dimanche 20 mars 2016

Offscreen

Snif, c'est fini et une fois de plus, j'ai eu plus d'ambitions que de moyens, du coup, j'ai pas vu grand chose et me voilà toute chafouine. Ceci dit, les quelques trucs vus me laissent rêveuse pour un bon moment encore. 

Alors Crumbs, c'était un film qui avait une sacré gueule - genre post-apo science-fi ethiopien filmé dans des décors de fou furieux avec le mot magique ("Tarkovsky") dans la critique. Miam! Alors ça raconte l'errance d'un bossu qui part à la recherche d'une sorcière puis du Père Noël pendant que sa meuf dort dans un bowling abandonné en vénérant Magic Johnson. Dit comme ça, c'est bizarre, mais en fait c'est assez canon: il y a des plans de dingue dans des grandes plaines vides faites de concrétions minérales toutes bizarres, des villes abandonnées, un monde à moitié en train de couler avec des petits objets rigolos qui traînent - dont une très belle collec' de dinos  posés sur des rails. Il y a effectivement du Tarkovsky dans la lenteur des images qui se dilatent dans l'espace, et puis du Jodo aussi, dans les incongrus d'une existence en petits bouts qui collent aux dents. Il y a aussi un super son en grosses nappes épaisses par moments puis en petits  morceaux de nostalgie jazzy, enfin un truc un peu d'un autre monde. Le vaisseau spatial, par contre, heu, oui bon. Et puis le sous-titrage, bon confondre désert et dessert, c'est pas pour faire ma nazi à oreilles de mickey, mais quand même quoi.

Brain damage, je l'ai regardé avec le cerveau dans un état adéquat - c'est à dire en petite purée sans grumeaux. J'ai du coup pas trop suivi tout ce qui se disait, mais j'ai compris quand même - bon c'est pas non plus du Foucault. Il y est question d'Elmer, sympathique petit parasite qui se cache dans le cou des gens et qui leur file du jus bleu qui fait des trucs bizarres à leur cerveau. Elmer est une sorte de marionnette faite avec une chaussette, genre bricolage de fête des mères, et des pitits yeux en boutons cousus dessus. C'est arty. Il est par contre bien dégueu quand il se met à sucer les gens - il ressemble un peu à la limace en caca de Shivers. Par contre, y cause drôlement bien - et  un peu trop. Bon donc, Elmer se met à la colle avec un petit jeune qui va se mettre à avoir des méchants retours d'acide et courir tout nu dans la nature. Pendant ce temps, sa nana se tire avec un type parasite-free - on la comprend - et les anciens proprios d'Elmer se mettent en tête de le récupérer. Bagarre! Bon, je sais même plus très bien comment ça finit pour être honnête, mais une chose est certaine - ça remet les idées en place.

Et puis j'ai fini en apothéose avec le dernier Wheatley que j'attendais avec circonspection mais quand même trop hystérique dans ma tête. J'avais été déçue par A field in England, un film qui ne commençait jamais et  finissait donc à l'avenant. Et puis j'ai revu Kill list cette semaine et je me suis dit que c'était quand même trop l'homme de ma vie. Du coup je l'ai vu en vrai, alors je suis encore toute chose. Mais bon, le film. Alors c'est un beau bordel de film de fou malade, il faut bien le dire. En gros, ça parle d'un immeuble géant plein de gens tarés qui finissent par faire de l'ultraviolence et des teufs de barbares en se mettant de la farine plein le pif. J'ai pas capté tout de suite la référence mais en voyant l'affiche, on peut quand même se dire que c'est largement un hommage en règle à Orange Mécanique: la musique, la décadence, les décors 70's, les pantalons en velours côtelés bruns à patte d'ef et la lutte des classes qui est jamais loin. Il faudrait d'ailleurs vérifier la citation de la fin, mais ça m'étonnerait pas qu'elle soit de cette chère Thatcher. Il y a une superbe construction d'ambiance ultra bizarre mais en même temps très normale, des visions un peu au ralenti d'hôtesses de l'air qui font des chorés, du cul disséminé un peu partout avec une certain désinvolture, des petites anglaises décadentes qui veulent une fessée et des animaux qui en prennent plein la gueule, d'ailleurs, miam. On comprend pas trop comment tout part en couille - coupure d'électricité et prise d'assaut de la piscine - mais en fait on s'en fout: l'idée, c'est ces grands ensembles totalitaires froids qui font des microcosmes toujours à deux doigts de l'implosion sociale avec pas beaucoup de considération pour l'espèce humaine, la dignité et la bonté générale. Les images, c'est toujours aussi beau, calme, élégant; et la bande-originale est juste mortelle. Bref, Ben, je t'aime de nouveau et pour toujours - et même que je vais reregarder A field in England, si ça tombe, j'avais pas bien vu la première fois.

Crumbs, Llanso, 2015
Brain Damage, Henenlotter, 1988
High Rise, Wheatley, 2015

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