lundi 28 décembre 2015

Ecran total

Toujours dans la lignée des écrivains au cinéma, j'ai vu Barton Fink dont je ne savais pas grand chose - sauf pour le coup de l'écrivain. Comme c'était un truc des Coen, je savais que ce serait plus dans le genre écrivain raté qu'inspiration divine et feuillets qui volent dans tous les sens. Barton est donc un dramaturge engagé qui fait des pièces qui parlent du peuple (c'est nouveau tiens) mais qui laisse à regret sa carrière à New-York pour faire du cinéma à L.A.. Premier gros dilemme: abandonner une situation proéminente dans un microcosme intello pour faire des trucs un peu moins glorieux mais qui rapportent? Barton ne tergiverse cependant pas trop et part faire la nouille en Californie, où il se retrouve largué dans un hôtel un peu genre AHS mais avec un bell-boy plus fadasse, Chet joué Buscemi qui comme d'habitude parle comme s'il se demandait à chaque mot quelle syllabe était la suivante et surtout pourquoi celle-ci plutôt qu'un autre (Steve est un phénoménologue qui s'ignore). L'hôtel donc, regorge comme il se doit de personnages truculents dont ce cher Goodman dans le rôle de Meadows, un représentant en trucs (enfin, un vendeur itinérant quelconque) qui boit des whisky en dissertant sur le cinéma. Dilemme suivant: Barton écrit des pièces sur le peuple et pour le peuple mais réalise qu'il est coincé dans une niche dont le peuple se fout autant que de sa première grève. Plus fort encore, Barton parle tellement quand il s'emballe que le seul exemplaire de "peuple" qu'il rencontre ( Meadows) n'en place pas une. Il y a une scène magnifique qui résume à elle seule le vieux malentendu entre théâtreux intellos et peuple: l'un jacassant sur la nécéssité de mettre l'autre sur scène, pendant que ce dernier essaye désespérément de commencer une phrase pour dire que quand même les films de wrestling, c'est cool quoi. Saloperie de peuple qui veut rester bête à tout prix! Mais je m'égare, ce n'est pas le sujet du film qui parle surtout du blocage de Barton qui ne parvient pas à écrire quoi que ce soit - peut-être parce qu'il n'a rien à dire dans le fond. Heureusement, comme dans tout bon hôtel, celui-ci possède un serial killer qui va nous décoincer tout ça. Notre ami réussira-t-il à comprendre, aimer et parler au peuple? Suspense! J'aime bien ce personnage, un peu mou, avec des cheveux tout chelous et une tête d'ahuri, et il y a l'hôtel, sa petite vie, ses couloirs tout ça.

Encore un néonoir et encore un film de Foley, At close range est un film avec le très jeune Sean Penn et le moustachu Walken qui fait un peu moins fraise dans celui-ci (mais c'est sans doute la faute à la moustache qui déséquilibre le visage). Le petit Brad (Penn) décide de reprendre contact avec son vieux Brad (Walken) petty criminel rural, sorte de Scarface fermier dont la spécialité est le vol de tracteur. Toute cette criminalité rurale et la vie de glamour qui l'entoure (bouffer des côtelettes dans des dinners, vivre dans des caravanes en stuck et se taper des stripteaseuses locales à la retraite), ça vend du rêve au petiot qui a de plus besoin de sousous pour entretenir sa nouvelle chérie, pas encore légale, mais déjà grande gueule. Brad-le-vieux, fourbe à souhait, laisse courir et embauche le fiston dans l'affaire familiale. Un tracteur, ça va, mais plein, bonjour les dégâts. Quand Junior se fait pincer lors d'un coup monté tout seul (c'est genre "le-dernier-coup-du-siècle-et-on-arrête", donc un super gros tracteur), Senior commence à devenir nerveux et va se mettre à buter à tout va. Je retrouve un peu ce qui m'avait énervé dans After dark et qui est visiblement propre à Foley - une sorte de mollesse dans la réalisation, mais pas complètement: c'est pas vraiment la nonchalance nihilisto-rurale d'un Badlands, mais un truc entre léthargie et pathos - y'a des sentiments, bon sang! Alors j'aime bien, mais ça manque de couilles - ni radicalement "meh" ni carrément "rhaa" - vous voyez quoi.

Il y a plein de Dracula et Christopher Lee y est un peu partout, alors difficile de s'y retrouver. Dans Dracula: Prince of Darkness, il ne parle d'ailleurs pas du tout, se contentant de faire "hsssss" de façon effrayante et de de rouler des yeux. L'intrigue est plutôt basique: des voyageurs britanniques, venus faire du tourisme en Roumanie - enfin, c'est trouble puisque c'est près de Karlsbad - se perdent et vont dormir au château de Dracu qui va pouvoir renaître de ses cendres grâce au sang frais procuré par ces chers Rosbifs. Miam! Une fois réveillé, le comte décide de se payer une tranche d'Helen (femme de feu Alan, ce qui crée un peu de confusion) puis de Diana - il les lui faut toutes, ce fourbe. Heureusement, passe un moine avenant et plus qu'à son tour fendard - il fait des blagues de fesses, mais tient son arc en bandoulière - qui va protéger et aider nos amis, chic! Lee ne dit donc pas grand chose, mais ses yeux parlent pour lui: il fait une tête trop mignonne quand Diana lui file entre les pattes, un truc avec la bouche qui fait "mouuuh" vers le bas - à moins que ce soit les dents qui font cet effet-là. Enfin, il fait pitié, on aurait presque envie de l'aider - d'autant qu'elle est pas rien quiche, la Diana. Enfin, tout est bien qui finit bien, car figurez-vous que les vampires peuvent être tués par l'eau courante - il suffit donc d'un robinet et le tour est joué! Magique!

Barton Fink, Coen, 1991
At close range, Foley, 1986
Dracula: prince of darkness, Fisher, 1966

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