mardi 21 mai 2013

Romero is in da hood.

Parfois, j'aime me lancer des challenges à la con; le dernier en date étant de me mater la tétralogie de Romero sur une journée. Qu'elle fut bonne, cette idée. Je n'avais plus très faim le soir, mais je dois avouer que ça donne une véritable vision d'ensemble des choses.

Par rapport aux autres films que j'ai vus jusqu'ici, l'angle d'approche m'a pas mal étonnée, puisqu'il se focaliser surtout sur le groupe d'humains qui essaie de survivre et sur ses luttes de pouvoir, ses disputes triviales, sa misogynie (!) assez générale: bref, les zombies ont l'air plutôt miiignons à côté.

De Night of the living dead à Land of the dead, il y a progressions à plusieurs niveaux (du point de vue des lieux laissés à l'humain, de plus en plus envahis de zombies par exemple, mais on se référera à Politique des zombies qui est éclairant à ce sujet); mais ce qui est sûr, c'est qu'en deux générations, le  prolétariat zombie s'est uni et a vaincu: d'abord incapable d'échapper à des bandes rednecks en short, puis assez grands prendre l'escalator tout seul, le zombie finit par kiffer Beethoven et apprend même à nager sans bouées.  Par contre, mon idée que l'opposition entre humain et zombie était de type dialectico-marxiste tombe à l'eau avec fracas: tout ce que veulent ces connards de chair à pâté, c'est faire du shopping et participer à la classe moyennisation du monde. Fichtre. 

D'une certaine façon, c'est une façon bien américaine de voir le monde: la dialectique du Soi et de l'Autre est grevée dès le départ, puisque l'Autre est comme le Soi, juste un peu différent. A cet égard, je comprend mal pourquoi il suffit  à un humain romérien de mourir pour devenir zombie, sans même avoir besoin d'être mordu. C'est quelque chose qu'il me semble ne jamais avoir vu dans d'autres films du genre: en général, il doit avoir contamination.  De même, alors que dans la majorité des autres films ( à l'exception de Warm bodies), la seule issue possible est l'élimination d'un des deux groupes, ici, la tétralogie se conclut sur une sorte de pacification sociétale. J'exagère pas en disant que ça m'a un peu déçue: et pas que parce que ça fout mon édifice théorique en l'air, mais parce que c'est un peu trop minorité visible pour moi. 

Pour conclure - provisoirement, puisque la quête continue, et pas plus tard que bientôt avec un film qui fait doublement peur: y a des zombies et c'est en flamand, hiii - je dirais qu'on peut peut-être diviser les films de morts-vivants en deux grands types:

- dialectico-marxiste, dans lesquels l'action est prise du début ( contamination, organisation du groupe de rescapés et victoire d'un  des deux groupes, en général les zombies). et s'organisent soit autour d'un groupe particulier ( rednecks, stripteaseuses, cockneys), soit autour d'une ville ( La Havane, Pancevo) soit autour d'une personnalité ( Lincoln, Bill Murray) soit appartiennent aux nombreux films-à-deux-balles tournés par trois connards bourrés qui ont tartiné leurs poteaux-cas-sociaux de glaçage pour gâteau dans l'espoir vain de soutirer quelques dinars au ministère de la Culture ( ce sont parfois les meilleurs cela dit).

- droit-de-l'homme-mollasson, dans lesquels on se rend compte que ces pauv'petiots sont comme nous, et que tout c'qu'ils veulent, c'est une carte de fidélité chez Delhaize et deux semaines de vacances par an à Benidorm. Pff.

Night of the living dead, 1968
Dawn of the dead, 1978
Day of the dead, 1985
Land of the dead, 2005

Politque des zombies, THORET ( coord.), Ellipses, 2007.

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