mardi 3 janvier 2017

Ecran total

Toujours dans la joie et la bonne humeur pour ce début d’année, on a regardé des films qui vont nous aider à commencer l’année de façon positive en répondant à des questions cruciales : comment survivre à un crash d’avion ? Votre fille est-elle possédée par un esprit coincé dans une voiture en flammes ? Comment réussir son bac en Roumanie et à qui s’adresser pour avoir un foie ? Ça ressemble un peu à une Une du Soir, mais bon.

Fearless répond à notre première question : on y entre en découvrant un homme plutôt banal, dans la force de l’âge mais évoluant dans un champ de maïs un peu cramé, un peu avec des débris de trucs partout et un silence assourdissant de gens qui hurlent. On est en plein crash d’avion et Max ( Jeff Bridge, assez lumineux) est encore debout. Il rend négligemment un bébé braillant à une mère en pleine hystérie, saute dans un taxi et se pose à l’hôtel. Pas un mot, pas un geste : Max est vivant et part en road-trip en mode chien content (il passe sa tête par la fenêtre en tirant la langue) et en oublie même de prévenir sa femme restée à la maison. Merci Max. Tout ça pour aller faire une petite visite à une ancienne flamme ( ou pas ?) à qui il montre que son crash l’a rendu plus fort : il peut même manger des fraises didon ! S’ensuit un récit assez bien foutu du rétablissement de Max : comment revivre, comment dormir, comment parler aux autres, comment retrouver un équilibre, se pardonner les erreurs, et mettre ses chaussettes à l’endroit. A travers une amitié bizarre avec une autre survivante, une crise familiale et des flashbacks de crash (à regarder si vous avez les chocottes de l’avion), Max finit par retrouver sa voie (et redevient allergique aux fraises, c’est malin). C’est très étrange, avec une certaine lenteur et un côté très énigmatique : on est rarement dans la tête de Max tout en y étant toujours un peu, sans vraiment comprendre la pourquoi du comment mais en assistant à son parcours de l’extérieur. On comprend sans comprendre quelque part et c’est très joli.

Audrey Rose nous fournit une série de conseils sur un autre sujet épineux : votre enfant est-il possédé par l’esprit d’un autre enfant mort grillé dans une voiture ? Si oui, appelez Anthony Hopkins, l’homme qui murmure/hurle de façon démoniaque à l’oreille des enfants possédés. Tout commence comme ceci : un jeune couple méga successful avec appart vue sur Central Park et peintures au plafond, se fait suivre par un type un peu chelou au regard vide et à la fausse barbe. Ce n’est autre que Eliott Hoover (Hopkins), père esseulé d’une petite Audrey Rose, morte dans un crash 10 ans plus tôt. Laquelle Audrey Rose est d’après lui, réincarnée en Ivy, fille de ce couple, ce qui explique pourquoi elle fait des cauchemars et se brûle les mimines sur les vitres. D’abord incrédules, ses parents finissent par se poser des questions, puisque seul Hoover est capable de calmer la petiote quand elle fait ses crises et qu’elle se met à tout bazarder dans l’appart. Ça pourrait n’être qu’un film de possession mais la dernière partie lui donne une tournure plutôt originale puisqu’on en arrive à un procès : un père peut-il avoir un droit de visite sur une fille dont il pense qu’elle est une réincarnation de sa propre gamine ? Mais ouiiii.  Sans grande prétention, il faut avouer que le tout est plutôt bien foutu, avec une petite fille assez flippante et convaincante et un très chouette travail sur l’architecture : fenêtre, plafond baroque, gargouilles gothiques : on joue beaucoup avec l’espace et ses confinements.


Notre dernier film, Bacalaureat est pour le coup un véritable guide de survie en Roumanie : comment passer son bac ? Comment trouver un foie ? Où trouver un bon orthophoniste ? Comment écraser un chien proprement ? Tout cela et moult choses encore y sont expliquées sous la forme d’une histoire banale qui voit se tisser un réseau complexe d’échange de faveurs bien balkanique (ta mère). Eliza, fille de Romeo, passe son bac. C’est important, parce qu’elle part en septembre dans une université à Londres. L’enjeu est assez massif : ses parents ne veulent pas qu’elle croupisse dans la campagne roumaine et l’exil est une chose décidée. Malheureusement, pour passer son bac à l’aise, il faudrait éviter de se faire quasi violer devant l’école, ce qui arrive à la pauvrette (en même temps, elle pourrait faire attention, hein). Du coup, c’est un peu difficile de se concentrer et Roméo, médecin incorruptible jusque-là, se retrouve petit à petit pris dans un imbroglio de services rendus contre services prêtés qui lui échappe un peu. Tout en devant expliquer à sa fille que contrairement à ce qu’il lui a toujours appris, parfois, il faut un peu tricher. C’est très bien fait, pas chiant du tout et très fin sur toute une culture assez ancrée (ici aussi d’ailleurs) de petites magouilles sans grande importance mais qui s’entremêlent pour parfois changer complètement le cours d’une existence. Ça parle aussi avec beaucoup de délicatesse de parentalité et de projection, d’un certain désespoir issu du déclassement social, de l’abandon de valeurs chéries quand il s’agit de défendre les siens. Et puis il y a des chiens, un peu partout, qui trottinent. 

Fearless, Weir, 1993
Audrey Rose, Wise, 1977
Bacalaureat, Mungiu, 2016

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