lundi 20 avril 2015

Biff!

Je n'ai pas encore tout à fait fini mon BIFF à moi, même s'il est officiellement clos - mais, chuut. J'ai cependant déjà eu l'occasion de me faire bien flipper en matant The Babadook, un truc à ne pas regarder seul chez soi, surtout quand on vit à côté d'un serial killer qui fait des bruits chelous la nuit. Le propos est intéressant: un monstre tiré d'un livre d'enfant devient vrai et se met à faire des soucis à une pauvre mère célibataire, aux prises avec un gamin pas piqué des vers, coincée dans un deuil immuable et visiblement à la masse. Acteurs géniaux, la mère complètement dépassée par les événements qui perd pied, entourée de gens aux vies trop parfaites de pavillons de banlieue, le petit avec une tête de semi-psychopathe qui braille à tout bout de champs; visuellement impeccable, avec un trop beau graphisme de livre d'enfant méga flippant genre ça:

Hiiiiiiiii!
Même le son cartonne, plein de petits bruits, de crissements, de grincements à peine perceptibles, pris dans un silence de plus en plus épais; et puis l'angoisse qui monte petit à petit est amenée impeccablement, sans avoir besoin d'y aller à la louche niveau visuel. La métaphore du monstre-qu'-on-garde-tous-dans-notre-cave de la fin est un peu lourde, mais replace aussi le film dans une interprétation plus large, hors du genre - l'histoire d'une obsession qui tourne tellement en rond qu'elle finit par prendre corps et exploser.

Toujours dans le genre film-de-môman-qu'aime-ses-enfants, The House at the End of Time était plus décevant. On partait pourtant avec une bonne histoire de maison hantée, d'enfants disparus et de meurtre mystérieux mais qui se perd un peu en cours de route. Beaucoup de longueurs, une insistance sur les enfants, comme c'est trop merveilleux et l'amour maternel, qu'il est trop bien qui fait un peu chier à la longue. En choisissant de montrer une femme à trente ans d'intervalle, on se met dans une situation compliquée: même actrice ou quoi? Ici, le choix a été fait de fonctionner avec un masque qui a visiblement été fait par le chirurgien de Brazil, puisqu'il est très laid et impossible à rater. Quand l'artifice est assumé et fait partie d'un bon clin d’œil, passe encore, mais ici,  pas l'ombre d'un second degré éventuel. Le dénouement est lui aussi un peu manqué: on retrouve l'idée de paradoxe temporel, toujours aussi branlante lorsque poussée à l'extrême et ça tombe en fait un peu à plat. L'idée n'était pourtant pas mauvaise, mais voilà, il faut le dire: on s'est fait un peu chier. Voire même.

Vyi, que j'avais à tord traduit pas Vous a également eu du mal à passer. Adapté d'un texte de Gogol que je ne connais pas, le film est un peu foutraque au niveau de l'intention et on ne sait pas trop quoi en retirer. A partir d'une histoire de sorcières et d'hystérie collective d'un petit village paumé d'Ukraine, on est entre l'horreur, le show à l'américaine au niveau des effets spéciaux, la bonne comédie des familles, une histoire d'amûûr, et puis un roman de voyage, enfin bref, c'est le bordel. La 3D est exploitée de façon pas super subtile, les clichés zaussi: entre un chic anglais qui s'offusque de tout et ne quitte jamais sa perruque à crolles, des paysans à longues moustaches qui se vomissent dessus en guise de soirée entre potes, cette bonne vieille notion de l'hospitalité slave à base de gnôle distillée dans la cuvette des chiottes, la fiancée en cloque restée à la maison, le père-d'abord-contre-mais-qui-finalement-kiffe-son-genre-grave, les  prêtres qui sont toujours en train de manigancer des trucs, le coupable-que-tout-accuse-mais-qu'en-fait-c'est-même-pas-lui-vu-qu'il-est-trop-gentil, et j'en passe. L'histoire a cependant un semblant de logique - merci Nikolai - mais franchement, la dernière heure a plus été une épreuve qu'autre chose. 

The Babadook, Kent, 2014
La casa del fin de los tiempos, Hidalgo, 2013
Vyi, Stepchenko, 2014

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