mardi 20 septembre 2016

Ecran total

Toujours un peu au milieu de nulle part, petite selection de films barrés zetéroclites.

Toujours avec Michael Shannon et toujours un peu à l’Ouest – voire carrément dans le Sud profond,  Midnight Special est le petit dernier de Jeff Nichols qui décidément aime bien les marécages et les illuminés en bout de course.  Le petit Alton est un enfant un peu chelou : il dort le jour et porte des lunettes de piscine le reste du temps. Encore un surdoué qui veut faire le malin quoi. Mais alors pourquoi tout ce monde à ses trousses lorsque son père le kidnappe ? Entre une bande de mormons ( ?) tarés et un agent du FBI puceau suintant, peu de répit pour ce petiot qui doit en plus se coltiner les angoisses parentales à son sujet, tout ça parce qu’il fait de la lumière avec ses yeux. On  s’est souvent posé cette question à propos des enfants : viennent-ils d’un autre monde ? et si oui, comment les y renvoyer fissa ? Ce film n’y répond pas du tout – en fait, il ne répond pas à grand-chose, mince alors.  Nichols tente un truc un peu nouveau en allant vers le paranormal parfois un peu  wtf mais avec de beaux moments – très belle séquence un peu hallu d’univers parallèle à la fin – et quelque chose qui reste finalement assez humain.

Dans The witch aussi il est question d’une famille qui se fait jeter par des dingos de dieu : pas assez bien pour vivre avec le commun des mortels, ils s’établissent au bord d'une forêt au milieu de nulle part, tout reconnaissants à Dieu de leur avoir filé une telle aubaine ( = un bout de lopin pourri à côté d’un bois tout décati, merci bien). Mais c’est sans compter sur Satan qui est partout et qui va foutre la merde chez ces Ingalls d’un autre âge : les bébés disparaissent, les boucs deviennent trop badass et le doute s’immisce alors. On s’est tous aussi posé la question : les enfants sont-ils des envoyés de Satan ? Et si oui, comment les rendre à leur maître fissa ? Ici, par contre, nous avons des éléments de réponse : oui, les gamins sont maléfiques,  surtout les filles et quand elles ont leur règles. Dit comme ça, ça a l’air un peu machiste, mais en fait, c’est très bien fait (c’est moi qui raconte mal).  La lente évolution des rapports familiaux qui tournent en rond, la suspicion grandissante alimentée par une parano de croyant de base, l’isolement : tout ça finit par prendre forme dans une sorte de récit d’initiation assez beau (sur la fin surtout) et franchement pas dégueu. A voir avec sous-titres pour cause d’anglais biblique.

Je ne sais pas pourquoi, je pensais qu’Uma Thurman jouait dans U Turn ( probablement une collusion phonétique). Du coup, j’étais un peu déçue d’y découvrir  Jennifer Lopez dans ses jeunes années en bimbo r'n'b s’essayant à l’actrice. Elle fait bien la moue et bizarrement l’amour (ça finit parfois avec une hache). Dans un scénario qui ressemble un peu à une sorte de chute libre chez les rednecks, on retrouve une belle prochaine d’enculés : Sean Penn, Nick Nolte, Billy Bob Thornton, Jon Voight et j’en passe. Ils sont d’ailleurs tous aussi dézingués les uns que les autres. Lorsque Bobby (Penn) tombe en panne dans un patelin moisi in bumfuck Arizona, il se bile pas trop : voilà-t-il pas un garagiste avenant, quoique bercé trop près du mur quand il était petit, qui va lui répare sa titine pendant qu’il boit un coup au bistrot. Mais c’est sans compter sur un braquage à l’ancienne (avec vieille latino à fusil scié), une rencontre inopinée avec une chaudasse en pleine phase hystérique, et un créancier pas très compréhensif sur les délais. Comme dans toutes les villes de bouseux, tout le monde est cintré et ce pauv’ Bobby n’est pas non plus bien jouasse. C’est plus dans la lignée des Tueurs Nés que dans celle des films politiques de Stone : des effets visuels un peu clipesques, des caméras qui tournent dans tous les sens, plus dans le trip hallucination-le-soir-dans-un-désert-mexicain.  Puis il y a un côté drôle, caricatural mais aussi parfois juste absurde. Pas mal, même si un peu fatigant à la longue.

Midnight special, Nichols, 2016
The witch, Eggers, 2016

U Turn,  Stone, 1997

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