une petite trilogie de drames dans des endroits un peu paumés – vous aussi passez vos vacances dans un endroit vert loin de tout !

The strangers raconte une histoire classique d’un jeune couple dans une maison isolée qui se fait embêter par des jeunes en manque d’imagination. On pense à Funny games, on s’emballe un peu et voilà. Un jeune couple donc, rentre d’un mariage un peu pompette et un peu fâché, pour une raison qu’on apprend assez rapidement. Le retour au chalet est donc un peu glauque vu les circonstances. A ceci s’ajoute des trucs bizarres – des bruits, des meufs chelous qui sonnent, un silence bien pesant et des silhouettes qui se meuvent sans bruit. Monsieur part conduire pour se vider la tête, c’est malin et laisse madame toute seule, pas bien. Petit à petit, des intrus s’introduisent mais pas vraiment franchement. Ils foutent surtout les boules à tout le monde et finissent par leur faire faire des bricoles. C’est franchement pas super excitant par rapport à ce que ça pourrait être : peut-être pour faire plus subtil et moins Funny Games justement, tout est dans la suggestion et le hors-champs, avec très peu de présence, de substance. Du coup ça traîne un peu parfois, on entend un bruit, un murmure peut-être (ou pas) et ça devient un peu gavant à la longue. Acteurs pas foufous non plus, à moitié catatoniques.

Incident in a ghostland raconte aussi un homejacking qui tourne mal. J’aime beaucoup Laugier mais il est parfois facétieux dans ses films qui sont tantôt démentiels tantôt meh. Celui-ci est vraiment entre les deux. Une petite famille monoparentale (menée par Mylène Farmer, rien de moins) se retrouve à emménager en pleine campagne suite à un héritage. Pas top pour les deux ados, sauf pour Beth, qui aime les trucs un peu dark et qui veut devenir écrivaine. A peine arrivée, les voilà victimes d’un gang au candy truck fou, qui n’a pas l’air de déconner. Fin du prologue. On les retrouve toutes les trois  ans plus tard avec le sentiment que quelque chose ne s’est pas passé comme prévu. Suspensme. En dire trop c’est péché donc je m’arrête là. Ce film est bizarre à suivre, on reste un moment dans un flottement à ne pas trop comprendre ce qui se passe et à se demander ce qu’on nous veut. Le truc devient intéressant dans la dernière demi-heure et là, on s’amuse. On est parfois pas loin du cliché (les poupées, le candy truck, les clowns maléfiques tout ça) mais tout ça est rendu avec une belle conviction qui fait plaisir à voir !

Un peu moins gore mais tout aussi paumé, Child of God est adapté d’un livre de Cormac Mc Carthy, que je ne connais pas. Le pitch parle d’un serial killer reclus dans les bois mais e vous y trompez pas : en fait de tueur fou, on voit surtout l’histoire d’un mec un peu cinglé qui finit par le devenir complètement. Un film d’apprentissage donc. Lester Ballard est donc un enfant de Dieu, un type un peu bizarre avec la gueule de travers et les dents en vrac. On finit par lui piquer ce qui lui reste de terres et le voilà paumé au fond des bois dans une cabane. Tout seul, comme ça, sans parler à personne, ça pèse un peu à Lester, qui va finir par se faire une amie cadavérique qui lui tiendra compagnie. Un peu glauque, certes, mais que dire des animaux en peluche géants qui regardent tout ça sans rien dire, hein ? Ce n’est pas vraiment un film de serial killer avec une enquête et des types qui font des plans sur un mur de motel avec une carte géante et des fils rouges partout. C’est plutôt l’histoire d’un mec pas super normal qui glisse doucement sans qu’on s’en aperçoive. Très peu de détails sur ses activités obscures, on le voit surtout se débattre, brailler dans tous les sens et montrer les dents (un peu d’abus dans le chicot d’ailleurs). 

The strangers, Bertino, 2008
Incident in a ghostland, Laugier, 2018
Child of God, Franco, 2013

lundi 23 juillet 2018

Total Batman

L’été et ses longues soirées au coin du feu aidant, je m’abreuve de trilogie. Cette semaine : Batman – la trilogie de Nolan, que j’ai enchaîné avec la grâce d’un type qui tape dans un ballon (je ne connais pas assez le foot pour faire une jolie métaphore).

Batman donc. Je connaissais déjà le jeu Lego et le film Lego, que j’avais bien aimé et que je comprends beaucoup beaucoup mieux. J’aimais déjà Christian Bale qui est pas mal (et qui joue le rôle de Bateman dans American psycho, je ne pense pas que ce soit une coïncidence mais bien un des multiples effets de l’ingérence russe dans nos affaires). Bref, j’étais parée.

Le premier volet est le plus frais, un peu mignon, fiat très naturel. Sous forme de récit initiatique avec des bouts d’enfance traumatisants, une rencontre avec le mal précoce, un exil qui finit évidemment en Chine et chez des moines chelou et une décision, celui d’être un mec trop bien. Après, ça va un peu vite – même si on apprécie les débuts un peu hésitants de Batman, ses premiers costumes, ses chutes farfelues le long des gouttières, huhu, tout ça est un peu gag. Mais la learning curve est ultra rapide parce qu’en deux temps trois mouvements, notre héros se retrouve avec un homme à gadget, une bagnole trop cool, et un ennemi digne de ce nom, à savoir son ancien boss (schocking). Bon on comprend parfois mal les motivations des protagonistes, surtout les méchants, qui ont l’air d’être méchants pour le pur plaisir d’être méchant. Ou bien parce qu’ils refusent à tout crin de réévaluer leur proposition de base, alors que bon, franchement, c’est bancal. Bon après, c’est un film d’action, avec des courses-poursuites, des bagarres de fou et de l’amour contrarié. Pas mal, mais sans plus.

Le deuxième remonte carrément le niveau, avec un méchant beaucoup plus sympa et beaucoup plus cohérent. Le tout prend une teinte carrément plus noire, avec moins de truc un peu love/neuneu, sauf la fin, et plus d’explosions. Certains trucs sont carrément pas logique du point de vue scénario mais il paraît qu’il faut arrêter de poser des questions. Suspension of belief, que ça s’appelle. Bon. On va plus loin dans les gadgets, avec des trucs très impressionnants (mais encore une fois, peu crédibles) et une moto qui fait Vroum. Les revirements Bien/Mal sont aussi spectaculaire qu’un kehre heideggérien – à savoir beaucoup d’effet pour un déplacement pas si grand au final. Le grand à fossette au menton m’a toujours semblé louche, et plutôt basique, je n’étais donc pas étonnée pour un sous de ce que son exosquelette éthique fût aussi malléable. Merci d’essayer de nous faire croire que Rachel est la même meuf que dans le premier film alors qu’elle est non seulement pas hyper ressemblante mais en plus assez mauvaise.

Le troisième redescend un peu parce qu’il retombe sur des trucs un peu facile : des espions russes, une prison paumée, un défi humain contre soi-même et sa propre peur (ça ne vous dit rien ? Bah si c’est le premier épisode hein), un méchant super méchant sans vraiment de raison. La différence, c’est le quota #meetoo puisqu’il y a deux femmes fortes et fort méchantes dans cet opus. On croit à mort aux levers de jambe de Catwoman (au moins autant qu’à la mort de l’autre) mais bon. Des meufs, wé. Le méchant n’est autre que Tom Hardy, que je n’ai reconnu qu’à la fin mais qui aime décidément beaucoup le concept gag-ball ou autre camisole de bouche (remember Mad Max). C’est dommage, il a une belle bouche. Encore un qui veut réussir avec son cerveau plutôt qu’avec sa grosse lippe. Bravo.  J’aime le méchant de cet épisode mais pas autant que l’autre. Celui-ci dit essaye d’avoir un discours qui ressemble à quelque chose de logique mais c’est juste bizarre – on dirait un peu Trump à un dîner russe. Bref. Des trucs de scénario hyper bizarres – pourquoi n’essaye –t-on de sauver qu’un bus de petits garçons ? Les autres peuvent aller se faire foutre ? Bon voilà.

En gros, on peut dire que le Batman est à la hauteur de son méchant : à très bon méchant, très bon Batman. A méchant moyen, Batman coquin. Bizarrement, ce sont les méchants sans vraie intention qui sont les plus réussis : ceux qui ont des trucs à dire, des machins à défendre, qui prennent trois plombes à t’expliquer la life que t’as pas compris avant de te zigouiller ton héros font un peu chier à la longue, un peu comme un vieux qui te chope à un arrêt de bus pour te parler de son clébard. OSEF, comme disent les jeuns. 

Batman begins, 2005
The dark knight, 2008
The dark knight rises, 2012