Toujours
dans la joie et la bonne humeur pour ce début d’année, on a regardé des films
qui vont nous aider à commencer l’année de façon positive en répondant à des
questions cruciales : comment survivre à un crash d’avion ? Votre
fille est-elle possédée par un esprit coincé dans une voiture en flammes ?
Comment réussir son bac en Roumanie et à qui s’adresser pour avoir un foie ? Ça ressemble un peu à une Une du Soir, mais bon.
Fearless répond à notre première question :
on y entre en découvrant un homme plutôt banal, dans la force de l’âge mais
évoluant dans un champ de maïs un peu cramé, un peu avec des débris de trucs
partout et un silence assourdissant de gens qui hurlent. On est en plein crash
d’avion et Max ( Jeff Bridge, assez lumineux) est encore debout. Il rend négligemment
un bébé braillant à une mère en pleine hystérie, saute dans un taxi et se pose
à l’hôtel. Pas un mot, pas un geste : Max est vivant et part en road-trip
en mode chien content (il passe sa tête par la fenêtre en tirant la langue) et
en oublie même de prévenir sa femme restée à la maison. Merci Max. Tout ça pour
aller faire une petite visite à une ancienne flamme ( ou pas ?) à qui
il montre que son crash l’a rendu plus fort : il peut même manger des
fraises didon ! S’ensuit un récit assez bien foutu du rétablissement de
Max : comment revivre, comment dormir, comment parler aux autres, comment
retrouver un équilibre, se pardonner les erreurs, et mettre ses chaussettes à l’endroit.
A travers une amitié bizarre avec une autre survivante, une crise familiale et
des flashbacks de crash (à regarder si vous avez les chocottes de l’avion), Max
finit par retrouver sa voie (et redevient allergique aux fraises, c’est malin).
C’est très étrange, avec une certaine lenteur et un côté très énigmatique :
on est rarement dans la tête de Max tout en y étant toujours un peu, sans
vraiment comprendre la pourquoi du comment mais en assistant à son parcours de
l’extérieur. On comprend sans comprendre quelque part et c’est très joli.
Audrey Rose nous fournit une série de conseils
sur un autre sujet épineux : votre enfant est-il possédé par l’esprit d’un
autre enfant mort grillé dans une voiture ? Si oui, appelez Anthony
Hopkins, l’homme qui murmure/hurle de façon démoniaque à l’oreille des enfants
possédés. Tout commence comme ceci : un jeune couple méga successful avec
appart vue sur Central Park et peintures au plafond, se fait suivre par un type
un peu chelou au regard vide et à la fausse barbe. Ce n’est autre que Eliott
Hoover (Hopkins), père esseulé d’une petite Audrey Rose, morte dans un crash 10
ans plus tôt. Laquelle Audrey Rose est d’après lui, réincarnée en Ivy, fille de ce couple, ce qui
explique pourquoi elle fait des cauchemars et se brûle les mimines sur les
vitres. D’abord incrédules, ses parents finissent par se poser des questions,
puisque seul Hoover est capable de calmer la petiote quand elle fait ses crises
et qu’elle se met à tout bazarder dans l’appart. Ça pourrait n’être qu’un film
de possession mais la dernière partie lui donne une tournure plutôt originale
puisqu’on en arrive à un procès : un père peut-il avoir un droit de visite
sur une fille dont il pense qu’elle est une réincarnation de sa propre gamine ?
Mais ouiiii. Sans grande prétention, il
faut avouer que le tout est plutôt bien foutu, avec une petite fille assez
flippante et convaincante et un très chouette travail sur l’architecture :
fenêtre, plafond baroque, gargouilles gothiques : on joue beaucoup avec l’espace
et ses confinements.
Notre
dernier film, Bacalaureat est pour le
coup un véritable guide de survie en Roumanie : comment passer son bac ?
Comment trouver un foie ? Où trouver un bon orthophoniste ? Comment
écraser un chien proprement ? Tout cela et moult choses encore y sont
expliquées sous la forme d’une histoire banale qui voit se tisser un réseau
complexe d’échange de faveurs bien balkanique (ta mère). Eliza, fille de Romeo,
passe son bac. C’est important, parce qu’elle part en septembre dans une
université à Londres. L’enjeu est assez massif : ses parents ne veulent
pas qu’elle croupisse dans la campagne roumaine et l’exil est une chose
décidée. Malheureusement, pour passer son bac à l’aise, il faudrait éviter de
se faire quasi violer devant l’école, ce qui arrive à la pauvrette (en même temps,
elle pourrait faire attention, hein). Du coup, c’est un peu difficile de se
concentrer et Roméo, médecin incorruptible jusque-là, se retrouve petit à petit
pris dans un imbroglio de services rendus contre services prêtés qui lui
échappe un peu. Tout en devant expliquer à sa fille que contrairement à ce qu’il
lui a toujours appris, parfois, il faut un peu tricher. C’est très bien fait,
pas chiant du tout et très fin sur toute une culture assez ancrée (ici aussi d’ailleurs)
de petites magouilles sans grande importance mais qui s’entremêlent pour
parfois changer complètement le cours d’une existence. Ça parle aussi avec
beaucoup de délicatesse de parentalité et de projection, d’un certain
désespoir issu du déclassement social, de l’abandon de valeurs chéries quand il
s’agit de défendre les siens. Et puis il y a des chiens, un peu partout, qui
trottinent.
Fearless, Weir, 1993
Audrey Rose, Wise, 1977
Bacalaureat, Mungiu, 2016
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