mercredi 25 janvier 2017

Vlaams totaal

Parce qu’il faut bien faire quelque chose pour réviser son flamand et que j’ai trop la flemme de faire des exercices sur Brulingua, je me suis mise aux films du Nord de notre cher pays qu’ils sont mooielijk (ou juste mooie ?)

 J’ai commencé par rattraper un retard impardonnable, à savoir par La merditude des choses, que je dois voir depuis un certain nombre d’années. Sympathique film sur les familles de merde, c’est un truc à regarder le 25 après-midi, quand tout le monde est bien bouffi de dinde et bourré de dirty martini : ça égaie les discussions familiales ! On y voit un jeune écrivain faire retour sur son enfance dans ambiance barakis flamands alcoolos de province qui lui a laissé des souvenirs plutôt sympas : père qui se gerbe dessus, assistante sociale à la maison,  course à vélo à poil, concours de bière, bagarre au couteau dans la cuisine et tirage de pigeon à la carabine à double canon. C’est surtout le récit de rêves merdiques, pris dans des existences sans ligne d’horizon, de reproduction sociale et familiale, de comment on se reconstruit et de ce qui peut nous sauver (au moins un peu). Sans que ça soit souligné plus que ça, ce qui fait la beauté du propos, ici, c’est sans doute l’écriture ou la possibilité de transformer la merde en carburant pour relever la tête. C’est plutôt positif, même si c’est sans grande victoire.  Pour le reste, c’est plutôt drôle dans le genre, avec un peu de tendresse parfois et de maladresse aussi.

visitflanders.be
De zaak Alzheimer raconte aussi une histoire de souvenirs mais qui manquent un peu ici. Un tueur à gages qui perd la mémoire se retrouve sur un coup qu’il désapprouve un chouïa : il veut bien tout dézinguer, mais pas les ptites filles, ha ça non. Coup classique, les commanditaires ne sont pas super jouasses et se mettent en chasse contre cet employé récalcitrant qui refuse de jouer de la gachette qui va de son côté se mettre en guéguerre contre ces super-méchants pour venger la petite (qu’on a quand même fini par envoyer ad patres). Tout ça avec un flic un peu sec et son acolyte qui aime les blagues de pipi, ça donne une course-poursuite à trois étages, les uns toujours en retard sur les autres ave des ramifications politiques, des scandales sexuels d’élus flamands et de barons ministre d’Etat, zeg maar que c’est tof. Le côté Alzheimer n’est pas super développé : quelques flashs un peu flous de temps en temps, des petits trous de mémoires mais rien de pire qu’un bon black-out à la Westmalle, finalement. Pourtant, on pourrait imaginer d’emporter le concept loin : « Tiens mais qu’est-ce que je fous ici avec un flingue ? » « Bon, j’ai garé où ma voiture-bélier, moi ». « Ok, vous versez les 100 000 sur le compte BE 21 12547… heu non, attendez, c’est une BE45 je crois… putain merde, mais est-ce que j’ai un compte ? Au fait, c’est combien encore qu’on avait dit ? Et d’ailleurs vous êtes qui ? Le marie de ma fille ou le mien ? ». Bref, il faudrait un peu creuser quoi.

Dagen zonder lief est du même Groeningen, un peu plus jeune et déjà déprimé sur la vie. On y voit une jeune blonde à l'aspect bien flamand, Kelly, rentrer chez elle après une longue absence à New-York pour cause qu'elle se faisait chier dans sa Flandres natale. Rentrer au pays, certes, mais est-ce bien raisonnable? Non. On y retrouve des vieux potes, on fait un peu la fête, on s'engueule sur des vieilles histoires, on se rend compte que tout le monde a finalement une vie un peu merdique. Les enfants, le couple bien gentil, les boulots tout pourris, les projets sous forme de pot de peinture et de plan de cuisine Ikea. Ach. C'est doux-amer puisque ça termine bien mais en fait pas vraiment: tout dépend de ce qu'on appelle "bien". Comme quoi le happy-end est vraiment une question de point de vue. 

De helaasheid der dingen, Groeningen, 2009
De zaak Alzheimer, van Looy, 2003
Dagen zonder lief, Groeningen, 2007

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