Pas grand-chose de nouveau cette
semaine, entre cow-boy du dimanche, cow-boy du mercredi après-midi et cow-boy
du vendredi soir : tout le monde peut être un héros (juste pour un jour,
une fois).
Cow-boy du dimanche, c’est dans Westworld, l’original. Comment
en deux heures on liquide une série promise à moult saisons, c’est ça l’efficacité
Bosch et c’est encore une victoire de Canard, à savoir Yul Brynner en cow-boy mutant
qui promène sa vengeance de machine au crâne lisse, trop lisse. L'intrigue est
sensiblement la même que celle de la série : une agence de vacances
propose des séjours dans des mondes trop fun (époque médiévale, empire romain,
cow-boy world). Trop fun, certes mais pas pour tout le monde – une preuve de
plus que l’entertainment de masse est un truc fondamentalement patriarcal,
tiens. Enfin bref. Comme prévu les robots se mettent à déconner et à tirer sur
tout ce qui bouge, avec un méchant particulièrement vilain en la personne de
Brynner qui fait tellement bien le robot qu’on se demande si l’URSS n’aurait
pas eu une large longueur d’avance sur nous en termes d’intelligence
artificielle. Il y a moins de considérations freudo-lacaniennes que dans la
série (« mais quel est ce sujet qui se cache entre les plis, ciel mon
phallus ») mais plus de pim pam poum et d’assassinats de sang froid (très
froid). Pour pimenter le tout, les mondes collusionnent ce qui donne un chouette
bordel de cow-boy dans des châteaux forts et d’orgies romaines avec des putes
de saloon. Enfin, presque.
Les cows-boys du mercredi
après-midi, ce sont les 7 (ou 8 ?) mioches du Wolfpack, documentaire hallucinant sur une bande de garçons élevés
en huis-clos dans un appartement new-yorkais et qui connaissent le monde par la
lorgnette ultime de notre ami cinéma (cinééééémaaa). De film en film et de
salle en salle, ils lui ont donné leur existence. Bon pas vraiment. Il s’agit
en fait d’une famille très nombreuse, composée quasi exclusivement de garçons à
la longue chevelure Hare Krishna et au type mi-indien mi-chelou. Comment en
sont-ils arrivés là ? Que font-ils de leurs journées ? Où en est leur
virginité ? A quoi ressemble un
gaillard de 23 ans qui n’est jamais sorti de chez lui et qui ne connaît de la
vie que Pulp Fiction et de l’amour
que Blue Velvet ? Qu’est-ce qu’on
mange ce soir, d’ailleurs ? Tant de questions auxquelles on n’aurait
jamais imaginé avoir de réponse, et pourtant si ! Par la grâce des médias
gonzos, on finit toujours par dénicher LA famille de cinglés qui fera l’affaire.
Quelques plans mélancoliques, des cadrages un peu rapprochés, des scènes qui
font peur (le bûcher d’Halloween au milieu du salon !), une dramatisation
programmée (« tiens, et si je me réconciliais avec ma mère, perdue de vue
depuis 50 ans ? Oups, une caméra ! ») et l’affaire est dans le
sac. Au final, un truc fascinant mais pas non plus transcendant : on les
voit rejouer leurs films préférés, parler de leur enfance pire que la nôtre et
aller au cinéma pour la première fois (émotion !). On aimerait par contre savoir
s’il est possible de louer ces jeunes garçons à l’heure pour animer des soirées
de cinéphiles – mais ce n’est visiblement pas encore un produit téléachat.
J’ai beaucoup attendu Yoga Hosers, surtout après l’inénarrable
Tusk mais je dois avouer que c’est un peu un truc de cows-boys du vendredi soir :
une paire d’ados un peu concons mais vachement dégourdies combat le mal depuis
derrière le comptoir d’un magasin de pompe à essence, en chouinant parce qu’elles
ratent LA soirée qui aurait dû faire d’elles des femmes. Zutre. Il y a
évidemment des choses intéressantes : l’addiction des jeunes filles pour
un yoga d’un genre renouvelé, avec des postures vachement plus comiques que le
pigeon royal ou que la demi-pince ; les gossbos du lycée qui s’avèrent
être des infâmes satanistes plein de beuh, et surtout le méchant de ce film,
consistant en une bande de « bradzis », pour « bradwurst »
et « nazi » - un terme que l’on peut élégamment traduire par « knazis »
ou encore par « zwanzis » - j’suis assez fière de moi. Ces petits
hommes-saucisses maléfiques jaillissent de partout en criant « wunderbar »
et aiment à remonter le rectum de leur victime. Miam. Qui est derrière ce complot ? Mystère!
Il y a plein de références très cons mais assez jouissives à plein de trucs qu’on
aime, dont une excellent citation du Children
shouldn’t play with dead things, film de zombies trop souvent oublié dont on
a d’ailleurs parlé ici (alors on est bien content de soi, didon). Pour le
reste, c’est un peu « meh » comme on dit. Avec saumon mais sans cream
cheese.
Westworld, Crichton, 1973
The Wolfpack, Moselle, 2015
Yoga Hosers, Smith, 2016
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