mardi 11 février 2014

Ecran total

Pour mon anniversaire, je me suis offert une séance de Marilyn et j'ai été voir The Misfits, un vrai film de fête quoi. Je n'avais pas lu le synopsis, mais je savais qu'il y avait une vague métaphore chevaline et que c'était un film où une partie du casting était elle-même dans un état pas loin de l'abattage assisté. Hé bien, c'est un film très bizarre, qui m'a laissé la sensation d'avoir regardé un truc un peu malsain, mais sans vraiment arriver à mettre le doigt dessus: le triangle (parallélépipède?) amoureux (oedipien?) qui se met en place, le Gable tout vieux et adipeux, la pauvre Marilyn n'a même pas l'air de jouer un rôle, la pseudo histoire de rejects qui trouvent le bonheur dans la montagne, l'atroce chasse au cheval de la fin. Un peu de tout ça probablement, même si du coup la sensation de malaise fonctionne bien par rapport au fond du film: on a un peu envie de tirer sur le projectionniste pour abréger les souffrances filmiques. 

Le malaise de The Misfits aura cependant eu ceci de positif qu'il m'a rappelé que je n'avais toujours pas vu l'adaptation de They shoot horses, livre que m'avait mis entre les mains ma chère mère quand elle m'avait vu lire "Marche ou crève". J'avais une douzaine d'années, je ne me souviens donc pas vraiment du livre, mais c'est pas non plus du Pynchon, donc c'était qu'à moitié une surprise. Ce qui m'a surprise par contre, c'est la qualité de l'adaptation, et le fait que Jane Fonda sache faire autre chose que de la pub pour l'Oréal. L'ambiance de cirque de freak est transposée sans en faire trop, entre le spectaculaire et le zombiesque, la lenteur presqu'immobile des danseurs contrebalancées par des moments de derby proprement hallucinants du point de vue de l'image (jeu entre le premier et l'arrière-plan et les mouvements contradictoires, lumière d'interrogatoire, distorsions des visages). 


Quelques petites remarques sur le Réel et le spectacle çà et là, et parfois une métaphore animalière un peu lourde, et une fin un peu neuneu, mais c'est vraiment parce que je cherche un point négatif (en vrai j'ai surkiffé).

On m'a présenté All that heaven allows en me disant que c'était un des films remaké par Fassbinder, sans me dire lequel. En matant l'image du DVD, j'avais déjà devine (genre!) qu'il s'agissait d'Ali, parce que je suis trop forte. J'ai pendant tout le film hésité: Rock Hudson est-il plus Stallone ou plus Elvis? Ça dépend des plans: dans exactement 25 plans, il est Stallone, dans 32 il est plus Elvis, mais dans certains, il est Elvis de cheveux et Stallone de moue (et parfois vice-versa, horreur!). C'est dur de revenir d'un Fassbinder vers un film aussi conventionnel du point de vue cinématographique, idéologique et narratif, j'ai donc bien aimé, mais sans  plus. Les couleurs, métacolorisées de ta mère la instamapute,  les super chemises à carreaux et les vieux moulins à retaper dans la campagne: ce serait pas un film de hipster par hasard? Mouais, en fait, j'ai rien de très intelligent à dire dessus, c'est pour ça que je yak, yak, yak away, mais comme on me l'a fait remarquer: finalement, cette pauvre Jane Wyman se retrouve à choisir entre deux intégrismes: celui d'un univers bourgeois sclérosé par les apparences et celui d'un monde de bobos à la coule obsédés par l'idée que leur mode de vie est in fine le seul qui vaille. 

The Misfits, Huston, 1961
They shoot horses don't they, Pollack, 1969
All that heaven allows, Sirk, 1955


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