mardi 18 juin 2013

Ecran total

Dead Man commence comme ça: un type est dans un train, et à chaque fois qu'il ouvre ou ferme les yeux, y'a des gens bizarres dedans. On se dit " Fichtre! Un soir, un train!" D'autant plus que le film s'ouvre sur une citation de Michaux. Mais en fait non. C'est un film sur un poète-comptable qui a perdu son oeuvre dont va l'instruire un indien goguenard. De nouveau, casting who's who, avec Crispin Glover en petit nerveux charbonneux, Alfred Molina en missionnaire obséquieux et Iggy Pop en gentille petite fille. La BO de Young fonctionne très bien, dans le genre western arty.

J'ai appris récemment la différence entre film d'infectés et film de zombies. Perfect sense est un film d'infectés, mais qui n'a rien à voir avec des zombies. Pour une raison inconnue, le monde est frappé par une épidémie qui prive l'homme de ses sens - un à la fois, c'est plus drôle. Dans ce bordel, un cuisinier et une épidémiologiste vont tomber amoureux et apprendre à se parler sans les mains, trop fort. C'est assez mélo dans l'ensemble et construit de façon assez binaire mais finalement pas complètement con - surtout dans la gradation de la perte des sens et les possibilités d'y suppléer.

Une autre découverte récente, c'est l'énigme Dogma. Pour moi, c'était surtout un film potache avec Ben Affleck. Mais je sentais confusément qu'il y avait plus. J'ai donc été enchantée d'apprendre que c'était aussi une école cinématographique calviniste. Comme souvent, j'arrive un peu trop tard, et c'est déjà fini, fichtre. Reste une série de films qui pourrait devenir un fil rouge. J'ai vu Julian Donkey Boy, un sympathique film à la sauce consanguine. Ambiance Gummo, irrespirable et candide à la fois, manchots, albinos et schizos,  Korine reste dans le registre freak mais pas que. Les séquences autour de la religion sont assez belles, parfois illuminées, parfois humaines ( parfois un peu flippantes) mais en tout cas créent des plages de douceur. Pour le reste: caméra en vrac, avec un bon gros grain de film bien gras, des séquences assez cool en instantanés et surtout, surtout, Werner Herzog en père de famille qui dort avec son masque à gaz. Ach.

Dogma un jour, dogma toujours? Non, The Hunt est carrément plus regardable dans le genre. Je sors d'un polar scandinave, un de plus sur le thème " petite-bourgade-tranquille-mais-pas-que" qui m'a un peu déçue ( Lackberg) du coup, je savais déjà que ça allait mal finir, mais dans la joie et la bonne humeur glacées. Il s'agit d'un type qui est du jour au lendemain accusé d'abus sur des enfants, dans une petite bourgade tranquille mais pas que. La vie de nos amis du Grand Nord y est dépeinte à grands renforts de séquences de plongeons dans l'eau glacée et de soirées de chasse qui ressemblent fort à celles du café de consanguins de Calvaire. On se doute donc bien que ces types-là seront pas bien sympas quand viendra l'heure. Ce qu'on comprend moins, c'est qu'un type soit assez con pour partir à la chasse avec lesdits types après s'en être pris plein la gueule. Pas bien finaud, le monsieur. L'escalade dans l'accusation est parfois un peu unilatérale - qu'y sont méchants les adultes, pis qu'y sont gentils les enfants - mais ça a le mérite de montrer qu'il existe des cas fabriqués entièrement par les adultes responsables. Ce que ça révèle des désirs latents de ces gros dégueulasses, seul Sigi le sait.

Dead Man, Jarmusch,1995
Perfect sense, Mac Kenzie, 2011
Julian Donkey boy, Korine, 1999
The Hunt, Winterberg, 2012

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