jeudi 21 juin 2018

Teenage total

Trois films pur teenage avant  l’été, parce qu’être jeune c’est trop cool.

American Honey est un road trip initiatique dans lequel une meuf vaguement cool se tire d’une relation bien ripou pour rejoindre un groupe de jeune cool qui ont l’air de s’éclater comme des bêtes sur la route (genre ils dansent sur des tapis roulant de supermarché en écoutant du Rihanna). Woa. Trop coule. Bref. Star se retrouve donc avec cette petite bande qui survit de porte à porte en vendant des abonnements à des magazines. Papier. Un métier qui a de l’avenir s’il en est. Pour le côté vie facile, trop fun on s’éclate, on repassera donc, parce que pour vivre de ce genre de taf, il faut trimer comme un taré et se nourrir de croûte de pain. C’est à peu près ce que fait Star, s’acoquinant au passage avec un bellâtre à queue de rat qui a un Oedipe grrros comme ça et une moto qui fait vraoum. Cette vie a l’air tout sauf fun, mais ils écoutent beaucoup de rap très fort et fument des joints avec leur chien. Ze dream. Alors dans tout ça, Star apprend des trucs, visite des coins, rencontre des gens, tire son coup et prend des bain de minuit dans des rivières crados. On a du mal à comprendre l’intention du film, alors on va dire qu’il n’y en a pas, si ce n’est que de montrer une meuf qui se tire pour vivre des trucs. Qu’est-ce qu’elle en fait pour elle, bonne question, car on a peu de visibilité sur la tête à Star. En tout cas, pour le côté On ze road, on repassera, c’est surtout une épopée minable d’un groupe de paumés exploitée par une mère maquerelle en mode Fergie du pauvre. Mais comme dit plus  haut, ce n’était sans doute pas le but du film. Reste un côté un peu bizarre, entre rêve raté et mélancolie du film qui crève son écran lui-même.

Dans Room, notre jeune cool du moment s’appelle Ma et est enfermée depuis un bout de temps dans la cave d’un type bizarre. Comme elle était un peu seule, elle a fait un gamin et heureusement qu’il est là, parce que même si c’est petit à deux, ça occupe. Vivant en autarcie complète sans aucune idée d’un monde extérieur existant hors de sa télé, notre petiot a pourtant l’air pas trop cinglé (c’est dire).  Mais quid d’une sortie éventuelle de sa cave ? Pas du tout mal foutu, plutôt intelligent (difficile à dire que ça représente bien ce genre de situation, c’est pas comme si c’était un truc courant) et pas misérabiliste. Ça fait un peu penser au Wolfpack, ce documentaire sur une bande de frères élevés en autarcie via la télé et sans contact avec le monde : peu de commentaires, pas d’analyse, une voix off au niveau de l’enfant (parfois un peu casse-couille) et pas trop de pathos du coup. Difficile d’en dire plus sans en raconter trop : à voir

Enfin un film qui s’intéresse à un sujet qui nous brûle les lèvres : qui sont les influenceuses ? Et quels sont leurs réseaux ? Dans Ingrid goes West, on retrouve cette chère Aubray « April Lutgate » Plaza en groupie stalkeuse d’instastarlette de base. Ingrid est donc super mais super fan de Taylor, super célèb’ sur Insta, flanquée de son mec barbu/manbun et pseudo artiste, de sa déco brut/boho et de son projet de concept-store (awmagawd). Grâce à Insta, Ingrid suit et devient méga pote avec Taylor et atteint le graal suprême : être taguée dans une de ses photos (la classe). Mais tout est-il si rose derrière les écran de nos portables ? Les stars d’Insta ne sont-elles pas des personnes comme les autres, dans le fond ? Tout cela n’est –il pas un peu factice ? Toutes ces questions, affligeantes de banalités, sont posées dans ce film qui part un peu en couille sur la fin. Après un début plutôt chouette, entre satire et pathos, plutôt drôle, plein de gimmick de d’jeuns et de trucs fun, on attend un truc bien senti, ou au moins un peu intelligent mais pas vraiment. Tout se termine un style très teenage movie, limite GossipGirl avec plus rien d’ironique et des conclusions dans le style plates. La fin pourrait être digne de celle des Convoyeurs attendent – soit le réalisateur n’a pas osé, soit l’ironie est TELLEMENT subtile qu’elle est invisible (en tout cas pour des quidam dans mon genre). Dommage. 

American honey, Arnold, 2016
Room, Abrahamson, 2015
Ingrid goes West,  Spicer, 2017

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