Je suis tombée par hasard sur la dernière livraison de
Nicolas Winding Refn (NWR, comme il a décidé de se brander lui-même pour des
raisons évidentes de nom foireux) qui, ce petit coquin, est parti jouer sur
Netflix après avoir truandé Amazon d'une coquette somme pour son particulier Too
young to die old, polar mou au protagoniste poisson rouge. J'ai donc
regardé Copenhague Cowboy avec circonspection, me rappelant des longues
heures passées à contempler le vide de TYTDO qui était comment dire… un peu
trop NWR pour moi (= une succession de plans vides que traverse un personnage
hébété à l'expression vide entouré de néons fluos entrecoupés de scène de
violence gore et muettes). Mais cette fois-ci, je trouve ça bien réussi!
On reste dans la pègre et les ripou, chez les ultras
riches et les vieux dégueus libidineux qu'on trouvait un peu partout dans
TYTDO, mais cette fois-ci donc un joli triptyque épique plein de rebondissements
porcins.
Mia est une jeune pauvrette, à la mine menue et au
cheveux triste, vendue comme porte-bonheur à une Madame serbe qui a besoin de
chance. Pas de chance, à force de faire chier Mia, la Madame en question finit
par ne plus en avoir de chance. Mia est donc expédiée au sous-sol avec les
autres filles, harem glauque d'un pimp chanteur de turbo folk un peu flippant.
La deuxième partie de de tryptique, c'est Madame Moor, une petite chinoise
menue elle aussi qui tient un restaurant toujours vide où aime à dîner un boss
de la mafia chinoise qui gère un business difficile à définir (en tout cas, pas
l'horeca) mais qui a l'air de faire pas mal de victimes. Là aussi, une histoire
de fille enlevée et de vassalité donne à Mia moult excuses pour s'interposer e
faire quelques beaux mouvements de kung-fu. Le dernier volet, qui entrecoupe le reste de
l'histoire, se passe dans un château plutôt chic, peuplé d'un couple de vieux
beaux au fils unique… particulier. Celui-ci, toujours tapi dans l'ombre,
s'entrelace aux deux autres histoires sans jamais servir à grand-chose, si ce
n'est donner prétexte à de belle scène de cochonnades (au sens propre comme
figuré). Mia navigue entre ces différents cinglés, droite dans son training et
peu impressionnée par tout ce bordel.
C'est assez bien foutu et la déclinaison en trois arcs
rend l'ensemble un peu moins lourd – il se passe de trucs quoi – par rapport à
TYTDO qui semblait n'en jamais finir d'aller nulle part. La concentration de
mecs bizarre au m2 reste assez effrayante et devrait nous avertir quant à
l'opportunité d'aller vivre au Danemark, mais je m'égare.
Du point de vue visuel, on est quand même un peu
toujours dans le même délire: des espace vides, des gros néons, des visages
impassible, des explosage de têtes. Il y a des jolis combats, chorégraphiés
comme il faut – je ne sais pas si l'élément chinois sert de prétexte au kungfu
ou l'inverse, mais osef en fait – et on s'amuse donc beaucoup. Bande-son canon
mais ça c'est toujours le cas et toujours les mêmes obsessions: la beauté, la
jeunesse, l'exploitation des corps, la pègre; les poupées désincarnées dans des
vitrines de couleurs qui brillent dans la ville morte, la nuit.
Copenhague cowboy, NWR, 2023
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