samedi 27 avril 2013

Ecran total

J'ai revu Import-Export pour des raisons documentaires: je l'avais déjà vu à sa sortie et je m'en souvenais assez bien: itinéraires croisés d'une jeune ukrainienne et d'un jeune autrichien, qui se retrouvent chacun dans le pays de l'autre, je me souvenais surtout des longs plans très frontaux des cités-dortoirs des deux pays, créant une sorte d'homogénéisation du paysage et des scènes dans la maison de retraite. Je suis toujours aussi fan de Seidl et de la façon dont il construit ses plans, très fixes, très photographiques et sans beaucoup d'empathie qui rendrait le tout trop mélo. J'ai d'ailleurs été étonnée d'apprendre que le film dure plus de deux heures, il ne m'a semblé long ni la première, ni la deuxième fois. 

Tito i ja ( Tito et moi) est un  film mignonnet sur un petit gros, fan de Tito, qui se retrouve un peu malgré lui embarqué dans une marche à la gloire du leader yougo. Malmené par son chef-scout staliniste (il a une belle moustache!), il galère un peu mais fini par s'en sortir et ruiner l'hommage. Bon, je ne l'ai regardé que d'un oeil distrait, alors certains traits ont dû m'échapper - dans l'ensemble, c'est gaiiiii à voir, le monde à travers les yeux d'un enfant qui mange les murs (!), tout ça, cela dit, les enfants, ça va un peu mais bon. On retrouve quelques acteurs d'Otvorena Vrata, série culte de l'époque - ça fait toujours bizarre, mais étrangement, ils jouent des personnages assez similaires.

Tri palme za dve bitange i ribicu dépeint cette époque bizarre de l'isolement de la Serbie ( alors encore Yougoslavie) lors des sanctions économiques et de la guerre de Bosnie. L'inflation canon, le marché noir, la pénurie, le bordel général: tout ça pris d'un point de vue plutôt potache, un peu cartoonesque qu'on retrouve dans pas mal de film produit à cette époque. Histoire d'un braquage foireux  et d'une association douteuse entre un militaire démobilisé, une opératrice de téléphone rose et un type qui vit sur un bateau. Tout ça fini plutôt bien, malgré les Piouw! Bim! et les mouvements de karatékas ratés des protagonistes.

Kako je propao rokenrol est plus vieux d'une  dizaine d'années, et pourtant, il est aussi dans ce type de traitement - dans le style de Mi nismo andjeli par exemple. Surdose de kitch, de références au cinéma américain mais déformées et agrandies, plein d'effets spéciaux normaux. Trois récits qui n'ont en commun que de se passer à Belgrade ( et d'être patrouillé par la même fine équipe de brigadiers); je pense que mon préféré est celui qui raconte un pari entre un fils et son père qu'il parviendra à vendre plus de disques en faisant de la musique moderne que des chanteurs nationaux ( concept assez compliqué à expliquer, parce que sans équivalent réel en France ou en Belgique je pense: les "narodnjak" sont des chanteurs qui chantent des chansons traditionnelles, qui se ressemblent un peu toutes mais qui sont connues par un nombre impressionnant de gens, y compris jeunes générations. Voici probablement quelques unes des plus connues) Bref donc, pari tenu,, le jeunot crée un personnage de toute pièce, un chanteur ninja, qui fait des hit à base de " Mais qui est ce ninja? C'est un yougo ninja, yo". C'est drôle quoi. Les deux autres récits sont aussi déments et les interludes entre chaque, présentés par un rappeur aux dents vertes, entre le slapstick et les Monty python.

Import-Export, Seidl, 2007
Tito i ja, Markovic, 1992
Tri palme za dve bitange i ribicu, Andric, 1998
Kako je propao rokenrol, Gajic, Pezo, Slavica, 1989




mardi 16 avril 2013

Yay! Spring! Again!

There is so much awesome new discs I wanna blab about, I dunno where to start!

Thee Oh Sees!


Poni Hoax!


Woodkid!



I'll do it when I have time! Yay!

lundi 15 avril 2013

Ecran total

L'idée de base de 4h44 last day on earth n'est pas révolutionnaire - on va tous mourir dans 0 heures, quoi faire- mais le film tiré par Ferrara est finalement pas mal du tout: pas vraiment de grandes considérations sur l'existence humaine et ses conséquences, mais tout un tas de trucs finalement assez banals autour de la mort imminente - des ex qui reviennent, des vieilles tentations, des mères qui se plaignent et des proprios salauds. William Dafoe est quand même un putain d'acteur et le final en forme d'apocalypse blanche bien mérité.

Une femme est une femme m'a appris que Brialy est pas mal dans le genre Léaud, mais en plus trencheux. Anna Karina a un tel accent par contre, qu'on peine un peu à comprendre certaines choses, mais ça fait sans doute partie de son charme (?). Un film comme une ode à la femme et à ses désirs petit-bourgeois: on a du mal à démêler s'il s'agit de misogynie ou d'un lapsus social-traître de Godard. Le mime de Tirez sur le pianiste est terrible ( j'avais deviné du premier coup!).

Decak koji obecava ( un garçon qui promet) pose aussi problème de ce point de vue: film sur la révolte adolescente et la naissance de la new-wave en Yougoslavie, difficile de rater la puissance du rôle de normalisation que jouent les femmes - les 10 dernière minutes sont à cet égard juste atroces, entre un père à moitié impotent, une mère à base de " Tu ne peux pas m'en vouloir, c'est moi qui t'ai mise au monde", une copine trop gentille et sa mère en embuscade sous la table, on comprend que le pauv'Slobodan Milosevic (!) finisse comme l'agent Dale Cooper après que la Loge Noire lui ait piqué son double ( la tête dans le miroir). Y'a bien des moments où on veut détester Slobo, genre quand il fait de la new-wave soupesque avec un jeu de scène tout pourri, mais tout ça a un côté assez meugnon finalement et ça a le mérite de faire péter la musique joyeuse, genre Depresija.

Angel's share est peut-être un signe que Loach, tel un Hanneke moderne mollit: ce film termine bien. Le réflexe pavlovien veux qu'on attende la couille  qui va tout foutre en l'air tout le long du film qui ne vient pas. Ça fait bizarre, mais c'est aussi vachement agréable. Le sujet - la réinsertion difficile d'un jeunot qu'est tout repenti - est traité avec un angle assez original - le whisky- et il y a quelques trouvailles ( + de l'accent écossais à plein).

J'ai réussi à finir My bluberry nights, mais c'est vraiment parce que j'en veux grave. Je me suis rarement fait autant chier devant un film. Cela dit, je me rend compte que 2048 ne m'avais pas marquée outre mesure - si ce n'est que j'étais sortie de la salle. Peut-être est-il temps d'arrêter d'essayer WKW?

4h44 last day on earth, Ferrara, 2011
Une femme est une femme, Godard, 1961
Decko koji obecava, Radivojevic, 1981
Angel's share, Loach, 2012
My bluberry nights, Wong Kar Wai, 2007

samedi 13 avril 2013

Waiting for the sun




Woodkid - Boat song

Bim! Baf! Biff!

Un peu par hasard, quelques films chopés autour du BIFF - ou dans le style.

Mama, un film sur l'amour maternel et qu'il est vilain. Deux peutiotes abandonnées - pourquoi? début un peu elliptique -  dans les bois pendant un bon moment retrouvent la civilisation et leur oncle qui vit avec sa meuf ponque - Jessica Chastain, qui porte pas trop bien la basse. Hélas, leur mama, créature mi-figue mimolette laisse son narcissisme phallique prendre le dessus et tente, toutes tentacules dehors de récupérer ses gamines. L'ensemble est vraiment réussi, malgré le côté Jamie Lannister de l'oncle en question, mais on regrette un peu l'overdose de monstre face-caméra vers la fin. Faut dire qu'elle est flippante - elle flotte au plafond, brrr - mais à force, on finit presque par l'adopter, la fifille.

Fresh meat est un film australien sur le cannibalisme. Pitch assez banal de famille-ordinaire-de-banlieue-mais-pas-que-sur-qui-tombe-par-hasard-une-bande-de-truands-qui-vont-dérouiller et réalisation sans trop de surprise ( lesbianisme soft, tshirt mouillé et gros calibres), mais avec un petit côté multiculturel piquant: les aborigènes sont nos amis et il faut les manger aussi.

Johnny dies at the end  reste hors de ma portée. Soit trop, soit pas assez défoncée pour regarder un truc pareil, je n'y ai absolument RIEN compris. Il y a une histoire de drogue assez hardcore, qui fait des trucs qu'on sait pas trop; en tout cas les gens se voient différemment qu'ils sont et y a des monstres partout. J'ai très envie de le revoir dans des meilleures conditions pour essayer d'y entraver quelque chose. La seule chose qui est sure, est que Johnny ne meurt pas à la fin. Bigre. 

Himizu ( BIFF 2012) est un des premier films post-tsunami japonais que je vois et comme on peut s'y attendre, est un bon truc de psychopathe. Sumida et Keiko, deux minots qui devraient être en cours en train de s'envoyer des mots, sont poursuivis par deux paires de parents atroces qui leur construisent des potences auxquelles se pendre et leur refourguent des dettes de yakuza de batards. Dans tout ce bordel, Sumida qui voudrait surtout zoner tranquille et louer des bateaux, part un peu en sucette, entre une bande de paumés qui font des cabanes dans son jardin, une Keiko éprise qui collectionne les cailloux et un prof qui lui répète qu'il est une fleur, ça finit en errance hallucinée dans la ville - et plus si affinités.

Dans The barren (trouvé  ici), il y a Stephen Moyer qui joue et moi, il me rend toute chose, ses grands yeux épouvantés, son teint à nul autre pareil, son front froncé quand il souffre, rhaaaa.
Bref, je me suis jetée sur le film comme la faim sur le monde et je ne fus point déçue: d'un week-end de camping qui tourne mal, on passe à une intéressante histoire de diab' à tête de bouc et de rage canine. Diamétralement opposé à Mama en terme de présence de monstre, ça confirme finalement que rien voir, ça fait quand même méga plus flipper.

Mama, Muschietti, 2013
Fresh meat, Mulheron, 2012
Johnny dies at the end, Coscarelli, 2012
Himizu, Sono, 2011
The barren, Bousman (!), 2012

vendredi 12 avril 2013

Ecran total

J'ai vu pas mal de films récemment sans parvenir  à trouver le temps de rassembler tout ça sous forme lisible, alors je me suis dit que j'allais faire ça sous forme imbitable, ce qui changera peu finalement.

Des films de serial killer d'abord:
Surveillance est un film de Lynch - fille de - et il est pas mal, même si le twist final est un peu prévisible. Bonne ambiance de poste de police de province, jamais très loin de Twin Peaks ( le plan sur la machine à café! ) et très bien pour le côté "les enfants, ces abominables traîtres". Un truc qui perturbe quand même beaucoup, c'est la tapisserie Doe Deer - visiblement un truc courant - qui est la même que celle du générique de Parks and Recreation. Du point de vue de l'intertextualité, pas génial - ou encore plus wicked?

Chained est le dernier de la Lynch précitée et est lui bien ancré dans le malsain: sorte d'Emile du serial killer, on comprend de conserve avec notre pauvre père de substitution l'utilité de la lecture compulsive d'encyclopédie médicale et on se pose des questions kantiennes quant à l'éducation d'un enfant récupéré sur une banquette arrière de taxi. On apprend également à se méfier desdits taxi. Les relations parent-enfant n'ont pas l'air bien jouasse chez les Lynch: ici, sur le thème " les parents, ces enflures de première".

Manhunter est une première version du Dragon Rouge de Harris. Je n'ai pas vu le remake, mais j'ai un souvenir très vif du Silence des agneaux dans le genre trauma infantile profond, et j'aime plus cet Hannibal-ci, avec un accent anglais et une petite mèche - je découvre du coup Brian Cox qui joue dans un nombre de films assez hallucinant. La relation Hannibal/agent du FBI y est nettement plus intéressante que le truc avec Clarisse Machin et les supers synthés et autres orgues électriques envoient bien de la purée. Ça , et quelques plans architecturaux déments:

Quelques films du cru:
Rane  sur l'entrée de deux ados dans le milieu de la pègre, le tout sur fond de guerre de Yougoslavie, d'embargo et de fierté nationale. Pas encore certaine d'aimer tout dans le style de Dragojevic, mais on retrouve des petits tics déjà aperçus dans Mi nismo andjeli ( surenchère kitsch, montage frénétique et voix off, style Amélie Poulain sous LSD albanais).

Lepa sela lepo gore laisse la même impression: point de vue esthétique, tout à fait dans la lignée de Rane et point de vue du contenu, difficile à démêler entre histoire, réhabilitation, montrage "de la vraie vérité crue qu'elle fait mal " et ode nationaliste. C'est probablement un peu de tout ça et c'est peut-être par l'entassement d'angles de vue que le film s'en sort plus ou moins du point de vue idéologique ( quoique...)

Varljivo Leto 68 est un film culte, dont l'essentiel réside dans une scène de malaxage de seins qui fait ( physiquement) mal à regarder, mais qui a visiblement marqué des générations de petits yougoslaves. Récits mêlés de l'été 68 et du déniaisage de Petar - qui a raté son bac, le flan- le film  est intéressant pour cette idée de la présence de l'histoire comme une petite musique au loin et à travers les écrans et les postes de radios - ce qu'ils disent, montrent et le reste.

Ko to tamo peva est semblable dans l'utilisation de l'angle de l'histoire vue par la lorgnette. Epopée entre Tati et Bouli Lanners à travers la Serbie de 1941; galerie de personnages et de petites tranches de vie, tous rattrapés par l'impact final. Un petit côté comédie musicale aussi.

Surveillance, Lynch, 2008
Chained, Lynch, 2012
Manhunter, Mann, 1986
Rane, Dragojevic, 1998
Lepa sela lepo gore, Dragojevic, 1996
Varljivo leto 68, Paskaljevic, 1984
Ko to tamo peva, Sijan, 1980