mercredi 10 septembre 2014

Fin(s) de mondes

J’ai récemment entamé un cycle tiré des dernière journées cinématographiques dionysiennes (ha que j’aime cette appellation) autour du thème Fins de Mondes. Comme je ne regarde pas les films dans l’ordre, il y aura probablement un sens final qui m’échappera toujours, mais c’est inconsciemment le but. Ceux que j’ai déjà regardés m’ont cependant bien réjouie.

Dreams raconte 8 rêves de Kurosawa – on ne peut plus simple comme concept. Dans l’ensemble, ça tourne autour de l’idée d’une race humaine qui court à sa propre perte, d’une civilisation qui va finir paumée sur un volcan, perdue dans la montagne, abandonnée sur un rivage radioactif, mais quelques visions résistent et distillent une sorte de couleur plus douce. Une procession de mariage de renards entre aperçue dans la forêt par un petit garçon, un peintre errant dans les toiles de Van Gogh et une procession de funérailles avec des gens qui sautent bizarrement. Je ne suis pas trop convaincue par le visuel onirique de tout ceci qui reste très narratif et perd parfois la force de simultanéité des rêves dans leur état pré-narratif, enchevêtré. Mais ça ressemble plus à des contes en forme d’adieu, de testament peut-être.

Body snatchers demande à ce que je voie toutes les autres versions histoire de pouvoir faire un comparatif, mais j’ai vu celui de Ferrara et il me semble aussi bon qu’un autre. J’aime l’idée que les gens soient  peu à peu remplacés par des robots sans sentiments : dommage qu’on ne pose jamais la question de pourquoi c’est si dramatique. Ici, c’est encore plus beau, parce qu’on ne voit pas trop où ça va : qui veut prendre quoi en otage et pourquoi ? Il y a un côté gratuit plutôt drôle. L’idée qu’on puisse repérer les gentils à ce qu’ils sont tellement préoccupés par les autres qu’ils se font direct choper me fait bien rire : zont qu’a apprendre à encaisser un peu. When the goings get tough, the tough get going après tout.

The King of New-York est lui aussi vraiment réussi – dans la veine des types tout seuls maudits qui finissent en bouillie sur le trottoir. Autant Dafoe dans Go Go tales est super touchant, autant Keitel est atroce dans Bad Lieutenant, autant Glover est indéfinissable ici : il est smooth, mais alors délié et souple comme un crooner aux poumons de velours. J’ai évidemment tout de suite eu la nostalgie de ceci mais j’ai aussi été surprise par tout le contexte musicale de l’émergence du hip-hop et du travail sur l’ambiance coupes afro carrées, épaulettes démesurée et du Schooly D en fond sonore.

Et finalement, The Addiction, toujours du même,  une jolie histoire en N/B sur la dépendance mais aussi sur NY de ces années-là, des bas-fonds d’une ville qui semble avoir un peu disparu d’ailleurs, avec des back alley pleines de types en imper qui mordent le cou des jeunes thésardes en quête de nietzschéisme sanguinolent. L’idée que les vampires écrivent de meilleures thèses que les autres ne m’est pas inconnue et c’est une piste qu’il faudrait penser  à considérer avant toute autre. Beaucoup de gens qui chuchotent ici encore – plus les héros sont puissants, plus ils parlent bas. Ceux qui chouinent le font haut et fort par contre. Intéressant quoique cryptique.

Yume, Kurosawa, 1990.
Body Snatchers, Ferrara, 1993.
The King of New-York, Ferrara, 1990

The Addiction, Ferrara, 1995

1 commentaire:

Florian a dit…

- "Yume" a fait l'objet d'un de nos premiers cinéclub du temps de Laetita et Thibaut. Vous me manquez. Du coup, j'occuperai ton espace de commentaires !

- En fait "le Body Snatcher" que j'ai n'a rien à voir avec ceux de Siegel/Kaufman/Ferrara (dont je n'ai rien vu).
Celui que j'ai, de Robert Wise, s'appelle en français le "Récupérateur de Cadavre" (adapté de Stevenson). Les titres français (Les profanateurs de sépultures, avec ou sans "l'invasion des") est un bon moyen d'éviter la confusion.

Bises de nouveau !