dimanche 23 décembre 2018

Total America

En plein dans la lecture de l'excellente revue America (profitez-en, ça ne durera pas), je fais le plein de héros bien amerlo avec des serial-killer, des astronautes, des ados enragées: weehaa.

First man raconte l’histoire de Neil Amstrong, le premier homme sur la lune donc. Je déteste un peu Chazelle donc j’ai eu du mal à m’y mettre mais j’ai survécu. Le film choisit de raconter surtout l’histoire de l’homme en plus de l’histoire du héros : sa vie de famille, ses enfants trop choux ; sa chère épouse qui reste sagement à la maison – c’est vraiment fa-sci-nant. Comme ça, on sait que lui aussi c’est un homme (c’est con, j’ai toujours cru que c’était un un playmobil géant qu’on avait envoyé en orbite). Bref, Neil est un homme donc, il a ses doutes, ses craintes, il a peur parfois, dans son petit vaisseau spatial, il est triste aussi, quand ses potes se font cramer par un court-circuit, il est heureux, évidemment, quand il sautille sur la surface lunaire, parce que c’est quand même de la balle. Tout est un peu convenu quand même mais c’est mignon de voir une tentative de sortir du film de héros pour retomber dans le cliché du film du héros-que-c’est-un-homme-quand-même-merde. Certaines choses sont intéressantes comme : l’aspect boîte à sardines de certaines navettes (c’aurait été pour des playmobils, à la limite mais là...), le ressenti assez flippant d’un truc qui tourne dans l’espace et surtout, surtout, la tristesse infinie du type qui reste dans la station pendant que les deux autres vont faire joujou sur la lune – c’est à lui qu’on devrait consacrer un film. Demandons à Herzorg tiens. C’est pas mauvais niveau effets spéciaux, il y a beaucoup de musique (un peu trop diront certains et pas toujours très subtile) mais notre cher Chazelle a au moins évité d’en faire une comédie musicale en combi argentée (voilà une autre idée de film. Parlons-en à Werner, tiens).

The house that Jack built est la dernière livraison de Lars von Trier. Gentil film narratif, pas trop contemplatife pour une fois, avec des anecdotes et tout ça : quel bonheur. Jack est un putain de serial killer. Il bute plein de gens, sans distinctions et les range tous dans un grand garde-manger, avec sa réserve de pizzas. On suit son parcours original en 5 petites histoires, plutôt cool, chacune avec son meurtre – franchement pas si gore que ça, faut pas déconner – et sa bonne dose de dialogues chelous, de personnages hyper bizarres et toujours à moitié cinglés. On retrouve certain trucs un peu perdus ces derniers temps (je trouve), un côté Dogme 95 qui s’était un peu effacé : des séquences un peu pêle-mêle, comme un mood-board de schizophrène, des effets de couleurs bizarres, de la musique super hors de propos parfois, une caméra qui gigote un peu ; c’est gai ! Tout est raconté du point de vue confession finale, plutôt beau. La dernière partie est par contre beaucoup trop chiante et retombe un peu dans du contemplatif symbolique un peu lourd et casse-couille. 

Enfin Assassination Nation, pur film Sundance sur des ados enragées. Pas très clair dès le début (à cause de moults dialogues de milenials qui pensent avec leur cerveau et en ont marre du partiarcat), c'est en fait un bon film d'exploitation avec du sang partout et des guns qui dézinguent. Tout commence par une petite tranche de vie innocente de 4 teenage dans une ville super boring (Salem, parce qu'on a jamais assez de symbolisme bien lourd). Nos quatre fifilles qui ont toutes l'air et le discours de meufs de 23 ans pseudos activistes, en ont trop marre du lycée, des mecs trop lourds qui veulent pas sucer et des gens qui ne les apprécient pas vraiment mais seulement des morceaux d'elles (trop profond gros). Un petit malin se met alors à leaker les dossiers secrets et autres dirty nudes d'un puis l'autre, puis de tout ce petit monde qui se la joue bien puritain - des maires, des mères, des ados: on découver avec effroi que les gens ne sont pas vraiment ce qu'ils sont, OMG. Comment cela s'insère-t-il dans la suite? Par un tour de scénario complètement absurde mais qui transforme dès lors notre histoire en nuit vengeresse à la Tarantinouille. Est-ce que c'est bien? L'exploitation est bien faite. On rigole un peu. Par contre, s'il y a une tentative de discours à moitié articulé derrière, c'est complètement inaudible vu l'ange d'approche. Bref, c'est un peu casse-burnes au début mais puis ça devient bien puis ça finit un peu lamentable. Pourquoi vouloir donner du sens quand on veut juste kiffer et faire des films qui dépotent? Beats me.

First man, Chazelle, 2018
The house that Jack built, Trier, 2018
Assasination nation, Levinson, 2018

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