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mardi 25 octobre 2016

Ecran total

Pas grand-chose de nouveau cette semaine, entre cow-boy du dimanche, cow-boy du mercredi après-midi et cow-boy du vendredi soir : tout le monde peut être un héros (juste pour un jour, une fois).

Cow-boy du dimanche, c’est dans Westworld, l’original. Comment en deux heures on liquide une série promise à moult saisons, c’est ça l’efficacité Bosch et c’est encore une victoire de Canard, à savoir Yul Brynner en cow-boy mutant qui promène sa vengeance de machine au crâne lisse, trop lisse. L'intrigue est sensiblement la même que celle de la série : une agence de vacances propose des séjours dans des mondes trop fun (époque médiévale, empire romain, cow-boy world). Trop fun, certes mais pas pour tout le monde – une preuve de plus que l’entertainment de masse est un truc fondamentalement patriarcal, tiens. Enfin bref. Comme prévu les robots se mettent à déconner et à tirer sur tout ce qui bouge, avec un méchant particulièrement vilain en la personne de Brynner qui fait tellement bien le robot qu’on se demande si l’URSS n’aurait pas eu une large longueur d’avance sur nous en termes d’intelligence artificielle. Il y a moins de considérations freudo-lacaniennes que dans la série (« mais quel est ce sujet qui se cache entre les plis, ciel mon phallus ») mais plus de pim pam poum et d’assassinats de sang froid (très froid). Pour pimenter le tout, les mondes collusionnent ce qui donne un chouette bordel de cow-boy dans des châteaux forts et d’orgies romaines avec des putes de saloon. Enfin, presque.

Les cows-boys du mercredi après-midi, ce sont les 7 (ou 8 ?) mioches du Wolfpack, documentaire hallucinant sur une bande de garçons élevés en huis-clos dans un appartement new-yorkais et qui connaissent le monde par la lorgnette ultime de notre ami cinéma (cinééééémaaa). De film en film et de salle en salle, ils lui ont donné leur existence. Bon pas vraiment. Il s’agit en fait d’une famille très nombreuse, composée quasi exclusivement de garçons à la longue chevelure Hare Krishna et au type mi-indien mi-chelou. Comment en sont-ils arrivés là ? Que font-ils de leurs journées ? Où en est leur virginité ?  A quoi ressemble un gaillard de 23 ans qui n’est jamais sorti de chez lui et qui ne connaît de la vie que Pulp Fiction et de l’amour que Blue Velvet ? Qu’est-ce qu’on mange ce soir, d’ailleurs ? Tant de questions auxquelles on n’aurait jamais imaginé avoir de réponse, et pourtant si ! Par la grâce des médias gonzos, on finit toujours par dénicher LA famille de cinglés qui fera l’affaire. Quelques plans mélancoliques, des cadrages un peu rapprochés, des scènes qui font peur (le bûcher d’Halloween au milieu du salon !), une dramatisation programmée (« tiens, et si je me réconciliais avec ma mère, perdue de vue depuis 50 ans ? Oups, une caméra ! ») et l’affaire est dans le sac. Au final, un truc fascinant mais pas non plus transcendant : on les voit rejouer leurs films préférés, parler de leur enfance pire que la nôtre et aller au cinéma pour la première fois (émotion !). On aimerait par contre savoir s’il est possible de louer ces jeunes garçons à l’heure pour animer des soirées de cinéphiles – mais ce n’est visiblement pas encore un produit téléachat.

J’ai beaucoup attendu Yoga Hosers, surtout après l’inénarrable Tusk mais je dois avouer que c’est un peu un truc de cows-boys du vendredi soir : une paire d’ados un peu concons mais vachement dégourdies combat le mal depuis derrière le comptoir d’un magasin de pompe à essence, en chouinant parce qu’elles ratent LA soirée qui aurait dû faire d’elles des femmes. Zutre. Il y a évidemment des choses intéressantes : l’addiction des jeunes filles pour un yoga d’un genre renouvelé, avec des postures vachement plus comiques que le pigeon royal ou que la demi-pince ; les gossbos du lycée qui s’avèrent être des infâmes satanistes plein de beuh, et surtout le méchant de ce film, consistant en une bande de « bradzis », pour « bradwurst » et « nazi » - un terme que l’on peut élégamment traduire par « knazis » ou encore par « zwanzis » - j’suis assez fière de moi. Ces petits hommes-saucisses maléfiques jaillissent de partout en criant « wunderbar » et aiment à remonter le rectum de leur victime. Miam. Qui est derrière ce complot ? Mystère! Il y a plein de références très cons mais assez jouissives à plein de trucs qu’on aime, dont une excellent citation du Children shouldn’t play with dead things, film de zombies trop souvent oublié dont on a d’ailleurs parlé ici (alors on est bien content de soi, didon). Pour le reste, c’est un peu « meh » comme on dit. Avec saumon mais sans cream cheese.

Auf Wiedersehen!

Westworld, Crichton, 1973
The Wolfpack, Moselle, 2015
Yoga Hosers, Smith, 2016

lundi 28 mars 2016

Ecran total

Mon cerveau était en deuil national toute la semaine, du coup, j'ai pas beaucoup cherché à faire des liens entre les trucs que j'ai vus - d'ailleurs dans un état un peu second pour cause de célébration de la vie, tout ça.


Ça fait un moment que je dois mater Evil Dead, un film qu'il est trop culte alors c'est fait - même si je ne vois pas trop en quoi c'est excepchioneul mais bon. C'est assez basique, en fait: des jeunes qui partent se faire un petit weekend dans les bois tous seuls, une vieille malédiction qui ressemble à un vieux virus qui bouffe la peau et pas de réseau. Bon, un des jeunes en question est en train de se faire une détox maison, pas le plus malin au fin fond des bois, mais bon. Du coup, quand le monstre débarque, on s'inquiète pas trop - c'est juste la droguée qui décuve et qui voit des choses bizarres, mais en fait non, c'est un livre qui t'explique comment ça va se passer, écrit dans une langue bizarre - mais aussi traduit en anglais pour qu'on comprenne bien. Bref, j'avoue avoir pas trop suivi, mais la fin est plutôt chouette, avec une histoire de résurrection et d'amour fraternel, puis une course à la tronçonneuse pas mauvaise. 

Insidious aussi manquait à ma culture et c'est chose faite. La présence de la méga énervante Rosie Byrne aurait pu me décourager, mais je me suis dit qu'elle allait y passer tôt ou tard - déception de ce côté par contre. Alors pour ce qui est de l'intrigue, c'est déjà plus complexe - y'a plein d'explications que si tu les rates, tu piges quenouille, alors attention. En gros, un mioche tombe dans le coma après avoir fait le foufou dans le grenier. Des trucs bizarres apparaissent dans la maison - des voix dans le babyphone, des gros monstres à tête rouge, des cadavres déguisés en Jack White - enfin tout ça. Après examen scientifique - pratiqué par une paire d'ados géants trouvés dans les chiottes de Comicon équipés de View Master et d'appareils photos vintage - il s'avère que c'est pas la maison, mais le petiot qui est hanté, car son corps astral est parti en vacances et qu'il est coincé à la douane, donc ne peut plus rentrer. C'est pas de bol, mais heureusement, il y a Findus, une petite vieille médium qui porte bien le masque à gaz et qui va tout nous expliquer. Alors c'est franchement pas mal pour un truc de maison hantée - enfin, de garçon hanté - par contre la fin est un peu longuette et part un peu en sucette. Ça fait bien bouh! par contre et c'est globalement plutôt beau finalement.

Je ne sais pas pourquoi, j'étais persuadée que Aubrey Plaza jouait dans Burying the ex, mais j'avais confondu avec Life after Beth (haha, je viens de capter la feinte). Bon du coup, c'est grosso modo la même histoire - la copine d'un peye quimpe puis revient d'entre les morts. Sauf qu'ici, le pauvre Kevin (on va dire qu'il s'appelle comme ça) était sur le point de larguer sa nana, une vegan à la voix super énervante, fan de platitudes et de tofu au bon sens. Il avait bien raison, cela dit, elle avait l'air trop chiante, mais hélas, la voilà qui revient à la charge pleine d'amour et de vers qui pendouillent dans ses cheveux - on peut comprendre que Kevin n'est pas trop jouasse, parce que même avec une bonne douche, elle doit quand même pas mal empester. En plus Kevin a une nouvelle meuf trop bonne qui fait des glaces avec des noms de vampires et qui, comme lui, est fan de films de zombies. Trop coule, mais avec une ex zombie dans les pattes, il est obligé de se la taper dans le coffre de son break - WTF?. Tout ça est un bon Z, bien assumé, pas mal drôle finalement, avec un petit côté Godard, si on regarde bien - tous ces extraits de films d'horreur, ces affiches, ça fait un peu citation et méta, quoi. 

Enfin, j'ai conclu cette quête existentielle avec Zardoz, auquel je n'ai pas tout compris, mais qui a l'avantage de nous présenter un Sean Connery dans la force de l'âge qui court en zlip rouge dans tous les sens avec un petit flingue à la con à la main. Il porte aussi parfois un costume/string inspiré de Borat, ce qui lui sied bizarrement bien.

My name is Bond, mazafaka
Alors pour ce qui est de l'histoire, voilà ce que j'en ai compris: dans un monde futuriste divisé en deux classes - les brutaux et les éternels - Zed, un pauvre brutal, se retrouve paumé chez les Eternels dans un vortex., un genre de bulle qui les protège du monde pas beau dans lequel les Brutaux passent leur temps à tuer des gens sur la plage. Bon, une fois que Zed est coincé dans le vortex, tout le monde veut a piece of him: il a l'air trop chou, trop sauvage et sa sueur a l'air de donner des micro-orgasmes aux gens qui la lèchent. Car oui, si ils sont bien malins et ont réduit le reste du monde en esclavage, les Eternels se font quand même gravement chier - tu m'étonnes - et deviennent donc complètement apathiques, du coup, plus personne fait la vaisselle et c'est le bordel. Donc tout le monde se met à vouloir un bout de Zed qui est pas content et le fait savoir. Il passe son temps à essayer de filer ou de casser des miroirs. Bon, plus sérieusement, le film est pas du tout mauvais, avec une chouette mise en scène d'un microcosme parfait-mais-en-fait-pas-que parce que c'est rien que des décadents dans le fond. Le côté futuriste laisse parfois un peu rêveur - des gros cristaux en plastoc qui émettent des ondes, des pistolets qui font piou piou, enfin tout ça. J'ai adoré le grand masque de pierre qui crache des flingues à la tête des gens - en fait une supercherie pour continuer à faire des Brutaux des la chair à canon. C'est bien psychédélique visuellement, un peu dans l'esprit de Point Blank pour les couleurs mais avec des jeux de miroir et de visuels tordus et plein d'effets sonores mystiques. 

Evil Dead, Alvarez, 2013
Insiduous, Wan, 2011
Burying the ex, Dante, 2014
Zardoz, Boorman, 1974
              

vendredi 26 juin 2015

Zombie like lovers

Ça faisait un bail que je ne m'étais plus plongée dans un cycle zombie: c'est chose faite grâce à une sélection avisée autour du thème pas dégueu de l'amûr chez nos amis bouffeur de cervelle. 

On s'interroge souvent sur l'intériorité du zombie: pense-t-il? Se souvient-il de son passé? A-t-il réglé son complexe d’œdipe? Il ne parle souvent pas, ce qui est bien ennuyant pour savoir ce qui se passe dans l'habitacle vaseux de ses yeux glauques (snif, c'est beau). Les sentiments des zombies restent donc largement mystérieux et à plus forte raison, le sentiment amoureux (déjà par trop sibyllin en lui-même). Dans les films choisis, on a évacué une première difficulté dès les prémisses: ils parlent! Alléluia! C'est donc nettement plus simple de construire à partir de là, quoiqu'on pourrait trouver ça un peu facile. 

Le plus basique est sans doute The return of the living dead 3, sorte de bleuette sur l'amour ado qu'il est plus fort que tout et comment on va partir toi et moi en moto à Seattle et vivre d'amour et de chemise à carreaux (on est en 1993). La zombification intervient alors que le couple existe déjà, ce qui n'explique donc pas comment un zombie peut ressentir quelque chose. Finalement, à part devoir se retenir de bouffer son aimé, la mort ne change pas grand chose à l'affaire, à part libérer la punk tendance 50 shades of brain qui sommeille en chacun de nous. On aime cependant le côté très teenage des questions de fond - " ni morte, ni vivante, mais qui suis-je?" " je ne suis pas comme vous mais pas comme eux, personne ne me comprend, na!" et le classique "j'ai pas demandé à naître (enfin, à revivre donc)". Comme quoi, l'adolescent est un zombie comme les autres et vice-versa.

Dans Zombie Honeymoon, même procédé: ils sont beaux, ils sont jeunes, ils s'aiment et finissent par se bouffer la tête - le mariage, quoi. Après un accident de surf malencontreux, et une résurrection inopinée, Monsieur se met à vouloir becqueter du flic en sandwich, et à boulotter ses potes pourtant venus leur rendre une sympathique visite. Ce qui est beau, c'est cette rupture qui s'éternise, et qui finit par être consommée avec une certaine satisfaction de la part de la mariée - "j'te quitte, t'es qu'un zombie d'abord", meilleure excuse à ce jour. On aime le côté zombie végétarien, même si on ne peut s’empêcher de se demander de quoi un concept pareil pourrait accoucher: des carottes mortes-vivantes sortant de leur potager la nuit pour se venger? Des brocolis tueurs attaquant des bars à soupe? Des plants de quinoa devenant méga caloriques?(hiiiii!)

Dellamorte Dellamore nous raconte les folâtreries d'un jeune fossoyeur primesautier qui ballade nonchalamment sa mélancolie dans un cimetière de plus en plus remuant. Une veuve italienne opulente plus tard et c'est l'embardée, le sexe sauvage sur la tombe, la morsure fatale et le début d'une histoire compliquée. Le fidèle assistant Gnaghi ( ne s'exprime que par "Gna", donc) tombe lui aussi amoureux d'une jeune replète qu'il adapte astucieusement au cadre de sa télé cassée - une variante intéressante des éternelles soirées-télé à deux qui signalent si souvent le début de la fin d'un couple. Tout est ici plutôt bon enfant, avec ce flegme cher à Everett qui ne s'embarrasse pas plus que ça de cette aventure extra-vivante: ah, l'amour après 30 ans! Finis les petits sourires en coin, les papillons dans le ventre et les approches timides! Un clair de lune propice, un mari au cadavre encore frais, une westmalle de trop et en voiture! Mais Dellamore est surtout un Sisyphe moderne, éternellement attaché à sa mission absurde, heureux seulement quand quelques heures par jour les grincements des cercueils se taisent pour laisser la place au chant des cigales désabusées.

Finalement, Warm Bodies est sans conteste le plus réussi car le plus original. J'en ai déjà parlé ici, alors je ne m'étendrai pas. Ce qui me frappe en le revoyant, c'est l'aspect très teenage movie, pris ici avec une certaine distance - de la même manière que le genre zombie est traité. L'autre truc intéressant, c'est le rapport entre langage et sentiments, avec l'idée pas bête d'être parti du point de vue du zombie. Il existe en effet peu de films-d'amour-à-monstres qui prennent le monstre comme point focal: on aimerait par exemple, connaitre la version d'Edward de Twilight. Ce serait sans doute beaucoup plus fun.

Return of the living dead 3, Yuzn, 1993
Zombie Honeymoon, Gebroe, 2004
Dellamorte Dellamore, Soavi, 1994
Warm Bodies, Levine, 2013

vendredi 2 janvier 2015

Du sang, des boyaux, de la rate et du cerveau!

Dans une récente wikipisation de Craig Davidson, j'ai découvert qu'il avait écrit quelques bouquins sous le pseudo - évocateur!- de Patrick Lestewka. Le coup du pseudo m'a intriguée: c'était probablement de ces bouquins un peu crades, que les auteurs ont pas trop envie qu'ils soient trop associés à leur petite personne pour laquelle ils ont finalement des ambitions littéraires honnêtes. Comme une visite en scred' au Nord, je me suis donc procurée deux de ces opus, publiés chez Necro Publications (!). Je ne tire en passant pas mon chapeau à Necro: couvertures dégueus, mise en page immonde, on sent bien que c'est pas l'amour de l'art qui prime dans la conception du livre. Cela dit, leur catalogue est plein de trucs qui ont l'air plutôt fun (" The Drunken Exorcist", "Bride of the Impaler" ou l'intriguant "Lucifer's Lottery").

Je me suis donc attelée à la lecture de The Preserve et The Coliseum, un choix fait complètement au hasard - quoique j'aie hésité sur Mother Bitchfight. Même si il s'agit de livres de genre, on retrouve quand même quelques trucs de Davidson qui font des livres "officiels" ce qu'ils sont: du sang, des boyaux, de la rate et du cerveau savamment étalé sous les yeux du lecteur.

The Perserve est franchement pas mal fait: histoire d'une unité d'élite du Vietnam réunie 20 ans après par un individu mystérieux (un nain, évidemment) pour une mission tout aussi obscure - tuer des types échappés d'une prison supermax et qui zonent dans les bois z'alentour -; mission qui se révèle bientôt n'être pas celle qu'on pensait (*rires machiavéliques*). En fait, c'est une réserve pour monstres de tous bords - loups-garous, zombies, vampires et d'autres trucs qui traînent - dans laquelle nos amis jouent l'agréable rôle de gibier sur pattes - trop fun. Si ça tourne au massacre de façon un peu abrupte - genre l'explication hyper didactique qui arrive super vite-, la mise en place des personnages et du contexte est bien torchée - et on retrouve ce talent à dénicher et décrire des personnages complètement à la masse, alcoolo, braqueur, joueur compulsif ou producteur de films pornos, visiblement, le Nam n'a pas eu un effet trop épanouissant sur ces ptits gars. Du coup, le récit prend un chouette épaisseur dès le départ, qui repose un peu du massacre de la deuxième partie. Parce que c'est là qu'on retrouve un autre truc cher à Davidson: des scènes de violence assez hallucinantes, avec des détails bien gore et surtout vachement inventifs: un bébé zombie en rappel le long du visage d'un mec à qui il a gobé l’œil et qui pendouille au bout du nerf optique, un type qui se drape les épaules dans la dépouille d'un cadavre de Viet comme si c'était une hermine: miam! Bon, il y aurait bien un truc à dire sur le fin mot de l'histoire et sa morale toute chelou - le Chaos, la Guerre, la Présence du Mal sur terre, tout ça, mais c'est finalement minime.

The Coliseum est par contre un niveau en-dessous, malgré une proposition intéressante: à bout d'idées pour gérer la population carcérale, des illuminés décident de créer une prison sans gardiens, une sorte de réserve en fait, dans laquelle des prisonniers - évidemment les pires du monde- évoluent en vase clos sans surveillance. Loin d'être le récit merveilleux d'un peuple révolutionnaire qui prend en main son destin et fonde une société miraculeusement autogérée qui ferait bander Tito lui-même, c'est évidemment une véritable boucherie. On suit donc l'évolution d'un groupe de prisonniers, chacun dégueu dans son genre - une espèce de Jim Jones à la manque, une Beast, un cannibale canadien et un type qui sait pas trop ce qu'il fait là. Il y a le même effort pour créer des personnages tangibles - récits rétroactifs des crimes, jeu sur les personnalités différentes - mais ça tourne très vite au carnage général: pas beaucoup de répit, si ce n'est via quelques personnages du Coliseum (la prison donc) dont on présente les histoires individuelles - avec des trucs parfois franchement éprouvants à lire, dont une scène de torture à la ponceuse pas chiée. Le final qui comprend une créature hermaphrodite vivant dans la cave avec les fruits difformes de ses amours avec elle-même (fallait le trouver celui-là) est un peu too much: trop de tripes tue les tripes, à défaut parfois d'une intrigue un peu plus ambitieuse en termes de structure.

The Preserve, 2004
The Coliseum, 2011

mardi 15 avril 2014

Children shouldn't play with dead things (1973)

bouh!


C'est la lecture de l'excellent travail de compilation fait par Jovana Vuckovic qui m'a donné envie de voir Children shouldn't play with dead things. Pour être tout à fait honnête, c'est surtout le titre qui m'a fait sourire et au final, je lui accorderai trois "meh". 

Un groupe d'acteurs part en retraite sur une île, sous la direction de leur metteur en scène, grosse caricature d'artiste raté inspiré qui se transforme en tyran et qui les entraîne dans une séance de spiritisme qui va mal tourner. Ah oui, et l'île, en fait , y a un cimetière dessus- visiblement plein de types bizarres dedans. 

L'essentiel du film se déroule pré-zombification: on y voit les différentes tentatives de résurrection des morts, qui tournent court (ou pas) mais surtout la névrose obstinée du metteur en scène qui finit par ramener un cadavre pour faire une sieste avec lui. Le groupe décide finalement de le planter-là, juste au moment où.... mince alors, mais ça marche!

C'est donc plutôt un film "psychologique" (haha), probablement analysable à partir des concepts Goffmanien sur les environnements concentrationnaires, mais sans grande envergure. Les zombies tardent un peu et même en appréciant les jolies couleurs des costumes fantasques de ces histrions en mal d'aventures (qui donnent vachement bien en contraste avec la noire forêt et les zombies plein de sang, comme ici)

miam

 on se fait un peu chier. 

Ce qui reste drôle, c'est le côté complètement désorganisé et hyper naïf des personnages: genre "Allons combattre les zombies à trois contre cent avec des fourchettes, sans voie de retraite! Yay!" En même temps, on est en 1973 et le monde n'est pas encore complètement habitué à ce type de problème. Reste un film qui n'a (visiblement) pas fait l'histoire, mais pas non plus complètement dégueu à regarder. Mouais.

Children shouldn't play with dead things, Clark, 1973

Zombies!: an illustrated history of the undead, Vuckovic, 2011


argh


mardi 25 février 2014

Ecran total

Dans ma quête du sens du Loup de Wall street, j'ai vu Casino. On retrouve évidemment plein de trucs communs avec Goodfellas, narration, image, plans, rapports de force; mais j'ai trouvé Casino plus intense, plus exagéré dans le forçage des passions - comme si elles étaient exacerbées par le confinement géographique. Il existe un intéressant texte de Tow Wolfe sur Vegas, qui résume bien le côté absurde et complètement dément du lieu qui commence par ces mots 
Hernia, hernia, hernia, hernia, hernia, hernia, hernia, hernia, hernia, hernia, hernia, hernia, hernia, HERNia; hernia, HERNia, hernia, hernia, hernia, hernia, HERNia, HERNia, HERNia; hernia, hernia, hernia, hernia, hernia, hernia, hernia, eight is the point, the point is eight; hernia, hernia, HERNia; hernia, hernia, hernia, hernia, all right, hernia, hernia, hernia, hernia, hard eight, hernia, hernia, hernia, HERNia, hernia, hernia, hernia, HERNia, hernia, hernia, hernia, HERNia, hernia, hernia, hernia, hernia
Bref, vous saisissez le truc. Des personnages parfois pas loin de la caricature nitzschéenne, de l'hubris, tout ça; avec un De Niro de marbre, qui voudrait bien qu'on arrête de niquer sa pelouse. Le personnage de Sharon Stone est vraiment fascinant, sorte de parangon de l'hystérie quand on pensait encore que c'était un truc causé par les ovaires, et le clin d'oeil à la Camille de Godard  est plutôt drôle parce que c'est d'une certaine façon tout à fait ça mais en même temps pas du tout, un peu comme un parc à thème Godard au milieu du Strip, donc.

Toujours dans le registre gangster, j'ai revu Wild at heart, dont j'avais lu le bouquin il y a un certain temps. J'avais oublié une grosse partie du film, puisque je me souvenais surtout de Willem Dafoe et de ses dents toutes pourrites. Ça m'a par contre confirmé un truc que je commence à ressentir en regardant des films de Lynch, c'est qu'ils sont plus dans une perspective de perception que de description, de compréhension. Une série de gros plans trop longs, insistants sur des personnages déformés, des expressions exagérées jusqu'à la grimace, la récurrence de Grace Zabriskie: et si ce n'était que des pures sensations reproduites plutôt qu'une tentative de faire comique, de critiquer, de créer un univers de double sens, triple signification et de déploiement de synecdoquique, huuum? Les fausses cartes au trésor que laissent les films, avec des indices - "Mais c'était un rêve fait par sa soeur dans lequel elle devient la mère du fils de son voisin nain, tu vois?" - grosses de théories à construire sont marrantes parce qu'elles dérangent l'exigence d'une certaine organisation, explication ou à défaut, d’une herméneutique auctoriale qui donnerait l'impression qu'au moins une personne "sait ce qu'il a voulu dire". Peut-être pas en fait. Dans un film positif et réellement bienveillant pour ses protagonistes comme Wild at Heart, c'est finalement l'adhésion à un certain lâcher prise qui permet peut-être de voir le film comme ce qu'il chercher à faire: pas forcément à dire, mais à donner à sentir.

The Elephant Man est également un film absolument civil et charitable vis à vis de ses spectateurs: bon, Merrick en prend un peu plein la gueule, mais rien de dérangeant n'affleure à la surface, et tout est bien qui finit bien - la mort donnant une réponse qui arrange bien tout le monde moralement parlant, puisqu'on voit quand même que poussée jusqu'à un certain point, la situation reste un peu gênante aux entournures. Le sous-texte industriel est visiblement là pour quelque chose mais quoi? Comme je me suis débarrassée de toute exigence de faire sens, je m'en moque pas mal, si ce n'est le contraste entre deux univers, entre le bruit, l'absence d'humanité, les machines broyant et dont le manque d'un plan global, le confinement à des plans partiels empêche à chaque fois de saisir la véritable fonction, les laissant à des bouts de mécanismes qui tournent à vide, sans visée -de sens, bien vu.

To have and have not est un film dont je ne retiendrai jamais le nom sans me gourer, mais fichtre. Je n'avais jamais vu Bacall dans un film, je suis donc bien aise de la découvrir avec Humphrey qui ne faillit pas à son côté gossbo à la coule  - y porte même sa casquette de marin de travers, trop chic. Le duo est ce qui fonctionne dans le film - bon ça et le texte de Hemingway, allez - et pas mal de leurs échanges de regards, de gestes, surtout la première rencontre sont vraiment hallucinants de tension, d'une sorte d'incandescence tranquille (qui est tout à fait la façon dont j'imaginais Bacall). J'ai bien aimé la référence, qui n'est probablement destinée qu'à moi, secrètement, c'est le nom du bar dans lequel se chantent des trucs pas bien catholiques:


Le bar du Zombie. Héhé.

Casino, Scorcese, 1995
Wild at heart, Lynch, 1990
The Elephant man, Lynch, 1980
To have and have not, Hawks, 1944

The Kandy-Kolored-Flake Streamline, Baby, Wolfe, 1965

mardi 11 février 2014

Ecran total

Pour mon anniversaire, je me suis offert une séance de Marilyn et j'ai été voir The Misfits, un vrai film de fête quoi. Je n'avais pas lu le synopsis, mais je savais qu'il y avait une vague métaphore chevaline et que c'était un film où une partie du casting était elle-même dans un état pas loin de l'abattage assisté. Hé bien, c'est un film très bizarre, qui m'a laissé la sensation d'avoir regardé un truc un peu malsain, mais sans vraiment arriver à mettre le doigt dessus: le triangle (parallélépipède?) amoureux (oedipien?) qui se met en place, le Gable tout vieux et adipeux, la pauvre Marilyn n'a même pas l'air de jouer un rôle, la pseudo histoire de rejects qui trouvent le bonheur dans la montagne, l'atroce chasse au cheval de la fin. Un peu de tout ça probablement, même si du coup la sensation de malaise fonctionne bien par rapport au fond du film: on a un peu envie de tirer sur le projectionniste pour abréger les souffrances filmiques. 

Le malaise de The Misfits aura cependant eu ceci de positif qu'il m'a rappelé que je n'avais toujours pas vu l'adaptation de They shoot horses, livre que m'avait mis entre les mains ma chère mère quand elle m'avait vu lire "Marche ou crève". J'avais une douzaine d'années, je ne me souviens donc pas vraiment du livre, mais c'est pas non plus du Pynchon, donc c'était qu'à moitié une surprise. Ce qui m'a surprise par contre, c'est la qualité de l'adaptation, et le fait que Jane Fonda sache faire autre chose que de la pub pour l'Oréal. L'ambiance de cirque de freak est transposée sans en faire trop, entre le spectaculaire et le zombiesque, la lenteur presqu'immobile des danseurs contrebalancées par des moments de derby proprement hallucinants du point de vue de l'image (jeu entre le premier et l'arrière-plan et les mouvements contradictoires, lumière d'interrogatoire, distorsions des visages). 


Quelques petites remarques sur le Réel et le spectacle çà et là, et parfois une métaphore animalière un peu lourde, et une fin un peu neuneu, mais c'est vraiment parce que je cherche un point négatif (en vrai j'ai surkiffé).

On m'a présenté All that heaven allows en me disant que c'était un des films remaké par Fassbinder, sans me dire lequel. En matant l'image du DVD, j'avais déjà devine (genre!) qu'il s'agissait d'Ali, parce que je suis trop forte. J'ai pendant tout le film hésité: Rock Hudson est-il plus Stallone ou plus Elvis? Ça dépend des plans: dans exactement 25 plans, il est Stallone, dans 32 il est plus Elvis, mais dans certains, il est Elvis de cheveux et Stallone de moue (et parfois vice-versa, horreur!). C'est dur de revenir d'un Fassbinder vers un film aussi conventionnel du point de vue cinématographique, idéologique et narratif, j'ai donc bien aimé, mais sans  plus. Les couleurs, métacolorisées de ta mère la instamapute,  les super chemises à carreaux et les vieux moulins à retaper dans la campagne: ce serait pas un film de hipster par hasard? Mouais, en fait, j'ai rien de très intelligent à dire dessus, c'est pour ça que je yak, yak, yak away, mais comme on me l'a fait remarquer: finalement, cette pauvre Jane Wyman se retrouve à choisir entre deux intégrismes: celui d'un univers bourgeois sclérosé par les apparences et celui d'un monde de bobos à la coule obsédés par l'idée que leur mode de vie est in fine le seul qui vaille. 

The Misfits, Huston, 1961
They shoot horses don't they, Pollack, 1969
All that heaven allows, Sirk, 1955


mercredi 20 novembre 2013

I recently had a good laugh explaining to someone what was the Center for cultural Decontamination (czkd) in Belgrade. Obviously, she had this in mind


which is what the title is kind of implying if you don't know the whole story. It made me wonder how people feel about this name? Is there anyone even slightly nonplussed about the backgound and denotation of such a word? I'm not sure that using a term like that today, no matter how relevant it might have been when founded, is helping to build a pacified and reunited civil society. It sounds a lot like an Orwell-like kind of institution - or maybe the title of an awesome (yet to be made) zombie movie, where hardcore gender studies specialists bash the skull of the living dead with a hard copy of Butler's collected works. That'll also work.

mercredi 5 juin 2013

mardi 21 mai 2013

Romero is in da hood.

Parfois, j'aime me lancer des challenges à la con; le dernier en date étant de me mater la tétralogie de Romero sur une journée. Qu'elle fut bonne, cette idée. Je n'avais plus très faim le soir, mais je dois avouer que ça donne une véritable vision d'ensemble des choses.

Par rapport aux autres films que j'ai vus jusqu'ici, l'angle d'approche m'a pas mal étonnée, puisqu'il se focaliser surtout sur le groupe d'humains qui essaie de survivre et sur ses luttes de pouvoir, ses disputes triviales, sa misogynie (!) assez générale: bref, les zombies ont l'air plutôt miiignons à côté.

De Night of the living dead à Land of the dead, il y a progressions à plusieurs niveaux (du point de vue des lieux laissés à l'humain, de plus en plus envahis de zombies par exemple, mais on se référera à Politique des zombies qui est éclairant à ce sujet); mais ce qui est sûr, c'est qu'en deux générations, le  prolétariat zombie s'est uni et a vaincu: d'abord incapable d'échapper à des bandes rednecks en short, puis assez grands prendre l'escalator tout seul, le zombie finit par kiffer Beethoven et apprend même à nager sans bouées.  Par contre, mon idée que l'opposition entre humain et zombie était de type dialectico-marxiste tombe à l'eau avec fracas: tout ce que veulent ces connards de chair à pâté, c'est faire du shopping et participer à la classe moyennisation du monde. Fichtre. 

D'une certaine façon, c'est une façon bien américaine de voir le monde: la dialectique du Soi et de l'Autre est grevée dès le départ, puisque l'Autre est comme le Soi, juste un peu différent. A cet égard, je comprend mal pourquoi il suffit  à un humain romérien de mourir pour devenir zombie, sans même avoir besoin d'être mordu. C'est quelque chose qu'il me semble ne jamais avoir vu dans d'autres films du genre: en général, il doit avoir contamination.  De même, alors que dans la majorité des autres films ( à l'exception de Warm bodies), la seule issue possible est l'élimination d'un des deux groupes, ici, la tétralogie se conclut sur une sorte de pacification sociétale. J'exagère pas en disant que ça m'a un peu déçue: et pas que parce que ça fout mon édifice théorique en l'air, mais parce que c'est un peu trop minorité visible pour moi. 

Pour conclure - provisoirement, puisque la quête continue, et pas plus tard que bientôt avec un film qui fait doublement peur: y a des zombies et c'est en flamand, hiii - je dirais qu'on peut peut-être diviser les films de morts-vivants en deux grands types:

- dialectico-marxiste, dans lesquels l'action est prise du début ( contamination, organisation du groupe de rescapés et victoire d'un  des deux groupes, en général les zombies). et s'organisent soit autour d'un groupe particulier ( rednecks, stripteaseuses, cockneys), soit autour d'une ville ( La Havane, Pancevo) soit autour d'une personnalité ( Lincoln, Bill Murray) soit appartiennent aux nombreux films-à-deux-balles tournés par trois connards bourrés qui ont tartiné leurs poteaux-cas-sociaux de glaçage pour gâteau dans l'espoir vain de soutirer quelques dinars au ministère de la Culture ( ce sont parfois les meilleurs cela dit).

- droit-de-l'homme-mollasson, dans lesquels on se rend compte que ces pauv'petiots sont comme nous, et que tout c'qu'ils veulent, c'est une carte de fidélité chez Delhaize et deux semaines de vacances par an à Benidorm. Pff.

Night of the living dead, 1968
Dawn of the dead, 1978
Day of the dead, 1985
Land of the dead, 2005

Politque des zombies, THORET ( coord.), Ellipses, 2007.

dimanche 24 février 2013

Warm bodies


Ça fait un moment que je n'ai pas regardé un film à base de chair morte qui me donne envie de poursuivre ma quête métaphysique du Dasein zombie et là, bim, un peu par hasard, j'ai vu hier Warm bodies, qui m'a bien réjouie, puisqu'il confirme ce que je pensais du rapport entre Marx et Romero.

Dans un monde post-apocalyptique dans lequel les zombies sont livrés à eux-même dans un aéroport, tandis que les humains rescapés sont retranchés dans la ville et tirent à vue, un zombie introspectif tombe amoureux d'une blondasse sensible, qu'il finit par arriver à s'enrouler malgré un premier rendez-vous pas top et des problèmes d'élocution visibles. Grâce à l'amûr, les zombies vont se remettre à vivre et aider les humains. Miiiignon.

L'aspect intéressant, c'est l'introduction d'une espèce de zombies-plus-que-zombifiés, à savoir les squelettes - des anciens zombies qui ont fini par se manger eux-mêmes. Méchants tout pleins, ceux-ci vont servir d'ennemis communs permettant aux hommes et zombies de s'unir et de triompher. C'est un véritable hymne à la classe moyenne:  dans une situation dialectique classique ( zombie prolétariat VS humains bourgeois), on introduit ici une troisième possibilité, celle d'être un peu des deux catégories, avec comme horizon d'attente de rentrer dans le système imposé du dessus. Une fois les zombies absouts de leur péché original ( celui d'être mort), ils peuvent se mettre à espérer avoir une vie presque normale et participer au grand capital. Ach. 

A part ça, le film est pas mal du tout. Venant de Jonathan Levine, on aurait pu attendre un peu moins de bons sentiments: All the boys love Mandy Lane était justement excellent pour cette raison précise qu'il était totalement gratuit et sans tentative d'explication quelconque. Mais l'ensemble reste très regardable, malgré quelques twilightismes - style Bon Iver sous la pluie, bon voilà quoi.

Warm bodies, Levine, 2012

lundi 12 novembre 2012

Cockneys VS Zombies


Ça faisait un moment que j'avais interrompu ma quête du principe herméneutique du film de zombie: par manque de temps mais surtout par manque d'idées ou de film qui me semblaient un tant soit peu fun.  Cockneys VS Zombies m'a bien plu et me réconcilie un peu avec le genre et ce, sans que j'y trouve une raison particulière: c'est bien foutu, pas mal filmé et bon esprit.

Comme très souvent dans les films british, les héros sont deux losers planifiant un hold-up pour sauver la maison de retraite dirigée par leur grand-père, menacée de destruction par un immobilier sans scrupule. Working-class hero donc. Le chantier de construction déterre un tombeau - dont l'origine reste assez floue - mais duquel sort un zombie. Pendant que la bande de bras cassés tente un braquage à l'italienne qui part en légèrement en sucette, les zombies prolifèrent et nos héros deviennent par inadvertance les gardiens de l'ordre de Sa Majesté.  Armés jusqu'aux dents, fendant la foule à bord d'un glorieux bus à double-deck, vieux et jeunes cockneys se tirent en douce  en dégommant tout ce qui bouge. 

C'est probablement l'accent anglais, ou le coup du bus ou les petits vieux trop meugnons qui terrassent des zombies à coup de prothèse jambaire, mais j'ai trouvé ça rafraîchissant. Ça confirme une fois de plus que les zombies ont quelque chose de prolétaire - ou en tout cas, un rapport complexe avec le prolétariat- mais les rôles sont un peu embrouillés ici. Dans certains films, les zombies s'opposent à un groupe constitué comme tel ( stripper, cockneys), dans d'autres, la zombification ne touche qu'une classe de gens ( redneck, noirs). C'est confusionnant, bien sûr. Parce qu'alors doit-on parler du zombie comme incarnation de la classe basse transformée en chair à pâté pour le bien d'une communauté qui se trouve tout ébahie quand ladite classe se met à bouffer le cerveau à tout le monde OU peut-on identifier la zombification comme un mal qui touche tout le monde sans distinction et que seuls un petit groupe de low-life peut vaincre? Hegel n'y retrouverait pas ses petits. Pourquoi d'ailleurs cette idée commune que le zombie mange du cerveau alors que c'est justement son unique faille? D'autre part, si on imagine nourrir des zombies de farines animales contaminées, l'effet homéopathique pourrait-il leur rendre leur humanité? Qu'en penserait Karl, mhhh?

Ma réplique préférée d'unijambiste: "Hold on, honey, gotta put me leg on"
Personnage inspirant:  Mental Mickey, mercenaire psychopathe.

dimanche 11 novembre 2012

Original zombies.




Description de cette image, également commentée ci-après                                
J'ai eu l'occasion récemment de voir deux films qui sont probablement parmi les premiers à présenter la figure du zombie: White zombie, de Victor Halperin et I walked with a zombie, de Jacques Tourneur -  1932 et 1943 quand même.























Comme on est largement pré-Romero, les films ne ressemblent pas vraiment à des films de zombies au sens classique du terme mais ont très probablement contribué à faire naître l'idée dans l'imaginaire cinématographique américain et donnent quelques pistes intéressantes quant à l'essai d'interprétation de la figure zombiesque. 

Dans les deux films, une jeune fille ( ou un jeune couple) est envoyé dans les Antilles et se retrouve en terre inconnue, avec tous les poncifs de l'exotisme lié au colonialisme paternaliste que ça peut engendrer. Entourés de bois sombres et menaçants à la végétation envahissante dans sa junglitude, ils entendent bien vite les sons hypnotisants des tambours qui emplissent la nuit, signalant la présence d'une force organique magique qui semble diriger les pauvres sauvages qu'ils sont si gentiment venus civiliser. L'opposition est très binaire ici: les Noirs, incultes, sous la coupe d'un paganisme vaudou dont le terrain est la nuit et les Blancs, garants d'un ordre apollinien sans lequel tout partirait en couille. Dans les deux films, une femme est transformée en zombie, par le caprice d'un homme qui l'aime et qui espère se la choper et est évidemment sauvée par l'autre homme qui l'aime - l'amant ou l'officiel, enfin celui- qui-a-le-coeur-pur-de-faon-au-bord-du-Mékong. Même si les deux situations sont inversées - une femme est transformée en zombie pour l'éloigner de son mari / une femme est transformée en zombie pour l'empêcher de se tirer avec son amant -, l'idée est la même.

Ce qui est étrange, c'est que dans les deux cas, ce sont des blancs qui dirigent et/ou réalisent l'opération de zombification. Bela Lugosi - son pouvoir réside dans ses sourcils - dans White Zombie, la belle-mère dans I walked with a zombie.  Mélange de mépris et de fascination pour les pratiques vaudoues et intérêt certain pour la technique de possession - relative, les zombies ne sont pas encore des grand corps malades geignant après leur quatre-heure de chair fraîche - l'entité dont on attendrait qu'elle combatte cette magie noire et civilise tout ça, se sert sans vergogne des croyances locales pour faire ce qu'elle veut. Bienséance oblige, les méchant blancs seront punis, les gentils noirs seront guéris et tout rentre dans l'ordre à la fin. Mais on trouve ici un truc intéressant, qui va dans le sens d'une interprétation marxiste du zombie: asservissement, possession, impossibilité de se constituer une conscience de classe et réduction à sa simple force de travail. Dans White Zombie, les zombie sont d'ailleurs utilisés comme ouvriers dans l'usine à Bela - pretty neat!

Alors bien sûr, il n'y a encore rien de la dimension proprement moderne de la question - zombification des masses de consuméristes avides par le biais d'une puissance invisible qui ne s'explique jamais vraiment + probablement un sous-texte religieux qui m'échappe un peu- mais l'idée est déjà là, dans l'air, que le paradigme "zombie" est très probablement une histoire de structure. Ach, encore et toujours.

mardi 28 août 2012

Abraham Lincoln VS Zombies

Abraham Lincoln vs. Zombies Poster

Sur IMDB, la note accordée par un bon millier d'usagers pour Abraham Lincoln VS Zombie est de 3.1.  Ce film est d'ailleurs sorti en vidéo sans passer par la case grand écran - ce que je ne savais pas au moment où je me lovai dans mon canapé pour regarder cette daube monumentale. Si je suis en général positive, même avec les navets les plus navrants, là je dois m'incliner devant l'absolue nullité de cette chose - tellement nulle que ça déplace le paradigme même du film de merde.

Un film de zombie n'a pas la prétention de faire du cinéma d'auteur, certes. Est-ce vraiment une raison pour pondre une bouse pareille? Pour l'amour du travail bien fait - et parce que je suis d'une flemmardise qui n'a d'égale que mon intégrité scientifique -, j'ai regardé ceci jusqu'au bout. Voici la liste des problèmes constatés:

- les scènes de massacre sont à bailler d'ennui. L'idée  de zombies qui ne réagissent qu'au bruit rend la proposition intéressante- en fait de zombies, on dirait un peu des poneys qui dorment debout-  mais on manque de grouillage de bras et de bave au coin des lèvres. Tout est d'une lenteur qui ferait passer un film de Tarkovsky pour un remake de Lola rennt. Je suis pas non plus convaincue par les films montés comme des clips de Lady gaga, style 28 jours/mois/? plus tard, mais un peu de mouvement n'a jamais tué personne.
- la pseudo-histoire d'amour entre une mère maquerelle et Abie qui ne sert pas à grand chose - à part intègrer une paire de seins à l'action.... mais décevante,cette paire de loches l'est.
- pas vraiment de sang, de boyaux et quoi que ce soit qui puisse rattraper la sauce point de vue déguisements et maquillages. On voit l'idée du film zéro budget, mais les zombies tartinés de glaçage au citron de Plaga mutante avaient quand même plus de gueule - sans mentionner Redneck zombies.
- enfin, le tout est fait avec le plus grand sérieux. Pas la moindre blagounette et beaucoup de grands sentiments qui donnent un peu une impression de premier degré. Tout ça nous fait d'ailleurs douter de nos connaissances en matière d'histoire américaine: le général Jackson, mort à Gettysburgh.... pas sur...


jeudi 16 août 2012

Plaga zombie: zona mutante



Je ne sais plus torp comment je me suis retrouvée avec Plaga zombie: zona mutante entre les mains: je pense que quelqu'un me l'a recommandé, mais qui? Quoi qu'il en soit, je suis assez satisfaite d'avoir découvert ce film qui, s'il ne révolutionne pas le genre, pose la question des rapports zombies/êtres humains de façon assez intéressante.

Pour des raisons probablement données dans Plaga zombie, mais que je fus trop paresseuse pour regarder et que je ne connais donc pas, un village entier se retrouve contaminé par une peste zombie. Ordre est donné de liquider la situation et de confiner le village. On se retrouve alors aux côtés de Max, John et Bill qui se réveillent en pleine rue, avec du sang partout et entourés de zombies. S'ensuivent une série de mésaventures des plus classiques - avec des détails bien gorets - et nos héros semblent trouver une échappatoire en la personne d'un agent du FBI qui possède une disquette  trois pouces - où on prend conscience de la fracture numérique qui sépare les villages infestés de zombies du reste du monde - sur laquelle se trouve un plan pour sortir de la ville. Pendant que la vieille bécane d'un des protagonistes décrypte la disquette en question - qui se révélera inutile sans la disquette numéro 2, hahaha - les liens d'amitié seront mis à l'épreuve, des sentiments seront dévoilés, des regrets partagés et des petits enfants dévorés. 

Ce qui est frappant ici, c'est que les héros, qui se battent contre les zombies avec un acharnement admirable sont eux-mêmes des zombies - cfr. Plaga zombie. On peut donc se demander qu'est-ce qui distingue les deux groupes: les zombies ont l'air d'être nettement plus zombifiés : ils sont bien crados, ont une sorte de croûte qui recouvre leur visage ( maquillage réalisés à l'aide de glaçage pour gâteux d'après la rumeur)  et sont complètement lobotmisés. On assiste d'ailleurs à une scène intéressante dans laquelle John West essaye péniblement de comprendre ce que le zombie à la sucette essaye de lui expliquer - les zombies perdent l'usage de la parole visiblement. Le langage étant ce qui distingue l'homme de l'animal, on assiste donc plutôt à une confrontation entre un groupe de zombies humains et un groupe de zombies animalisés qui ne semblent pas se contaminer les uns les autres. L'explication finale laisse un peu sur sa faim quant au sens de tout ceci: alors quoi, zombies ou pas zombies? Et la dialectique, bordel! Une partie des réponses à ces questions se trouve probablement dans la suite de Zona Mutante, Revolucion Toxica.

Réplique à retenir: " Oy, John, mira a este zombie! " " Oy, que desagradable!"
Moment musical: la chanson de John West, ancien luchador sur le retour.

ДЈ Владимир ис ин да хаус

J'ai récemment eu le bonheur de me trouver à bord du vol long courrier d'une compagnie russe, où, entre deux prières pour ma vie et quelques verres d'un vin probablement distillé dans le cockpit dudit avion et servi par une rotonde hôtesse post-soviétique, j'ai pu m'abandonner au plaisir coupable d'un matage extensif des clips repris dans la playlist " Pop: hits only". DJ Vladimir, qui avait bien fait son travail, y avait réuni pas moins de 2h30 de clips trop frais et carrément bandant. Outre le trauma vécu, j'ai constaté quelques faits intéressants.

1: David Guetta est toujours aussi célèbre. Il fait même des clips artistiques avec du sens dedans et des effets instagram. On peut se demander quel est le rapport entre le clip et la chanson, mais laissons nous plutôt bercer par la musique illustrée magistralement par les aventures d'un petit garçon sous crack. La mèche blonde et les dents lapinaudes nous font d'ailleurs penser à un DJ célèbre, mais qui? 

2: Les boys-band sont de retour et ça fait peur. Je me rappelle d'un article de 20 ans ( circa 1997) intitulé " Il faut bien que les boys bandent" et dont des bribes me reviennent en tête en visionnant les clips des One Direction : " les chanteurs marchent sur la plage en se donnant des grandes tapes bien viriles dans le dos" "chemises ouvertes sur des abdos bien huilés" et " inoffensif et asexués, ils parlent des filles en général sans jamais en évoquer une précisément". Bon une partie de ces citations est de mémoire, puisque ma collecque de 20 ans est restée à Bruxelles et que je devais avoir une douzaine d'années quand j'ai lu ce papier.  Les One Direction sont donc un groupe de garçons, au nombre parfait de 5 ( tels les G-Squad) qui ont cet air réjoui des prépupères qui regardent pousser leur premier poils. Ils chantent, dansent et prennent des bus londoniens. Ils ne sont pas bodybuildés par contre, préférant l'élégance freluquette de la crevette style Mod ou la nonchalance slacker clean. Ils chantent des chansons avec des rimes tellement riches qu'il n'existe pas de de terme en poétique pour les décrire (" So get out of my head/ And fall in my arms instead") et dont la dialectique apparente rendrait Hegel fou de rage ( " You don't know you're beautiful/ That's what makes you beautiful"). Leurs, grands frères, les Overtones, ne font pas vraiment mieux du point de vue herméneutique, mais eux, au moins, sont suffisamment âgés pour l'apéro. Bim.

3: LMFAO révèle enfin une partie de la vérité sur leur musique: c'est rien que de la grosse daube qui transforme les gens en zombies musicaux avec des goûts vestimentaires de chiotte. Je ne sais pas très bien si tout ça est une énorme mise en abyme truculente d'ironie ou tout simplement un concept de clip imaginé par le cerveau d'ados attardés qui n'ont pas  complètement saisi la technique de la métaphore telle que ce cher Nietzsche la définit. 

La leçon de tout ceci? Gardez la foi et ne sortez pas sans boules quiès. 

dimanche 29 juillet 2012

Zombieland


Encore une découverte complètement aléatoire, puisque je suis tombée sur la référence de ce film en cherchant une info sur Bill Murray. Il est donc la principale raison pour laquelle je me suis farcie cette bleuette morte-vivante, pas révolutionnaire dans son genre.

Bon. On arrive en plein dans une Amérique ravagée par les zombies, devenue "Zombieland", dans laquelle un nerd puceau plein de tocs et d'envies sexuelles sales concernant les cheveux derrière les oreilles des filles (envie qu'il assouvira finalement, retenons notre souffle) semble être le seul survivant. Il se fait choper par une sorte de cow-boy en Hummer qui le prend en pitié. S'ensuite une rencontre pas des plus sympa avec deux soeurs qui cherchent à rejoindre la Californie et le roadtrip est lancé. Malgré moult coups bas et trahisons, et un problème évident de morts-vivants, tout ce petit monde finit par s'entendre à merveille et échoue dans la maison de Bill Murray. Ceci n'est cependant pas la destination finale de nos sympathiques protagonistes, qui doivent venir au secours des deux greluches récupérées plus haut, assaillies par les zombies dans un parc d'attractions - où notre héros vainc finalement sa peur panique des clowns et est bien parti pour tirer sa crampe. On est donc doublement heureux.

Le casting se défend bien: Jesse Eisenberg, jouant à être lui-même, Woody Harelson qui ressemble à Buzz dans Toy Story et la mini-meuf qui jouait Little Miss Sunshine - en carrément plus dark, woaw. Et Bill Murray donc- pendant 10 minutes.

Pour le reste, pas grand chose qui dépasse: les cadavres sont pas mal faits, y a des blagues de-ci de-là et des personnages - absolument pas clichés- dont les antagonismes sont censés être le principal ressort d'un pitch assez pauvre. 

En fait, je n'arrive pour une fois pas à voir discerner l'apport herméneutique de ce film à mon entreprise.  Je n'ai d'ailleurs trouvé ni réplique culte, ni  personnage pref', ni même un moment musical marquant - The Raconteurs au générique, ça calme. Trop lisse,  trop bien-pensant, trop lait de soja.  

Bouh.

dimanche 22 juillet 2012

Zombie strippers


Zombies strippers est un film que j'ai vu il y a quelques années et dont je  n'avais pas gardé un souvenir impérissable, si ce n'est les maquillages bien dégueux des stripteaseuses en état avancé de zombification. Je l'ai donc reregardé pour voir ce qu'il y avait à en tirer. Pas grand chose en fait.

Dans une Amérique du futur qui subit son 4e mandat Bushien, un virus mis au point par l'armée pour ressusciter ses soldats qui commencent à se faire rares est leaké par un des sicentifiques en question et infecte un soldat qui échoue dans un club de striptease et mord une des danseuses. Revenue d'entre les morts, celle-ci remonte en scène et là, bim, OMG, est devenue la meilleure stripteaseuse du monde de la terre- le seul souci étant qu'elle boulotte les clients après son show. Bref, le patron décide de fermer les yeux et d'enfermer les clients à moitié bouffés dans le cagibi de la cave et laisse tourner sa petite entreprise. Les tensions entre danseuses sont ravivées par le soudain succès de la zombipute et elles se font mordre les unes après les autres. La situation dégénère  rapidement et le groupe d'intervention spéciale ( déjà censé régler le problème avant qu'il ne sorte du labo) est envoyé pour nettoyer le bordel. Où on apprend la vérité sur la pourquoi du comment de la fuite du virus ( mouahahaha).

Le film ne casse pas des briques, mais le concept de base est vachement intéressant, en tout cas du point de vue comparatiste: on est clairement dans une zombification de groupe ( la stripteaseuse comme prolétaire absolue) mais qui est recherchée par les protagonistes comme issue à leur situation. Un des principes de base du virus est qu'il ne se contente pas de ressusciter les morts, mais décuple au passage les aptitudes qu'ils avaient vivants: un soldat sera donc un super-soldat, une stripteaseuse, une pro de la barre de fer etc. Des sortes de surhommes en fait. Les clients du stripclub, par contre, sont réduit à l'état de zombies classiques - alors qu'il y a peut-être parmi eux des spiderman en puissance- ce qui met en évidence un double standard évident- seul le groupe qui se constitue comme tel peut profiter des effets bénéfiques de la zombification. Une sorte d'illustration de la conscience de classe donc.

Mais si marxisme il y a, c'est mâtiné de Nietzschéanisme de comptoir: la stripeuse star lit " Par-delà le bien et le mal" entre deux lapdance, la figure de l'ubermensch n'est pas loin et les raisons données par le scientifique qui a leaké le virus sont éminemment nitzschéennes ( = nous ne nous engageons vraiment dans l'existence qu'au sein d'un chaos total). D'ailleurs seule la stripeuse pure se sort de ce merdier grâce à son acceptation sans compromis de la mort atroce qui l'attend.

On dira ce qu'on voudra sur les approximations théoriques et le rabotage conceptuel infligés à ces deux pensées, ça a quand même de la gueule.  

Réplique qui explique tout: " Huh, it makes much more sense now " (relisant Par-delà le bien et le mal une fois zombifiée) 
Minorité visible préférée: Paco, homme de ménage chicano qui dit adieu à son âne avant de se jeter dans la bataille.