jeudi 19 juin 2014

Only lovers left alive (2013)

Je n'ai commencé à apprécier Jarmusch que très récemment: j'avais vaguement vu ses derniers films sans y trouver rien de particulier, si ce n'est Bill Murray dans tous ses états. Only lovers left alive m'a vraiment scotchée - après la claque de Limits of control - et je commence à percevoir un peu mieux où ça se situe.

Jarmusch fait passer une bonne partie de son film dans sa bande-son. Sans non plus aller dans l'extrême d'une sorte de narration clipée ou dans de l'expérimental industrielo-psychotique, il y a une ambiance, une patte particulière des arrangements, des compo originales qui constituent des sortes de film en soi, qui vont plus loin qu'une simple bande-son. 

Ici, le personnage de musicien permet une démultiplication des zones de sons, des moments entièrement dédiés à la musique et à son déploiement. La série de plans "nature morte" d'instruments est hallucinante: des guitares dans tous les sens, des instruments bizarres et surtout, plein de petites machines dans des fouillis de cordons électriques, des samplers, des pédales à distorsion, des bandes et des disques qui tournent en phase avec des longs accords de guitare discordants. Il y a aussi tout un champ musical tourné vers l'Orient qui évite au passage l'ethno-folk condescendant néo-impérialiste de la world music en tapant dans le mille - puisque c'est Yasmine Hamdan qu'on entend, en concert à la fin mais dans le taxi vers Detroit au début aussi - via une des morceau du projet Arabology avec Mirwais. 



Il y a enfin plein de références directes ou indirectes à un univers musical finalement assez cohérent avec ce que fait Jarmusch: des photos de Neil Young, la maison de Jack White et une obsession pour la théorie de physique quantique "spooky action at a distance", titre du deuxième album de Lockett Pundt, de Deerhunter. Je sais pas si c'est fait exprès, mais quand même hein.



Enfin y'avait tout ça, puis des visions balzacienne des siècles amassés dans des objets en vrac un peu partout, des livres en bordel, The Infinite Jest à côté de Don Quichotte, la série des docteurs célèbre ( Caligari, Watson, Lovefool, Faust) et des blagues de comptoirs sur Marlowe/Shakespeare à la Woody Allen:

The most recent of these theories is to be found in a book I have just read that attempts to prove conclusively that the real author of Shakespeare's works was Christopher Marlowe. The book makes a very convincing case, and when I got through reading it I was not sure if Shakespeare was Marlowe or Marlowe was Shakespeare or what. I know this, I would not have cashed checks for either of them - and I like their work. 
Now, in trying to keep the above mentioned theory in perspective, my first question is: if Marlowe wrote Shakespeare's works, who wrote Marlowe's? The answer to this lies in the fact that Shakespeare was married to a woman named Anne Hathaway. This we know to be factual. However, under the new theory, it is actually Marlowe who was married to Anne Hathaway, a match which caused Shakespeare no end of grief, as they would not let him in the house.

Aucun commentaire: