Cette semaine, un peu de flip à
bas coût avec des lapins gothiques, des clowns psychotiques et un Edward Norton
un poil excentrique.
J’ai toujours cru que j’avais
déjà vu Donnie Darko, mais c’est
parce que je le confonds avec Donnie Brasco
– avouez qu’il y a de quoi. En fait, non et c’est donc chose faite. Ça
raconte l’histoire d’un ado un peu mal dans sa peau (genre il est trop beau
gosse mais c’est trop dur pour lui), un peu narcoleptique et somnambulesque, qui
parle à un lapin imaginaire, Frank.
Donnie vit en suburbia, cauchemar américain de classe moyenne à maintes
reprises épinglé dans la dernière décennie du 20e, et se fait chier
dans sa maison impeccable aux rideaux Laura Ashley. Convaincu d’une apocalypse imminente, il
converse avec un lapin géant à masque de mort super flippant et échappe de peu
à un réacteur d’avion tombé par erreur sur sa chambre. Après, c’est plutôt une
tranche de vie classique : les cours d’anglais avec la prof trop cool mais
qui se fait virer, la nouvelle dans sa classe qu’est trop mignonne et qui bingo
s’assied à côté de lui, les fêtes d’Halloween qui dérapent et les séances chez
le psy. Le tout est noyé dans des
visions lentes, des longues séquences musicales au ralenti un peu planantes, un
sentiment de perte de réalité via des séquences vidéo un peu futuristes avec
des grésillements (et tout) . Franchement, en termes de désespoir
adolescent, Donnie peut repasser : ses darons sont plutôt cool et le
laissent psychoter gentiment, sa meuf est meugnonne comme tout, ses potes sont
toujours prêts à prendre leur vélo pour aller résoudre un mystère - il est
peut-être bien un des marmots de Stranger
Things, mais 10 ans plus tard – genre celui qui crache des glaires noirs.
Ça ressemble donc plus à un trip ado qu’à une critique sociale, même si on sent
le côté grinçant et glauque d’existences parfaites assorties au tapis de la salle de
bain. Il y a des personnages, des moments tout droit sortis de l’univers de
Lynch - beaucoup de plans de cage d’escalier, des profs toujours au bord de la
crise psychotique, des adeptes de théories PNListo-fumeuses et des gazons bien
taillés. C’est beau.
Même si on aimerait bien l’aimer,
c’est difficile de défendre 31, petit nouveau de Rob Zombie, qui est,
avouons-le, une belle daube. C’est dommage, on était toute chose à l’idée de
retrouver les clowns maléfiques, les rednecks mythiques et les shoot-out de
western de The devil’s rejects, mais là,
alors que tous les éléments y sont, ça tombe relativement à l’eau : c’est
mou, lent, pas très inventif dans l’horreur, ça fait un peu recyclage mais
d’une poubelle mal triée (genre avec des cartons et des canettes dans le même
sac). Tout avait pourtant bien
commencé : 31 raconte l’histoire d’une bande forains ambulants qui se perd
un soir d’Halloween au milieu de nulle part et se fait kidnapper par des gens
riches et sadiques afin de participer à un jeu style « on lâche des clowns
fanatiques avec des armes rudimentaires dans une usine abandonnée et vous devez survivre ».
Cool ! Hélas, hélas, trois fois hélas ! C’est peut-être le huis-clos,
c’est peut-être l’overdose de clowns, c’est sans doute l’omniprésence de Cherri
Moon Zombie, épouse de, qui promène sa permanente décolorée et son ventre plat
dans tous les cadres en essayant de faire l’actrice, c’est sans doute aussi les
personnages de riches zet puissants sadiques ridicules – ils sont riches donc
ils ont des costumes Louis XIV, sans doute une critique de biais à la monarchie
de droit divin, sacré Rob ! Tout ça fait que ça ne prend pas
vraiment : alors bien sûr, c’est divertissang (sic, haha) mais ça manque
de cow-boy, diantre !
Enfin dans Primal Fear, on voit
ce cher Dick-la-mimique aka Richard Gere, dans le rôle de Martin Vail, brillant
avocat un peu pervers narcissique sur les bords (si on en croit le test trouvé
dans 20ANS de décembre 1996), décide
de voler au secours d’Aaron, pauv’ enfant de chœur de son état accusé du
meurtre d’un archevêque. Le mobile de Marty n’est bien évidemment pas l’empathie
pour son prochain mais bien la gloire judiciaire, la coke et les putes qui s’ensuivent.
Sacré lui. Sauf que l’affaire est plus corsée qu’il n’y paraît à première vue :
comme tout bon dignitaire ecclésiastique, notre pépé était régulièrement menacé
de mort par des investisseurs immobiliers pas contents (normal…) et bien sûr
trempé un peu beaucoup dans des histoires de mœurs pas nettes. Du coup, que
faire, qui croire, où courir, où ne pas courir ? En plus vla-t-il pas qu’Aaron
se révèle être à plusieurs dans sa tête : que de rebondissements – presque
trop pour un seul homme et pour deux heures de film ! Je n’en dirai pas
plus, mais sachez qu’on y voit le jeune Norton avant qu’il devienne célèbre
dans son rôle d’antivirus (mouhahaha), et qu’il est vraiment cool : tantôt
penaud, tantôt schizo, on le sent sur la pente Fight Club, déjà. Pour le reste : Dick fait ses tricks, son ex
lui met des râteaux, on boit des whisky et voilà.
Donnie Darko, Kelly, 2001
31, Zombie, 2016
Primal Fear, Hoblit, 1996
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