J'ai été voir Les Tueurs Fous sur une impulsion bizarre: le titre me disait bien, le réalisateur ne me disait rien et ça passait avant un film que j'allais voir, à ce prix là... Bon. Il s'agit donc de l'histoire de deux tueurs fous, dans un Bruxelles underground des 70's: milieu homo, petites frappes qui survivent en bouffant du chien en boîte et qui décarrent en vieille Volvo. L'idée est de montrer le côté sadique - ou en tout cas jouissif - des meurtres, avec une très longue scène de poursuite d'un pauv' type en solex -dont on se demande bien comment il tient dessus d'ailleurs- et puis le côté aléatoire, un peu au hasard: un type qui passait par là, une meuf qui promène son chien. On ne sait d'ailleurs pas très bien pourquoi tout ça se met en branle: ça part d'une idée intéressante: un cliché façon trophée de chasse après un premier meurtre, puis finalement la trajectoire devient complètement erratique. Il y a quand même l'idée de toute puissance (après un premier meurtre pour ainsi dire confessé qui reste impuni) et puis d'errance. Tout ça est bien rendu, avec des acteurs bien malsains, filmé à la limite de la peau, sans intériorité ni musique, sans gros plans affectifs ou moments émotifs: un peu dur à encaisser parfois. Par la grâce de la Cinematek, la dernière bobine était récupérée d'une version doublée en anglais: faut pas hésiter à mettre des sous-titres dans ce cas-là, hein.
Welp est un film que j'attendais avec une impatience comparable à celle d'un élu NVa pour les prochains attentats terroristes. Pour une fois, les petits jeunes qui se font massacrer dans les bois sont des scouts! Et en plus, des flamands! Rhaaaa! Slasher sans prétention au niveau de l'intrigue (y vont camper, puis y sont tous crevés) ni du point de vue des personnages (le gamin cas social qui voit de strucs chelous que personne croit, le mec difforme qui vit dans les caves d'une usine abandonnée, le chef scout à moitié facho, la bonne-mais-gentille-mais-qui-va-crever-quand-même, le flic trop con), ça reste un bon film, avec une deuxième partie un peu longuette parfois et des gros trous dans le scénario (en fait, un manque de constance dans le slashisme: "J'en vois des qui sont pas morts, là, au fond") mais quelques trouvailles très cool dans le gore (les fausses bagnoles! Dément!) ou du point de vue visuel (la cabane dans l'arbre, qu'on dirait du Arne Quinze mais en beau et visiblement plus solide) et puis bien sur, les deux ronny wallons qui font du quad dans les champs, élément essentiel de tout camp scout qui se respecte.
Circus of Horrors fait partie de mon cycle Freaks et je suis un peu déçue: ça se déploie autour d'un chirurgien esthétique raté qui se refait une vie en devenant directeur de cirque. Du coup, je rêvassais à des têtes d'opérations ratées transformées en attractions de cirque et j'en frissonnais d'avance dans ma culotte. Que ne fus-je pas toute désappointée! En fait, le type SOIGNE des nanas décavées à la gueule circonflexe pour les transformer en reines de beauté. Où donc est l'horror? C'est plutôt une histoire de pygmalion: une fois redevenue buenas, les gourgandines ont tendance à se trouver un riche type à épouser et essaient de mettre les voiles. C'est là que, HORREUR, un accident bien mal tombé les envoie à trépas. Bon, le titre est vraiment trompeur, on en conviendra. Le film n'est pas mauvais, plutôt classique dans la facture, avec un couple de frère et sœur sous la coupe du chirurgien pour une raison demeurée obscure - ils sont bêtes, c'est acquis, mais pourquoi sont-ils si méchants?
Ayant découvert récemment la black wave (?) yougoslave, je m'y penche à petites doses et ai donc commencé par W.R.: Mysteries of the organism, un film qui a visiblement fait scandale et auquel il n'y a en fait pas grand chose à comprendre. Deux séquences en parallèle: une sorte de documentaire sur Wilhem Reich, psychanalyste réfugié aux USA dans les années 30, au destin sulfureux et aux contributions à la science douteuses (un accumulateur à énergie d'orgasme, un système de cloudbuster, ancêtre théorique des Chemtrails et l'invention de l'Orgone, aussi plausible que l'imminence d'un attentat sur la personne de Jan Jambon) et une autre séquence racontant les déboires d'une paire de petites yougo bien polissonnes qui s'envoient en l'air en envoyant chier Tito et qui finissent par séduire un pauvre patineur russe échappé d'un Holiday on Ice stalinien. D'où un scandale. Pas tellement sexuel, plutôt potache, les deux parties se répondent quant au fond: la révolution sexuelle comme révolution socialiste, le corps comme objet à libérer d'une société (capitaliste ou communiste) qui recadre, enferme, décide: enfin tout ça.
Welp, Govaert, 2014
Circus of Horrors, Hayers, 1960
W.R.: Misterije Organizma, Makavejev, 1971
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