mardi 17 mai 2016

Driving miss crazy

Je poursuis mon exploration de l'esprit dérangée des madames au cinéma et faut dire que quand même, y'en a qui exagèrent - certes, elles sont un peu dingos, mais faut voir aussi d'où elles le tiennent, hein. 

Dans Out of the blue par exemple, je vois pas trop comment qui est folle: on y voit une petite meuf sympa comme tout, coincée entre une mère défoncée au crack et un père tout pourri qui sort de prison uniquement pour aller bosser dans une décharge publique où il passe son temps à courir après les mouettes. Bravo. Alors, certes, Cebe ( la petite) nous fait un combo musicalement chelou de scène punk et de revival d'Elvis et communique avec dieu via la radio d'un camion cassé (d'où son patronyme), mais quoi, bon. C'est un film de et avec Dennis Hopper, toujours aussi taré avec son beau chapeau de cowboy et sa flasque à la main. Il y a une bande-son assez dingue et on a franchement envie d'être pote avec cette Cebe qui sort de nulle part, parce qu'elle est franchement cool. Ses vieux, par contre, craignent à mort.

Ms 45 est un autre parfait exemple de c'est quoi, mais c'est qui qui les rend toutes folles: ces chiens lubriques que sont les hommes, ha! Non, allez. Enfin, on avouera que cette pauvre Thana déjà qu'elle est muette et qui se fait violer deux fois dans la même journée par des types qui se sont même pas concertés, on peut dire que y'a de quoi se demander quoi faire avec ce .45 qui traîne par terre à côté d'un cadavre, tiens, d'un type qu'on vient d'envoyer ad patres avec un coup de presse-papier. alors, Thana part un peu en couilles après, et va se mettre un tirer un peu dans tout ce qui remue la queue avec un peu trop d'engouement - en même temps, z'avaient qu'à pas. Du coup, le revenge trip prend un peu des allures de massacre pour le plaisir - mais pourquoi se le refuser finalement? C'est très beau et bien foutu, surtout dans le silence imposé à la victime devenue chasseur qui ne lâche pas un mot, même pas avec ses mains - c'est fou quand même. Et toujours dans un NYC électrique plein de bitume brûlant et de zones abandonnées genre apocalypse zombie.

Par contre, Safe est dans un genre différent: on y voit comment les fumées, c'est dangereux mais les tarés vegan probablement encore plus. Non, j'déconne. Carol, une gentille femme au foyer sans histoire commence à s'asphyxier petit à petit - au sens littéral: elle respire mal. Plutôt que de se dire que c'est sa putain de vie de tissus assortis aux canapés et de dîners avec les amis chirurgiens de son mari à ricaner doucement, elle en déduit qu'elle respire trop de merde. Et part dans le désert se vider les poumons avec des illuminés qui vivent en pyjamas toute l'année. On ne précise pas comment elle gagne sa vie pendant ce temps, ni qui garde les enfants, mais on s'en fout: elle va mieux! Elle une cabane en plexi et un tank à oxygène, yay. Le film est vraiment ultra bien foutu, avec des images superbes, des plans immobiles cadrés au centimètre près et une putain de qualité dans les couleurs, les pastels psychotiques de la première partie et les tonalités sables et bois de la deuxième, des situations prises au ralenti comme des tableaux un peu schizo d'une débandade existentielle bien postmoderne pour le coup. 

Out of the blue, Hopper, 1980
Ms 45, Ferrara, 1981
Safe, Haynes, 1995

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