mardi 25 septembre 2012

Ecran total

J'ai enfin vu Attack the block qui est vachement drôle: des mini-racailles protègent la population d'une tour à coup de feux d'artifice et de grands couteaux de boucher mal aiguisés, contre des monstres tout furry aux dents fluorescentes. Pas beaucoup de détails sur lesdits monstres ni de bains de sang, mais un bel effort de yakamazisme sur fond de dubstep très british. By jove.

Murder of a Chinese bookie m'a beaucoup fait penser à Go-go tales, en moins rigolard. Dans l'un et l'autre, des patrons de club de strip minables se débattent entre leurs créanciers, dans une atmosphère de plans ultras serrés, de couleurs néons sur fond obscur et de mauvaise disco. La gueule de Gazzara donne un ton nettement plus tragique à l'ensemble que celle de Dafoe - qui doit en plus se coltiner Lou Doillon et la fille Argento ( déjà avec son clébard de merde). Deux films qui se terminent par des longues tirades du crâne des héros qui se révèlent n'être que des grands romantiques dans un monde en perdition. 

" Ich bin ein Kavalier", comme pourrait bien le résumer Franz, teuton à la mèche grasse et au faciès mou et héros de Liebe ist kalter als der Tode, un film qu'il est fatiguant. Placé sous le patronnage de Rohmer, Straub et Chabrol, on pouvait pas vraiment en attendre autre chose. En gros, deux types louches se rencontrent,se donnent rendez-vous chez une pute à Munich, tuent un Turc et tentent de braquer une banque. Rideau. Il y a pourtant des blagues disséminées ça et là: une victime collatérale se nomme Erika Rohmer ( hihihi), le Turc est en train de boire son café ( arf arf arf) et le sbire du chef du syndicat est une sorte de village people ( hystérie). Il y a donc des longs plans fixes sur des intérieurs vides, des plages musicales intempestives, des voix blanches qui énoncent des  vérités transcendantes et tout ça. Cela dit, on peut se demander ce que RWF ( qui fait référence à Fassbinder, et pas à une sorte de nouvelle entité Région-Wallonie-Flandres) en assassinant Rohmer désire faire: tuer le Père, tuer ses pairs, montrer qu'il en a une grosse paire? C'est une question qu'il faudrait se poser avant toute autre, et qui peut se formuler ainsi: si A/ l'Amour est plus froid que la Mort et que B/ ce film est chiant comme la Mort, cela signifie-t-il que C/ ce film est plus froid que l'Amour ou que C/ l'Amour est plus chiant que ce film? Je pencherais plutôt pour la seconde conclusion: contrairement à l'Amour, ce film a la décence de ne durer que 84'.

Attack the block, Cornish, 2011
Murder of a Chinese bookie, Cassavetes, 1976
Go-go tales, Ferrara, 2007
Liebe ist kalter als der tode, Fassbinder, 1969

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