mardi 12 mars 2019

Ecran total

Alors que les jeunes de la planète entière ont visiblement lâché l’affaire pour le climat (ah non, ils étaient probablement en train de profiter de la nature préservée dans un festival techno de la plus haute teneur écologique), rappelons-nous quand même que ce ne sont que des ados merdeux qu’il faut remettre dans le droit chemin, bon sang.

The miseducation of Cameron Post parle exactement de ça : Cameron se fait choper sur le siège arrière d’une bagnole avec la prom queen de son école. Pas bien. Pour le soigner de cette maladie, on l’envoie en cure de reconversion, genre de camp scout homophobe (pléonasme ?) pour lui redonner goût à la saucisse de Francfort. Alors ça marche moyen – déjà, on peut questionner l’idée géniale de rassembler tous ces petiots en chambrée non-mixtes. Car la nuit, Satan l’habite. Bref. Filmé de manière plutôt documentaire, sans vraiment de visibilité sur les intérieurs, on en apprend peu sur ce que peut ressentir une personne à qui on inflige ce genre de chose. On flippe par contre pas mal en voyant les animateurs et les activités qu’ils proposent – des genres de thérapies de groupe punitives pour exorciser le SSA (same sex attraction pour ceux qui n’ont pas compris). C’est une fiction, mais la réalité ne doit pas être bien loin (on imagine même pire).  C’est assez beau, très matter-of-fact, sans pathos. D’autant plus glaçant que ça ne prend pas vraiment parti (en sous-main oui, mais pas dans la construction des personnages ou dans leur représentation) et qu’on se retrouve face à des personnages d’ados finalement assez cohérents et paumés mais face à des adultes qui n’ont pas l’air de piger grand-chose, si ce n’est qu’il faut éradiquer le péché. Si ces êtres ne faisaient pas autant de mal, on en aurait presque pitié finalement.

Même type de pensionnat, différente ambiance : Down a dark hall. Kit est une jeune fille (de 25 ans au moins) à problèmes. C’est vrai qu’à 25 piges en être encore à foutre le feu aux poubelles de l’athénée, c’est un peu embêtant. On l’envoie donc dans un pensionnat pour jeunes filles (de son âge, hein faut pas déconner) qui ont toute le même problème mais qui ont la chance d’être ultra bonnes comme la moyenne des ados le sont (haha).  Uma Thurman est la maîtresse de cette école atypique, qui se propose de prendre des jeunes à problème et de les transformer en artistes pour qu’ils puissent s’inscrire à l’ERG et faire une belle carrière à la smart faire profiter le monde de leur talent. Chacun trouve donc miraculeusement son truc, qui la peinture, qui le piano, qui les mathématique qui l’écriture (on pourrait faire une remarque pop-féministe que une matheuse pour trois artistes de salon, c’est peu mais bon). Tout ce génie, toute cette transe qui accompagne l’acte salvateur de création : c’est que du bonheur. Mais en fait non ! Un mystère profond et bizarre se cache derrière cette soudaine révélation du don ! Des visions étranges, des ombres qui filent derrière les portes, des balck-out inexpliqués : serait-ce un souvenir d’une mauvaise fin de soirée au Barlok ? Pas du tout ! C’est le diable, car comme dit plus haut, on constate souvent qu’un jeune génie, Satan l’habite. C’est un film plutôt honnête, qui essaie de faire ce qu’il peut avec ce qu’il a: une vision de l’art élaborée par Brenda, un cahier de charge à base de petites jupes d’écolière et beaucoup d’explosifs à placer. Bon, on ne s’ennuie pas trop, on rigole un peu et on en apprend sur l’éducation en tout cas !


Dernier pensionnat, pour les très grandes filles cette fois c, avec Unsane, une histoire d’asile qui tourne mal comme on les aime. Sawyer vient de déménager dans une nouvelle ville, pour commencer une nouvelle vie. Comme souvent, c’est à ce moment-là que les choses vont se gâter, mouahaha. Après une petite attaque de panique, elle se retrouve internée contre son gré, tout simplement. Dans un asile qui fait flipper à mort, la voilà aux prises avec ce qu’elle croit être son ancien stalker. Alors, dingo ou pas dingo ? Faut pas en dire plus, ce serait péché ! Le film est vraiment démentiel, filmé impeccablement, en raccord complet avec le sujet et les personnages, en mode paranoïa totale. Ça devient bien trash à la fin et on s’accroche un peu à son canapé, mais putain, qu’est-ce que c’est bien. Steve, you did it again !

The miseducation of Cameron Post, Akhavan, 2018,
Down a dark hall, Cortès, 2018
Unsane, Soderberg, 2018

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