vendredi 5 juin 2015

Ecran total

J'avais beaucoup d'espoir pour The Canal ayant depuis toujours un faible pour les cours d'eau et leur algues glauques ondoyant doucement au gré des cadavres qui y flottent (Maurice, si tu nous lis). Niveau flottaison, ça manque un peu de conviction: certes, canal il y a, mais celui-ci n'est maléfique que via des égouts mal rebouchés - enfin, ça sent l'arnaque plombière à plein nez. Pour le reste, le film n'est pas mal: classique histoire de tromperie gone wrong muée en déni qui finit par trouver la vérité de son symptôme via une rencontre mystique dans les chiottes - histoire de rester dans la tuyauterie. Y a aussi vaguement une histoire de maison hantée par un meurtre précédent, le tout en format newsreel  avec des plans inquiétants de vieux projos qui depuis Sinister sont visiblement devenus des objets d'horreur pour ce pauvre monde digital native (on attend avec impatience la naissance du genre VHSlasher avec des têtes de lecture qui démagnétisent le cerveaux); bref, on a bien peur en regardant des vieilles bobines pourries (ouh!) qui ne servent pas à grand chose mais font un peu ambiance (genre). Du point de vue de l'infidélité, on ne sait pas très bien qui blâmer: l'actrice qui joue la-meuf-qui-trompe-mais-qui-fait-semblant trop mal ou le mari qui est une putain de sacré buse pour s'apercevoir de rien? Finalement, ils le méritent un peu tous les deux, tiens.

Polytechnique est basé sur un fait divers peu connu (en tout cas de moi) pour la bonne et simple raison qu'il s'est déroulé à Montréal et qu'il faut bien avouer que toute information nous parvenant de cette région du monde francophone a tendance à passer pour une blague, prompts que nous sommes à glousser en entendant cet accent chantant qui nous fait penser à Céline. Honte à moi, et merci à Villeneuve de m'éduquer chaque jour un peu plus. Il s'agit donc d'un classique massacre dans une école, sauf qu'ici, la cible du sémillant psychopathe n'est autre que les féministes - enfin les femmes en général - dont on peut raisonnablement penser qu'il n'y en a pas des masses dans une école d'ingénieurs. Pas très malin, donc. Une école d'esthéticiennes aurait été plus profitable à notre misogyne en culottes courtes. Le point de vue adopté par Villeneuve reprend classiquement différents points de vue narratifs et temporels - dans la classe, hors de la classe - même s'il n'en fait pas le principe organisateur du film - style Elephant, au risque de faire cliché. Si on ne va pas plus loin dans l'exploration des motivations, ou des sentiments, on aborde quand même des questions qui vont un peu plus loin que l'événement - le futur des victimes, la culpabilité des survivants. Personnellement, j'ai trouvé le film très beau photographiquement, très maîtrisé mais parfois un peu foutraque dans la structure. Même si l'aspect chaotique fait aussi partie du fond, bon bref.

Je ne dirai pas grand chose sur The Pact II: je suis assez dégoutée. The Pact m'avait fait flipper au-delà du réel et était hyper bien branlé, la suite est toute foireuse, avec une utilisation des "recettes" du premier qui fait ressembler le truc à un vieux bout viande réchauffé et mis à une nouvelle sauce sans trop de considération pour l'état avancé de faisandage de ladite viande. Heurk.

The Canal, Kavanagh, 2014
Polytechnique, Villeneuve, 2009
The Pact II, Hallam et Horvath, 2014 

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