dimanche 11 novembre 2012

Original zombies.




Description de cette image, également commentée ci-après                                
J'ai eu l'occasion récemment de voir deux films qui sont probablement parmi les premiers à présenter la figure du zombie: White zombie, de Victor Halperin et I walked with a zombie, de Jacques Tourneur -  1932 et 1943 quand même.























Comme on est largement pré-Romero, les films ne ressemblent pas vraiment à des films de zombies au sens classique du terme mais ont très probablement contribué à faire naître l'idée dans l'imaginaire cinématographique américain et donnent quelques pistes intéressantes quant à l'essai d'interprétation de la figure zombiesque. 

Dans les deux films, une jeune fille ( ou un jeune couple) est envoyé dans les Antilles et se retrouve en terre inconnue, avec tous les poncifs de l'exotisme lié au colonialisme paternaliste que ça peut engendrer. Entourés de bois sombres et menaçants à la végétation envahissante dans sa junglitude, ils entendent bien vite les sons hypnotisants des tambours qui emplissent la nuit, signalant la présence d'une force organique magique qui semble diriger les pauvres sauvages qu'ils sont si gentiment venus civiliser. L'opposition est très binaire ici: les Noirs, incultes, sous la coupe d'un paganisme vaudou dont le terrain est la nuit et les Blancs, garants d'un ordre apollinien sans lequel tout partirait en couille. Dans les deux films, une femme est transformée en zombie, par le caprice d'un homme qui l'aime et qui espère se la choper et est évidemment sauvée par l'autre homme qui l'aime - l'amant ou l'officiel, enfin celui- qui-a-le-coeur-pur-de-faon-au-bord-du-Mékong. Même si les deux situations sont inversées - une femme est transformée en zombie pour l'éloigner de son mari / une femme est transformée en zombie pour l'empêcher de se tirer avec son amant -, l'idée est la même.

Ce qui est étrange, c'est que dans les deux cas, ce sont des blancs qui dirigent et/ou réalisent l'opération de zombification. Bela Lugosi - son pouvoir réside dans ses sourcils - dans White Zombie, la belle-mère dans I walked with a zombie.  Mélange de mépris et de fascination pour les pratiques vaudoues et intérêt certain pour la technique de possession - relative, les zombies ne sont pas encore des grand corps malades geignant après leur quatre-heure de chair fraîche - l'entité dont on attendrait qu'elle combatte cette magie noire et civilise tout ça, se sert sans vergogne des croyances locales pour faire ce qu'elle veut. Bienséance oblige, les méchant blancs seront punis, les gentils noirs seront guéris et tout rentre dans l'ordre à la fin. Mais on trouve ici un truc intéressant, qui va dans le sens d'une interprétation marxiste du zombie: asservissement, possession, impossibilité de se constituer une conscience de classe et réduction à sa simple force de travail. Dans White Zombie, les zombie sont d'ailleurs utilisés comme ouvriers dans l'usine à Bela - pretty neat!

Alors bien sûr, il n'y a encore rien de la dimension proprement moderne de la question - zombification des masses de consuméristes avides par le biais d'une puissance invisible qui ne s'explique jamais vraiment + probablement un sous-texte religieux qui m'échappe un peu- mais l'idée est déjà là, dans l'air, que le paradigme "zombie" est très probablement une histoire de structure. Ach, encore et toujours.

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