mardi 14 mai 2013

Full moon, no stars

Je ne sais plus où j'ai attrapé cette obsession, mais ça fait un moment que je veux lire le dernier recueil de nouvelles de Stephen King. Cet auteur, c'est un peu ma névrose à moi. J'en ai entendu parler gamine, comme tout le monde - style voyage de classe - et ça me foutait une trouille bleue. Vers 12 ans - dans ces eaux-là, un peu trop tôt probablement - j'ai eu Marche ou crève entre les mains, que j'ai lu en une traite, un peu déçue ( y 'avait pas de clown maléfique). J'ai lu quelques autres recueils de nouvelles dans les années suivantes, mais mon souvenir le plus marquant est sans doute It, que j'ai vu autour de 17 ans, et qui m'a complètement traumatisée. C'était avant que je me mette à regarder à la chaîne des films à base d'outils de jardinage utilisés à des fins nitezschéennes et je pense que ça me ferait doucement rire aujourd'hui de le revoir - si je me souviens bien, c'était en français en plus. J'ai plus jamais rien osé revoir jusqu'à récemment, où j'ai enfin lu puis vu The Shining et là, bim, même pas peur. Bon, y'a des moments dans le bouquin où j'étais bien contente d'avoir Requin, mon requin apprivoisé, pour me tenir compagnie dans la nuit balkanique évanescente, mais sans plus. 

Bref, tout ça pour dire que j'ai lu Full moon, no stars et que j'ai trouvé ça très bien et surtout, que je cerne de mieux en mieux ce qui me plaît là-dedans. King ne se limite pas à construire des histoires d'horreur, mais crée des personnages profondément humains complètement tarés, avec des alter egos intérieurs bien flippant qui finissent un jour par décider d'aller prendre l'air - bon, ça c'est pas très nouveau - et ce qui marche bien, c'est d'une certaine façon la participation de l'auteur à cette perte de contrôle, une impression furtive qu'entre les lignes, entre le narrateur interne, externe et la focalisation à triple foyer de ta race, il y a une sorte de murmure imperceptible d'un démiurge qu'est bien content que ça tourne en massacre in da hood.

Dans Full dark, King analyse le point de rupture à partir duquel une personne normale peut opter pour le meurtre. Si chaque histoire est particulière, on retrouve le topos du double intérieur - l'ancien/ le nouveau moi - et surtout celui d'une certaine jubilation à être ce nouveau personnage. Au niveau de la construction du recueil, on pourrait dire qu'il y a une escalade de violence du premier au troisième texte, dans le sens où on va vers une violence de plus en plus ordinaire - cela dit, ça ne marche pas avec le dernier texte. Ce qui est par contre marrant, c'est que les femmes ont toujours de bonnes raisons de tuer, alors que les hommes ont des raisons plus futiles, voire carrément inexistantes - style " on m'a volé mon vélo". Le troisième texte est de loin mon préféré, probablement parce qu'il est le plus "normal" et fait appel à un truc très humain, un peu sale; un sentiment mesquin que le bonheur n'est jamais aussi complet que quand les autres sont malheureux. Et ça, ça fait très peur. 

Aucun commentaire: