Y’a plein de
trucs intéressants qui me passent entre les mains pour le moment mais très peu
de temps pour en parler. Je me suis par exemple souvenue que je n’avais quasi
rien vu d’Assayas, que j’aime pourtant beaucoup. Alors quoi ? Alors j’ai
regardé. Quel bonheur !
D’abord,
Sils Maria : histoire d’une actrice vieillissante qui se confronte à la
jeunesse, à la mort et à ses rides dans la rencontre avec son rôle, la
montagne, les nuages , tout ça. Bon dit comme ça c’est un peu bordélique mais
voilà : Juliette Binoche est une actrice bien mure qui se voit proposer de
reprendre le rôle de la vieille dans une pièce qu’elle a jouée il y a 20 ans (
et où elle tenait le rôle de la jeune (oui, c’est une histoire d’amour et de
coucher pour réussir)). Perdue dans un cabance dans la montagne, hantée par le
fantôme de l’écrivain, mort juste en début de film, elle répète ses lignes avec
sa jeune assistante, la Kirsten Stewart qui depuis qu’elle a mis des grosses
lunettes peut faire du cinéma d’auteur en rentrant les épaules – c’est chic.
Les paysages idyliques, les crises de nerfs hystérique, la conscience du temps
cyclique : tout ça est très hic. D’ailleurs, elles éclusent pas mal, les
petiotes. C’est assez brillant dans l’incertitude entre rôle et vie réelle,
dialogue joués et naturels - d’autant plus que tout est joué, même le joué-joué.
Assayas nous montre donc sa grrrrosse mise en abyme et c’est même pas mal. Peut-être
un peu de caricature dans le rôle de la jeune actrice aux dents longues un peu
fuck the system : comme si un truc pareil pouvait encore exister aujourd’hui.
L’autre
Assayas, c’est Demonlover, pitch
intéressant – une entreprise rachète un studio de manga porno pour devenir le premier
distributeur de porno en Europe (ou un truc du style) mais quelque chose de
louche se trame, héhé. Au final, pourtant, c’est un peu flou : on se
comprend pas bien qui trahit qui, et surtout pourquoi. En tout cas, la
vengeance a l’air de faire méga mal. Il
y a tout un truc sur le sexe, le pouvoir, les gens super froids (qui ont
toujours besoin d’une écharpe en open-space, pff) et le feu sous la glace de
ces frigos ambulants (dans le fond, ils sont chauds comme des baraques à escargots).
C’est aussi rigolo du point de vue thriller technologique : ça date un peu
quand même, avec des sites web du darkweb qu’on peut y arriver avec un mdp
style 123456, des ordis sous Windows 98’et des anims 3D toutes pourries. Bref.
Toujours dans
la déviance sexuelle et la vengeance divine, c’est El Club, sympathique drame
chilien sur des petits curés perdus au bord de la mer qui font pénitence pour
leurs désirs bizarres. Une bande de tarés que l’abstinence a rendus fous paumés
au milieu de nulle part, genre dans un endroit bien rural plein de gens super
tolérants, en voilà une bonne idée. En fait, il ne sa passe pas grand-chose :
ils se promènent sur la plage, entraînent
un lévrier et font leur prière. Arrive un nouveau curé, entraînant dans
son sillage un jeune bourré qui a des œufs à peler avec l’église (enfin, qui s’est
déjà fait peler les œufs en fait, mais on va rester polis) et qui se met à
brailler, comme tout bon bourré, sous les fenêtres des curés à qui ça ne plaît
pas trop. Pim, paf pouf, et voilà un cureton la cervelle éclaté sur le
carrelage. Pas prop’. A partir de l’introduction de cet élément étranger et
disruptif, les choses vont se mettre à partir un peu en couille (haha). Confessions
à tous les étages, repentances et pénitence en folaïe, on en prend pour son
grade religieux. Visuellement, c’est très beau, dominé par des couleurs clairs
nimbées d’une lumière blanche de fin du monde puis évoluant petit à petit vers
le noir, la nuit, les contrastes de l’ombre. Très contemplatif, silencieux. Ce
qui fatigue un peu, ça et la musique avec violons dans tous les sens, cloches d’église
en mode glas-de-la-mort et cette impression de climax qui n’en finit pas –
genre 30 minute de climax, c’est trop.
Sils Maria, Assayas, 2014
Demolover, Assayas, 2002
El Club, Larrain, 2015
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