mercredi 23 mars 2016

Les tripes à l'air

J'ai pas l'habitude de commenter autre chose que des films avec des types qui aiment trop les tronçonneuses, mais là j'arrive pas à m'enlever un truc de la gueule et ce, depuis un moment: c'est comment qu'on en arrive là, au juste?

Comment on se lève un matin et on se dit qu'on va juste aller buter des gens qui ont rien demandé, des papas qui vont au boulot, des gosses en retard pour leurs cours, des vieux qui veulent être les premiers à la poste? C'est qui, c'est quoi, qui peut rendre suffisamment fous les gens pour leur faire croire que c'est une bonne idée? 

Parce qu'on peut dire que c'est des barbares, des animaux, des pas-humains qui ont fait ça, mais ce qui est effarant, terrifiant, ce qui glace le sang, c'est que ces types-là y sont nés comme vous et moi, avec deux petites jambes, deux petits bras, ils ont appris à écrire en tirant la langue sur le côté, ils se sont battus à la récré, ils ont fumé des clopes dans les chiottes, ils ont dragué des petites meufs rue Neuve et ils les ont emmenées manger des sunday au McDo. Ces types, ils sont nés ici, là, à 15 km de chez moi, on a été aux mêmes écoles, aux mêmes soirées, on s'est peut-être bien croisés à l'occasion.

Alors c'est quoi qui fait qu'ils se réveillent un matin avec rien, pas de vie, pas d'amour, pas d'envie, rien q'un putain d'horizon barbouillé de merde et même pas un bout de PQ pour se nettoyer un petit coin bleu, rien qui existe au-delà du néant, du désespoir pur, rien à part l'envie de se mettre une ceinture d'explosifs autour du bide et d'appuyer sur un bouton. Putain, mais mon bide j'y pense que pour savoir quand j'arrête la spéciale et que je commence à mettre un môme dedans, y'a pas moyen qu'on me fasse avaler que c'est une bonne idée de lui mettre du TNT autour. 

Parce qu'on peut dire salafisme, radicalisme, islamisme, mais les fanatiques ils se sont contentés de cueillir un désespoir absolu, un manque de sens total, qui pousse, là, ici, bien enraciné, bien nourri des mécanismes de notre société à moitié dingue. Putain, la société, c'est nous, les quidams en short, les connards en 4x4, les pouffes à faux ongles, c'est nous les étudiants, les parents, les profs, c'est nous et on a rien su, rien pu, rien vu mais il va aussi falloir arrêter, parce que c'est notre monde, à nous, celui pour lequel on lève les rideaux tous les matins, c'est à nous aussi, ça, cette histoire de fous qui produit des bombes faites de petits bouts de haine coincés entre les dents. Alors il va falloir se faire ds bisous, c'est certain, mais il va aussi falloir commencer à trouver un truc, parce que ça suffit, quand même, d'avoir envie de crever comme ça.

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