mercredi 18 mai 2016

Ecran total

Que faire un jour de Pentecôte, sinon regarder les 3 premiers trucs qui viennent sous la main? Bah voilà. Ces trois films n'ont donc aucun rapport - mais en fait si, comme on le verra à la fin.

The survivalist ne parle en fait pas de survivaliste, ce qui est bien dommage, mais plutôt d'un survivant paumé tout seul dans les bois dont on espère tout le film qu'il finira par retrouver son chemin et la civilisation mais en fait non - c'est bien un film postapo, dont on ne connaîtra jamais les raisons mais on s'en fout finalement. Le-type-qu'a-pas-de-nom fait donc sa vie pépère, cultive ses plantes et regarde le temps passer, jusqu'à ce qu'une vieille chelou se pointe avec sa môme qu'elle échange contre un peu de soupe. Bah oui, quand t'as rien à vendre, vend les miches de ta gamine, ça coûte rien. C'est une scène très bizarre, mais on ne pense pas assez à cet aspect du monde postapocalyptique: c'est quand qu'on tire sa crampe quand ça fait 8 ans qu'on vit seul dans un bois? En fait, dans les univers du genre, il y a toujours un peu de sexe de bikers ou deux-trois viols vite fait qui évacuent la question, mais c'est un peu facile. Bon, s'ensuit un compagnonnage un peu tendu entre les trois, toujours à moitié en train de comploter contre les autres, et d'essayer de piquer à qui son flingue, à qui ses clopes, ou d'empoisonner tout le monde aux champis magiques. Ça parle pas beaucoup, en même temps, autant d'années après la fin du monde, difficile de commenter les actus ou le dernier palmarès de Canne, qu'on est jamais content, d'abord rhalala. C'est évidemment très nature nature, avec cultivage de légumes et chipotage dans le terreau; s'il était malin, notre survivaliste pourrait se faire pas mal de maille en vendant son concept à des pouffes en manque de personnalité qui font des stages de cueillette de courges en Suisse. D'après Marie-Claire, c'est tendance, ça s'appelle du glamping, à savoir du camping + du glamour. On l'écrit aussi glandping, mais c'est pas la même chose.

Some kind of hate parle d'un truc aussi méga trop actuel qu'il est un problème trop absolument nouveau: le cyberbullying, rhaaaa. Parce qu'avant Facebook, les jeunes étaient trop miiignons et se harcelaient jamais, non - d'ailleurs, c'est Zuckenberg qui a inventé le suicide. Bref. Dans un centre de rééducation pour jeunes à problèmes au milieu du désert (parce que les problèmes viennent tous de l'Internet, c'est bien connu) dirigé par un vague gourou tendance beau gosse pédophile sur les bords, Isaac, un pauv'jeune, se fait emmerder par une bande de petits cons qui sont tellement forts qu'ils arrivent à le faire sans les mains et sans Twitter. Heureusement, Isaac se fait une pote venu de l'au-delà qui arrive à tuer les gens sans wifi - elle est trop forte. Après, ça part un peu en couilles - on a du mal à distinguer qui fait quoi à cause qu'il y a du sang sur le viseur. Mais bon. C'est une belle leçon sur le harcèlement, les jeunes et la vie en général. Il y a beaucoup de hard-rock prépubère, c'est rigolo. C'est par contre pas mal foutu, visuellement pas dégueu et correct dans le rythme ( alternance entre bain de sang et explications intenses/existentielles). Ça réussit même à être pas trop pathétique, c'est dire!

J'ai fini avec Cop car, qui parle lui, d'une voiture de police. Voilà. 
Non, en fait c'est surtout une histoire de mioches, un genre de Moonrise Kingdom chez les rednecks, mais du coup qui m'a fait chaun'au coeur. C'est l'histoire de Travis et Harrison, qui se tirent de chez eux avec pour tout bagage un carambar et un stock de gros mots. Aubaine, ils tombent sur une caisse de flics oubliée, avec les clés sur moteur. Grâce au ciel, il n'existe pratiquement plus de voitures manuelles aux States, ce qui permet à nos deux bambins de se tirer avec la caisse - il ne leur faut qu'une vingtaine de minutes pour comprendre les "vitesses", à savoir avant/arrêt/arrière. Le problème, c'est que cette bagnole n'est pas complètement là par hasard: elle est pleine de trucs bizarres dans le coffre que le shérif (Bacon, bel effort de moustache) va évidemment vouloir récupérer. C'est marrant parce que ça garde un côté film de gosses, drôle dans l'aspect ultra-naïf-mais-qui-disent-des-trucs-vrais-quand-même sans en faire trop, un truc un peu comics - dont pas mal de plans larges avec cette bête voiture qui traverse l'écran au milieu de nulle part et Bacon qui galope avec ses grandes jambes qui montent en l'air comme Coyote en panique de loser de campagne. Il y a aussi un peu de violence gratuite, ça c'est bien, et un côté bout du monde, paumé au bord des choses. 

The survivalist, Fingleton, 2015
Some kind of hate, Mortimer, 2015
Cop car, Watt, 2015

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