vendredi 21 décembre 2018

Ecran Total

Pour nous préparer Nowel en toute sympathie, franchise et amour, trois petits films avec des types tout seuls dans des vies toutes chelou pour pas déprimer.

God’s own country a été qualifié de Brokeback moutain english. Alors d’accord, il s’agit d’une histoire d’amour gay sur fond de farming hardcore mais à part ça , ça n’a rien à voir. Johnny mène une vie pas jojo : entre sa grand-mère et son père pas jouasse, dans une ferme paumée de quelque part en Englisherie, il s’occupe des moutons, répare des barrières et couche entre deux enchères bovines. On dirait du Flaubert parfois. Arrive George, travailleur saisonnier roumain. D’abord pas très sympa avec lui, Johnny finit par s’y faire et c’est le début d’une merveilleuse amitié et plus si affinités. Très beau film dans l’image, la réalisation, les temps de pause – tout est très lent, en retenue, silencieux. Une opposition assez crue entre le monde de brutes de la ferme (parfois un peu cliché) et les petits morceaux d’amour qui surgissent comme ça. Il y a aussi une histoire de transmission difficile et de passage de générations assez intéressante (on va pas dire Oedipienne mais bon).

La nuit a dévoré le monde est un film de zombie hyper super low-key et méga arty – parfois un peu trop. Réveillé après une teuf dans l’appart de son ex ( chez qui il était visiblement venu reprendre ses cassettes (ça vous donne le niveau de hipsterisation du type)), Sam se rend compte que tout est pété et qu’il y a du sang partout. Par la fenêtre, des gens qui courent et qui se bouffent les uns les autres. C’est donc plus un film d’infectés que de zombies (pour les obsédés de la distinction).  Sam, plutôt que de se jeter dehors pour aller faire le foufou (réflexe assez courant dans ce genre de situation et qui m’a toujours confondue tellement c’est con), reste bien au chaud chez lui et s’organise. J’ai tout particulièrement apprécié les rangement du garde-manger, les rations et le petit carnet avec l’inventaire. C’est ce qui m’excite le plus dans l’apocalypse je crois. Dormir, manger, se laver : tout ça c’est très bien mais encore ? On suit donc l’histoire d’un mec seul vraiment tout seul et de ce qu’il en advient. C’est franchement hyper bien foutu. Aussi plutôt lent, sans pathos, sans frénésie, un peu détaché, très silencieux – c’est un peu un anti-film de zombie dans le genre. On aime même la fin en tire-bouchon (il allait enfin se passer quelque chose, merde). Joli bande-son quand il y en a.

Last but not least, Grizzly man est un documentaire complètement cinglé de ce cher Herzorg. Le docu autant que le sujet, dans son style habituel. Timothy Treadwell est grizzly man, un type sorti de nulle part qui décide de vivre avec des grizzly tout seul dans la forêt, 4 mois par ans, au milieu de nulle part en Alaska. Parce que les grizzly sont quand même des putain de bêtes sauvages de genre 2 mètres de haut et pas loin d’une tonne et pas des gros nounours, il finit par se faire bouffer par ses copains. Le documentaire part de là et reprend l’histoire de Timothy et surtout, des parties choisies des heures de vidéos qu’il a tournées en solo lors de ses expéditions. Le mec est très clairement complètement jeté et ces séquences sont juste hallucinantes. Avec les témoignages des gens qui l’ont fréquenté, les avis de responsables gravitant autour des grizzly, on remonte le cours d’une existence super bizarre mais finalement hyper touchante et plutôt triste. Il y a en plus de ça le commentaire glaçant d’Herzorg, avec son bon accent teuton qui nous livre une lecture filmique des petits films de Tim. Ça fait beaucoup à gérer en une fois et on sort de là un peu sonnés : what the fuck est probablement la meilleure récap de cet objet filmique un peu alien.

God’s own country, Lee, 2017
La nuit a dévoré le monde, Rocher, 2018
Grizzly man, Herzorg, 2005

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