dimanche 19 avril 2015

Ecran total

Il était sur ma liste de film de freak, mais c'est en fait surtout une bonne petite comédie de remariage, réalisée avec un gigantisme de péplum - The greatest show on earth est pas mal dans son genre, mais pourrait faire avec un montage un peu plus cut. Il y a bien une heure de film consacrée uniquement à montrer le spectacle. Alors, c'est impressionnant, c'est sur, mais c'est long! Filmé à la manière d'un pseudo-docu, on y retrouve un charmant couple qui se déchire, la trapéziste reprochant à son manager de chéri de se préoccuper plus de son cirque que de ses beaux yeux. Elle tombe alors dans les bras de son partenair, vaguement frenchie mais l'amour triomphera-t-il? Suspense. Ca donne l'occasion à de beaux dialogues amoureux " Honey if you don't go and marry me, I'm a gone pigeon" "And if don't get up there and finish your act, you're a dead pigeon". Ou la très classieuse justification du viol par la schizophrénie "When a girl says no, the woman inside her means yes" (on l'avait pas encore faite celle-là). Reste que c'est un bon divertissement, l'aspect géant et complètement démesuré est intéressant, et les nombreux plans sur les spectateurs ajoutent un fil rouge en toile de fond pas débile.

Comment en suis-je arrivée à regarder Predestination, c'est une question que je me pose encore, la nuit, quand le sommei fuit mes yeux et que je fais le bilan de ma triste existence. Je n'ai toujours pas compris quelle drogue avait bien plus prendre le type qui a pondu ça, mais c'est certainement d'un autre monde. Le film se base sur l'idée de paradoxe temporel poussée à l'extrême: via des sauts aller-retour dans le temps - grâce à un étui à violon, ça ne s'invente pas - un type intervient pour essayer de faire éviter des méga-attentats de batard, mais arrive toujours trop tard. Son destin se lie à une meuf genre chelou qui est fait un hermaphrodite ancienne pute de l'espace - encore un truc complètement crédible - et du coup, bah ce type/femme, c'est lui-même et donc il fait un enfant avec soi-même et file prendre son violon, repart en avant, dépose le mioche, repart en arrière, va faire sa lessive et finit par comprendre que le type, en fait c'est lui (aussi). Ca vous semble compliqué? Ca l'est, d'autant plus que le cerveau résiste relativement bien à des explications aussi délirantes. C'est sans doute le produit de quelqu'un qui a trop lu Husserl en prenant la drogue extra-terrestre mentionnée plus haut et ça pourrait à la limite être une interprétation très tordue de la préhension temporelle, le bébé un genre de noumène démétaphorisé et le violon un objet a transcendantal. Ach.

Au degré zéro du concept de cycle de films, il y a le cycle " des films qui ont le même nom". J'ai choisi pour ceci  Deliver us from evil, qui est un titre plutôt productif. On se souvient du documentaire d'Amy Berg sur ce pédophile repenti pas très glop à regarder mais plutôt intelligent. Il y a aussi Mais ne nous délivrez pas du mal, que je suis toute impatiente dans ma culotte de regarder et voilà, probablement d'autres, mais je cherche encore. Deliver us from evil, celui de 2014, est une livraison de Derrickson dont j'ai vu l'excellent Sinister qui m'a fait peur partout dans mon p'tit coeur. Basé sur des mémoires d'un flic nouillorquais, c'est un bon film de possession, dans lequel on retrouve quelques trucs visuels déjà présents dans Sinister - les maquillages expressionisto-mexicains, les vidéos avec des trucs qui apparaissent, des enfants qui font flipper avec leurs jouets menaçants et l'ambiance bien glauque et pluvieuse d'un film de flic. Le rythme est au niveau, les jump scares amenés sans ménagement, et le diab' est partout - comme par exemple quand une famille italienne se met à répondre en russe.

The greatest show on earth, DeMille, 1952
Predestination, Spierig, 2014
Deliver us from evil, Derrickson, 2014


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