mardi 11 octobre 2016

Ecran total

Cette semaine, un peu de flip à bas coût avec des lapins gothiques, des clowns psychotiques et un Edward Norton un poil excentrique.

J’ai toujours cru que j’avais déjà vu Donnie Darko, mais c’est parce que je le confonds avec Donnie Brasco – avouez qu’il y a de quoi. En fait, non et c’est donc chose faite. Ça raconte l’histoire d’un ado un peu mal dans sa peau (genre il est trop beau gosse mais c’est trop dur pour lui), un peu narcoleptique et somnambulesque, qui parle à un lapin imaginaire, Frank.  Donnie vit en suburbia, cauchemar américain de classe moyenne à maintes reprises épinglé dans la dernière décennie du 20e, et se fait chier dans sa maison impeccable aux rideaux Laura Ashley.  Convaincu d’une apocalypse imminente, il converse avec un lapin géant à masque de mort super flippant et échappe de peu à un réacteur d’avion tombé par erreur sur sa chambre. Après, c’est plutôt une tranche de vie classique : les cours d’anglais avec la prof trop cool mais qui se fait virer, la nouvelle dans sa classe qu’est trop mignonne et qui bingo s’assied à côté de lui, les fêtes d’Halloween qui dérapent et les séances chez le psy.  Le tout est noyé dans des visions lentes, des longues séquences musicales au ralenti un peu planantes, un sentiment de perte de réalité via des séquences vidéo un peu futuristes avec des grésillements (et tout) . Franchement, en termes de désespoir adolescent, Donnie peut repasser : ses darons sont plutôt cool et le laissent psychoter gentiment, sa meuf est meugnonne comme tout, ses potes sont toujours prêts à prendre leur vélo pour aller résoudre un mystère - il est peut-être bien un des marmots de Stranger Things, mais 10 ans plus tard – genre celui qui crache des glaires noirs. Ça ressemble donc plus à un trip ado qu’à une critique sociale, même si on sent le côté grinçant et glauque d’existences parfaites assorties au tapis de la salle de bain. Il y a des personnages, des moments tout droit sortis de l’univers de Lynch - beaucoup de plans de cage d’escalier, des profs toujours au bord de la crise psychotique, des adeptes de théories PNListo-fumeuses et des gazons bien taillés. C’est beau.

Même si on aimerait bien l’aimer, c’est difficile de défendre 31,  petit nouveau de Rob Zombie, qui est, avouons-le, une belle daube. C’est dommage, on était toute chose à l’idée de retrouver les clowns maléfiques, les rednecks mythiques et les shoot-out de western de  The devil’s rejects, mais là, alors que tous les éléments y sont, ça tombe relativement à l’eau : c’est mou, lent, pas très inventif dans l’horreur, ça fait un peu recyclage mais d’une poubelle mal triée (genre avec des cartons et des canettes dans le même sac).  Tout avait pourtant bien commencé : 31 raconte l’histoire d’une bande forains ambulants qui se perd un soir d’Halloween au milieu de nulle part et se fait kidnapper par des gens riches et sadiques afin de participer à un jeu style « on lâche des clowns fanatiques avec des armes rudimentaires dans une usine abandonnée et vous devez survivre ». Cool ! Hélas, hélas, trois fois hélas ! C’est peut-être le huis-clos, c’est peut-être l’overdose de clowns, c’est sans doute l’omniprésence de Cherri Moon Zombie, épouse de, qui promène sa permanente décolorée et son ventre plat dans tous les cadres en essayant de faire l’actrice, c’est sans doute aussi les personnages de riches zet puissants sadiques ridicules – ils sont riches donc ils ont des costumes Louis XIV, sans doute une critique de biais à la monarchie de droit divin, sacré Rob ! Tout ça fait que ça ne prend pas vraiment : alors bien sûr, c’est divertissang (sic, haha) mais ça manque de cow-boy, diantre !

Enfin dans Primal Fear, on voit ce cher Dick-la-mimique aka Richard Gere, dans le rôle de Martin Vail, brillant avocat un peu pervers narcissique sur les bords (si on en croit le test trouvé dans 20ANS de décembre 1996), décide de voler au secours d’Aaron, pauv’ enfant de chœur de son état accusé du meurtre d’un archevêque. Le mobile de Marty n’est bien évidemment pas l’empathie pour son prochain mais bien la gloire judiciaire, la coke et les putes qui s’ensuivent. Sacré lui. Sauf que l’affaire est plus corsée qu’il n’y paraît à première vue : comme tout bon dignitaire ecclésiastique, notre pépé était régulièrement menacé de mort par des investisseurs immobiliers pas contents (normal…) et bien sûr trempé un peu beaucoup dans des histoires de mœurs pas nettes. Du coup, que faire, qui croire, où courir, où ne pas courir ? En plus vla-t-il pas qu’Aaron se révèle être à plusieurs dans sa tête : que de rebondissements – presque trop pour un seul homme et pour deux heures de film ! Je n’en dirai pas plus, mais sachez qu’on y voit le jeune Norton avant qu’il devienne célèbre dans son rôle d’antivirus (mouhahaha), et qu’il est vraiment cool : tantôt penaud, tantôt schizo, on le sent sur la pente Fight Club, déjà. Pour le reste : Dick fait ses tricks, son ex lui met des râteaux, on boit des whisky et voilà.

Donnie Darko, Kelly, 2001
31, Zombie, 2016

Primal Fear, Hoblit, 1996

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