mardi 3 décembre 2013

Ecran total

J'ai découvert Borgman, un film plutôt rigolo qui semblait être dans la veine de Sitcom - un élément étranger s'incruste dans une famille style parfaite et fout le bordel, mais c'est bien plus fun que ça, parce que beaucoup plus littéral. S'il y a une lecture métaphorique possible, on peut très bien tout regarder à un premier degré et bien rigoler, en voyant cette pauvre famille se faire envahir par des types débonnaires qui vivent dans l'abri de jardin et démolissent complètement l'ordonnancement parfait du jardin à coups de pelleteuse. Une preuve de plus que les enfants ont vraiment pas de race.

Heli est coproduit par Reygadas que j'ai découvert récemment et qui m'enthousiasme pas mal. Il y a quelque part une parenté, mais pas tout à fait: dans le traitement assez antimélodramatique, très lent et très fixe, dans les plans très atmosphériques de ciels et de changements de lumières, on retrouve quelque chose, mais la narration est à un niveau plus terre à terre, moins dans une sorte de mysticisme magique que Reygadas met à l'oeuvre. Une histoire de drogue plutôt banale au Mexique, un malentendu et une vengeance qui tourne mal pour se finir tant bien que mal sur une sorte de fin en suspens, avec une certaine résolution mais pas vraiment - enfin, on hésite. 

J'ai adoré Le passé, même si je n'ai pas tout de suite capté en quoi est-ce que c'était un "thriller" - d'après synopsis. Ça m'a plutôt semblé être un film sur l'amour, la séparation, tout ça, bref, sur le passé et la difficulté de s'en défaire. La question épineuse des familles recomposées/décomposées est posée - un peu à l'extrême - et je suis probablement la seule à avoir haï autant le personnage de Béjo, qui est quand même bien égoïste. Tahir Raham est tout chafouin et fait beaucoup la moue mais on lui pardonne et Ali Mossafa, que je découvre, est vraiment dément. 

Comme je suis en train de lire une série de textes de Daniil Harms, dramaturge absurdo-soviétique du début du siècle, je me suis jetée sur Slucaj Harms ( le cas Harms) avec délectation. Le film en soit n'a rien de très fou dans le style arty/80's bricolo du N/B, mais la mise en scène des textes de Harms à travers une quête traversée de part en part par un souffle Dada - dès le générique est vraiment réussie. 

A serious man est probablement un de mes films de Coen préférés pour le moment: la thématique du loser pas magnifique est autrement plus radicale que dans Lebowski - que je trouve plutôt positif comme antihéros. Là, le pauvre Larry n'a même pas droit à une vraie bonne tragédie puisque tout s'empile et s'accumule autour de lui avec une simplicité anticlimatique déroutante. L'embrouillaminis d'explications, toute aussi sibyllines les unes au les autres n'explique en fait rien et entortille le héros de plus en plus serré dans un réseau infini de mots qui ne renvoient parfois plus qu'à eux-même - une vraie cabale dans la forme comme dans le fond. Enfin, tout ça quoi.

Borgman, van Warmedan, 2013
Heli, Escalante, 2013
Le passé, Farhadi, 2013
Slucaj Harms, Pesic, 1987
A serious man, Coen, 2009


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