jeudi 10 mars 2016

Ecran total

Pour une fois je vais pas chercher à justifier cette sélection: c'est juste n'importe quoi et voilà.

Je ne sais d'ailleurs pas comment j'en suis arrivée à regarder The town that dreaded sundown, mis à part que ça se passe à Texarkana, ville fascinante dans laquelle j'ai passé une heure coincée à quai en pleine nuit à me demander quel esprit poète avait imaginé un blaze pareil - étant coincée entre le Texas et l'Arkansas, c'est d'une logique implacable - et à imaginer une ville genre Namuxembourg, mais c'est toujours moins classe quand on veut faire comme les ricains, nous autres. 

Donc, le film se passe à Texarkana, ville traumatisée voici 66 (!) ans par un sérial killer dont on a perdu la trace et qui revient, houuu, faire bobo aux petits jeunes qui forniquent en plein air ( c'est bien fait pour eux on va dire). Mais c'est qui qui donc? Une jeunette survivante va mener l'enquête avec un type qu'elle trouve au fond d'un bureau d'archives du genre grand flave mou du genou doté d'une absence à l'écran limite sociopathe - perso, j'avais parié sur lui, mais non. Pendant que les polices des deux états se bouffent le nez et se touchent la nouille, les meurtres continuent avec un plan implacable qui respecte en fait tout simplement le scénario d'un film qui a été fait sur ledit serial killer en 1972 ( et qui existe vraiment!). Un film dans un film, tout ça, woa, ça fait réfléchir dans la tête! En fait pas trop, non. On rencontre par contre des caméo intéressant, dont Anthony "Antwon Mitchell" Anderson en Lone Wolf Ranger (ça c'est du blaze aussi) et Denis " Liz Taylor" O'Hare, la trav' intello d'AHS. C'est rigolo! Son apparition soulève d'ailleurs des questions de traductologie lancinantes: mais quelle est cette traduction du titre du film, là, planquée en arrière-plan?


Allez, on va dire que c'est du créole. Pour le reste, c'est un peu mou, et j'ai même pas vraiment suivi qui était coupable et surtout, pourquoi est-il si méchant? Bah.

Toujours sur le pouvoir du cinéma, Sinister 2 un truc qui aurait mieux fait de rester chez lui, tiens. Échaudée par la catastrophe The Pact 2, j'ai hésité, mais comme la chair est faible, je me le suis collée et le ratage est à la hauteur de mes craintes. Sinister était bien branlé parce qu'il y avait une sorte d'intrigue, de mystère mystérieux qu'on comprend pas. Là, on sait tout dès le départ, c'est donc un peu superflu comme film. Que se passe-t-il donc, dans cette suite? Hé bien, on suit le processus de fabrication des films de torture: comment des enfants fantômes et maléfiques sélectionnent un p'tit gars, lui montrent des snuffs en cachette la nuit dans la cave et lui demandent d'en faire un à son tour et puis il dit oui, mais non, mais en fait oui mais heureusement un flic un peu moisi va sauver tout le monde et waou. On a un peu l'impression de regarder un môme de  6 ans négocier ses heures de télé "Alleeeeez encore un" "Non, ça suffit les snuffs pour aujourd'hui" "Mais t'as pas vu le miiiiieuuuuux" "Non, mais c'est bon, on regardera demain" "Oui, mais non, mais il faut le regarder ce soir, justement parce queeeee" "Bah parce que quoi, mouflet de mes deux? Hein? Scénariste de merde, tu peux me donner au moins genre UNE bonne raison pourquoi on est là à mater des films à la con dans une cave et qu'il faut que ce soit là, maintenant, hum? " *silence, vide scénaristique absolu, le vent souffle dans mon cerveau*. Le truc encore plus fort, c'est que l'arme absolue est ici une caméra super 8: il suffit de la casser pour arrêter le meurtrier. Quand je vous dis que le cinéma sauve des vies - surtout quand il s'abstient, comme il aurait mieux fait ici. Voilà voilà. Les tortures sont relativement les mêmes, avec un penchant pour le paradigme "pendaison": pendus par les pieds, pendus par les bras, pendus sur une croix. La seule non-pendaison est par contre d'une inventivité digne d'une recette de MasterChef: cloué au sol, une casserole retournée sur le ventre avec un rat à l'intérieur et des charbons ardents placés sur le dessus de la casserole (ça donne un goût fumé au rat?). On admire l'effort. 

Heureusement il y Findus et toujours une bonne histoire de prêtres pédophiles et de journaux indépendants qui font la lumière sur tous ces pervers en soutanes. Spotlight délivre ce qu'il promet: un bon petit film sans temps morts, pas trop chiant, sans pathos de fou, avec une résolution mais quand même un peu en demi-teinte, une justice-mais-quand-même-avec-des-questions enfin tout ça. L'histoire est relativement simple: un nouvel éditeur (juif! aux doigts crochus! vénal!) débarque dans un journal de la bien catho Boston pour relever un peu le niveau. Du coup, y s'dit qu'une ville pleine de froqués comme ça, ça doit bien avoir deux trois scandales planqués derrière une porte. D'où enquête diligemment menée par une petite bande de journalistes qui en deviennent tout chafouins - même qu'y arrêtent d'aller à la messe avec leur mamy, c'est dire - qui finissent par mettre à jour le pot-aux-roses. Ça avance au niveau rythme puisqu'on suit trois journalistes en alternance avec d'autres personnages et ce, à la fois dans l'enquête et dans la vie, par des petites vignettes vite fait, des micro-scènes qui replacent un peu chaque personnage dans un cadre concret à échelle humaine - pas qu'un film de journalisme, donc. Il y a le beau Liv "Ray Donovan" Schreiber et le pas content Mark Ruffalo qui a un peu du mal avec son personnage - il parle comme un petit rital de North End, mais persiste à avoir un nom latino et puis il couine un peu beaucoup quand il est mad, mais ne devient jamais vert, dommage. 

The town the dreaded sundown, Gomez-Rejon, 2014
Sinister 2, Foy, 2015
Spotlight, McCarthy, 2015

2 commentaires:

Satan l'habite a dit…

Soit dit en passant, je pense que Denis O'Hare est plus connu pour son rôle de Russell Edgington dans True Blood.

Le chicon masqué a dit…

Oui, mais Liz Taylor est le seul trave lo qui lit Das Kapital entre deux clients, alors le vieux vampire, on s'en fout un peu.