vendredi 26 juin 2015

Zombie like lovers

Ça faisait un bail que je ne m'étais plus plongée dans un cycle zombie: c'est chose faite grâce à une sélection avisée autour du thème pas dégueu de l'amûr chez nos amis bouffeur de cervelle. 

On s'interroge souvent sur l'intériorité du zombie: pense-t-il? Se souvient-il de son passé? A-t-il réglé son complexe d’œdipe? Il ne parle souvent pas, ce qui est bien ennuyant pour savoir ce qui se passe dans l'habitacle vaseux de ses yeux glauques (snif, c'est beau). Les sentiments des zombies restent donc largement mystérieux et à plus forte raison, le sentiment amoureux (déjà par trop sibyllin en lui-même). Dans les films choisis, on a évacué une première difficulté dès les prémisses: ils parlent! Alléluia! C'est donc nettement plus simple de construire à partir de là, quoiqu'on pourrait trouver ça un peu facile. 

Le plus basique est sans doute The return of the living dead 3, sorte de bleuette sur l'amour ado qu'il est plus fort que tout et comment on va partir toi et moi en moto à Seattle et vivre d'amour et de chemise à carreaux (on est en 1993). La zombification intervient alors que le couple existe déjà, ce qui n'explique donc pas comment un zombie peut ressentir quelque chose. Finalement, à part devoir se retenir de bouffer son aimé, la mort ne change pas grand chose à l'affaire, à part libérer la punk tendance 50 shades of brain qui sommeille en chacun de nous. On aime cependant le côté très teenage des questions de fond - " ni morte, ni vivante, mais qui suis-je?" " je ne suis pas comme vous mais pas comme eux, personne ne me comprend, na!" et le classique "j'ai pas demandé à naître (enfin, à revivre donc)". Comme quoi, l'adolescent est un zombie comme les autres et vice-versa.

Dans Zombie Honeymoon, même procédé: ils sont beaux, ils sont jeunes, ils s'aiment et finissent par se bouffer la tête - le mariage, quoi. Après un accident de surf malencontreux, et une résurrection inopinée, Monsieur se met à vouloir becqueter du flic en sandwich, et à boulotter ses potes pourtant venus leur rendre une sympathique visite. Ce qui est beau, c'est cette rupture qui s'éternise, et qui finit par être consommée avec une certaine satisfaction de la part de la mariée - "j'te quitte, t'es qu'un zombie d'abord", meilleure excuse à ce jour. On aime le côté zombie végétarien, même si on ne peut s’empêcher de se demander de quoi un concept pareil pourrait accoucher: des carottes mortes-vivantes sortant de leur potager la nuit pour se venger? Des brocolis tueurs attaquant des bars à soupe? Des plants de quinoa devenant méga caloriques?(hiiiii!)

Dellamorte Dellamore nous raconte les folâtreries d'un jeune fossoyeur primesautier qui ballade nonchalamment sa mélancolie dans un cimetière de plus en plus remuant. Une veuve italienne opulente plus tard et c'est l'embardée, le sexe sauvage sur la tombe, la morsure fatale et le début d'une histoire compliquée. Le fidèle assistant Gnaghi ( ne s'exprime que par "Gna", donc) tombe lui aussi amoureux d'une jeune replète qu'il adapte astucieusement au cadre de sa télé cassée - une variante intéressante des éternelles soirées-télé à deux qui signalent si souvent le début de la fin d'un couple. Tout est ici plutôt bon enfant, avec ce flegme cher à Everett qui ne s'embarrasse pas plus que ça de cette aventure extra-vivante: ah, l'amour après 30 ans! Finis les petits sourires en coin, les papillons dans le ventre et les approches timides! Un clair de lune propice, un mari au cadavre encore frais, une westmalle de trop et en voiture! Mais Dellamore est surtout un Sisyphe moderne, éternellement attaché à sa mission absurde, heureux seulement quand quelques heures par jour les grincements des cercueils se taisent pour laisser la place au chant des cigales désabusées.

Finalement, Warm Bodies est sans conteste le plus réussi car le plus original. J'en ai déjà parlé ici, alors je ne m'étendrai pas. Ce qui me frappe en le revoyant, c'est l'aspect très teenage movie, pris ici avec une certaine distance - de la même manière que le genre zombie est traité. L'autre truc intéressant, c'est le rapport entre langage et sentiments, avec l'idée pas bête d'être parti du point de vue du zombie. Il existe en effet peu de films-d'amour-à-monstres qui prennent le monstre comme point focal: on aimerait par exemple, connaitre la version d'Edward de Twilight. Ce serait sans doute beaucoup plus fun.

Return of the living dead 3, Yuzn, 1993
Zombie Honeymoon, Gebroe, 2004
Dellamorte Dellamore, Soavi, 1994
Warm Bodies, Levine, 2013

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