lundi 24 juin 2013

What would Jesus do?

Probablement un travelling avant super rapide sur une paire d'yeux bleu lagon.

Je sors d'une micro-rétrospective sur Jesus Franco qui a comblé un vide assurément existentiel.

Le sadique est une bonne entrée en matière, puisqu'on y retrouve une série d'éléments sans qu'aucun ne soit trop proéminent: un peu horrible, un peu érotique, un peu jazzy. Une chose perturbe cependant, c'est l'incessante utilisation du travelling avant sur les visages des personnages et de gros plans hyper macro qui fatiguent un peu. Pour ce qui est du scénario, rien de bien folichon - des meurtres, un baron étrange qui dort dans son caveau, une histoire d'amour secrète et un coupable qui finit englouti. Comme le tout se passe en Allemagne (?), on peut aussi y apercevoir un panneau mentionnant " Achtung! Kurve!". C'est une sorte de blague polyglotte.

On retrouve cette obsession du travelling avant dans Les nuits de Dracula, mais qui s'assortit ici d'un élément récurrent: l'obsession pour les yeux, surtout bleus. Adaptation classique du livre peuplée de héros au regard pâle, dont la palme revient à Klaus Kinski en schizophrène/activiste viennois. Pas beaucoup d'érotisme ici, mais plein d'action - grosse fight avec une bande d'animaux empaillés, attaque de convoi de gitans à base de gros cailloux et giclage de sang dans les yeux. Il y a une certaine utilisation des lumières qui fait parfois penser à des scènes de théâtre.

Vampyros Lesbos est assez similaire dans la structure au comte Dracula ( rencontre initiale/asile psychiatrique/schizophrène en goguette/possession brisée par un pieu bien placé) sauf qu'on est dans une version clairement érotique du mythe. Toutes les scènes d'action sont habilement remplacées par des scènes d'amour entre les deux héroïnes ou par les scènes de strip-tease de l'héritière de Dracula ( visiblement, si le comte peut se permettre de se tourner les pouces en se contentant d'être un vampire, sa progéniture postmoderne en est réduite à s'exhiber pour payer son loyer, chienne de vie). On retrouve la musique jazz parfois mélangée à des tonalités plus orientales, parfois mixée avec des sons plus typés "angoisse", mais toujours très funky. Ça se passe à Istanbul, où tout le monde parle allemand (normal) avec un débit à la Herzorg ( flippy!).

Lettre d'amour d'une nonne portugaise est toujours dans un registre érotique, probablement encore plus explicitement, mais dans un univers complètement différent - le Portugal, l'Inquisition, un couvent. Un scénario qui ressemble à celui de La religieuse, mais en beaucoup plus nasty. Au niveau des images, Jesus se calme enfin avec le travelling à tout va, mais pas avec les yeux. Le couple maléfique Mère Supérieur/Padre est diabolique, et les scènes des tortures intéressantes. Il y a une brève apparition du Diable, qui a les mains bien poilues et une petite mèche rebelle sur le front ( entre Tintin et Elvis). 

Jack l'éventreur est encore autre chose: ultra sobre ( pratiquement aucune musique, tons gris/vert d'eau, meurtrier silencieux). Pour être parfaitement honnête, à ce stade-là, je commençais à sombrer tout doucement et ai un peu zappé la fin du film. Mais une chose est sûre: Jesus a un méga problème avec les yeux: l'aveugle du début, l’œil dans le sac de jute, les yeux révulsés de la prostitué sur son lit: tout ça mijote quelque chose. 

La mano de un hombre muerto, 1962
Les nuits de Dracula, 1970
Vampyros lesbos, 1971
Die Liebesbriefe einer portugiesischen Nonne, 1977
Jack the ripper, 1976

1 commentaire:

Tzvetan a dit…

haha en fait, c'est pas des travellingues, c'est des zooms, tout simplement !