dimanche 29 avril 2012

Huh?

Beograd, 2011


Bon alors. Le nouvel album de Spiritualized déchire sa maman. Et ça m'a donné envie de réécouter tous les autres - je suck un peu, puisque je ne connaissais que Ladies and Gentleman, Let it come down et Songs in A & E - et de découvrir ceux que je connaissais pas.

Du coup j'ai compris pourquoi j'aime bien Spiritualized. Ça mélange un peu tout c'qui m'plaît: du blues, du gospel, de la pop british (Oasis = hystérie de mes 13 ans), des murs de sons, une petite voix plaintive, des orchestrations cathédresques et des paroles qui donnent envie de se pendre.

Sans entrer dans les détails - les experts en parlent mieux que moi - j'adore ce disque, il est trop beau et émouvant et joli et bien quoi. C'est triste et y a plein de chorus repris à l'infini dans un style bien Gallagher et de longues instrus pleines de distorsions. 



Je le trouve quand même moins bruitiste que ce que j'ai déjà pu entendre, mais finalement ça m'est égal: même sans spéculer sur le destinataire caché-métaphorique-métonymique de " So long you pretty thing", et sans rien comprendre à la vie et à la mort des artistes pop et à l'histoire du wok-n-woll, ce morceau est un des trucs qui m'a fait musicalement le plus de bien récemment. 




jeudi 26 avril 2012

Take me to the finish line


Born to die - que reste-t-il encore à dire sur cet album, surbuzzé et attendu par toute la presse musicale avec une sorte d'hystérie qui ne laissait rien présager de bon quant à la réaction de ladite presse à l'écoute de l'album. On ne va pas citer les mille et une review - dans un style "trahison/déception/impression de s'être un peu fait entuber"- mais c'est justifié, puisque l'album est un peu chiatique. En même temps on pouvait s'en douter un peu à l'avance, hein. 

Cela dit, il y a quand même quelques jolis sons et une certaine élégance nonchalante qui reste assez indiquée pour les premiers soirs d'été et la moiteur des après-midi dans les appartements sous les toits.

Et si quelqu'un a une hypothèse sur le couvre-chef à fleurs porté par la fille-là dans la vidéo, je suis preneuse. J'ai un peu de mal avec l'esthétique du bonnet de piscine/ iconographie religieuse kitsch/ lynchéanisme cheaposse. 

mardi 24 avril 2012

Haaaa... it feels good, doesn't it?


I've just realised the NOSO project is dead. This saddens me beyond words.

lundi 23 avril 2012

Boudiou!

Il est tout simplement faux (…) que le vote soit l'expression de la liberté des opinions. Il est en réalité surplombé par ce que j'appellerai le principe de l'homogène : tout le monde peut être candidat, mais ne peuvent venir aux places précodées du pouvoir possible que ceux qui sont conforme à une norme. En vérité, ceux dont on sait à coup sûr qu'ils ne feront rien d'essentiellement différent de ceux qui les ont précédés (…)

jeudi 19 avril 2012

This is the way the world ends / Not with a bang but a whimper



Je viens de me prendre une énorme claque en regardant Bullhead, premier long de Michael Roskam avec la performance simplement hallucinante de Matthias Schoenaerts: c'est un des films les plus physiquement éprouvants que j'aie vus. On parle beaucoup de la transformation de Schoenaert pour le rôle et ça m'avait rendue un peu méfiante - style " le-film-porté-par-un-acteur-qui-en-a-soulevé-de-la-fonte-comme-un-bâtard-pour-ça" mais ça va beaucoup plus loin que ça  Il n'y a pas moyen d'échapper au close-contact avec cet énorme type au physique de garçon-boucher flamand, aux épaules démesurées, aux gestes nerveux et amples, sursaturés de testostérone; une sorte de traversée de deux heures en équilibre sur un fil toujours à deux doigts de la rupture.


Ca m'a d'ailleurs fait penser à Warrior, dans le même style mais plus hollywoodien et aux bouquin de Craig Davidson, dont j'ai déjà parlé ici. C'est des films qui en ont, quoi.


La très très bonne nouvelle, c'est que Schoenaert reprend du service dans le prochain film d'Audiard qui sera, je vous le mets dans le mille, une adaptation d'une des nouvelles de Rust and bones. Avec un pitch pareil, je lui pardonne même le choix de Marion Cotillard.






mercredi 18 avril 2012

Huh?

          Beograd, 2010

I finally got my hands on the new Spiritualized album, Sweet heart, sweet lights. I do need time before I can say anything about this. Right now, I'm still processing the whole thing.

Spiritualized, Freedom

mardi 17 avril 2012

I can hear your heart

Vienna, 2012


Aidan Moffat, Good morning

dimanche 15 avril 2012

I scream, you scream, we all scream for ice-cream.

Vienna, 2012

La proposition initiale de la série Masters of Horror est intéressante: proposer des films d'une heure, sans lien les uns avec les autres, autour des personnalités du cinéma d'horreur. Le résultat final a été maintes fois commenté - ce qui est ressort, c'est l'inégalité de la qualité. Il y a quand même dans le tas des trucs à ne pas jeter - voire vraiment excellents. 

- Homecoming et The screwfly solution ( Dante) sont vraiment pas mal faits: dans le premier des soldats reviennent d'Irak zombifiés et décident de faire reconnaître leur droit de vote. Intéressant. Dans le second, une épidémie frappe la population masculine qui se met à assassiner sauvagement les femmes - elles sont impures aux yeux de Dieu. Dans les deux cas, l'horreur se trame sur fond de question sociale prise au dix-huitième degré, mettant à l'amende les petits travers de la société américaine ( puritanisme, impérialisme guerrier). 

- Pelts ( Argento): bon, là le scénario est assez basique - un manteau fabriqué de fourrures de ratons-laveurs a un pouvoir de possession sur les gens qui travaillent dessus et qui se mettent à  se prendre eux-mêmes pour des peaux d'animaux à coudre - mais il y a de l'inventivité dans le gore. La scène de couture de paupières par exemple. 

- Deerwoman ( Landis), histoire classique d'une créature mi-femme, mi-cerf, le tout sur fond de légendes indiennes. Le personnage principal d'enquêteur à la masse et relégué aux affaires d'attaques animales ( entre les morsures de caniches et les singes apprivoisés échappés) est très bon. Puis il y a des petits clins d'oeil de Landis à lui-même.

- Cigarette burns (Carpenter) qui parle d'une collectionneur qui cherche un film qui rend fou - dont il ne resterait plus aucune copie. Ici, pléthore de références au cinéma d'horreur et de science-fi ( Argento, Vincent Price entre autres) et une mise en scène intéressante du spectateur de film gore.

- Sounds like ( Anderson) avec le très très bon Chris Bauer ( vu dans The wire et True blood) qui est affecté d' une ouïe surdéveloppée. Son métier de contrôleur des appels dans un call-center le force à écouter les conversations des autres toute la journée, jusqu'au jour où quelque chose craque. La sensation d'entendre tout à la puissance mille est hyper bien rendue, jusqu'à la crispation physique.

- Dance of the dead ( Hooper) où dans un monde postapocalyptique, un meneur de cabaret fait fortune en faisant se produire sur scène des morts à qui on a injecté un composé qui ravive leurs fonctions nerveuses primaires. L'univers créé est convaincant et on a limite envie d'en savoir un peu plus - l'histoire principale qui tourne autour d'une relation mère-fille compliquée n'est pas d'un intérêt foudroyant.

Pour le reste il  y a des trucs moyens ( Imprint, The damned thing, Jenifer, Pro-life) , des trucs passables (Sick girl, Fair haired child) et des trucs franchement ridicules ( Dreams in the witch house, avec le rat à tête humaine, arf ) Maintenant, ça reste du cinéma gore, à qui on ne demande finalement pas grand chose si ce n'est de faire peur et de faire gicler les os et d'activer la pompe à sang. Alors, bon quand même.

jeudi 12 avril 2012

And we're so happy when we're dancing

 Perhaps the day is near when, 
no longer able to support the mountain of fear we have accumulated,
pushed to the ground under its weight we will.

Le Nederland Dans Theater est - à c'qu'on dit- une des meilleure troupe de danse du monde: ils présentaient hier soir deux ballets - plutôt un spectacle en deux parties - Papillon et Passion ( traduit librement par moi-même du néerlandais). Comme je n'y connais goutte en ballet, je m'abstiendrai de tout commentaire sur la technique, la chorégraphie et les choix de mise en scène, mais il  y avait quelque chose qui m'a beaucoup plu.

J'avais déjà vu le même NDT l'année passée, avec trois morceaux orchestrés par Jiri Kylian, qui m'avaient extrêmement impressionnée: ils étaient chacun unique et différent mais rentraient dans une logique d'ensemble et une esthétique qui leur permettaient de se prolonger l'un l'autre. Gods and dogs est probablement ce qui m'a le plus marquée - sans doute pour la scénographie monstrueuse de simplicité et d'efficacité.



Hier soir j'ai vu quelque chose de sensiblement différent - logique, puisque pas des mêmes chorégraphes. La scénographie est toujours une tuerie: une petite boîte en suspension tournant sur elle-même au gré  des mouvements du couple qui se cogne aux murs à l'intérieur, un paysage de couchant rétro-éclairé qui se découvre peu à peu derrière des cadres de portes successifs et qui se tire comme un rideau pour en finir. Les musiques choisies m'ont plu : j'aime Beethoven et j'aime le blues-folk graisseux ironique. C'est la première fois que je remarque à quel point l'utilisation de chansons ( avec des paroles donc) dédramatise la danse, médiatise la présence directe du corps, dé-anxiogénise la proximité des corps tendus, tordus.  On perd probablement quelque chose de l'effet sur le spectateur du même coup. L'ensemble m'a donc moins "prise", mais les danseurs en collision permanente, la tristesse lancinante des amants déçus et la vivacité sèche des isolés enfermés dans leurs gestes répétés compulsivement, ça reste grave ma came.

Et puis il s'est passé quelque chose d'étrange, une chose à laquelle je n'avais pas encore assisté: à la fin de la première partie, le danseur principal est resté sur scène, figé dans sa dernière position. Les lumières se sont rallumées et la salle s'est mise à bruire des questions du public - Y avait-il une pause ou non? Après 5 bonnes minutes, les premières personnes ont commencé à se lever et à partir de ce moment-là, le danseur est resté seul sur scène: il a traversé celle-ci, toujours sous la poursuite, jusqu'à sortir en coulisses, dans l'indifférence générale- des applaudissements ont tout de même salué sa sortie définitive. Sortie qui a été directement suivie de l'entrée, de l'autre côté de la scène, d'une danseuse, qui a elle aussi évolué sur scène pendant un bon quart d'heure, accompagnée parfois de musique. Il a fallu que les lumières s'éteignent pour que commence le "vrai" spectacle. Je ne pense pas que ceci ait été le résultat d'une mauvaise compréhension du public, puisque ces deux personnages étaient les esseulés, les abandonnés du spectacle. Le premier, comme rebut d'une sorte de triangle amoureux dans lequel il sera éternellement l'intrus, le deuxième comme vieille carcasse, mi-chaperon rouge, mi-zombie qui se roule par terre et s'avance jusqu'au bord de la scène comme pour réclamer l'attention qui lui est due et qui reste dans ce drame d'être toujours vue sans jamais être regardée. Peut-être une remarque douce-amère sur nos yeux habitués à regarder ce qu'on nous donne à voir - qui les regarde, toutes ces minuscules personnes qui traversent l'horizon hors des lumières en rasant les murs?

lundi 9 avril 2012

Flou.



Bordeaux, 2011


vendredi 6 avril 2012

Be my own pet.



Dear Pitchfork.com,

Already four year, and what I thought would only be a fling has turned in a uninterrupted romance.

Dude, I love you. When I met you, I was a mess: ten years of industrial R'n'B, one of french death metal and two of whatever-Ibiza-like-electronic-crap had made my musical taste both twisted and creepy. Then an obscure friend told me to check a review on your website and I've started to read. And I've perused and scrutinized and devoured. And I, like, totally didn't get most of what I was reading, but I persisted, because I was sure we would come to an understanding you and I. 

I've always pictured you as a tall beardy thirty-something wearing a lumberjack shirt, with vintage ray-ban on. In my wildest dreams, you ring my door, hand me an organic coffee in one of this completely antinomic disposable-but-recyclable papercup and we head to your loft and we have awkward sex (= I realise that under your slouchy wool cap you're bald and 40, and I kinda feel like I'm having intercourse with Louis C.K.) while listening to weird bands. Then we discuss Frantzen's books and whether to go to Sundance this year - is it getting too mainstream?

Well, anyway, after years of trying hard and complusing my Oxford Thesaurus, I can proudly say I'm au fait  with most bands you're talking about. To be honnest, I still don't get everything you say. But it's beautiful. And when the sun set in the wild and tentacular city I'm currently inhabiting, only your warm and sibylline words can apease my soul.

"I can't help but think of each song here as having some sort of vehicular spirit animal, so to speak."
"After a front-loaded opening and sprawling, bewitching midsection, Kill for Love resurfaces with two tracks that encapsulate what Chromatics do, in an uncompromising way that's sure to confound as many people as it awes."
"The result is something that sounds strangely alive and heavily dynamic, where patterns shift and forms morph so subtly and patiently that it's hard to tell exactly what's going on at any moment, like a fractal that actually changes shape as you go further down to its core."


WOW.


Well, sometimes we do disagree. Like what you said about this Mark Lanegan's new album: what's with that? Are you jealous 'cause he's got nicer flannelshirts than you? A resentful frog newspaper called you once "beardy-chicago-based-maffia", but they're just bitter 'cause they're stuck with their soles stupid batracian bands to review.


You shouldn't worry, for you're still my favourite hipster.


Yours, always.


El Chicón.

mercredi 4 avril 2012

Anteroom

Bratislava, 2009

On habite toujours dans un espace, clos, on ne court jamais bien loin, les voitures suivent des routes, les trains des rails, les avions, les fusées ne rejoindront jamais l'infini. 
On se cogne toujours quelque part.

Régis Jauffret, Claustria.

Parler d'un fait divers sordide sur 500 pages, c'est une idée qu'elle est bizarre - même si la littérature de gare regorge de livres de circonstance écrits par d'obscurs auteurs à tout jamais anonymes - mais pour des raisons que je détaillerai plus bas, j'ai attendu avec une impatience digne -ou pas- le nouvel opus de Jauffret. Comme le bouquin a mis pas mal de temps à m'arriver  et que j'étais toujours plongée dans The Corrections de Frantzen, j'ai seulement fini de le lire récemment.

Alors, Jauffret c'est vraiment un des rares auteurs français contemporains qui me fasse kiffer et qui me fait un peu peur en même temps - ceci expliquant sans doute cela.  Microfictions était juste génial, et le reste est du même niveau: c'est extrêmement bien écrit, sans pathos et sans poésie excessive, fluide et précis, avec des morceaux de pure haine entre les dents.

Jauffret est une sorte de démiurge nitzschéen ordinaire de la minabilité. Il y a cette obsession de puissance qui transpire à toutes les pages, et dont Claustria est un peu l'aboutissement ultime - le rêve tordu d'un homme qui veut fonder une famille qui se renouvellerait éternellement et qui transcende par-là les règles de base de saut des générations.  Dans Microfictions on retrouve déjà ces millions de petits personnages aux vies insignifiantes qui fomentent des attentats dans le secret de leur chambre de bonne, maris frustrés qui s'adressent dans le vide à leur femme infidèle, parents aigris qui sabotent leurs enfants, vieillards amers qui assassinent leurs voisins. Clémence Picot est du même tonneau, ainsi que Univers, Univers.

Ce qui marche éminemment bien, c'est que cet thème qui revient et qui est ressassé l'est dans une démultiplication infinie des récits, des points de vue, des voix parlantes, des narrateurs - en fait, plus une fonction qu'une véritable incarnation. Claustria ne raconte pas le fait divers, mais toutes les histoires, petites ou inessentielles qui s'y sont accolées - le locataire du dessus, l'auteur qui enquête, les habitants de la cave, les enfants des années après. On dépasse largement la dimension sordide - même s'il faut reconnaître que c'est pas franchement rigolard - et on atteint une sérialisation, un mécanisme fou qui s'autoengendre - si j'étais mesquine, je caractériserais ça de deleuzien.  Le procédé est le même dans d'autres livres de Jauffret et c'est là que ça se situe: il arrive à une sorte de logorrhée sans terme, sans but, qui semble se nourrir d'elle-même, qui circule à la surface du sens des histoires qu'elle raconte sans jamais prétendre en dire quoi que ce soit. En fait, on peut lire certains de ces bouquins à la façon d'un livre qu'on reprend à chaque fois à un autre endroit, sans jamais vraiment se préoccuper de la chronologie - c'est un livre/tous les livres, à la façon d'une force proliférant sans qu'on puisse en déterminer le sens - la direction. Y a donc du fond qui crée la forme et vice-versa. Pour ceux qui ont bien suivi.

lundi 2 avril 2012


                                 

J'étais dans la presqu'île. Il s'y dresse une citadelle intérieure, il y règne un silence éternel. Puisque le monde était hostile, j'avais choisi d'être à moi-même mon propre lieu, mon propre et unique habitant.

Vincent Message, Les veilleurs