jeudi 27 avril 2023

Vers l'infini et au-delà

 J'ai eu récemment l'insigne privilège de me rendre au BIFF, dans cette nouvelle contrée lointaine qu'est le plateau du Heyzel, sorte de décor post-apcolyptico-stalinien d'une autre époque qui est, à en croire la région Bruxellois, le futur de la ville. Hé bien c'est pas mal. C'est loin, me direz-vous, mais c'est tout près de chez moi donc je m'en fous pas mal. Entre autres films pas mauvais (Life for sale, n'importe quoi mais mignon comme tout) ou tout à fait mauvais (Saturn Bowling, une aventure de l'inspecteur Dumou avec un tueur en série charismatique comme un mollusque sans nom), j'ai eu la chance de voir Infinity Pool du fils Cronenberg.

Comme un graphiste post-moderne a fait le title shot du générique, on dirait que le film s'appelle Infinity Puul donc ça commence assez bien.


On y suit James, écrivain ultra gaulé à la belle chemise qui prend des vacances en Croatie  sur une île ultra chelou où les riches sont confinés dans leur hôtel pendant que rôdent des autochtones sans foi ni loi prêts à tout pour en découdre (ils font du quad sur la plage et écrasent même le chapeau d'une dame, ça fait froid dans le dos). On se croirait dans le métro de Charleroi. Bref. James est accompagné de sa femme, dont je n'ai pas retenu le nom car je l'ai nommée dès le début Mérou-sans-frontière, vu la taille de ses lèvres (qui semblent augmenter au cours du film, d'où l'adjonctif 'sans-frontière'). James a écrit un livre et doit en écrire un deuxième. Sa femme ne doit rien faire du tout et est donc surtout là pour signer les factures. Tout est donc extrêmement jovial et sympathique, jusqu'à ce qu'ils fassent la connaissance de Mia Goth dont je ne me rappelle pas du nom et de son mec, Ratiches Suisses. Quoi de mieux que de rencontrer un couple en vacances! C'est sûr, on va bien s'amuser et faire les fous. Bon bref, les deux décident donc de partir faire un tour sur l'île, ha la bonne idée et pan, c'est l'accident.

 

S'ensuit une histoire ultra bizarre mixant clonage, privilège de classe et ultra-violence en bande. Je ne sais même pas comment décrire ce truc mais c'est dans l'ensemble bien foutu: il se passe toujours quelque chose (comme à Walibi ou aux galeries Lafayette) et chacun pourra y trouver son compte. Les images sont plutôt bien foutues, la bande-son un peu indus dépouillée fonctionne bien, et Alexander Skarsgard est comme à son habitude tout nu et couvert de sang, donc je dirait que c'est un win-win-win. Reste qu'il faut se taper Mia Goth et son accent british, mais bon, l'espoir qu'elle meure à la fin fait vivre!

 

Côté Cronenberg, on retrouve la papatte du fiston qu'on voyait déjà l'œuvre dans Possessor, pas chroniqué ici: des petites séquence hallucinatoires stroboscopiques, du cul gentiment décadent et des longs plans vides. On retrouve un peu de l'ambiance de Papa avec quelques anatomies douteuses et des explosages de têtes aux détails bien soignés (même si peu réalistes). Il y a aussi quelque chose en lui de Tenessee  J.G. Ballard, qui est un peu l'âme sœur littéraire de Cronenberg pour moi (Crash est sans doute une des meilleure adaptation de livre au cinéma): on pense beaucoup à Super Cannes pour le côté futur balnéaire et un peu à High Rise pour le côté lutte des classe.

 

Infinity Puul, Cronenberg, 2023

Super-Cannes, J.G. Ballard, 2000

High Rise, J.G.Ballard, 1975

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